Les nounours du cinéma

Perrine Quennesson | 13 octobre 2012
Perrine Quennesson | 13 octobre 2012

A l'occasion de la sortie de Ted, nous avons décidé de revenir sur le rôle des nounours au cinéma. Certains sont des symboles, d'autres des éléments clés mais tous sont des peluches. Dans Ted, il est la représentation du buddy mais aussi de l'irréductible part d'enfance que l'on garde en nous. Alors que se cache-t-il derrière les autres?

 

 

Le traumatisé

 

Savez-vous ce qu'est un nounours qui a mal tourné ? C'est tout simplement Lotso (de son vrai nom Lots-o'-huggin') de Toy Story 3. Traumatisé par son ex-propriétaire qui a décidé de l'abandonner (parce qu'il avait grandi), Lotso s'est senti désespérément seul et à tourner au vinaigre. Au vinaigre bien aigre vu sa rancœur contre toutes formes de joie de vivre chez les autres jouets. Il va faire régner la terreur au point de presque commettre l'irréparable avec la bande de Woody. C'est une formidable incarnation du méchant au cinéma, de ceux qu'on a envie de prendre dans les bras pour leur dire « ça va aller, tu sais » après leur avoir mis une énorme fessée (ou après les avoir attachés au pare-choc d'un camion).

 

Le sujet de conversation

 

Dans Nuit blanche à Seattle de Nora Ephron, le nounours va avoir un rôle central : sans lui point de réunification, point d'histoire d'amour concrétisée. Ça fait beaucoup pour les épaules d'une petite peluche et pourtant... Quand Meg Ryan court sur l'un des points d'observation du World Trade Center afin de retrouver Tom Hanks, il n'y a plus personne. Elle vient de les rater. Mais là se trouve un petit sac à dos d'enfant avec un ours en peluche à l'intérieur. Alors qu'elle observe l'horizon en tenant ce petit objet à la main, Tom Hanks et son fils, Jonah réapparaissent. Elle demande alors à Jonah s'il s'agit bien de son ourson. La discussion est lancée, ils se sont retrouvés : l'amour peut s'installer. Merci qui ? Merci le nounours !

 

Une part d'humanité

 

Sachez qu'avant le charmant (bien que bientôt totalement dégarni) Jude Law, c'est Michael Caine qui avait incarné Alfie dans le film éponyme de 1966. Un bien bel Alfie, je vous le confirme. Ce tombeur de ces dames traverse le film avec un tempérament de, on peut le dire, sale con, dragueur invétéré, superficiel et inconséquent. L'une des seules traces de son humanité est lorsqu'il se rend à la maternité pour voir son fils qu'il a eu avec une de ses nombreuses conquêtes, Gilda. Ce moment coïncide avec sa décision de réarranger sa vie. Il dépose alors un petit ourson bleu et blanc dans le berceau. Ce n'est pas grand chose mais les attentions, ça compte beaucoup.

 

 Une preuve

 

Dans le très bon Man on fire de Tony Scott, un garde du corps joué par Denzel Washington et sa protégée, Pita (Dakota Fanning), se lient d'amitié. Elle est solitaire et esseulée et lui est un vieux loup quasi-misanthrope : tout pour se comprendre ces deux-là. Pita est tellement attachée à son protecteur qu'elle appelle son autre ange gardien, son nounours, du même prénom, Creasy. Lorsque la petite fille est kidnappée (car oui, ça arrive au Mexique et c'est même le thème du film), il reste son ourson. Quand les ravisseurs appellent pour la rançon, Creasy a besoin d'une preuve qu'elle est vivante et somme alors aux kidnappeurs de lui demander le nom de sa peluche. Utile.

 

Un avertissement

 

On devrait prêter plus d'attention aux détails et notamment aux ours en peluche. Dans Les nerfs à vif, le couple Bowden fait semblant de partir dans un bar tandis qu'ils restent planqués chez eux, espérant voir Cady arriver et lui tirer dessus en toute légitime défense (absolument pas préparée comme nous pouvons le constater). Leur détective privé, Kersek, est également dans la maison et a piégé les fenêtres : chaque mouvement fait remuer un ourson sur une chaise qui lui est relié par des fils aux ouvertures. Lorsqu'il se met à bouger, Kersek se prépare mais s'aperçoit qu'il s'agit d'un courant d'air. Il se détend et décide d'aller prendre un verre à la cuisine. Là, ce n'est pas Graciella qui l'attend mais Cady déguisé en la femme de ménage. Le nounours avait pourtant prévenu...

 

Un leurre

 

Dans Le journal d'une baby-sitter, Scarlett Johansson nous démontre ce que c'est de baby-sitter pour une bourgeoise très, très coincée et bitchy. Elle y est Annie, une jeune femme qui voit son métier comme une expérience anthropologique mais qui tombe sur une espèce venimeuse incarnée par Laura Linney. Elle n'a pas confiance en elle et va tout faire pour lui pourrir la vie. L'une des plus grandes découvertes d'Annie ? La nanny-cam (caméra pour filmer la baby-sitter) planquée dans un ours en peluche. Mais qui peut faire un truc pareil à ce si joli symbole d'innocence et de pureté ?

 

Le compagnon ultime

 

Ancêtre futuriste et moins vulgaire de Ted, Teddy, la peluche animée, le supertoy de David dans A.I est un formidable ami. Il combine à la fois la sympathie immédiate qu'on lui accorde liée à son apparence d'ourson et l'empathie que lui fournit son intelligence artificielle. Il est là tout le long de l'épopée de David, du moment où sa mère l'abandonne au moment où il la retrouve pour une toute dernière fois en passant par le terrible cirque où il lui sauve la vie. Il est le cœur émotionnel du film, le vrai, un peu comme Sam Gamegie dans Le Seigneur des anneaux. Il a un peu été oublié à l'époque de la sortie du film alors que d'un point de vue technique et scénaristique, c'est un bijou.

 

 

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