Joe Cornish attaque le bloc

Simon Riaux | 19 juillet 2011
Simon Riaux | 19 juillet 2011

Alors que s'apprête à débarquer chez nous Attack the block, précédé par un buzz plus que positif, l'occasion était trop belle de s''entretenir avec son réalisateur, Joe Cornish. Ce dernier met ici en scène son premier film, avec un enthousiasme et une énergie qui font plaisir à voir. Il revient avec nous sur la génèse de son univers ses relations avec sa troupe de jeunes comédiens, et bien évidemment, les monstres de son film.

 

 

 

 

Vos extra-terrestres sont très particuliers, comment avez-vous travaillé sur leur apparence et la façon de les dévoiler ?

Il y a un film qui s'appelle The Kindred, avec Donald Pleasance. Je ne sais pas quand il est sorti en France, s'il est sorti, ça date des années 80, et c'est un très bon exemple. Ils ne montrent pas la créature, vous attendez et attendez, la peur monte et monte. Finalement ils la dévoilent, et... on dirait un gros tas de merde ridicule. C'est embarrassant tellement c'est laid et plein de caoutchouc. C'est une idée très importante, un sacré avertissement : si vous cachez votre monstre, il a intérêt à être réussi quand vous le montrez.

Que pensez vous de la nouvelle vague de films d'horreur anglais, du retour de la Hammer ?

J'aime ça. J'adore les films d'horreur et le cinéma de genre. Je crois que c'est une bonne chose. Le succès de Edgar Wright avec Shaun of the dead a montré que les européens pouvaient apporter un regard neuf sur les figures crées par les américains et se les approprier. Je crois que beaucoup de gens on envie de faire de même, et c'est cool. J'aime acheter des DVD alors plus il y en a, plus je suis content.

Votre film m'a fait penser à un autre film anglais, très différent, Harry Brown, avec Michael Caine. Dans les deux apparaissent les questions sociales relatives à la violence juvénile, il y a là un portrait de l'Angleterre d'aujourd'hui.

Je trouve que Harry Brown est un film très bien fait, très bien joué. Mais je suis en profond désaccord avec le long-métrage, éthiquement. Mon film est une réponse à ce genre de films. Le long-métrage montre des gamins extrêmement violents méchants, cruels et violents, c'est très exagéré et gratuit, je voulais faire un film plus humain, avec moins de violence, il n'y en d'ailleurs pas tellement dans Attack the block. En tout cas pas entre les personnages, à part lors de l'agression d'un dealer. Le film est très fun. Non pas que les gamins ne fassent rien de mal, mais rien de comparable avec ce que l'on voit dans Harry Brown. Après ça, je ne m'intéresse plus qu'aux relations entre les personnages suites à ces mauvaises actions.
Harry Brown est plein de gamins accomplissant des actes révoltants, pour lesquels ils sont tués, et on est sensés être en empathie avec celui qui les exécute. Je suis profondément en désaccord avec cette démarche. J'ai grandit tout près de là où a été tourné Harry Brown, là où est située l'action, et je n'y vois aucun rapport avec la réalité. Mon travail est donc une réponse contre ça, même si je trouve le film très bien réalisé, photographié et interprété.

 

 


Est-ce le film que vous vouliez faire dès le début du projet, ou est-ce que certaines contraintes l'ont transformé ?

Il y a une ou deux séquences qu'on n'a pas pu se permettre de filmer, très spectaculaires. Une bataille sur les balcons des immeubles notamment qui aurait donné à l'ensemble un côté film de pirates, Errol Flynn avec des aliens escaladant les murs. Mais c'était trop coûteux et élaboré, alors on a abandonné. Mais je crois que le film bénéficie d'une bonne production value, grâce aux producteurs, qui savaient vraiment comment faire. C'est mon premier film vous savez, et il a fallu que je l'ai complètement terminé pour véritablement comprendre ce que veut dire « faire un film. »

Comment s'est déroulée votre collaboration avec vos jeunes acteurs ?

J'ai adoré travailler avec les jeunes. Ils jouaient presque tous pour la première fois et je réalisais pour la première fois, ce qui donne une cohérence à l'ensemble. Ils étaient tellement passionnés et enthousiastes, ça a généré une énergie positive sur le plateau, qui émanait d'eux. Ils étaient onze entre huit et dix-sept ans, à ne presque pas avoir fait de cinéma avant.

J'ai appris ça après avoir vu le film et j'étais impressionné, on dirait qu'ils ont déjà beaucoup d'expérience.

Ils découvraient le processus. On travaillait de nuit, très tard, dans le froid, c'était très physique pour eux. Mais ils ont aimé, c'était quelque chose d'important pour eux. Leur jeunesse et leur énergie a été précieuse, parce que moi, je suis déjà vieux et blasé.

Les américains vous ont déjà proposé un remake ?

Quelqu'un de Sony Screengems (qui sont les pires dans le genre aux USA) m'a contacté, parce que quelqu'un de sa boîte l'avait vu, et pensait qu'il fallait en faire un remake. Mais il a tellement aimé, qu'il a préféré l'acheter. Personne ne m'a encore approché pour faire un remake, mais être distribué aux USA est une bien meilleure chose je crois.

Pourriez-vous vous charger de diriger un remake ?

Je ne pense pas en avoir envie. Mais je pourrais faire une suite. Je ne le dis pas très sérieusement, mais c'est toujours marrant d'y songer. Le personnage de John Boyega, qui joue Moses pourrait amener de très bonnes idées pour une séquelle.

Aujourd'hui, les remake et reboot se multiplient, y a t il un classique du fantastique ou de l'horreur que vous aimeriez revisiter ?

Oh mec, c'est une bonne question ! J'adorerais remaker La malédiction finale. J'aime le premier, j'aime le deuxième, le troisième a quelques très bonnes séquences, mais le résultat final n'est pas la hauteur de son potentiel.

Mais Sam Neil y est très bon.

Oui c'est vrai. Mais le film n'est pas aussi réussi que les précédents, même s'il y a des moments géniaux. Je serais le premier à faire un remake de suite ! J'en ferais un « film d'époque », dont on pense en le découvrant qu'il a été réalisé juste après les deux premiers, il aurait exactement le même look.

Et la Créature du lac noire ? Car en tant que fan de Carpenter... ça fait quand même 20 ans qu'on en parle.

Je ne suis pas un grand connaisseur du film, mais j'ai beaucoup lu dessus. Il a eu une grosse influence sur Carpenter ?

Il voulait en faire un remake, à la fin des années 80, jusqu'au début des années 90.

Ok. Je suis un grand fan de Swamp Thing, le comics Frank Miller.

Wes Craven l'a déjà fait !

Oui... mais je pourrais peut-être tenter quelque chose.

 

 

Propos recueillis par Laurent Pécha.
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