Nos Spielberg préférés

Simon Riaux | 22 février 2012
Simon Riaux | 22 février 2012
Demander aux membres de la team EL leur Spielberg préféré, c'est un peu comme demander à un américain s'il préfère le gras ou les calories, à Warren Buffet s'il préfère les stock options ou les bons du Trésor, ou à Hervé Morin s'il préfère l'humiliation à la défaite. Le choix est difficile, ce qui explique cette sélection pléthorique, peu d'entre nous étant parvenus à arrêter leur choix à un seul et unique long-métrage.

 

Laurent Pécha : Les Dents de la mer

Sans hésiter Les Dents de la mer, le film le mieux mise en scène du monde avec pas loin derrière Les Aventuriers de l'arche perdue. Mais comme nous sommes nombreux à l'avoir cité, je vais aller du côté de Rencontres du troisième type et Arrête-moi si tu peux, sans doute les deux films les plus personnels de Spielberg. D'un côté, l’œuvre somme du cinéaste où sont le mieux réunis ses parts enfantine et adulte. De l'autre, son film le plus sous-estimé, trop rarement cité quand on évoque sa fantastique filmographie. Sous ses traits de comédie sophistiquée, se cache un drame bouleversant.

 

 

Didier Verdurand

Les Dents de la mer et Les Aventuriers de l'arche perdue car ces deux films ont littéralement révolutionné leurs genres respectifs. Il y a également un Avant et un Après Jurassic Park dans l'Histoire des effets spéciaux. On ne peut pas en dire autant du reste de la filmo, qui alterne (Spielberg reste humain malgré son génie) le meilleur (Indiana Jones 2, La Liste de Schindler, La Guerre des mondes…) et le pire (Hook, Amistad, Indiana Jones 4…).


Vincent Julé

Hier : La Trilogie Indiana Jones, symbole du cinéma d'aventure à l'état pur.

Aujourd'hui : Cheval de guerre, parce que je n'y croyais plus.

 


 


Nicolas Thys : A.I.

Le projet de Kubrick offert à Spielberg lui va comme un gant. A.I. est un film merveilleux sur l'enfance et l'humain, une véritable réflexion sur le futur et la mémoire. Un film qui mêle tous les espoirs déçus du monde et la soif de l'homme pour dompter une nature qu'il ne pourra jamais soumettre. Une oeuvre belle et naïve qui est la quintessence du cinéma de Spielberg et sa plus belle réussite.

 


 

Stéphane Argentin : Les Dents de la mer

Un simple aileron et quelques notes de musique suffisent à vous pétrifier sur place. C’est dire si cette terreur aquatique couchée sur pellicule est un chef d’œuvre du genre et accessoirement de la filmo de Spielberg.


Laure Beaudonnet : E.T.

Réussir à réhabiliter l’image de l’extra-terrestre est déjà un véritable tour de force. Après E.T, l’alien devient ce monstre sympa avec qui, nous aussi, on aimerait bien faire du vélo dans les airs. L’univers onirique dessiné par Steven Spielberg marque une génération entière investissant le genre de l’aventure à l’échelle de l’enfant. Un film aussi captivant qu’émouvant dont le « E.T. téléphone maison » continue de résonner dans les esprits plusieurs décennies plus tard. Probablement ce qui s’est fait de mieux dans le conte fantastique contemporain.

 


 

Sandy Gillet : Duel

Tourné au pas de charge sur 13 jours pour 375 000 dollars, ce téléfilm qui sortira par la suite au cinéma du fait de son succès d'audience et critique va révéler Spielberg au monde entier. Il obtiendra chez nous le Grand Prix au festival d'Avoriaz en 1973 et imposera d'emblée son jeune auteur âgé alors de 25 ans comme un génie de la mise en scène associé à un sens du cadre et du rythme qui laisse encore aujourd'hui pantois. Alors oui Spielberg a fait techniquement mieux par la suite mais tout ici est tellement viscéralement urgent et habité d'une telle déclaration d'amour à tout un pan du cinéma américain à commencer par le western que l'on ne peut qu'être éternellement reconnaissant et admiratif.

 


 


Louisa Amara : Minority Report

Choisir un seul film du Maître ? Encore une mission impossible, pour une trentenaire qui a grandi avec les films de Spielberg. Choisissons donc celui qui a une portée sentimentale à mes yeux Minority Report, un des premiers films vus et revus avec Monsieur. L'univers de Philip K. Dick est d'une complexité telle qu'il lui fallait tout le talent de Spielberg pour le porter à l'écran. Grand film de science-fiction, d'action, de l'émotion, avec un Tom Cruise impérial. 10 ans après, le film n'a pas pris une ride. La marque du génie.

