Quand le Cinéma rejoue l'Histoire...

Simon Riaux | 6 août 2012
Simon Riaux | 6 août 2012
Grâce à l'impayable Timur Bekmanbetov, le monde entier sait désormais la vérité sur un des plus illustres personnages de l'Histoire américaine. En effet, avant Abraham Lincoln : chasseur de vampires, le grand public ignorait largement la véritable vocation de ce héros des temps modernes, et ne se doutait pas que les méchants sudistes ou les responsables du génocide peau-rouge étaient des vampires. Conscient que le film, qui sera suivi de quelques mois par le d'ores et déjà fascinant Hansel and Gretel : Witch hunters, devrait déclencher une irrésistible vague de relectures historiques, nous avons décidé de prendre les devants. Voici donc la liste des productions à peine imaginaires qui vont logiquement assaillir nos écrans.

 

Charles de Gaulle, équarrisseur de loups-garous

Nos contemporains ne loupant que trop rarement une occasion de singer leurs cousins d'outre-Atlantique, il y a fort à parier qu'une telle idée met déjà en ébullition quelques esprits déviants du tout Paris. Une telle œuvre devrait être riche en révélations stupéfiantes. On y apprendra ainsi que le grand Charles n'a jamais fui l'avancée des troupes allemandes, mais répondu à l'appel de son vieux copain Winston (dont nous reparlerons plus bas), submergé par les attaques continues de cruels loups-garous. Phénomène méconnu, mais d'une réalité et d'une dangerosité qui font frémir encore aujourd'hui, ces créatures affamées viennent généralement des environs de Londres, comme le révèle le pertinent documentaire Le Loup-garou de Londres. Les spectateurs innocents apprendront également que le fameux attentat perpétré contre la D.S. Présidentielle ne le fut pas par quelques barbouzes avinés, mais bien par une horde de lycanthropes.

Le casting idéal : Gilles Lellouche, qui a prouvé avec Adèle Blanc-Sec sa compatibilité avec les films historiques

 

William Wallace, cisailleur de fantômes

D'aucuns prétendent que l'hostilité bien connue du peuple écossais envers leurs voisins et prétendus dominateurs britanniques fut le fruit d'une oppression constante et généralisée de la part des anglais. Toutefois, de nombreux historiens avisés s'élèvent désormais contre cette mystification, et rappellent l'Histoire à l'ordre. Car jamais au grand jamais les pacifiques anglais n'auraient daigné perdre leur flegme pour imposer leurs vues à leurs voisins tous de kilts vêtus. Que nenni. Ces exactions furent le fait d'entités perverses et manipulatrices : les spectres ! Ces ectoplasmes sans pitié prirent un malin plaisir à investir les plus sombres châteaux des Highlands, et à torturer moralement un des peuples les plus fiers et roux d'Europe. Heureusement, un homme devait se dresser contre cette insupportable oppression : le roc William Wallace. Son usage des célèbres schiltrons, carré de piques destinées à empaler les fantômes à cheval le fit rentrer dans les manuels d'Histoires.

Le casting idéal : Tom Hardy, ou éventuellement Mel Gibson, s'il trouve le moyen de rajeunir.

 

La Comtesse Bathory, saigneuse de cul-serrés

Vénérées on ne sait trop pourquoi par quelques peuplades lointaines, les vierges sont loin d'êtres les modèles de vertu tant vantées. Souvent nitouches, mais rarement saintes, coincées toujours et le plus souvent hésitantes à perdre quelques malheureuses gouttes de sang, les vierges (ou cul-serrés) ont tué d'innombrables hommes en provoquant de létales migraines chez les malheureux assez audacieux pour s'aventurer à les fréquenter. Une hécatombe que ne pouvait décemment tolérer Erzébeth Bathory, qui prit sur elle de saigner le plus de vierges possible. Femme au sens pratique aiguisé, elle ne tarda pas à découvrir les propriétés cosmétiques de l'hémoglobine de ces jeunes femmes peu fréquentables, et prit sur elle d'en expérimenter les applications pratiques. Quand l'humanité aurait pu bénéficier de ses précieux enseignements, la postérité (et les vierges) ont préféré la traîner dans la boue et la faire passer pour une vulgaire agitée du bulbe.

Le casting idéal : Julie Delpy, ce n'était pas trop ça, on préférerait Jessica Chastain.

 

Ingrid Betancourt, découpeuse de Chupacabras

On croise encore entre le théâtre de l'Odéon et le Café de Flore, quelques doux illuminé pour se féliciter que le monde libre ait arraché aux griffes des FARCS l'une de ses plus brillantes citoyennes, les malheureux ignorent encore que cette femme d'exception ne fut pas retenue contre sa volonté par d'obscurs guerilleros à l'accent grossier et à l'hygiène douteuse, mais bien par des créatures maléfiques, identifiées au Mexique, mais dont la base arrière se situe en réalité dans les tréfonds de Colombie. Les Chupacabras sont d'infâmes marsupiaux sauteurs aux dents longues, capables de dévorer le bétail, d'agresser les adultes et de boulotter les enfants. Dotées d'une intelligence redoutables, ces entités repoussantes entretiennent depuis des décennies le mythe du narco-trafic et autres organisations insensées. Les croyances populaires attribuent donc à ces « cartels » tous les maux d'Amérique du sud, quand leurs auteurs sont en fait de belliqueux vertébrés, venus d'on ne sait trop quel planète. On espère de tout cœur que le Septième art ne tardera pas à révéler l'éclatante vérité et restituera à l'écran la noblesse de la walkyrie Betancourt, qui alla jusqu'à s'infiltrer dans leurs campement, au cœur d'une jungle impraticable.

Le casting idéal : Marie-Anne Chazel, pour son côté aventurière badass

 

 


 

Robespierre, zigouilleur d'Ankous

De nombreux histrions taquins entretiennent l'idée délirante selon laquelle cet éminent révolutionnaire aurait commandité des massacres de grande ampleur à l'encontre de la population vendéenne, réputée rétive à l'universalisme ambiant. Cette ironique mystifcation ne saurait dissimuler longtemps la seule vérité, la vérité des Ankous. Ces étranges démons hantent depuis la nuit des temps les landes de Bretagne, répandant rumeurs, mauvais présages, et une sinistrose qui poussa nombre de marins dans la boisson. Robespierre ne pouvait tolérer plus longtemps que de vils oppresseurs se jouent d'un pays à la liberté si chèrement acquise. N'écoutant que son cœur et son courage, il envoya en Vendée des myriades de soldats, qui prirent soin de débarrasser l'ex-royaume de sa racaille surnaturelle.

Le casting idéal : Lorànt Deutsch, toujours là pour nous raconter l'Histoire


Lady Di, tueuse de milliardaires

Tandis que chaque année paraissent de nouveaux ouvrages à la gloire de la princesse disparue, que le mythe d'un assassinat soit entretenu par de complaisants commentateurs, le bon peuple survit dans l'ignorance d'un des plus hauts faits de l'époque. Non Lady Di n'était pas qu'une tête couronnée attachée à ses bonnes œuvres, pas plus qu'elle n'était une habituée de la jet-set, la noble dame nourrissait de plus secrets desseins. Consciente des années avant son avènement de la crise que nous subissons actuellement, celle qui fit frémir les oreilles du Prince Charles entrepris de débarasser l'univers des créatures les plus cupides nichées en son sein (et occuper à le sucer jusqu'au sang) : les milliardaires. Après s'être cassé les dents sur la famille royale d'Angleterre, trop protégée, connue, et méfiante pour se laisser occire, Diana décida de s'attaquer à d'autres cibles. Pour le grand public, la princesse est décédée dans le tragique accident qui coûta la vie à Dodi Al-Fayed, quand il s'agissait en réalité de sa première victime. Condamnée à vivre dans l'ombre et à mener une guérilla secrète, notre héroïne continue silencieusement de dénoncer et disséminer banquiers, traders et autres golden boys.

Le casting idéal : Mila Jovovich, habituée aux projets d'envergure

 

Bismarck, décuisseur de Grenouilles

Pour les uns, l'unificateur de l'Allemagne n'était rien qu'un vilain conquérant austro-hongrois, pour les autres, le Commune de Paris fut un épisode symboliquement glorieux de notre histoire. Tous sont dans l'erreur. Conscient que la France, partenaire belliqueux mais tellement sympathique de ses voisins germains, était tombée sous la coupe de séditieuses monstruosités, les Grenouilles, le robuste Bismarck prit sur lui de déclarer la guerre à leur leader, Napoléon III. Bêtes impavides à la chair flasque, leur apparence quasi-humaine leur permit de se dissimuler au sein du royaume de France et d'en aspirer la force vitale, occasionnant maints dégâts et de désagréables moqueries. Après leur défaite à Sedan, les Grenouilles se dissimulèrent à Paris, dont elles tentèrent de prendre le contrôle. Bismarck n'écouta que son courage et sa moustache, et exigea des français alors à genoux, qu'ils se relèvent et donnent l'assaut sur leur capitale occupée. Les historiens l'ignorèrent, mais le chef d'état major allemand accompagna nos troupes jusque dans les rues de la cité, où il fit abondamment couler le sang vert des batraciens bipèdes. Et le peuple de France, de se voir qualifié de mangeur de « grenouilles »

Le casting idéal : John Goodman, pour son côté sympa

 

 

 

 

 

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