Sitges 2011 - Jour 6

Aude Boutillon | 13 octobre 2011
Aude Boutillon | 13 octobre 2011

Après l'enthousiasme communicatif suscité par l'indonésien The Raid (il fallait entendre les effusions verbales et les applaudissements incessants d'une foule compressée dans une salle restreinte pour le croire), on ne pouvait qu'espérer de nouvelles réjouissances au sein d'une cuvée 2011 un peu faiblarde en films coup-de-poing.

 

La journée débuta par Twixt, dernier méfait de Francis Ford Coppola et improbable fable délirante à la limite de l'hermétisme. Prétendument présenté en 3D, Twixt aura réservé quelques surprises à un public manifestement perplexe devant une image similaire, avec ou sans lunettes. C'est que le relief occupe en réalité un maximum de 15 minutes de la totalité du film, étranges instants pas franchement favorables à l'immersion où une petite animation invitait les spectateurs à chausser leurs montures. Volonté de renouer avec des traditions désuètes, ou maladresse presque ringarde ? C'est la question qui reste à l'esprit durant la totalité de la projection, tant la volonté de Coppola de recréer une atmosphère gothique (les premières minutes sont à cet égard d'une grande efficacité) se trouve confrontée à des choix artistiques d'un autre âge. Les inattendues ruptures de ton, des séquences quasi-oniriques aux impros hilarantes d'un Val Kilmer comme on l'a rarement vu, les fulgurances très personnelles et inexplicables (ainsi qu'inexpliquées), ainsi que la confusion d'une intrigue que beaucoup auront rapidement abandonné l'idée de démêler, sont autant d'éléments qui handicapent considérablement l'accessibilité de Twixt, énorme délire d'un Coppola qui démontre une envie de faire fi de toute contrainte. A noter également, une Elle Fanning qui prouve à chacune de ses prestations une capacité à délivrer un magnétisme du plus bel effet.

 

 

The Woman, dernière sensation en date du formidable Lucky McKee, avait bien entendu sa place à Sitges, après avoir fait hurler d'enthousiasme comme de colère les foules de festivaliers du monde entier. Si nous vous avions déjà dit tout le bien que nous pensions de The Woman lors de l'Etrange Festival de Paris, le fait de le redécouvrir au sein d'une audience aussi vivante et réactive a confirmé le statut de pur produit festivalier du film de Lucky McKee (qui avait deja fait le bonheur du public de Sitges avec May), accompagné pour l'occasion de la tétanisante, sublime et accessible (tout ça !) Pollyanna McIntosh et de la non moins ravissante Carlee Baker.

 

 

Enfin, la soirée aura été marquée par le retour attendu du duo Bustillo/Maury qui avait secoué le festival il y a quelques années avec A l'Intérieur (dont l'évocation, durant la présentation du film, n'a pas manqué de faire réagir le public), pour un projet radicalement différent de leur précédent. Livide abandonne en effet toute l'horreur frontale qui avait caractérisé A l'Intérieur, pour mieux construire avec une minutie déconcertante une atmosphère gothique et dérangeante, dont le théâtre n'est autre qu'une grande et sinistre demeure brillamment décorée d'éléments tous plus creepy les uns que les autres (avec une mention spéciale pour une dinette grandeur nature des plus horrifiantes). Démarrant comme un film de fantômes des plus classiques, Livide creuse progressivement de surprenants sillons, pour se construire une mythologie particulièrement vaste (on pourra à ce titre regretter le côté un peu fourre-tout de ces éléments fantastiques de tous bords). Réussissant l'exploit de rester un film profondément personnel en dépit d'influences très (trop ?) marquées, Livide permet à ses auteurs de démontrer leur maitrise de l'émotion, au travers de séquences d'une poésie très touchante, comme de la terreur, comme en témoignent des séquences diablement efficaces et hérissantes. Devant tant de générosité et d'efforts, on ne peut qu'attendre déjà impatiemment le prochain projet.

 

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.