Spécial fin du monde : Les films méconnus à voir avant de mourir
La fin du monde, c'est aujourd'hui. Alors, à Ecran Large, on s'est concerté pour savoir quels seraient les 5 films que l'on aimerait vous conseiller avant qu'on y passe tous. Pour ce faire, on a tenté (on a bien dit : tenter) de ne sélectionner que des films trop méconnus à nos yeux, des œuvres que l'on considère comme essentielles mais que l'on ne trouve que trop rarement citer. Donc, exit ici les listes habituelles où l'on trouverait Citizen Kane, Sueurs froides et consorts, place à...
Laurent Pécha
Le choix fut cornélien. Histoire de faire le tri et étant donné que l'on va donc mourir, j'ai opté pour une sélection de films censés faire rire.
Elementaire mon cher...Lock Holmes
Un postulat aussi loufoque que génial (le vrai génie, c'est le Dr Watson qui a engagé un acteur raté et alcoolique pour interpréter Holmes) qui transforme Holmes en une sorte de Gaston Lagaffe disposant d'un cerveau de moineau. En résulte une succession de gags et répliques hilarantes que Michael Caine surjoue avec une maestria fantastique. A ses côtés, Ben Kingsley est un magnifique partenaire de jeu qui subit toutes ses incessantes bêtises. Cerise sur le gâteau, le film est aussi drôle en VO qu'en VF.
Si le fameux jeu Cluedo a eu son adaptation cinématographique en 1985, cette dernière avait été précédée quelques années auparavant (en 1976) par Un Cadavre au dessert, bijou de comédie policière. Huis clos loufoque et ludique, le film titille les zygomatiques tout en faisant fonctionner notre sens de la déduction pour percer le mystérieux meurtre survenu dans un château où les 5 plus grands détectives du monde ont été conviés. Et l'on fait cela avec la crème de la crème en matière d'acteurs puisque l'on retrouve associés à l'écran, pour la première et unique fois de leur carrière, rien moins que Peter Sellers, David Niven, Alec Guinness et Peter Falk.
La Grande course autour du monde
Quand on pense à Blake Edwards, The Party s'impose immédiatement comme film le plus drôle de sa filmographie. Puis vient le plus souvent la série des Panthère rose. Au point que La Grande course autour du monde, ancêtre du dessin animé, Les Fous du volants, est rarement cité. Et pourtant, cette comédie irrésistible à l'effet boule de neige souvent désopilant, devrait être impérativement remboursée par la sécu tant elle atteint la perfection du divertissement raffiné. On ne voit pas le temps passé (et pourtant 2h40), on ne compte plus les hommages au cinéma hollywoodien, et on jubile devant une kyrielle de séquence d'anthologie. A commencer par cette gigantesque bataille de tartes à la crème qui clôt (presque) le film. A reproduire avant la fin du monde. On vous attend à la rédac !
« C'est le sommet scénaristique de ma carrière ». Voilà ce que nous a avoué il y a quelques années Will Ferrell quand on a évoqué avec lui Une nuit au Roxbury. Alors, comme il est impératif d'avoir vu au moins une fois avant de mourir un film du plus grand comique encore en vie, on met la galette numérique dans son lecteur et on admire les mésaventures d'un des duos les plus pathétiquement drôles du cinéma moderne. Et, après, on va draguer une dernière fois en boîte avec LA phrase qui fera (presque) mouche : « What's up? What's up? What's up? What's up? What's up? ». (le presque est peut être un peu trop mis entre parenthèse...)
L'autre grande passion de ma vie, avec le cinéma, c'est le basket (Sandy a raison, il faut avoir vu Hoosiers avant de mourir). Alors, forcement, une comédie qui met en vedette deux supporters un peu beauf qui décident d'enlever la star de l'équipe adverse pour s'assurer que leur équipe puisse gagner le championnat, ça me fait sacrément rire. Surtout quand les deux pieds nickelés sont interprétés par Dan Akroyd et Daniel Stern. Forcement avec deux zigotos de la sorte, le kidnapping va mal tourner et e film regorge ainsi de gags bien gras mais indéniablement réussis.
Patrick Antona
Mystery Men (Kinka Usher,1999)
La vogue du cinéma de super-héros étant à son apogée avant cette fin du monde,
il est bon de revenir sur ce film oublié qui en même temps qu'il posait
les bases de la super-team en était aussi la parodie féroce la plus
absolue. On ne peut qu'être emballé par cette bande de losers
magnifiques, de Mister Furious le bien-nommé au pétomane Spleen, et le
grotesque de la chose avec un casting de folie assumant à fond
l'auto-dérision du projet. Le meilleur antidote
possible ou plutôt un modèle pour remettre à niveau Avengers et consorts
qui déferlent sur les écrans de nos multiplexes.
