Prometheus, des bestioles au cinoche

Simon Riaux | 1 juin 2012
Simon Riaux | 1 juin 2012
Le Prometheus de Ridley Scott compte d'ores et déjà parmi les dates de la Science-Fiction au cinéma, ne serait-ce que pour sa folle ambition... et les créatures abominables qu'il recèle. On ne vous fera pas l'affront de les montrer, et encore moins de les décrire, mais profitons de leur avènement bio-mécanique pour revenir sur quelques décennies de bêbêtes au cinéma. Voici un panachage de ce que le grand écran nous aura offert de plus dangereux, de moins ragoûtant, ou de franchement inclassable. Tentacules, appendices, crocs et langue tubulaire seront au menu !


Critters, de StephenHerek, 1986

Une pincée d'Alien, un chouïa de Gremlins, une bonne dose de n'importe quoi, et vous obtiendrez les saloperies les plus laides et gloutonnes qui soient : les Critters. Monstres emblématiques d'une saga fauchée, ils firent les beaux jours de nos vidéos-clubs de province, et ne manquaient pas d'attirer l'œil de l'ado curieux à coup de jaquette aguicheuse. Ils demeureront un souvenir empreint de nostalgie, celui d'une époque où quelques maquettes et prothèses doublées de fourrure pouvait créer le fun et l'effroi, ET la doublure postérieure de Demis Russos, soit un temps glorieux où matières grasses, sucres et alcools n'étaient pas surtaxés.

 

 

Hellraiser, de Clive Barker, 1988

Les Cénobites viennent-ils de l'espace ? Bonne question, mais comme nous sommes bien incapables d'expliquer la différence entre un univers parallèle et une planète lointaine (c'est “ailleurs“ quoi), nous les rangeons dans la même catégorie que les créatures tentaculaires d'outre-espace, avec lesquelles ils partagent une capacité de nuisance exemplaire. Tout droit issus de l'esprit délicieusement tourmenté de Clive Barker, ces déités expertes en sadomasochisme vont subir à tout humain qui a le malheur de les approcher un éternel mélange de souffrance et de plaisir, soit un régal douloureux pour tout cinéphile qui se respecte. Leur présence ici se voit également motivée par leur look, qui n'est pas sans rappeler (particulièrement pour Pinhead) le look des Ingénieurs de Prometheus.

 

 

Planète Hurlante, de Christian Duguay, 1996

Certes engendrés par la main de l'homme, les horreurs mécaniques de cette excellente série B n'en demeurent pas moins stricto sensu une menace spatiale. Laquelle aura offert à toute une génération d'apprenti cinéphage à flipper comme des grands au cinéma, à tel point que la dernière séquence de ce trip robotique hante encore les mémoires des moins de trente ans. Petit classique encore trop méconnu, Planète Hurlante nous met aux prises avec des droïdes évolutifs et cruels, capables de découper à peu près n'importe quoi, et de prendre l'apparence de l'objet le plus inoffensif, un jouet par exemple... Que les Transformers de Michael Bay en prennent de la graine !

 

The Thing, de John Carpenter, 1982

Summum de l'abomination extra-terrestre, The Thing est un chef d'œuvre, qui ne doit son plantage au box-office qu'à la sortie simultanée d'un petit gris un peu trop mignon et porté sur le téléphone maison. La créature que nous y découvrons est l'une des plus hallucinantes jamais immortalisées sur pellicule, qui synthétise à elle-seule la plupart des frayeurs cinématographiques connues. Paranoïa, suspense, dégoût, puis terreur seront les armes d'un monstre protéiforme qui rien n'arrête, sinon le lieu de l'action, une base cernée par un froid mortel, et qui sera pour nos héros un tombeau tout désigné.

 

 

Horribilis, de James Gunn, 2006

Non, le martien belliqueux n'est pas toujours une forme de vie avancée, et encore moins un fin stratège. Il arrive qu'il nous envahisse sous la forme d'une sangsue concupiscente et vorace, puis amalgame nos corps blafards en un magma semblable à une grosse galette de placenta lubrique. Oui, c'est dégoûtant, et c'est la bonne idée que l'on doit à l'un des petits gars de l'écurie Troma, qui a depuis réalisé le super Super. Il est bien ce James Gunn, mais il n'aurait jamais dû regarder Stand by me pendant une montée d'acides...

