Gérardmer 2012 : jour 1

La Rédaction | 26 janvier 2012
La Rédaction | 26 janvier 2012

Pour le journaliste impénitent comme le bisseux en mal de pleine lune, Gérardmer rime avec films de genre, parterre de cinéastes cultes, jury pointu, mais plus que tout, températures glaciales et neiges. Ces conditions climatiques difficiles firent les beaux jours des histrions du fantastique, qui ne manquaient jamais une occasion de s'y vautrer goulument pour conclure une joute verbale trop terre-à-terre. Les éléments se déchaînaient jadis sur cette paisible bourgade des Vosges, comme pour signifier l'absolue subversion des œuvres présentées, et mettre à l'épreuve le pigiste arrogant venu prouver sa verve.




Qu'on se le dise, les temps changent. Cette année, point de flocons, nulle gadoue salvatrice, adieu verglas meurtrier. En effet, la Team EL a découvert avec stupéfaction d'immenses étendues d'herbes, découvert avec effroi la vacuité de la moon boot en terrain sec. Ajoutez à cela un jury inattendu et cosmopolite, où se retrouvent côte à côte Tomer Sisley, Vincent Desagnat, Tonie Marshall ou encore Enki Bilal en président, et vous obtiendrez une 19ème édition bien partie pour amorcer une mue profonde du festival. Un sentiment que sont venus conforter les discours des divers intervenants lors de la cérémonie d'ouverture, qui ne se cachèrent pas leurs espoirs et leurs attentes quant à l'avenir du festival. Plus sage Gérardmer ? Le froid mordant aurait-il laissé place à une douce indolence ?

Certainement pas, et le premier film projeté est venu nous rassurer. Twixt de Francis Ford Coppola ne partait pourtant pas gagnant. Précédé par une réputation catastrophique, pour ne pas dire infamante, le film avait été accueilli par une volée de bois vert à Toronto (lire la critique de Laurent) et n'avait trouvé que de très rares défenseurs. Simon, persuadé que la projection serait précédée d'un cocktail de bienfaisance, a néanmoins tenu à découvrir la bête. Et si l'ensemble est incontestablement déséquilibré, que les expérimentations formelles et rythmiques du réalisateur sont loin de toujours faire mouche, l'œuvre n'est pas dénuée d'intérêt, loin de là. Hymne vibrant à un certain cinéma gothique et/ou fauché, Twixt regorge de petites trouvailles et de pépites.

 


Au détour d'une séquence inégale se dégage parfois de véritables émotions, un sursaut vient ici et là étreindre le spectateur égaré, et petit à petit, apparaît une cohérence inattendue. De l'expérience de Coppola on aura bien du mal à retirer un sens profond, une ligne directrice, et pourtant une poésie troublante émane de l'ensemble, notamment de son dernier tiers, où l'auteur laisse les éléments disséminés avec une apparente anarchie s'animer, et conférer au film une vie autonome.

L'édition 2012 du festival de Gérardmer s'ouvre donc sur une création bien différente et autrement plus riche que le fade Devil présenté l'an dernier, et c'est tant mieux. Alors que ces derniers mois ont été marqués par la naissance d'un festival concurrent , le PIFFF, les Vosges nous ont délicatement indiqué en ce jour d'ouverture qu'elles comptaient bien ne pas se laisser plumer, et entamer une transformation aussi subtile que profonde. À n'en pas douter, la manifestation se voudra marquée par l'expérimentation, la recherche, et la surprise. Et c'est tant mieux.

 

 

 

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