Notre Clint Eastwood préféré

Laurent Pécha | 10 janvier 2012
Laurent Pécha | 10 janvier 2012

Si J. Edgar n'aura pas comblé nos attentes, chaque nouveau film du légendaire Clint Eastwood fait incontestablement figure d'évènement dans le paysage de plus en plus asceptisé des sorties cinéma. Au vu de la carrière multiple et singulièrement riche de son auteur, l'occasion était trop belle de vous présenter quelles sont nos œuvres préférées d'un artiste passionnant et inclassable.

 

Louisa Amara : Gran Torino

Très dur et très émouvant, c'est la rencontre du vieil ours que Clint Eastwood sait si bien interpréter et de la jeunesse perdue. Profondément moderne, un drame magnifique où Clint Eastwood, réalisateur, atteint le meilleur de son talent. Une sérénité et une audace qu'on retrouvera peu par la suite. Hâte de les retrouver. 

 

 

Patrick Antona : Un frisson dans le nuit

Pour un coup d'essai , un coup de maître. Clint réussit non seulement à jouer (déjà) adroitement avec son image ambigüe et son statut de macho, tout en restant sur "la corde raide", mais il inaugure un modèle de thriller qui ne cessera d'être copié à Hollywood depuis, avec Liaison fatale et consorts. Et puis il se permet d'offrir un rôle de barman à Don Siegel pour son premier film, hommage à la fois classe et ironique.

 

 

 

Stéphane Argentin : Impitoyable

À sa sortie, beaucoup ont vu dans ce chef d’œuvre de Clint Eastwood l’oraison funèbre d’un genre. Vingt ans après et même si de nombreux autres westerns remarquables et remarqués ont continué à voir le jour depuis (Open range, True grit, The Proposition, Appaloosa, L'Assassinat de Jesse James…), force est de reconnaître que la beauté crépusculaire d’Impitoyable reste inégalée.

 


 

Laure Beaudonnet : Un monde parfait

Parce que j’avais neuf ans à sa sortie en salles et que j’ai mis plus de quatre jours à m’en remettre. Un Monde Parfait raconte la banale histoire d’une cavale au cœur des Etats-Unis, transcendée par le portrait d’une relation poignante entre le jeune kidnappé et son ravisseur. Loin de l’analyse manichéenne du méchant très méchant, le film sert un anti-héros complexe dont on s’entiche terriblement, comme soi-même pris du syndrome de Stockholm.

 

 

 

Jonathan Deladerrierre : Mystic River

Drapé sous le velours crépusculaire d'un récit  oppresant, impossible pour le spectateur de rester insensible au chef d'oeuvre du grand Clint. Mêlant habilement drame humain bouleversant (le roman du surdoué Dennis Lehane n'y est sans doute pas étranger) et partitions d'acteurs inoubliables (Bacon, Robbins et Penn y sont tous épatants), le film est sans aucun doute l'une des plus grandes réussites du metteur en scène. Loin des succès consensuels qui suivirent, l'imagerie convoquée alliée à une vraie science de la suggestion forcent le respect. Sombre, éprouvant, le polar cite avec autant de ferveur ses aînés de plusieurs décennies que les démons récurrents de l'Amérique. Nous ne pensions pas qu'il puisse surpasser Impitoyable, nous avions tort.

 


 

Sandy Gillet : Chasseur blanc, coeur noir

Difficile de faire un choix tant la filmo du Monsieur abonde en œuvres d'exception. Toutefois entre ses premiers films que l'on revoit toujours avec un plaisir virginal (Un frisson dans la nuit, L'homme des hautes plaines...), ses réalisations suivantes qui oscillent entre le plaisir coupable (Le maître de guerre), leçons assimilées (Sudden Impact, Pale Rider...) et jolies ratages (Firefox, La relève...), puis le début des années 90 où il enchaina coup sur coup avec les trois chefs d'œuvres que furent Impitoyable, Un monde parfait et Sur la route de Madison, se glisse celui qui restera comme le plus bel hommage au cinéma. Chasseur blanc, coeur noir raconte l'avant tournage d'African Queen avec un Eastwood jouant à merveille le John Huston taciturne et alcoolique qui n'a accepté ce film que pour avoir la possibilité de faire un safari. Eastwood raconte une époque révolue et fantasmée à la façon du mercenaire moderne d'Hollywood qu'il est devenu. Chasseur blanc, coeur noir est ce moment magique entre ces deux mondes symbolisé par cette merveilleuse scène où tout se fige, quand le chasseur blanc a au bout de son canon l'éléphant et son cœur en mal de rédemption.

