Les ratés et surprises des Oscars

Perrine Quennesson | 22 février 2013
Perrine Quennesson | 22 février 2013

Certes, parfois, ce n'est pas notre petit chouchou qui reçoit la statuette. On crie alors au scandale, on boude un peu dans notre coin avant de reconnaître, que, bon, d'accord, mais vraiment parce qu'on est sympa, le gagnant méritait son prix. Mais dans l'histoire des Oscars, il y a tout de même de grands moments d'incompréhension. Au point où l'on peut se demander si tous les votants n'étaient pas sous ecsta ou si des pots de vin n'auraient pas été versés de-ci, de-là. Ecran Large vous a compilé 15 de ces moments où le monde (du cinéma, du moins) ne semble pas vraiment tourner rond.

 

1956 : Ernest Borgnine vs le reste du monde

Loin de nous l'envie de remettre en question le talent d'Ernest Borgnine ici mais lors des Oscars 1956, on a l'impression qu'un effet « Tchao Pantin » mal placé a eu lieu. En effet, l'acteur, à contre-emploi dans un rôle de timide dans Marty, emporte l'Oscar du meilleur acteur contre James Dean dans A l'Est d'Eden, Frank Sinatra dans L'homme au bras d'or, Spencer Tracy dans un homme est passé et James Cagney dans Les pièges de la passion. D'ailleurs cette année-là, Marty avait raflé tous les prix les plus prestigieux. Jusqu'à sa mort, Borgnine a toujours avoué ne pas avoir compris ce que lui était arrivé ce jour là et comment il avait pu battre de tels "adversaires".

 

1960 : Soudain Simone Signoret

Aussi chauvins que nous puissions l'être, il faut parfois reconnaître quand ce n'est pas justifié. Comme en cette année 1960, l'année où Ben Hur a récolté 11 statuettes, où Simone Signoret l'emporte face à Doris Day, Katharine Hepburn, Audrey Hepburn ou encore Liz Taylor. Certes, c'est un exploit de gagner face à cette brochette de talents mais il faut avouer que le duo Hepburn/Taylor le méritait bien plus pour Soudain l'été dernier.

 

1969 : Carol versus Stanley

En cette bonne année de petit pas pour l'homme mais de grand pas pour l'humanité, les Oscars, eux, ont sacrément déconné. Bien que nous ne remettions pas en cause les qualités du Oliver ! de Carol Reed, qui cette année-là a obtenu 5 Oscars, nous mettons un véto au fait que son réalisateur l'ait emporté face à Stanley Kubrick pour 2001, l'Odyssée de l'espace. Surtout quand on sait que Stanley, par la suite, n'a jamais eu d'Oscar...

 

1975 : Art Cartney, le parrain de Chinatown

Art Cartney l'emporte pour Harry et Tonto, l'histoire d'un homme et son chat expulsés de chez eux, face à Al Pacino pour Le Parrain 2 et Jack Nicholson pour Chinatown. Euh ?

 

1977 : Rocky met K.O ses adversaires

Pour ceux qui lisent régulièrement Ecran Large, vous savez que nous sommes les premiers à défendre Rocky et autres « Stalloneries » dès que nous en avons l'occasion mais il faut savoir, parfois, être objectif. Surtout quand Rocky l'emporte face à Taxi Driver, à Network ou encore aux Hommes du président et que son réalisateur, John G. Avildsen, loin d'être un génie du 7ème art, coiffe au poteau Sidney Lumet, Ingmar Bergman ou encore Alan J. Pakula. D'un autre côté, comme métaphore vivante du film, on peut difficilement trouver meilleur exemple que cette victoire surprise d'un film auquel personne ne croyait vraiment.

 

1980 : Coppola s'est fait cramer son Oscar

Certes, Kramer contre Kramer est un excellent drame sur les affres du divorce, particulièrement émouvant. Mais tout de même, l'emporter face à Apocalypse Now, ce chef d'œuvre monstre, c'est un peu n'importe quoi, non ? Idem pour leurs réalisateurs respectifs. Un sacré coup de napalm pour Coppola...

 

1984 : Quand l'un des (futurs) papas des Simpson terrasse un géant suédois

Fanny et Alexandre, film testamentaire et plus grosse production d'Ingmar Bergman, a permis au réalisateur suédois de remporter un troisième Oscar pour le meilleur film étranger mais toujours pas l'Oscar du meilleur réalisateur. James L. Brooks avec le sympathique Tendres passions le lui a pris cette chance. Dommage, c'était la dernière. Bergman a arrêté sa carrière de cinéaste après ce long-métrage. 

 

1985 : La revanche de Salieri sur Mozart

Tom Hulce alias Amadeus Mozart et F. Murray Abraham alias Antonio Salieri étaient tous les deux nommés à l'Oscar du meilleur acteur pour Amadeus. Et même si la performance du dernier était très juste, elle n'était pas aussi puissante et folle que celle d'Hulce, qui fut comme possédé par Mozart. Ça donnerait presque envie de rire bruyamment.

 

1986 : « Prix » dans la toile

Le sublime Baiser de la femme araignée était un petit film indépendant brésilien. Et il s'agissait sûrement ici d'une première lorsqu'il est parvenu à se hisser, cette année-là, jusqu'aux Oscars grâce notamment à la nomination de William Hurt pour le prix du meilleur acteur (le film fut également nominé en tant que meilleur film, réalisateur et adaptation). Le comédien ne pesait pas lourd face à des poids lourds comme Jack Nicholson et Harrison Ford et pourtant il l'emporta. Une manière de conclure en beauté un incroyable parcours pour le film démarré l'année précédente à Cannes avec le prix d'interprétation pour Hurt. 

