Les pires remakes américains, état des lieux

Maryne Baillon | 17 août 2012
Maryne Baillon | 17 août 2012

Starship Troopers, Robocop, Dirty Dancing, Highlander... autant de remakes de films cultes des années 80/90 seront bientôt de retour dans les salles obscures. Cette pratique, loin d'être une nouveauté dans l'histoire du cinéma, n’a cessé de prendre de l’ampleur, jusqu’à susciter de très officielles foires aux remakes où se discutent même des projets non encore filmés. Certes, le septième art compte également de bien belles pépites rivalisant sans problème avec les films originaux (Scarface, Les nerfs à vif, The Thing, La dernière maison sur la gauche), mais aujourd'hui plus que jamais, les remakes sont au coeur d'un "mercantilisme hollywoodien" ne se gênant plus pour racler son propre passé et ceux des autres (on redoute déjà la version US de LOL, Bienvenue chez les chtis et Intouchables) au profit d'un film sans âme et sans culot. L'objectif : compter sur d'anciens succès pour minimiser l'échec commercial.

À Écran Large, on n'a pas trouvé meilleure occasion que la récente sortie de Total Recall : Mémoires programmées, exemple probant de cette fâcheuse tendance, pour dresser la liste non exhaustive mais bien fidèle au pire du remake américain :

 

 

Les remakes méchamment ratés

Trop mauvais pour être respectables, leur taux de médiocrité se flaire toujours de loin. Scénario insipide ou incohérent, navrante affiche promotionnelle et bande-annonce saupoudrée d'un joyeux bordel ambiant. Dès leur sortie en salles, ils ont au moins le mérite de mettre tout le monde d'accord : le fiasco est impeccable. 

 

L'original : Les griffes de la nuit de Wes Craven (1985)

Le remake : Freddy les griffes de la nuit de Samuel Bayer (2010)


Parmi les plus flagrants, le fameux remake de Freddy par Samuel Bayer. Cette relecture sans âme, décousue et d'une platitude alarmante ne sera pas venue ébranler  un instant l'ombre de son prédécesseur. Ce projet bénéficiait pourtant de quelques armes de séduction. D'abord celui d'apporter un vent de fraîcheur à des effets spéciaux devenus quelque peu obsolètes au fil du temps, mais aussi intriguer les nouvelles générations biberonnés à Saw et Hostel. Finalement rien ne pouvait être plus dissuasif, lors de sa sortie les critiques négatives ont fusé. Craven qui fut à l'époque salement évincé du remake de son propre film, a pu finalement jouir à bien des égards de l'échec cuisant de son remplaçant. Même si paradoxalement le film a quand même battu des records d'entrées pour la catégorie "sorties de minuit pour un film d'épouvante" et a été capable de rapporter plus en un week-end de sortie que quatre autres films de la saga.

 


Freddy - Les Griffes de la Nuit : extrait #1 VO par cloneweb

 

L'original : The Wicker man de Robin Hardy (1973)

Le Remake : The Wicker man de Neil LaBute (2006)

Nicolas Cage était une fois de plus aux premières loges d'un bien navrant spectacle. Médiocre, ridicule et affreusement mysogyne, The Wicker man version 2006 n'a rien du film culte de Robin Hard. Nominé à cinq reprises aux Razzie Award lors de sa sortie, il n'y avait que Basinc Instinct 2 pour lui voler les trophées. Ci-dessous petite compil' de certaines scènes qui sentent bons le nanar, que l'auteur a ici intitulé "Best scenes from The Wicker Man". Chacun sa vision.

 

Les remake US des films français

N'en déplaise aux férus de comédies américaines, il faut bien reconnaître que lorsque nos compères d'outre-atlantique s'attaquent à la réal de nos comédies françaises, le résultat est souvent chaotique. Prenez Trois hommes et un couffin, un dîner de con et Le père noël est une ordure, trois comédies cultes françaises qui ont chacune bénéficié d'un petit remaniement à l'américaine bien fadasse. Toutes trois lourdingues, pas drôles et donc inévitablement ennuyeuses, entre les mains des américains, ces reprises paraissent finalement aussi improbables que si nous français, nous étions lancés dans le remake d'un bon western. (Choc des cultures).


L'original : Trois hommes et un couffin de Coline Serreau (1985)

Le remake : Trois hommes et un bébé de Leonard Nimoy (1987)

 

 

L'original : Le père noël est une ordure de Jean-Marc Poiré (1982)

Le remake :  Mixed Nuts de Nora Ephron (1994)

 

   

L'original : Le Dîner de cons de Francis Veber (1998) 

Le remake : The Dinner de Jay Roach (2010)

 

 

Les remakes d'un grand classique

Si le remake est une pratique courante, même chez les plus grands, on s’attaque rarement à la pièce maîtresse d’un grand réalisateur. Encore moins quand il s’agit d’un monument du cinéma. Avant tout, parce qu'il souffrira inévitablement d'une comparaison avec le film original qui peut difficilement être en faveur du nouveau né.

