Les Avengers se mettent à la page

Damien Virgitti | 1 mai 2012
Damien Virgitti | 1 mai 2012

Vengeurs : rassemblement ! Cette célèbre réplique déclamée par le groupe de super-héros Marvel n’a jamais été aussi vraie ! Après avoir patiemment semé les germes d’un univers cinématographique commun avec ses productions de ces quatre dernières années, Marvel dévoile cette année l’aboutissement de son grand plan final.

Un évènement en soit, et la promesse de nombreux autres rendez-vous cinématographiques ponctuels, puisque, dans la foulée, sont déjà annoncés des suites à Captain America, Thor et Iron man qu’on peut déjà envisager comme une deuxième saison au cinéma de leurs aventures.


Avengers, c’est donc plus qu’un gros blockbuster, mais la somme d’enjeux (forcément) cosmiques qu’Ecran Large décode ici pour vous. De quoi briller à la sortie du ciné par vos connaissances méta-cinématographiques (qui est déjà un bon premier mot pour attirer l’attention).

 


 

Previously on Marvel...


Les cinq précédent films signés Marvel (a savoir Iron man 1 et 2, L'incroyabe Hulk de Louis Leterrier, Thor et Captain America) dessinaient un arc bien précis qui tissait les débuts d’Avengers. Petit rappel des faits pour ceux qui ne sont pas restés jusqu’à la fin du générique:

- A la fin du premier Iron man, Tony Stark, qui vient d’avouer au monde être Iron Man dans une belle entorse à la BD d’origine, fait la connaissance de Nick Fury, chef d'une puissante agence d’espionnage gouvernementale chargé de recruter divers super-héros pour faire face à toute menace mondiale. Le nom de ce projet annonce alors clairement le line up établi par Marvel pour les 4 ans à venir : l’Intitiative des Vengeurs.

- Dans la conclusion de L’incroyable Hulk, Tony Stark joue carrément les caméos de luxe et vient parler de ce projet au général Thunderbolt qui voue une haine sans précédent envers Hulk. Le crossover prend alors véritablement vie sous nos yeux.

- Alors que le premier Iron man posait tranquillement les bases de son univers, le deuxième, comme son nom l’indique, passe la seconde : le spectateur y fait connaissance de la Veuve noire, super espionne toute de cuir vêtue interprétée par Scarlett Johansson et la scène post générique sert alors de prologue au prochain personnage sur la liste : les agents de Nick Fury retrouvent en plein désert un marteau au centre d'un immense cratère.

 


- Le film Thor, sorti l’année suivante, nous en dit alors plus sur cet étrange objet et jette clairement, avec Captain America les bases de l’histoire développée par la suite dans Avengers : dans la mythologie nordique version Marvel, les dieux détiennent un cube cosmique appelé Tesseract à l’énergie infinie, qui finit par s'écraser sur terre et est récupéré pendant la seconde guerre mondiale par Crâne rouge, l’ennemi juré de Captain America, avant qu’il ne revienne dans les mains de Nick Fury. En ce sens, la première séquence d'Avengers est la suite directe de ces deux derniers films. On y retrouve d'ailleurs pendant une bonne partie du film le savant Erik Selvig, interprété par Stellan Skarsgard (découvert dans Thor).

 


 

Qui es-tu Joss Whedon ?

 

On le sait depuis le premier Batman de Burton, les films de super-héros sont AUSSI des films que l’on va voir pour leurs réalisateurs. Les  deux premiers X-Men ne seraient pas autant appréciés s’ils n’avaient pas été réalisés par Bryan Singer, Spider-man reste encore très attaché à Sam Raimi et les fans discutent encore des Batman version Burton, Schumacher et Nolan. Avengers ne déroge pas à la règle. Avant même la mise en branle du projet, les passionnés de cinéma voulaient surtout savoir qui porterait ce projet dantesque. Et la nomination de Joss Whedon au poste est sans doute le choix le plus représentatif d’un cinéma de genre de plus en plus tiraillé entre ses ambitions auteurisantes et ses besoins lucratifs. Car Joss Whedon, qui est aussi auteur de comics en dehors de ses productions TV, est la promesse pour les fans d’un vrai connaisseur aux commandes et en même temps d'une certaine subversion dans ses scripts. Sauf que ce qui a marché à l'époque de Buffy ne prend plus, comme en atteste ses dernières créations TV comme Firefly et Dollhouse, au potentiel pourtant très intéressant mais rapidement sabordé par les networks aux commandes.

 

 

 

 

 

Avengers porte cette marque : on sent définitivement le scénariste qui connaît ses personnages et qui continue d’en adorer les figures féminines. La Veuve noire en sort véritablement grandie et le spectateur fait la connaissance de Maria Hill (Cobie Smulders), bras droit de Nick Fury alors qu’elle n’est apparue que tout récemment dans les comics.

Une grande partie du film est aussi consacrée aux tiraillements internes des personnages et remet en cause souvent leur autorité, même le film finit par céder à ses impératifs pyrotechniques et délaisse des personnages effleurés seulement en surface. Sûrement échaudé par la gestion chaotique de ses dernières créations, Joss Whedon a sans doute préféré contenter tout le monde comme il l’avoua lors d'une interview quelques jours avant la présentation presse du film : " A un moment, je pense qu'il faut arrêter de tenter de s'approprier les choses à tout prix, et je me suis dit que les Avengers étaient plus importants que ma petite personne, que mes petites obsessions ne faisaient pas avancer le film mais le ralentissaient au contraire. (...) Vous savez, tenter de coller son propre univers sur un autre, ça ne fonctionne pas toujours."

