Battleship, preview insubmersible

Simon Riaux | 3 février 2012
Simon Riaux | 3 février 2012

Difficile de le nier, l'annonce puis les premières images de Battleship nous avaient plutôt fait rire, avec leur dégaine de gros portnawak estival, dopé aux CGI et à la destruction massive. Après avoir emballé trois formidables publicités pour les entreprises de BTP nord-américaines, Hasbro se lance à nouveau dans l'adaptation d'un de leurs jeux phares, la bataille navale, avec force budget, stars et bannières étoilées. C'est sans donc sans véritable attente que la Team EL s'est rendue à la présentation de quelques 20 minutes du film, en présence du réalisateur Peter Berg.  

 

 

Contre toute attente, nous sommes sortis de cette présentation le sourire aux lèvres, sincèrement enthousiasmés. Grâce au metteur en scène tout d'abord, visiblement aussi exténué que rigolard, à des lieues des discours promos guindés et désincarnés propre à ce genre de manifestation. « On a essayé de faire un super-film, et pour ça j'ai pris au studio du super-argent. » Le ton est donné. Peter Berg nous l'a bien fait comprendre, il est ici pour nous amuser, nous en mettre pleins les yeux : « Ces films où la caméra s'agite dès qu'apparaît un extra-terrestre – quand on veut bien vous en montrer un, c'est de la connerie. Vous allez voir mes aliens, et j'espère que vous aimerez leur look. » Si nous vous en laisserons bien sûr la primeur, sachez que les envahisseurs nous ont séduits, qu'ils bénéficient d'un look travaillé et plutôt plaisant.

 

En effet, le maître mot de cette preview était "lisibilité," oubliez le montage frénétique d'un Michael Bay, et les secousses de shaky cam auxquelles nous ont habitués des palanquées de yes men. Dans toutes les séquences que nous avons découvertes, qu'il s'agisse de simples dialogues, d'affrontement maritimes, de débarquements extra-terrestre, de destruction urbaine, ou encore de combat mano à mano, le spectateur ne se perd jamais, ni n'a le sentiment que ses yeux sont sur le point de fondre devant l'hystérie du découpage. Berg maîtrise l'espace, et en use avec intelligence, quitte à être parfois un chouïa trop didactique dans la mise en place de ses scènes d'action. Un léger défaut qui vaut mille fois mieux que les éruptions numériques qui mutilent régulièrement nos pupilles.

 


 

Alors qu'on ne s'y attendait franchement pas, Taylor Kitsch nous a surpris par sa décontraction et son charisme, là où nous étions sortis de la présentation de John Carter emplis de doutes. Peut-être plus à l'aise avec ce rôle éminemment léger, le comédien fait preuve d'une belle présence dans les séquences musclées, et d'un sens de la comédie appréciable. Car Battleship ne lésine pas sur l'humour, si l'on n'est pas devant un Starship Troopers, le cinéaste a tenu à nous dire combien son film se voulait divertissant et conscient de son statut de machine à pop-corn. Ainsi émanait-il des scènes présentées une jolie décontraction, voire un humour assez efficace, sans doute pas du Desproges, mais un ton infiniment plus drôle et sympathique que les beauferies robotiques des Transformers. À ce titre, rendons hommage au metteur en scène, parvenu à prouver en quelques plans que l'on pouvait être mal rasé, manger des tacos au poulet, et tomber les filles. Classe.

 


 

Nous avons également été surpris par l'intensité des extraits mis à notre disposition. À priori situés durant le premier acte, ils étaient tous intenses, rondement menés, et très spectaculaires. À tel point que l'on devient extrêmement curieux de découvrir ce que le film garde encore sous le coude, et qui pourrait bien nous laisser bouche bée. Enfin, nous avons eu droit à une surprise, grâce aux dernières répliques échangées par les personnages suite à une confrontation virile entre humains et extra-terrestres, les premiers réalisant que les seconds, plus puissants et mieux armés, l'auraient emporté s'ils avaient cherché à les tuer. D'où une batterie de questions sans réponses, qu'il nous tarde d'élucider : si les martiens ne sont pas venus faire la guerre, pourquoi sont-ils là ? Comment va évoluer le conflit si les hommes comprennent rapidement que le conflit est évitable ? Peter Berg aurait-il emballé un actionner autrement moins débile que son Royaume ? Il n'est pas interdit d'y croire.

 

Certes Battleship ne devrait pas révolutionner le septième art, d'ailleurs ce n'est aucunement son intention. Il s'annonce simplement comme un blockbuster malin, conçu avec un véritable amour du cinéma de divertissement, loin de tout cynisme ou mépris du spectateur.

 


 

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