Hommage à Tony Scott : Ses meilleurs films selon EL

Laurent Pécha | 24 août 2012
Laurent Pécha | 24 août 2012

Disparu tragiquement dimanche dernier, Tony Scott laisse un sacré vide n'en déplaise  à certains. L'occasion pour Ecran Large de réactualiser son dossier sur les films préférés du cinéaste que nous avions fait pour la sortie de Unstoppable, désormais ultime film de Tony Scott.

 

Laure Beaudonnet  : Les Prédateurs (1983)

Œuvre ovniesque dans la filmographie de Tony Scott, The Hunger déploie une atmosphère charnelle sur fond de dépérissement physique avec un Bowie fascinant (et androgyne). Aussi sexy que morbide, le film est une succession de plans somptueux qui suspendent le temps dans la moiteur sensuelle. Face au trio Bowie-Deneuve-Sarandon, l'équivalent sur tube cathodique - Sookie-Bill-Eric, de True Blood - peut aller se rhabiller. On a rarement vu plus érotico-poétique chez les vampires.
 

 


 

 

Aude Boutillon :  Les Prédateurs (1983)

Une romance dédoublée et hors du temps, aussi rococo qu'onirique, introduite par une séquence hypnotique sur fond de Bauhaus de circonstance, et conclue dans une atmosphère Fulciesque en diable. Les Prédateurs exhale sa mélancolie et son érotisme dans une esthétique 80s outrancière et vaporeuse, qui participe à l'érection d'une sensibilité toute singulière, portée par un triangle amoureux élégant, sensuel... et excessif.


 

 

 

Patrick Antona : Les Prédateurs (1983)

Venu de la publicité comme son frère Ridley, Tony se lance dans le cinéma avec ce film de vampires tendance new-wave. Avec Les Prédateurs, il aborde le fantastique avec ce sens de l'esthétique qui deviendra sa marque (pour le pire et le meilleur) et lui permettra de donner corps à des images d'une beauté quasi sensuelle. Qui mieux que Catherine Deneuve et David Bowie ne pouvaient incarner ce couple glamour de goules séculaires dont seul le sang humain peut garantir l'éternelle jeunesse? Les deux stars collent à la perfection en usant avec sens de leur image classieuse et sexy, le casting étant en outre auréolé de la présence de Susan Sarandon dans le rôle de la scientifique qui découvre leur terrible secret (ce qui lui vaut une scène de saphisme avec Catherine Deneuve désormais au Panthéon du genre) et on peut aussi apercevoir Willem Dafoe. Et les effets de vieillissement supervisés par Dick Smith sont parmi les plus réussis du genre, du temps où les CGI n'avaient pas tout envahi. Echec au box-office à sa sortie, Les Prédateurs a depuis acquis une réputation d'œuvre d'avant-garde qui a quelque peu dépoussiéré le mythe du vampire au cinéma et dont le style à la fois léché et crépusculaire n'en empêche moins de receler une substance dont il manquera si souvent dans la carrière à suivre de Tony Scott.

 

 

 

Laurent Pécha : Top gun (1986)

A mes yeux, le meilleur film de Tony Scott, c'est Simon qui l'a choisi (voir plus bas). Alors, il me reste à opter pour celui qui aura marqué son époque, celui qui fit de Tom Cruise, une star pour l'éternité et qui stigmatise magnifiquement bien le style du frangin de Ridley : Top Gun. Juke-box sur pellicule, hymne à la gloire de l'armée américaine (a-t-on fait mieux depuis ?), sous-texte gay (que Tarantino s'empressera de mettre en avant), festival de gueules (on y retrouve les alors presque débutants, Val Kilmer, Meg Ryan, Anthony Edwards, Tim Robbins) Top Gun est aussi une sacré démonstration de la supériorité du savoir-technique américain sur le reste de la production mondiale. Nous, en France, presque 20 ans après, on sort Les Chevaliers du ciel. Tout est dit !

 

 

Tonton BDM : Le Flic de Beverly Hills 2 (1987)