Lifeforce (Tobe Hooper,1985)
Je ne me suis pas encore remis de ce film d'invasion extra-terrestre avec des vampires venues de l'espace qui transforme la population londonienne en zombies en prise à une frénésie sexuelle, le tout avec des rayons lasers bleus qui détruisent tout et la beauté juvénile d'une Mathilda May complètement révélée. Quand on découvre le film à 17 ans forcément ça marque. Film maudit et amputé, cet OFNI n'a eu de cesse de se bonifier avec le temps surtout pour son esthétique incroyable, alliant le gothique de la Hammer à la crudité d'un Tobe Hooper toujours à l'aise dans le malsain et qui a été le premier à défricher la vogue des blockbusters déviants à venir.
Cyrano & D'Artagnan (Abel Gance,1963)Parce que tout le monde (ou presque) a dénigré ce bel Abel alors qu'il livre ici un régal de cape et d'épée tourné en alexandrins, avec des intermèdes poétiques, un peu de SF au milieu, de superbes duels et du libertinage avec une des plus jolies scènes d'échanges de partenaires amoureux qui soit. C'est bordélique et charmant, enlevé et classieux, suranné et moderne à la fois, digne représentant d'un certain cinéma français qui osait des choses mais qui n'existe plus.
Sex & Zen (Michael Mak,1991)Puisque l'on vous dit que la Categorie III est un genre essentiel du cinéma ! Je mets au même plan des merveilles de mauvais gout que sont Robotrix ou Naked killer mais l'avantage de Sex & Zen est d'exister en blu-ray et DVD dans nos contrées, donc aucune excuse pour passer à côté d'un des manifestes les plus glorieux dédiés au plaisir des femmes. C'est paillard, très con et très poétique en même temps et les somptueuses comédiennes asiatiques miment l'orgasme avec une rare conviction. Peut être pas le premier film à diffuser lors d'un premier rendez-vous vidéo galant... mais sûrement le second.
Beyond the Valley of the Dolls (Russ Meyer,1970)Parce qu'il n'y a un vrai discours dans les films de Russ Meyer que l'on aura toujours réduit au gars qui fait des films avec des filles surdimensionnées mamairement parlant et que ce bijou de 1970 est une des critiques les plus aigües du monde d'Hollywood et de ses chimères. De plus c'est du pur rock'n'roll entertainment avec des morceaux d'enfer, des comédiens de folie que l'on ne reverra plus après et qu'une fois le film fini on n'a plus qu'une seule envie, c'est de s'enfiler des fringues vintage et de finir dans une orgie noyé dans la mousse et les femmes aux tour de poitrines excédant le 100 D. Une bonne idée de teuf pour la fin du monde ça !
Sandy Gillet
Au final ce fut un choix compliqué que de répondre à cette demande de notre rédac chef préféré (bon en même temps on n'en a qu'un). Car les films de ce genre, de ceux donc que l'on considère comme essentiel à nos yeux mais qui n'apparaissent pas dans la plupart des classements reconnus et mondiaux, il y en a pléthore.
Outre ceux exfiltrés ci-dessous j'aurais pu citer Soldat Bleu pour le côté western essentiel, Le festin de Babette comme le plus grand film nordique sur la bouffe, Le Privé pour son côté film noir un peu suranné et parce qu'il s'agit d'un Altman peu cité/connu, Au revoir les enfants qui reste mon Louis Malle préféré même si bien d'autres dans sa filmo lui sont supérieurs, Les diables de Ken Russell redécouvert récemment et qui est juste incontournable, Last exit to Brooklyn de Uli Edel qui mériterait d'être reconnu enfin à sa juste valeur, Les patriotes de Rochant qu'il faudra bien un jour se décider à intégrer dans les dix/vingt meilleurs films français de tous les temps, If parce que Malcolm McDowell n'a pas fait que Orange Mécanique ou Caligula, La reine Margot car depuis on n'a pas fait mieux en terme de film historique en France, La victoire en chantant car pour son premier film Annaud y était déjà au top, Glory car c'est le meilleur film sur la guerre de sécession, The naked prey de Cornel Wilde parce que le film d'aventure peut aussi venir d'Afrique du Sud, Tu marcheras sur l'eau parce que en Israël on ne fait pas qu'être en guerre perpétuelle, Comme un chien enragé qui reste un des meilleurs films des années 80 injustement oublié... Et il y en aurait tant d'autres...
