Les Avengers de la Présidentielle

Simon Riaux | 19 avril 2012
Simon Riaux | 19 avril 2012

Alors que les américains luttent pour rassembler péniblement un milliardaire en armure, le cousin de Shrek, un surfer bodybuildé et un capitaine abandonné, la France se relève et nous propose ce week-end une réunion d'Avengers exceptionnelle. Prêts à en découdre dans l'arène politique d'une nation toujours prête à couper les têtes qui dépassent, voici une petite revue d'effectifs de nos guerriers politiques et de leur supers pouvoirs.


Nicolas Sarkozy, dit le Punisher

 


 

Homme de pas si peu de foi, préférant le prêtre au hussard noir de la République, Nicolas est pétri de profonds idéaux de justice, aspire à la liberté, et jamais ne se dérobe à ses responsabilités. C'est pourquoi quand sa famille lui a été ravie par un gourgandin New Yorkais, notre héros en herbe a pris les armes, et s'est décidé à rendre coup pour coup. Résolu à ne pas laisser impunis les pires crimes sentimentaux comme les dérobades fiscales, il s'est fait une mission de passer au karcher 9mm semi-automatique tous les contrevenants, voleurs de scooters, et autres enjôleurs du dimanche. Attention toutefois, son adversaire de toujours, qu'il croyait atomisé, le redoutable King Chirac Pin, lui a porté un terrible coup au moral en annonçant son intention de voter pour Hollande l'élastique.


François Hollande, dit Mr. Fantastic

C'était un jour de 1985, en plein congrès socialiste, on ne s'étripait pas encore entre sauvageons et républicains de la sixième mi-temps, mais déjà les tensions étaient palpables. Alors que le jeune François devisait presque nonchalamment avec le docteur Mélenchon de l'incidence des rayons Gamma sur la montée de la social-démocratie, les deux laborantins furent subitement irradiés par un vote de motion radioactif. François craint un instant d'être pulvérisé par l'issue du scrutin, mais découvrit que l'incident lui avait conféré une propriété qui devait ce jour-là le mener à la victoire : il était devenu élastique ! Capable de se glisser à travers la moindre dissension, d'apaiser les plus aigres frictions, notre aspirant héros n'allait pas tarder à découvrir qu'il pouvait altérer jusqu'à son généreux embonpoint. Gaffe cependant, car le docteur Mélenchon, lui aussi métamorphosé par l'expérience, compte bien ne pas lui laisser tirer bénéfice seule de sa surhumaine condition.


Dr. Jean-Luc Mélenchon, dit Red Hulk

 

Tandis que son concurrent Mr. Fantastic profitait de sa super-souplesse pour faire le grand écart entre proto-gauchos et méta-bobos, le Dr. Mélenchon se trouvait doté d'une force incommensurable, mais dont le contrôle lui échappait régulièrement, le condamnant à des crises de logorrhée belliqueuses, aussi dévastatrices qu'impitoyables. Craint par ses semblables, méprisé par les médias, ostracisés par d'autres héros moins portés sur la destruction massive, il dut faire bande à part, pour mieux se retrouver, canaliser ses phénoménaux pouvoirs, et reprendre le contrôle de sa destinée. Le voici aujourd'hui devenu une machine de guerre, dont la politique est de ne pas faire de prisonniers, comme en témoigne sa prise de la Bastille. L'incertitude demeure, car personne ne sait aujourd'hui s'il remportera l'élection, qui du Dr. Mélenchon ou de son avatar cramoisi sera notre guide suprême.


Marine Le Pen, dite Poison Ivy

 

Prenant la suite d'un paternel qui avait l'œil du tigre, Marine choisit de ne pas filer la féline métaphore, et échangea ses lourdes griffes contre une panoplie bien plus aguichante, mais non moins létale. Reconvertie spécialiste es décontamination, cette combattante choisit de renouveler la ligne de sa famille politique. Si le scandale sied aux guerriers, la pétulante héritière comprit bien vite qu'il lui faudrait montrer patte blanche pour gagner un ticket de second tour (l'équivalent d'un billet première classe). Après des mois de recherches acharnées, la fine stratège mit au point de doucereuses senteurs, capables de recouvrir jusqu'aux plus malodorants sujets. Et c'est ainsi, jouant des phéromones comme d'autres de la mandoline, qu'elle devint une redoutable tentatrice.

 

 

François Bayrou, dit Diablo

Abandonné dès la naissance par ses géniteurs, le petit François sera recueilli par une sorcière du Béarn, laquelle se fera un devoir de lui apprendre la maîtrise de ses pouvoirs. Car tout destine le jeune François à un grand destin. Sa rigueur morale, son esprit fin et cultivé, son sens du devoir et un goût prononcé pour l'histoire font de lui un très sérieux candidat au poste de leader maximal. D'autant plus que le béarnais (que d'aucuns qualifient de magicien...) saura se faire respecter de quasiment tous les supers héros politiques, du Punisher en passant par Mr. Fantastic, tous draguent ce rassembleur à l'esprit et à la gifle réactifs. Hélas, une fois n'est pas coutume, ce sont les dons de François qui menacent son accession au trône. En effet, le béarnais est surtout doué pour disparaître, dès que la pression s'envole, que l'émotion devient trop forte, ou l'enjeu trop national... pfioutt ! Jamais aussi à l'aise que dans les ténèbres, Diablo pourrait bien replonger dans un impénétrable vortex après le scrutin...