Les mauvaises langues auront beau râler en disant que Le Flic de Beverly Hills 2 n'est qu'une pale resucée du premier film qui n'était déjà pas bien folichon, les vrais esthètes continueront à se gausser dans leur coin, car EUX ils savent bien que la vraie valeur ajoutée du film réside dans la présence au générique de Tony Scott, qui transforme un premier film poussif et visuellement laid en clip poussif et visuellement jaune (un peu comme si on visionnait le film à travers un urêtre). Blague à part, Le Flic de Beverly Hills 2 c'est Tony Scott dans toute sa splendeur : esthétisant à mort, mais esthétisant genre "années 80", voyez, le genre d'esthétisme publicitaire qui provoque aujourd'hui parfois bien involontairement le sourire, à l'image de son héroïne Brigitte Nielsen : vulgaire, tapée, mais too much, et tellement bling-bling qu'on croirait du Michael Bay. Mais la force de Tony Scott est là, dans cette aisance à capter l'air du temps, qui ne joue d'ailleurs pas forcément en faveur de la pérennité de son œuvre. Par conséquent, le film plaira surtout à ceux qui l'ont découvert enfant; l'humour d'Eddie Murphy ne change pas d'un iota, la formule Bruckheimer commence à se roder, et le film de Scott mise un paquet sur ses scènes d'action (dont une amusante course-poursuite en bétonneuse). Bref, la conclusion est simple : par rapport à son prédécesseur, Le Flic de Beverly Hills 2 c'est un peu comme la devise de Fort Boyard : "Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort !" (toujours plus moche, toujours plus lourd, toujours plus con). Bah, Tony Scott, c'est comme ça qu'on l'aime, non ?

 

 

Simon Riaux : Le Dernier samaritain (1991)

Scott restera comme l'un des seuls cinéastes américains à avoir su traiter des classes moyennes et ou/prolétaires au sein de l'exercice ultra-normé du blockbuster, sans verser dans la condescendance ni le cliché robotatif. Son cinéma est truffé de loosers magnifiques, de héros écorchés et autres petites frappes aux sacrées pognes. Bruce Willis en incarne ici le plus bel exemple, sorte d'empereur déchu d'une cool attitude marinée dans le jack daniels. Divinement écrit, faussement superficiel, et d'une générosité exemplaire, le film peut se voir comme une version américanisée et décomplexée des  ballades d'Audiard, où bons mots et vannes claquent comme autant de balles perdues. 

 



Sandy Gillet : True Romance (1993)

Même si j'ai un faible über gay pour Top Gun, True romance remporte sans problème le morceau. Ne serait-ce que pour la scène entre Christopher Walken et Dennis Hooper quand celui-ci lui explique qu'il a du sang de « nègre » dans les veines, lui le napolitain d'origine. Pour les boobs et la gouaille de Patricia Arquette. Pour la scène de gun fight hallucinante de fin où la poudre de cocaïne sature l'air au point de rendre hystéro tous les protagonistes de la scène, le spectateur et bien entendu le réalisateur que l'on sait depuis la nécro de Télérama accroc au point de se donner la mort en guise de cure de désintox.

 



Damien Virgitti : Ennemi d'état (1998)

Cours, Will, cours ! Avant Denzel, Tony Scott s'amusait déjà avec un autre acteur black. L'ancien Prince de Bel Air joue ici les Fugitifs dans ce thriller technologique qui nous livre une traque haletante et intense doublée d'une parabole hystérique sur les dangers de Big Brother où les plus grands satellites sont capables de vous regarder sous tous les angles. Will Smith ne souffre même pas de la présence de deux grands acteurs des 70's puisqu'il nous offre avec Gene Kackman un duo (d)étonnant !

 


 

Perrine Quennesson : Man on fire (2004)

Une réalisation à la fois calme et nerveuse qui fait le portrait d'un Mexico dangereux où la mort est à chaque angle de rue. Un Denzel Washington au top en garde du corps dévoré par ses propres fantômes qui découvre à travers les yeux d'une petite fille, une chance de revivre, une nouvelle façon d'exister. Man on Fire est l'un des meilleurs films de Tony Scott car c'est un fait divers du JT de 20h raconté par la mélancolie de ses personnages. En deux mots comme en cent : c'est violent et bouleversant.

 



Vincent Julé : Unstoppable (2010)

Déjà vu, L'attaque du métro 123 et Unstoppable forment presque un tout, une trilogie sur l'espace et la mobilité au cinéma d'où se dessine le portrait d'une Amérique profonde, perdue, mise à mal. Tony Scott ne fait pas seulement de Denzel Washington sa muse, mais un corps et une identité à la fois anonymes et héroïques. De ce point de vue, Unstoppable est leur chef d'œuvre, l'homme fragile et statique rencontrant le train monstrueux et unstoppable de la société. Sinon, y a des explosions et des hélicoptères aussi !

 

 

Louisa Amara : Unstoppable (2010)  

Honte à moi, je n'ai vu que 3 films de Tony Scott. Mais si Gilles Lellouche n'a pas vu Les 7 mercenaires, moi aussi j'ai le droit d'avoir quelques lacunes. Donc parmi les 3, mon préféré est Unstoppable, qui restera son dernier film, hélas. On pouvait s'attendre à un énième film d'action/thriller avec un train fou, mais Tony Scott a su être inventif et éviter tous les écueils. Denzel est comme toujours magistral et Chris Pine prouve qu'il a du répondant. Un beau film à suspense qui mérite d'être revu.  

 

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire