Festival d'Annecy 2012 : jour 1

Nicolas Thys | 5 juin 2012
Nicolas Thys | 5 juin 2012

Annecy 2012, la 36ème édition du plus important festival de films d'animation, commence fort, une marche avec les morts, un passage par le royaume des ombres. L'animation n'est rien d'autre que la résurrection et la mise en marche d'objets ou de dessins morts. Parfait donc !

 


 

10h. Après 4 heures de voyage, des nuages gris à perte de vue engloutissent les montagnes, et le lac, aux couleurs d'un ciel mortifère, nous accueille avec l'envie de nous jeter tête baissée dans la première séance de 10h30. Questions d'atmosphère, le festival débute par Le Grand sommeil. Loin de Hawks et Chandler, moins glamour que Bogart et Bacall, il s'agit d'un hommage aux animateurs morts au cours de l'année écoulée. Cinq d'entre eux sont représentés : Zdenek Miler, plus connu chez nous pour sa Petite taupe, Vincent Cafarelli, auteur de nombreux courts indépendants, souvent musicaux en duo avec Candy Kugel, le japonais Nobuhiro Aihara, grand chantre de l'abstraction, loin de l'esthétique manga, Karen Aqua, qui a œuvré sur Sesame Street avant de réaliser plusieurs films en solo et enfin Moebius. Même s'il n'a jamais été animateur, la bande annonce du film de Pascal Blais tiré de l'Incal a été projeté. Tout cela dans une étrange ambiance digne du Mickey Mouse Club avec Serge Bromberg, délégué artistique du festival, qui nous somme d'envoyer des avions en papier sur scène et d'hurler "LAPIN" dès que celui-ci apparait à l'écran quand la bande-annonce de l'édition 2012 du festival est diffusée.

 

 

Cette séance fût suivie de deux longs métrages, le confort des salles permettant d'éviter la pluie. Le premier ne sortira peut-être jamais sur nos écrans, Asura, l'histoire un enfant abandonné par sa mère dans un Japon médiéval ravagé par la famine et la sécheresse et qui survit en tuant des êtres humains avant de les dévorer. Joyeux comme tout, la critique ici.

Le second, beaucoup plus touchant, sort ce mercredi. Couleur de peau : miel est un film franco-belge adapté d'un roman graphique dans lequel l'auteur raconte son enfance d'enfant coréen adoptée par une famille européenne. Une œuvre émouvante qu'on ne saurait que conseiller. La critique ici.

 

 

Après ces deux films, nous avons rencontré Patrick Bouchard, réalisateur canadien de courts métrages, spécialiste de la marionnette et de l'animation de volume officiant à l'ONF depuis maintenant une dizaine d'années. Il est ici en compétition officielle avec Bydlo, lui aussi plutôt macabre, tiré d'un des Tableaux d'une exposition de Moussorgski. Nous avons pu l'interroger sur son parcours et sur son travail dans un entretien passionnant. Lire l'interview ici.

 

 

Mais la journée n'aurait pas été complète sans deux autres séances. La première avec le premier programme des courts métrages en compétition, certainement la partie du programme la plus attendue du festival. Et pour le moment décevante. Aucun des dix films proposés n'est véritablement sorti du lot. Le Chat du Croate Goran Stojnic et L'Mrayet de la tunisienne Nadia Raïs s'en sortent un peu mieux, le premier avec une belle animation aux effets de peinture marquées, et la deuxième avec un dessin animé au trait efficace. La plupart des autres films n'étant au mieux que de vaines expériences techniques sans grand intérêt (Chase d'Adriaan Lokman et 7596 Frames de Martin Georgiev par exemple à la limite de l'expérimental mais sans jamais y pénétrer vraiment), ou de petits films amusants vite oubliés (The Centrifuge Brain Project de Till Nowak et One minute puberty d'Alexander Gellner). A noter toutefois les incroyables marionnettes du danois Johan Oettinger plongées dans le ghetto de Varsovie (Seven minutes in the Warsaw Ghetto). Malheureusement le scénario, bien trop convenu, sur un enfant tué pour rien pendant la guerre, se situe dans la droite ligne des « films à récompenses automatiques dus au sujet abordé ».

 

 

L'autre séance s'est révélée bien plus intéressante avec un long métrage et deux courts. Le long n'est autre que Le Magasin des suicides, déjà vu à Cannes, la plus belle réalisation de Patrice Leconte depuis longtemps dont nous reparlerons dans deux jours. Une manière de clore cette journée macabre avec une pointe d'humour noir et caustique. Dommage que les auteurs n'aient pas été jusqu'au bout de leur adaptation du livre de Jean Teulé. Les deux courts qui l'accompagnent sont bien plus légers et ne font que parler d'amour. Nous avons pu assister, en sa présence, à un générique des Simpsons réalisé par Bill Plympton, court et efficace, au style hautement reconnaissable. On voit Homer tomber amoureux de son fauteuil avant de le plaquer pour Marge ! Mais surtout, en avant première mondiale, fût projeté Paperman de John Kahrs, le nouveau court métrage des studio Disney qui accompagnera (peut-être) Les Mondes de Ralph en décembre. Paperman, au design classique, est une simple et jolie histoire d'amour en presque noir et blanc, à base de rouge à lèvre et d'avions en papier au design classique. Nous reviendrons plus longuement sur ces deux films dès demain !

 


 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.