 


Éva Joly, dite Malicia

 

Femme de poigne et juge de haut vol, Éva n'a pas son pareil dans le paysage politique hexagonal. Magistrate à l'embastillement facile, ennemie historique de la fraude et du blanchiment, elle fut un temps disciple de Diablo, avant de se tourner vers l'écologie et de prendre à la surprise générale le fauteuil du professeur Ushuaïa Xavier, qu'elle remplaça par de seyantes lunettes de couleur. Il n'en fallait pas plus à ses vertes troupes pour décrocher un accord historique avec Mr Fantastic, qui s'en mordrait les doigts si ces derniers ne se dérobaient pas sous sa plastique dentition. Hélas, la puissante Éva avait jusqu'à présent caché la particularité qui lui valut de la part des X-men le surnom de Malicia... le moindre contact physique avec une entité (vivante, spirituelle, idéologique) l'emplit de force et de verve, au détriment de sa victime, irrémédiablement vidée de sa force vitale. En un zeste de campagne, directeur de la communication, militants, jusqu'au seigneur de Bègles, tous furent vampirisés par cette Walkyrie photosynthétique. Leur aura-t-elle assez pris de jus pour se tailler la part du lion dans la bataille qui s'annonce ?

 


Nicolas Dupont-Aignant, dit Zorro

 

Nicolas a toujours voulu devenir un héros, que voulez-vous, il a ça dans le sang. Inspiré dans sa jeunesse par SuperCharles de Gaulle, sa modestie et sa déférence envers son modèle lui interdisent les mêmes rêves de grandeurs. Emprunt d'une humilité et d'un amour du terroir qui l'honorent, Nicolas a opté pour une panoplie plus classique, que certains qualifieront de démodée mais qui lui sied à ravir. Vêtu d'un complet noir en toile légère, idéal pour les longues traversées du désert, il est également muni d'un élégant chapeau et d'un fleuret qu'il prend soin de ne jamais moucheter. Son absence de supers pouvoirs est indiscutablement un handicap, mais la ferveur avec laquelle il taquine le Sergent Europa lui garantit un bel avenir.

 


Nathalie Arthaud, dite Catwoman

 

Avouons-le Nathalie n'est pas la plus rigolote des candidates, rien de grave quand on brigue le trône républicain de fer, mais tout de même, nombreux sont ceux qui ne peuvent s'empêcher de tiquer devant ses arguments, qui claquent comme autant de coups de trique, et son regard plus noir que les prunelles de Diablo. Tous ces pisse-froid obsédés par l'image ne se doutent évidemment pas que cette apparence un tantinet agressive n'est pas le fruit d'un mauvais caractère, mais la conséquence d'une double vie ! En effet, craignant de ne pouvoir mener jusqu'à son terme sa révolution-qui-ne-doit-pas-passer-par-les-urnes-mais-un-peu-quand-même, cette ouvrière de la lutte a pris les devants et revêt une fois la nuit tombée son costume de Catwoman. Un stratagème qui lui permet de voler aux riches pour redistribuer aux pauvres, et de continuer la lutte jusqu'au scrutin final.

 

 

Philippe Pouton, dit Œil de Faucon

 

Le malheureux Philippe a souffert de plein fouet de la crise de l'héroïsme et de la récession des supers pouvoirs, dont il se retrouve totalement dénué. Impossible pour lui de glisser de synthèse en synthèse, de karcheriser ses adversaires, ou d'envoûter l'électeur. Mais qu'importe, le bougre a bon pied bon œil, et fait des ravages une fois enfilé son costume violet et son carquois en cuir de buffle équitable. Il révèle alors régulièrement de surprenants talents d'archer, touchant toujours là où ça fait mal (ou du bien, c'est selon). Une précision légendaire, mais limitée par son vœu de chasteté politique, qui l'astreint à 32h de candidature par semaine.

 


Jacques Cheminade, dit Dr. Strange

 

Haut fonctionnaire au parcours exemplaire, tout concourait à faire de ce brillant personnage un membre à part entière du SHIELD francophone, c'est d'ailleurs pendant une formation conjointe avec ses homologues d'outre-Atlantique que la vie de Jacques a basculé. Sa rencontre avec la pensée de Thanatos Larouche, premier pourvoyeur occidental de Kryptonite idéologique, sera décisive. Depuis Jacques est devenu un des plus grands émissaires de ce trouble personnage, et répand avec probité de fondamentaux concepts. Le rallier (et non le railler) c'est choisir de coloniser Mars, rejeter les théories du réchauffement planétaire, et ne reculer devant personne, pas même Mylène Farmer.

 

 

 

Dominique de Villepin, dit L'Homme invisible

 

 

 


 

Indiscutablement l'homme fort de la campagne. Les troupes du Punisher avaient pourtant relu leurs fiches, préparé les casseroles, entassé les dossiers, rappelé les copains du Carlton, la riposte était prête, le gaulliste aux cheveux d'argent devait être écrasé telle l'hymen d'une jouvencelle un soir de noces viking. Mais c'était sans compter sur le talent caché de celui que le sérail surnomme Dissolutor : l'invisibilité ! Depuis sa disparition opportune la veille de la Saint Signature, l'ancien héraut de la Poésie Étrangère est devenu insaisissable, plus ineffable que le charme discret de l'aristocratie. Stupeur et tremblements dans les rangs ennemis, qui, dépassés, se demandent comment contrer un adversaire invisible.

 

 

À QUOI FAUT-IL S'ATTENDRE ????

 

 

À l'heure où sont rédigées ces lignes nous ignorons encore quelle sera l'issue du formidable match qui s'annonce. Deux formidables issues semblent toutefois se dessiner. Punisher pourrait l'emporter, en ralliant derrière lui les héros les plus portés sur la violence physique et l'affrontement au corps à corps, au risque de provoquer une terrible Civil War. Ne sous-estimons pas Mr. Fantastic dont l'ubiquité demeure un don absolument redoutable, et à peu près indépassable. Son aversion pour le magnat capitaliste Goldman Luthor pourrait nous valoir un clash des flans intensément mou.

 


 

 

 

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