Inutile de préciser qu'après avoir vu ce film de Peter Watkins, vous laisserez tomber la vision de Hunger Games et des ses futures suites.
Le premier western pro indien signé Anthony Mann bien avant sa série de chefs-d'œuvre qu'il réalisa par la suite. Une claque indispensable.
Le sport au cinéma c'est souvent raté. Et pourtant cette pépite signée David Anspaugh ne pourra que vous réconcilier avec le genre. Vous voudrez peut-être même vous abonner à la chaine NBA ensuite.
De la SF réalisée par un Peter Hyams au sommet de sa forme de cinéaste iconoclaste. Mériterait de figurer au panthéon du genre et non plus relégué dans de la série B au mieux has been.
Avant Robin des bois il y avait ce bijou insensé qui suivait déjà une belle découverte qu'était Fandango. Kevin Reynolds n'a tout simplement pas fait mieux depuis. Un summum du film de guerre totalement humaniste et pas du tout naïf qui mériterait d'être cité beaucoup plus souvent quand on aborde le genre.
Didier Verdurand
Twin Peaks : Fire walks with me
Pas de deux de Norman McLaren
Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry
Après la vie d'Ishu Patel
(et si on a encore le temps, vu qu'il y a trois courts-métrages dans la liste : Blade Runner de Ridley Scott, parce que si l'homme n'est qu'un pantin et que le monde doit devenir comme ça, autant en finir au plus vite).
Tonton BDM
Top secret ! (Z-A-Z, 1984)
Une merveille de timing et de tempo
comique, réussissant l'exploit de ne jamais s'enfermer dans le carcan
de la "simple" parodie. Un tsunami de la vanne, un truc tellement
imparable qu'il mériterait d'être sans cesse cité en exemple. Burlesque
pur (le "Bonanza" sous-marin, la moto qui fait Bip Bip), gags foireux
("oui, c'est moi Albert Patate"), trouvailles visuelles énormes (les
petits humains qui vont chier sur la statue du
pigeon !) totale décomplexion dans les gags grivois ("The Anal
Intruder"), poussant l'absurde et les gags visuels à leur paroxysme pour
mieux surprendre le spectateur (Peter Cushing et sa loupe !), Top
Secret ! est une date dans l'histoire de la comédie, le film testament
d'un trio alors en état de grâce.
Justice sauvage (John Flynn, 1991)
On
oublie souvent qu'avant de s'expatrier dans les pays de l'Est afin de
n'y signer que d'immondes bouzasses depuis une quinzaine d'années,
Steven Seagal était un honnête artisan de l'actioner bourrin et badass,
reprenant avec force bras cassés le flambeau laissé vaquant par les
grabataires du vigilante et de la manchette dans
la gueule (Charles Bronson et Chuck Norris) au tournant des années 90.
Entre William Forsythe qui colle une balle dans la tête d'une
automobiliste qui lui demande de déplacer son véhicule et Steven Seagal
qui corrige les malfrats à grands coups de hachoir de boucher, le film
va loin dans le bourrinage, et reste encore aujourd'hui un
indispensable, malgré ses nombreux défauts (dont un rythme pas forcément
toujours très bien géré).
Clockers (Spike Lee, 1995)
On
pourra reprocher bien des choses à Clockers; notamment le fait que
Spike Lee choisisse l'optimisme et les bons sentiments à la cynisme du
constat d'inhumanité écrit par Richard Price. Mais en tirant ses
personnages vers la lumière, Spike Lee nous montre surtout que malgré
l'horreur et l'injustice sociale reignant dans les quartiers noirs de
New York, l'espoir est tout de même permis. Puissant, humain et
bouleversant.
La Maison des 1000 morts (Rob Zombie, 2003)
Hommage
à Massacre à la tronçonneuse à la fois glauque, dégénéré, poseur et
vraiment dérangeant, La Maison des 1000 morts est un feel bad movie qui en
scandaliserait plus d'un, tant il manipule l'odieux et le révulsant avec
une complaisance opiniâtre et hystérique. La barbarie furieuse bat son
plein, et si le prétexte scénaristique est proprement inexistant (une
bande de jeunes piégée par une famille de fous dingos), le visionnage de
l'œuvre, est quant à lui l'un des plus éprouvants qu'il ait été donné
de voir au spectateur, même habitué à ce genre de spectacle. Un chef
d'oeuvre, rien de moins.