Muni d'une sacré dose de culot, Gus Van Sant annonce en 1998 qu'il se lance dans la relecture de Psychose, chef d'oeuvre incontesté du "master of suspens". À l'époque, Gus n’est pas encore tout à fait Van Sant. La reconnaissance critique est là, le grand public commence à le découvrir avec Prête à tout et surtout Will Hunting, qui bénéficie de la présence de Robin Williams et de deux futurs jeunes premiers : Matt Damon et Ben Affleck. Revenons à nos Norman Bates, décalqué de l'original jusqu'au plan près, mise à part la scène d'ouverture en plan-séquence (voir vidéo ci-dessous), véritable marque de fabrique du cinéaste, c'est aussi de cette manière qu'Hitchcock voulait commencer le film si les techniques de l'époque l'avaient permis. Au-délà, le film de Van Sant n'a aucun intérêt, car incontestablement similaire, le charme en moins. D'autant plus lorsque l'on doit se passer d'Anthony Perkins, Janet Leigh et John Gavin. De même que l'on se demande ce que vaut Charade sans le duo Cary Grant et Audrey Hepburn. Rien, à en croire La vérité sur Charlie. L'absence de charisme des interprètes et la réactualisation nigaude d'une intrigue un peu datée... tant de fadeur nous laisse pantois.

 

L'original : Psychose d'Alfred Hitchcock (1960)

Le remake :  Psycho de Gus Van Sant (1999)

 

 

L'original : Charade de Stanley Donen (1963)

Le remake :  La vérité sur Charlie de Jonthan Demme (2002)

 

 

Les auto-remake

Dans la grande famille des remakes, il y aussi celui amorcé par le même réalisateur que l'original. Pour ce dernier, c'est avant tout l'assurance que son film ne bénéficiera pas de la réputation d'un autre cinéaste que lui. Dans bien des cas par le passé la reconversion moderne et américanisée fut un succès. Pour Hitchcock par exemple, qui en 1956 a réalisé le remake de L'homme qui en savait trop dont la première version était sortie au cinéma en 1934, ou encore le réalisateur autrichien Michael Haneke et sa version US de son film Funny Game. L'expérience peut s'avérer aussi être un échec cuisant. 

Fort du succès de leur première version de Bangkok Dangerous, pour les frère Pang et The Grudge pour Takashi Shimizu, les cinéastes se lancent quelques années plus tard dans le remake américain de leur propre film, happés par la toute-puissance hollywoodienne et la féroce volonté de s'internationaliser grâce à des capitaux conséquents et des têtes plus connues. Résultat : le film audacieux de 1999 des frères jumeaux devient à la sauce US un piteux polar qui ajoute à Nicolas Cage (encore lui) une pièce maîtresse à sa collection déjà bien fournie de nanars improbables et de rajouts capillaires redoutables. Quant à Shimizu, c'est avant tout dans le remake de son film The Grudge 2 qu'il sombrera dans le film horrifique de bas-étage. Ne s'auto-remake pas qui peut/veut.

 

L'original : Bangkok Dangerous de Oxide Pang Chun et Danny Pang (1999)

Le remake :  Bangkok Dangerous de Oxide Pang Chun, Danny Pang (2008)

 

 

 

L'original : The Grudge de Takashi Shimizu (2000)

Le remake :  The Grudge de Takashi Shimizu (2004)

 

 

Les fast-remake 

Les Infiltrés de Scorsese, Millénium de Fincher, la tendance hollywoodienne est aussi au fast-remake qui consiste à refaire des films étrangers moins de cinq ans après l'original. Ne se cacherait-il pas derrière cette tendance une sorte d'orgueil nationaliste ? Comme si aucun succès véritable ne pouvait avoir lieu en dehors du sol américain. Ainsi, seulement un an après la sortie de l'excellent Morse d'Alfredson, Matt Reeves s'empare du film pour une version US, Laisse-moi entrer, qu'on n'est bien content de savoir raté en comparaison de l'original.  De même que Dark Water, remake du film japonais d'Hideo Nakata qui n'a aucun intérêt si l'on a déjà vu le premier. Mais c'est sûr que Jennifer Connelly et Tim Roth ça parle plus que Hitomi Kuroki et Rio Kanno...

 

L'original : Morse de Tomas Alfredson (2009)

Le remake : Laisse-moi entrer de Matt Reeves (2010)

 

 

L'original : Dark Water de Hideo Nakata (2003)

Le remake : Dark Water de Walter Salles (2005)

 

 

Les multi-remake 

En terme de multi-remake on a rarement vu mieux que L'invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel. Ce n'est pas un mais trois films qui furent adaptés de l'original. Énorme classique du cinéma des 50’s, le film utilise les mécanismes des films noirs (silhouettes courant sous la lumière des réverbères, angles obliques...), pour instaurer un climat paranoïaque extrêmement étouffant. Si les versions de 1979 et 1993 sont toutes deux plus que respectables (mention surtout au film de Kaufman), le remake de trop est sans l'ombre d'un doute celui d'Olivier Hirschbiegel. Ratage considérable du réalisateur allemand (La Chute) qui s'est essayé aux films de commandes Hollywoodien. Résultat : Invasion hésite constamment entre l'ambitieuse fable futuriste et le blockbuster sans âme. Et Nicole Kidman et Daniel Craig n'y changent rien. 

 

L'original : L'invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel (1956)

Le remake : L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman (1979)

Le remake : Body Snatchers, l'invasion continue  de Abel Ferrara (1993)

Le remake : Invasion de Oliver Hirschbiegel, James McTeigue (2007)

 

 

 

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