Sherlock Holmes : le top 5 des adaptations
A l'heure où Guy Ritchie fait bien du mal aux amateurs de Sherlock Holmes dans Sherlock Holmes : jeu d'ombres, n'en déplaise à notre cher Sandy, grand amateur du style "grand n’importe quoi assumé et fun à souhait" de l'auteur de Revolver, la rédaction d'Ecran Large revient sur les vrais perles s'inspirant des écrits de Sir Conan Doyle. Voici dans des genres et styles très différents, nos 5 films préférés mettant en vedette le célèbre détective de Baker Street.
Les Aventures de Sherlock Holmes (1939) d'Alfred Werker
Plus réputé pour sa série de films produits par la Universal dans les
années 40 et dont l'action était transposée dans le monde "moderne" de
l'époque, Basil Rathbone avait néanmoins crée son personnage de Sherlock
Holmes au sein de la Fox, sous la patronage de Darryl F. Zanuck, avec
deux films produits en 1939. L'éternel adversaire d'Errol Flynn imposa
ainsi son style inimitable, avec ce maniérisme et cette diction
particulière, portant manteau et casquette à carreaux et avec pipe rivée
aux lèvres. Après une version du Chien des Baskerville un peu poussive
(surtout en comparaison de celle de la Hammer), Les Aventures de Sherlock
Holmes permit de corriger le tir et de poser le couple Basil
Rathbone/Nigel Bruce comme une des meilleures personnifications de la
création de Conan Doyle. Évoluant dans un Londres crépusculaire noyé
dans le fog, plongé dans une intrigue qui flirte avec l'épouvante (il est
question de cadavres retrouvés la nuque brisée), Basil Rathbone vient
en aide à une "pretty lady" incarnée par Ida Lupino, futur star
emblématique du film noir, et finit par se frotter avec le professeur
Moriarty (George Zucco) qui en a après les joyaux de la couronne.
Illustrant un duel prenant que ce soit sur le plan de l'esprit de
logique que celui du physique, les péripéties s'enchaînent et donne une
image d'un Sherlock Holmes cérébral mais qui ne
rechigne ni à sortir les poings ni le revolver. Un peu comme le fera
plus tard Robert Downey Jr. de manière encore plus excessive, mais avec
moins de classe que ce bon vieux Basil.
Le Chien des Baskerville de Terence Fisher (1959)
Quand la Hammer plonge dans l’univers de Sherlock Holmes, ce sont les amateurs de cinéma fantastique et de suspense qui jubilent. Alors au sommet de sa forme, la firme qui donna ses lettres de noblesse à Dracula notamment, s’appuie sur le roman le plus célèbre de Conan Doyle pour mettre en images tout ce qu’elle affectionne : décor de château gothique, créature aussi mystérieuse que démoniaque, paysages inquiétants plongés dans la brume, jeunes femmes en déshabillés vaporeux, tension sexuelle indéniable,…et last but not least, face à face de légende entre ses deux acteurs vedettes : Peter Cushing (superbe Sherlock Holmes) et Christopher Lee (qui, pour une fois, ne joue pas le méchant). La réussite plastique et narrative du Chien des Baskerville est telle que l’on se demande encore aujourd’hui pourquoi la Hammer n’a pas continuée à adapter les récits de Sherlock Holmes, d’autant plus que le succès fut plus qu’au rendez-vous. La firme anglaise ayant toutefois tenté l’expérience quelques années plus tard avec Sherlock Holmes et le collier de la mort mais avec Christopher Lee dans le rôle du détective de Baker Street et sans Peter Cushing.
La vie privée de Sherlock Holmes (1970) de Billy Wilder
A la fois pastiche de l'œuvre de Sir Arthur Conan Doyle et un des plus
fins portraits du résident du 221b Baker Street, le film de Billy Wilder
fut un gros échec au moment de sa sortie. Heureusement le temps a
permis de corriger cet affront et La Vie privée de Sherlock
Holmes est à ranger dans la catégorie de ces grandes productions
classieuses dont Hollywood a perdu désormais le savoir-faire. Divisé en
deux, le film permet de se faire une idée bien précise de la relation
intime unissant Holmes à Watson (Robert Stephens et Colin Blakely en
état de grâce) et où la cruauté et la manipulation ne sont pas absentes,
donnant un relief à ce pessimisme qui emprunte aux romans de Conan Doyle
et qui avait été si rarement abordé au cinéma. L'addiction à la
cocaïne, censée aiguisée le sens de déduction de l'enquêteur, est aussi
traitée sans fard et permet à Wilder de donner une explication sur ce
qui pousse Sherlock Holmes à se frotter au plus
près du Mal. Puis le virage pris vers une intrigue plus mystérieuse et
en rapport avec la stature du personnage, permettant de se régaler d'une
des aventures les plus passionnantes qui soit, mêlant belle espionne
allemande (Geneviève Page), nains et canaris morts, Christopher Lee dans
le rôle de Mycroft, la reine Victoria et le Monstre du Loch Ness,
proposant ici une des plus plausibles explications quant à l'origine du
mythe. Il est à espérer qu'un jour on verra la version complète du film
de 3h20, avec le troisième segment tourné mais jamais adjoint au montage
final, "The curious case of the Upside-down Room", qui fait de La Vie
privée de Sherlock Holmes un de ces grands films maudits et amputés à l'identique de La Splendeur des Amberson ou de La Porte du Paradis.
Le Secret de la Pyramide de Barry Levinson (1985)
Le film de Barry Levinson a beau faire un paquet d'infidélités à l'univers de Sherlock Holmes, il se dégage de ses aventures juvéniles fantasmées du jeune détective inventé par Conan Doyle un capital sympathie que les années n'ont absolument pas atténué. Au contraire, Le Secret de la pyramide, avec ses effets spéciaux CGI (parmi les premiers du genre) apparaissant presque old school, nous plonge dans un virevoltant divertissement annonciateur de la machine Harry Potter. Difficile de ne pas voir dans le jeune Watson un futur clone du célèbre magicien de Poudlar et le décor de cette école victorienne où de sombres meurtres occultes sont perpétrés n'est pas sans rappeler l'antre dirigé par Dumbledore. Mais si les fantômes d'Harry Potter planent sur ce Secret de la pyramide, l'enquête menée par le jeune duo de détective en herbe renvoie aux meilleures heures du célèbre pensionnaire de Baker Street. Malheureusement l'échec du film au box-office condamna l'éventualité d'une suite alors même que le générique de fin laissait apparaître une ultime séquence absolument réjouissante dans les promesses d'un affrontement savoureux entre Holmes et son terrible Némésis, le professeur Moriarty.
Elementaire, mon cher...Lock Holmes de Tom Eberhardt (1990)
Et si Michael Caine était le "meilleur" Sherlock Holmes de l'Histoire. Dans ce film injustement méconnu, le comédien s'offre la partition la plus hilarante de sa carrière. A partit d'un postulat aussi loufoque que génial (le vrai génie, c'est le Dr Watson qui a engagé un acteur raté et alcoolique pour interpréter Holmes), Elémentaire mon cher Lock Holmes (Without a clue) multiplie les séquences et répliques désopilantes que Michael Caine surjoue avec une maestria fantastique. A ses côtés, Ben Kingsley est un magnifique partenaire de jeu qui subit toutes ses incessantes bêtises. Et il y en a tant que Caine transforme Holmes en une sorte de Gaston Lagaffe disposant d'un cerveau de moineau. Tout ce qu'il fait et dit relève du domaine de la bêtise absolue. Et nous de hurler de rire devant une tel phénomène ! Respect absolu !