 

 

Pour (re)découvrir un Joss au top de sa forme, précipitez vous sur Astonishing X-men, travail qu'il a livré sur un autre groupe de super-héros et où il a su apporter des idées ambitieuses à la série, reprises par d'autres, et où il sublimait des personnages tels que Shadowcat et Emma Frost (maltraitées ensuite au cinéma dans X-men 3 et First class).

 

Ultimate Avengers


Parmi les différentes têtes d’affiches, Oeil-de-faucon (Jeremy Renner) est l’un des rares avec qui le public n’est pas familier, alors que le cinéma d’action tend de plus en plus les bras à son interprète (prochainement en tête d’affiche du nouveau Jason Bourne à l'automne). Au milieu d’un groupe essentiellement composé de surhommes, ce Robin des bois des temps modernes fait pâle figure. On l’a pourtant déjà aperçu dans Thor où il officie en tant qu’agent de Nick Fury chargé de stopper le dieu du tonnerre de récupérer son marteau. Il a été gardé au casting pour renforcer le quota humain du groupe, aux côtés de la Veuve noire. Dans la BD, Œil-de-faucon est au départ un mercenaire plutôt mal vu des Vengeurs et qui continue d'être le rebelle de la bande, une fois intégré, qui n'hésite pas à prendre de gros risques, à commencer par celui de mettre souvent l'équipe en péril. Le début du film conserve d’ailleurs, par un tour de passe-passe, la dimension rebelle et ambigue du personnage.

 

 

Il est en tout cas représentatif des écarts qu'effectue Marvel en matière d'adaptation. Car si tous les autres héros classiques Marvel respectent asez bien leurs origines, Œil-de-faucon emprunte plutôt à sa version "Ultimate", relecture moderne de la plupart des héros Marvel, débarassée de plus de 50 ans de continuité parue au début des années 2000. La Veuve noire avec qui il semble partager une relation comme aux débuts de ses aventures classiques, subit d'ailleurs aussi le même traitement. Marvel n'hésite donc pas à gommer les détails qui l'arrangent, comme par exemple la base des Vengeurs qui, dans sa version récente, s'apparente à un Pentagone des super-héros tandis qu'elle a conservé dans le film sa forme de porte-avion volant.

 

Pour un Iron man plus "vert"

 

Dès la fin du premier Iron man où le super-héros révélait son identité, les producteurs nous montraient qu’ils étaitent prêts à suivre la folie du personnage insufflée par l’interprétation de Robert Downey Jr, quitte à aller plus vite que la BD elle-même. Piloté par ce grand fan de comics qu’est Joss Whedon, Avengers trace le même chemin et nous présente un Tony Stark businessman reconverti dans les énergies durables qui a définitivement abandonné son poste de trafiquant d’armes. Un élément du scénario qui prend toute son importance par la suite et qui fait écho a l'évolution du personnage actuelle où le héros renomme son entreprise Stark Resistance, développant le même type d’énergie. Ce qui apparaît comme un détail prouve que les productions Marvel n’hésitent pas à faire le grand écart entre le respect des origines et son actualisation.

 

Un ennemi commun (SPOILERS)

 

Les spectateurs se sont beaucoup interrogés, au gré des bandes-annonces, sur l’identité de ces créatures intersidérales et sidérantes qui font exploser toute la ville. Il ne fallait pourtant pas chercher bien loin : les Chitauris ont fait office de menace assez dantesque dans le premier volume des Ultimates (le nom moderne donné aux Vengeurs). A tel point qu'ils avaient déjà été utilisés dans le dessin animé de 2006. Les fans avaient plutôt statué sur l’apparition des Skrulls, ces infâmes bêtes métamorphes qui se retrouvent souvent à l'origine de giga crossover Marvel. Les Chitauris sont encore leurs cousins Ultimate à l'apparence légèrement modifiée.

 

 

Dommage que les scénaristes n’aient pas porté leur attention vers des méchants plus subversifs tels que le groupe des Libérateurs, version dévoyée des Vengeurs apparue dans le deuxième volume des Ultimates, qui faisait de la série une critique un brin cynique de l'impérialisme américain, sous la plume de l'auteur de Kick-ass.

 

 

 

Le meilleur des Banner


En dépit de son staut de personnage culte, Hulk a toujours été trop fort pour le cinéma. Adapté trois fois au cinéma en comptant la version Avengers, le personnage n'a finalement jamais réussi à avoir de réelle continuité cinématographique à lui comme son confrère Iron man. Après  les interprétations d'Eric Bana et Edward Norton, Mark Ruffalo compose le meilleur des deux mondes en jouant un Bruce Banner calme et posé, tout juste assez réservé pour qu’on croit au monstre qui sommeille en lui. A voir si Marvel tiendra à développer les personnages censés graviter autour de lui pour développer sa mythologie et ainsi approfondir un personnage qui encore une fois tourne très vite en rond. 

 


To be continued...


Que nous réserve la suite ? A l’heure où nous écrivons ces lignes, difficile de faire des projections tant les différentes suites des multiples franchises initiées rentrent seulement en production.

Captain America va t-il s'adapter au monde moderne ? Thor ne va t-il pas s'ennuyer tout seul sur terre et comment va s’intégrer le nouvel Iron Man promis par le réalisateur Shane Black, annoncé comme "l'antidote au blockbuster bourrin qu'est Avengers", de la bouche même des producteurs ? Une chose est sûre, les prochains fims serviront à nouveau d'écrin pour une tripotée de personnages supplémentaires (Ant-man toujours en développement, la Guêpe régulièrement évoquée sous les traits d’Eva Longoria, le Docteur Strange pour exploiter une veine plus mystique aux côtés d’Iron Fist, Gwyneth Paltrow en superhéroïne comme dans les publications actuelles…) ou le retour d’anciens (qui a dit Crâne rouge ?) qui serviront de bases pour les prochaines aventures. Les paris sont ouverts !

 

 

 

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