 



 

Perrine Quenesson : Jurassic Park

Des dinosaures, des vrais ! Des effets spéciaux bluffants en 1993 qui ne paraissent pas désuets aujourd'hui. Une BO devenue culte et qui représente l'un des plus grands thèmes musicaux de l'histoire du cinéma. L'humour intemporel de Jeff Goldblum qui trouve ici son meilleur rôle depuis La Mouche. Une histoire toujours crédible et fantastique qui a révolutionné le cinéma. Spielberg a donné du rêve et nous n'avons toujours pas envie de nous réveiller.

 


 

Patrick Antona : 1941

Devenu le wonder-boy qui, avec Coppola et Lucas, avait fait entrer Hollywood dans l'ère du blockbuster, Spielberg s'essaya pour la première fois en 1979 à la comédie. Optant pour une optique burlesque tendance artillerie lourde, cette évocation parodique de la paranoïa suscitée par les craintes d'une invasion japonaise sur les côtes californiennes ne rencontra pas tous les suffrages au moment de sa sortie, sans être le bide souvent évoqué par certains. Avec le recul, ce dispendieux foutoir (ce qui lui fut reproché en ces temps de crise... tiens donc) et joyeusement bordélique se revoit avec le plus grand des plaisirs et apparait comme le premier essai de cette relecture distanciée des classiques américains (guerre, musical, screwball comedy) qui aboutira à la réussite des Aventuriers de l'Arche Perdue. Le revoir maintenant, c'est comme embarquer dans une machine temporelle qui prend la vitesse d'un manège de foire en compagnie de vieux amis que l'on a plaisir de revoir au cinéma. Car 1941 c'est aussi un casting 3 étoiles où se croisent Christopher Lee, Dan Aykroyd, Robert Stack ainsi qu'un tout jeunot Mickey Rourke, mais c'est avant tout la révélation du talent destructeur de John Belushi, impayable en pilote mythomane dont chaque apparition est motif à un gag mémorable. Sans oublier une de ces scènes de coït en avion les plus drôles qui soit qui fait mentir la réputation d'un Spielberg coincé du cul !


Tonton BDM : Sugarland express

En plus d'être l'éclatante démonstration du savoir faire du père Spielby dès son premier film de cinéma (rythme, humour et émotion sont au rendez-vous), Sugarland Express est une ode désespérée et ironique, proposant comme Point limite zéro avant lui, une franche empathie pour les héros transgressifs et conducteurs de bagnoles. La cavale des fuyards motorisés y devient le symbole d'une Amérique désemparée, aux repères noyés dans les rizières du Vietnam, l'allégorie étant centralisée autour de l'objet-bagnole : on vit dans sa bagnole, on mange dans sa bagnole, on fait ses emplettes sans plus ouvrir sa portière... Le ton est donc donné : si vous voulez vivre, ne sortez pas de la voiture !
 

 


 

Aude Boutillon : Les Dents de la mer

Tétanisant, sournois, vicelard, Jaws met encore sa raclée à toutes les productions du genre récentes : un rythme maîtrisé de bout en bout, un requin tangible, bien loin des CGI douteuses, et une galerie de personnages plus bad ass les uns que les autres. L'auteur de ses lignes garde qui plus est de son premier visionnage le souvenir ému de torrents de larmes incomprises face au funeste destin du squale...

Simon Riaux : La Guerre des mondes

Commençons par rappeler que Jurassic Park, découvert à l'époque où je connaissais par cœur les membres de la famille Théropodes, demeure un choc inégalé, et que Le Temple maudit est toujours le meilleur film d'aventures jamais réalisé, grâce à un scénario affolant, un rythme diabolique et une violence pulp qui aurait dû apprendre à Tarantino et Rodriguez que même le fossoyeur du Nouvel Hollywood a mieux compris le sujet qu'eux.

Mais s'il y a bien un film de Spielberg mésestimé et qui mérite sa place dans le top, c'est La Guerre des mondes. Les mauvaises langues auront fait mine de n'y voir qu'une superproduction à la gloire de Tom Cruise, aveuglé par ce qu'ils prirent pour un happy end dégoulinant. Une absence d'analyse risible pour qui se sera un instant interrogé sur le sens de ce qui nous est montré. Cruise, pour retrouver sa place dans le monde, réunir les siens et in fine devenir un vrai héros américain, ne pourra s'accomplir qu'à travers le meurtre. L'histoire en creux que dessine le réalisateur est celle d'une nation dont les mythes et le bonheur ne peuvent subsister qu'au prix d'un crime de sang matriciel, dissimulé aux yeux des innocents. Un constat glaçant, à des lieues des accusations de mièvrerie dont le film souffre encore aujourd'hui.

 

 

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