Dog bite dog (Pou-Soi Cheang, 2006)
A travers l'affrontement d'un animal qui devient humain et d'un humain qui devient une bête sauvage (et la traque de l'un par l'autre), Pou-Soi Cheang signe avec Dog bite Dog à la fois un polar ultra-efficace (un de ces films au cœur desquels la violence -omniprésente ici- fait vraiment mal au spectateur) et une histoire de vengeance tellement poussée à fond dans l'absurdité qu'elle en devient littéralement poignante. Immersif, violent, révulsant, iconique, rythmé, badass, Dog bite Dog révèle rapidement sa nature de film unique, riche d'idées de réalisation vraiment brillantes (le film est muet pendant tout son premier acte), d'un travail sur le son absolument bluffant (les bruits des coups échangés semblent être des aboiements de chiens déformés), de personnages vraiment terribles (le tueur est vraiment un mean bad motherfucker) et de deux acteurs proprement époustouflants (Edison Chen, putain !).
Aude Boutillon
Un monde pour nous (Say Anything)
Charlie
Les chansons d'amour
Perrine Quennesson
Il n’est en aucun cas question ici de se creuser les méninges outre mesure, ni de remettre au goût du jour une créature terrifiante et encore moins de tenter de révolutionner le genre. Non, La Momie de Stephen Sommers est simplement un formidable divertissement. Parfait, selon moi. Il contient le dosage idéal entre aventure Indianajonesque, catch phrases efficaces et drôles, romances évidentes et culture générale revue et corrigée. Il a ce premier degré, cette honnêteté quasi-enfantine des années 90, malheureusement si rare de nos jours. Et c’est l’occasion de découvrir Brendan Fraser dans son meilleur rôle. Allez, tous en chœur : Imhotep ! Imhotep ! Imhotep !
Filmé comme un Carpenter des années 70, The house of the devil distille la terreur sur 1h30 avec une dextérité démoniaque. 1h30 de film certes mais 1h10 de visite de maison. Ce qui pourrait ressembler à une vidéo de démo d’agence immobilière devient une exploration flippante où chaque ouverture de porte fait plisser les yeux et battre la chamade avec le cœur. L’actrice principale, sorte de Françoise Hardy jeune, incarne une pureté qui ne demande qu’à être salie par la bile noire qui semble s’écouler de cette maison. La fin du film, un déchainement de sang et de violence, arrive presque comme une délivrance après cette heure de torture psychologique qui fait appel aux plus grandes peurs de ce grand enfant que nous sommes.
Sur le principe de Rashomon, Surveillance construit son intrigue sur 3 points de vue différents. Une attaque meurtrière et particulièrement cruelle a eu lieu et deux agents du FBI sont chargés de l’enquête. C’est le point de départ d’une virée vers le glauque. Trop en dire serait gâchée la surprise. Mais même si on devine le twist, parce qu’on en a vu d’autres, ce n’est pas grave. Rien ne prépare à la scène finale mêlant avec justesse perversité et érotisme. La fille de Lynch tient réellement ici de son papa et parvient à éveiller nos pires pulsions. Le tout emballé dans un thriller à la limite du huis clos, étouffant et suintant.
C’est le 2001 l’odyssée de l’espace du documentaire. Dans Into eternity, il est posé la question du stockage des déchets nucléaires. Rien de bien palpitant en théorie. Et pourtant. En s’intéressant à une cavité en construction actuellement en Finlande, le film prend des aspects science-fictionnels pour finir par plonger dans la philosophie. Que représente l’humanité sur l’échelle du temps universel ? Comment peut-on faire passer un message pendant 100 000 ans ? Que signifient réellement les légendes (dans tous les sens du terme)? Autant de questions vertigineuses qui font de ce docu un voyage transcendant dont on ne sort sincèrement pas indemne.
Le baiser de la femme araignée
Dans une prison argentine, deux hommes très différents sont enfermés. L’un, Valentin, est un dissident politique, l’autre, Molina, un homosexuel. Ils se racontent leur vie et pour faire passer le temps, et se distraire, Molina raconte, tous les jours un peu plus, un film romantique qu’il aime. Avec une grâce insensée, ce long-métrage parvient à mêler intrigue politique, dénonciation du système dictatorial et nécessiter de divertir (une fois encore, dans tous les sens du terme). Mais surtout, il nous permet de rencontrer deux personnages particulièrement attachants et émouvants. Grâce à la beauté de la mise en scène et à l’intelligence du récit, on ne peut que se laisser prendre dans la toile de cette femme araignée. Et le cœur en sort brisé.