 

 

 

Laurent Pécha : L'Echange

L'un des plus beaux mélodrames du monde. Le meilleur film d’Eastwood, juste à côté d'Impitoyable. Le cinéaste atteint ici un niveau de formalisme inouï tout en multipliant les genres. Il offre à Angelina Jolie le rôle d’une vie. Le pouvoir lacrymal du film est aussi fort que l’incroyable humanisme qui se dégage d’un récit somme sur l’Amérique des années 30. Trop souvent oublié lorsqu’on évoque la filmographie de Clint, L’échange mérite tellement une seconde chance, c’est un chef d’œuvre !

 

 

 

Perrine Quennesson : Minuit dans le jardin du bien et du mal

Film superficiel dans le bon sens du terme : tout n'est question que d'apparence. Vivre et mourir doivent se faire avec style à Savannah, dans cet univers mondain, fermé où le temps ne semble passer de la même façon que dans le reste du monde. Un endroit en suspens où morts et vivants se côtoient et où la réalité et le surnaturel se mélangent avec grâce et simplicité. On se laisse guider à travers cette galerie de personnages hauts en couleurs par un John Cusack tout aussi paumé que nous. Intriguant et triste, Minuit dans le jardin du bien et du mal est, avant tout, poétique. 

 

 

 

Simon Riaux : L'Homme des hautes plaines

Deuxième réalisation et premier western de son auteur, L'Homme des hautes plaines est une des œuvres les plus passionnantes d'Eastwood, infiniment plus aboutie que ses récentes tentatives d'ausculter l'histoire américaine depuis son piédestal d'auteur consacré. À l'époque, Clint pouvait livrer une véritable réflexion sur les mythes fondateurs de sa nation, les subvertir et les regarder s'écrouler le temps d'un film, tour à tour froidement sadique et crépusculaire. Empruntant autant à Leone à Siegel, il narre avec maestria la vendetta à rebours, menée par un homme intronisé justicier par une petite bourgade pas vraiment innocente. Les figures du western en prennent pour leur grade, tout comme le spectateur, qu'une conclusion implacable laisse pantelant, groggy.

 


 

Tonton BDM : La Relève

Ultime, définitif, crépusculaire, insurpassable... Nombreux sont les adjectifs qui viennent à l'esprit quand on évoque   Impitoyable   La relève. Blague à part, l'œuvre de Clint Eastwood est émaillée d'actioners souvent un peu oubliés, et La relève en est un sympathique exemple. Dans ce buddy movie très 80's, Clint délaisse l'amitié virile entre flics pour aborder une relation père-fils un peu ambiguë : le jeune Charlie Sheen se métamorphosera jusqu'à devenir l'image parfaite de ce père de substitution qu'il cherche à retrouver (attitude, expressions, vêtements), à l'image, quelques années auparavant, de son père Martin Sheen qui « devenait » Kurtz dans Apocalypse now. Et surtout, La relève est un excellent actioner, priapique et survitaminé, bourré de personnages badass (plus agressifs tu meurs !), de séquences vraiment hilarantes (Eastwood qui jure comme un charretier lors d'une interview télévisée), de scènes d'action inédites (la bagnole qui s'échappe de l'explosion du bâtiment) et interprété par une brochette d'acteurs en état de grâce (Raul Julia, Charlie Sheen, Tom Skerritt, Sonia Braga). De l'entertainment de qualité ! 

 

 


Nicolas Thys : Breezy 

Une bouffée d'air frais dans un univers de brute. Une fille libre comme l'air, hippie et qui n'aspire qu'à sourire à la vie sans contrainte d'ordre morale. Elle profite du monde et la mise en scène d'Eastwood nous invite à la suivre, à la connaitre et à la comprendre. A être avec elle. Avec en prime une musique somptueuse de Michel Legrand et des paysages à couper le souffle. Eastwood n'est que réalisateur. Il s'efface pour donner lieu à l'un des plus beaux et improbables couples du cinéma.

 

 

 

Didier Verdurand : Chasseur blanc, coeur noir

Ce n'était pas forcément la mode à l'époque de dire qu'un film d'Eastwood était remarquable, même s'il s'agit de sa première réalisation après Bird, un incontestable tournant dans sa carrière. La surprise n'en a été que plus grande. L'histoire plus ou moins romancée du tournage d'African queen est captivante, portée par un Eastwood plus inspiré que jamais, devant et derrière la caméra. D'accord, ce sera un bide commercial mais n'empêche, il s'agit ni plus ni moins d'un des plus beaux films d'Hollywood sur l'Afrique. Rien que ça.

 

 

Vincent Julé : Sur la route de Madison

La pluie. Une voiture. Une feu rouge. Et cette main sur cette putain de poignée. Raaaah !

(NDR/ Vincent aka l'homme de peu de mots...ça promet pour son Dead shadows)

 

 


 

 

 

 

 

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