 

1987 : Un Oscar et puis s'en va

Si on est bien conscients que les rôles pour une actrice sourde ne pullulent pas au cinéma, cela nous embête un peu de voir une Marlee Matlin obtenir un Oscar (la plus jeune jusqu'à maintenant) pour un rôle de jeune fille sourde face à une formidable Kathleen Turner dans Peggy Sue s'est mariée ou encore à l'incroyable Sigourney Weaver dans Aliens, le retour.

 

1990 : La liste du Fugitif

Il était déjà étonnant de voir un film d'action nommé aux Oscars. Cela est même rarissime. Et encore plus surprenant : le voir remporter un prix. C'est le cas du Fugitif qui a obtenu l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones. Cette année-là, ce dernier a même battu Ralph Fiennes qui concourrait pour La Liste de Schindler, le grand gagnant de cette cérémonie. Un coup dur pour Fiennes, formidable en nazi impitoyable et le début d'une longue liste de déceptions pour Leonardo Dicaprio qui était nommé pour Gilbert Grape.

 

1990 : Miss Daisy et son Oscar

Certes, Miss Daisy et son chauffeur est une très charmante comédie dramatique mais l'emporter face à My left foot, Jusqu'au bout du rêve, Né un 4 juillet et surtout, Le cercle des poètes disparus, c'est un peu surprenant. Et pas dans le bon sens du terme. Heureusement, l'année suivante, que les César ont rattrapé le coup vis à vis du film de Peter Weir.

 

1993 : Mieux vaut tard que jamais...

Après 7 nominations (oui, 7), Al Pacino obtient son Oscar du meilleur acteur pour Le Temps d'un week-end. Un rôle moyen qui n'a rien à voir avec la force de ses personnages précédents : ça sent le prix « on se rattrape » (Fais attention, Leonardo DiCaprio, ça va t'arriver aussi). Mais, le temps de cette soirée, Denzel Washington en Malcolm X ou encore Clint Eastwood dans Impitoyable se sont vus « voler » leur Oscar.

 

1993 : Riez maintenant

La ravissante Marisa Tomei a obtenu un Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Normal, nous direz-vous, pour celle qui régulièrement occupe cette place dans les films américains et qui y est toujours très juste. Mais le plus surprenant cette année là est qu'elle l'a remporté pour une comédie, relativement moyenne, Mon cousin Vinny. Un événement au sein de l'académie : les comédies, surtout sans ampleur particulière, parviennent rarement jusque-là. De plus, Tomeï a battu de grands noms ce soir-là comme Vanessa Redgrave, Joan Plowright ou Judy Davis. Une surprise autant pour l'audience que pour elle, qui ne cacha pas alors pas sa joie sur scène.

 

1997 : On a sauvé Le patient anglais...

...Au détriment des autres. Le Patient anglais est un joli drame qui fait pleurer dans les chaumières, certes. Mais l'emporter, le film et son réalisateur, face au formidable Fargo des frères Coen, cela semble un peu fort de café. Pire, Juliette Binoche obtient l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, privant ainsi Lauren Bacall pour Leçons de séduction, de recevoir un Oscar mérité (pour sa carrière) pour la seule nomination qu'elle n'ait jamais eu à ce jour. On appelle ça une sacré faute de goût. 

 

1999 : Shakespeare 1 - le cinéma 0

Non mais c'est sympa Shakespeare in love mais de là à tout rafler... c'est du grand n'importe quoi ! Vous trouvez ça normal, vous, que ce film l'emporte face à La ligne rouge, Il faut sauver le soldat Ryan ou encore La Vie est Belle ? Qu'on considère que son scénario était meilleur que Truman Show ? Que Gwyneth Paltrow écrase Cate Blanchett ? Ah la puissance des frères Weinstein...

 

2002 : Il ne faudrait pas confondre Howard et Award

Si Ron Howard avait du recevoir un Oscar, cela aurait été pour Willow et c'est tout (avis partisan de la part de celle qui écrit ces lignes). Mais sûrement pas pour un Homme d'exception. Et encore moins face à David Lynch, Robert Altman, Ridley Scott ou même Peter Jackson. Non mais, oh !

 

2006 : Et là c'est le crash

Ang Lee reçoit l'Oscar du meilleur réalisateur pour Le Secret de Brokeback Mountain (et si vous voulez mon avis, on devrait aussi lui donner pour L'Odyssée de Pi, mais ça, ça reste un avis), jusque-là tout va bien. Et soudain, patatras : Collision obtient l'Oscar du meilleur film. Cris, stupeur et incompréhension. Non, non vous ne rêvez pas : c'est bien la réalité. On se rappelle encore la tête de l'équipe de Brokeback à qui on avait tant promis la précieuse statuette du meilleur film, eux qui avaient raflé tous les prix les plus prestigieux précédant les Oscars. 

 

2009 : Dans les cordes

C'était censé être le grand retour de Mickey Rourke, gueule cassée du cinéma, revenu des tréfonds de la perdition (et de la chirurgie esthétique) en catcheur aux cheveux longs et gras. Puissant et émouvant, il sera pourtant mis K.O par un Sean Penn, à la limite de la caricature dans Harvey Milk. Et dire qu'il n'avait pas non plus obtenu de prix à la Mostra de Venise parce qu'on ne peut pas y cumuler les prix lorsqu'on reçoit le Lion d'Or (ce qui fut le cas de The Wrestler).

 

 

 

 

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