 

 

L'invasion des profanateurs de sépultures, de Don Siegel, 1956

À travers ses multiples versions, le film aura donné corps via ses infâmes cosses aux peurs les plus profondes d'une Amérique aux prises avec un monde de moins en moins angélique à son égard. Reflet d'une paranoïa généralisée, incarnation du communisme et/ou du MacCarthysme, on peut également voir dans la multiplication de ces avatars désincarnés autant qu'impitoyable une parabole de notre société de l'information, ou l'instantanéité de la communication a donné vie à un ventre mou de l'idéologie et du politiquement correct, un vortex dont il est de plus en plus difficle de s'extraire avant d'être digérés.

 

Starship Troopers, de Paul Verhoeven, 1998

Tout être humain sensé se méfie des insectes. Petites saloperies chitineuses capables de se reproduire dans des quantités dangereuses et à une vitesse inquiétante, Verhoeven nous rappelle au détour de sa brillante satire que si ces machins étaient un peu plus gros que nous, ils auraient vite fait de nous écraser, démantibuler, réduire en bouillie. Son bestiaire est proprement fantastique, et ne manquera de nous faire frissonner entre deux éclats de rire ou démembrements. Des cafards géants, en passant par les abominations volantes et le célèbre suceur de cerveau, les monstres de Starship Troopers font encore date comme un sommet d'imagination débridée.

 

 

Predator, de John McTiernan, 1987

Sans doute l'extra-terrestre le plus noble de la sélection présente. En dépit de son patronyme, l'animal n'est pas un simple prédateur, mais plutôt un chasseur, consciencieux et appliqué. Adepte de rituels aussi simples que cohérents et respectables (ne traquer que des hommes, armés, et dans la force de l'âge...), le Predator ne cherche pas le trophée facile, mais est toujours en quête d'un défi à relever. Une attitude qui lui confère une altérité humaine, et fait de son affrontement avec Arnold Schwarzenegger un des plus grands duels du septième art. La mise en espace et le découpage de John McTiernan sont encore dans toutes les mémoires des cinéphiles amateurs d'action de haute volée.

 

 

La Révolte des Triffides, de Steve Sekely, 1962

Nuls crocs affutés, pas de dents recourbées, ni écailles venimeuses, les Triffides sont des plantes. Pas n'importe lesquelles notez bien, puisqu'elles envahissent la Terre et se repaissent des humains à la faveur de la comète aveuglante qui a réduit la majeure partie de l'humanité à tituber vainement en quête d'un interrupteur. Si ces étonnantes plantes mangeantes ont droit à un encart dans ces colonnes, c'est grâce à leur aura de kitsch absolu, que ne sera pas parvenue à masquer une récente relecture télévisée. On a beau ne pas trouver le film génial, ni la menace véritablement effrayante, voilà une bien drôle d'invasion, de celle que paradoxalement, on n'oublie pas.

 

 

Attention au Blob, de Larry Hagman, 1976

Voilà une drôle de bestiole. Quasi indescriptible, gélatineuse, informe et affamée, elle se meut dans toute direction pour absorber n'importe quelle forme de vie, et croître en conséquence. On aura bien du mal à lui trouver un autre but que se nourrir sans cesse, et son intelligence paraît friser le zéro absolu. Il n'en demeure pas moins que le résultat est une entité franchement dégueu, dont les assauts touche parfois au vomitif pur et simple et posent une question essentielle : que ressent-on, alors que l'on s'apprête à emballer une jolie pépé sur la plage arrière d'une Cadillac, et que le Blob vous avale vigoureusement pour vous transformer en mélasse malodorante. Un des grands mystères du cinéma.

 

 


Invasion Los Angeles, de John Carpenter, 1989

L'envahisseur n'est pas que glouton et baveux, il peut aussi se révéler politique et idéologue. C'est le cas des bad guy de They Live ! Un des films les plus drôles de son auteur. John Carpenter se livre ici avec délice à l'exercice de la satire de notre société de consommation, qui serait diligentée par des extra-terrestre aux sales trognes de lépreux multicolores. Leur look décalé, pas si éloigné des vilains de Mars Attacks fit des ravages, et met en valeur de la plus efficace des manières cette fable de science-fiction à la fois old school et d'actualité, où l'on rappelle avec force conviction (mais aussi pertinence) que quand il y a texte, il y a sous-texte.

 

 

 

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.