Les meilleurs mano a mano

Simon Riaux | 7 juillet 2011
Simon Riaux | 7 juillet 2011

Alors qu'est sorti cette semaine J'ai rencontré le Diable de Kim Jee-Woon, nous n'avons pas pu résister à la tentation de revenir sur quelques uns des plus beaux duels du cinéma. Si l'oeuvre furieuse qui ensanglante en ce moment nos salles obscures marquera à n'en pas douter une date dans l'histoire des affrontements du septième art, elle est loin d'être l'unique embassadrice de ce sous genre jouissif qu'est le film de duel. Recoupant nombre de notions et de genres, il est délicat de lui trouver une définition propre, aussi plutôt que d'ergoter sans fin, voici un petit aperçu des confrontations qui nous ont le plus marqués.

 

 

 

 

Les Duellistes (1977) de Ridley Scott

Impossible d'évoquer les plus grands affrontements du septième art sans commencer par un film dont la structure est entièrement dévolue au duel, sous toutes ses formes. Premier long-métrage de Ridley Scott, Les Duellistes fait alors plus que forte impression, de par son évidente beauté formelle, et la rigueur de son interprétation. L'oeuvre n'a pour ainsi dire pas vieilli, demeure d'une inventivité et d'une élégance saisissante. Impossible de rester de marbre devant la destinée tragique de ces deux hommes, imbibés d'honneur et de dignité, décidés à s'affronter pour régler un affront, et incapables d'y mettre fin.


 

 

Predator (1987) de John McTiernan

John McTiernan était indiscutablement le mieux placé pour raconter le combat entre un homme et une créature venue de l'espace, qui a choici la Terre comme terrain de jeu et de chasse. Une fois le groupe paramilitaire emmené par Schwarzenegger sauvagement décimé, le combat entre le Predator et son adversaire peut commencer. Le metteur en scène nous offre alors un sommet d'animalité et de barbarie rarement égalé depuis. Un film essentiel pour qui a déjà rêvé de brandir un crâne au bout d'une colonne vertébrale fraîchement cueillie.


 


Le Limier (1972) de Joseph L. Mankiewciz

S'affronter à coup de bagnoles enflammées, de grenades à fragmentation ou de harpons, c'est somme toute résolument classique. En revanche amener le combat sur le terrain de la manipulation, du trompe l'oeil et de l'illusion, voilà qui peut être fascinant. Si en plus, la confrontation en question met face à face Michael Caine et Laurence Olivier, vous devriez passer tout près de l'orgasme cinéphilique. Le film est toujours une totale réussite, un classique instantané, qui surprend à chaque vision par sa méticulosité et son intelligence.


 

 

Seven (1995) de David Fincher

Un jeune flic idéaliste et mal dégrossi se retrouve muté en ville, comme si l'hostilité profonde de la cité ne suffisait pas, il va devoir faire face à un serial killer particulièrement retors et inventif. Rapidement, cette affaire deviendra une obsession,un terrain dont l'enjeu sera son équilibre, sa vision du bien et du mal. Entre le gamin et le tueur, un vieux policier au bord de la retraite, usé et blasé, arbitre amer d'un match dont il connaît déjà l'issue. Seven est un poème funèbre et furieux, qui permet pour la première fois à Fincher de montrer réellement ce qu'il vaut, dans un contexte où il a une pleine maîtrise de son sujet.


 


Rambo (1982) de Ted Kotcheff

John affronte une bande de flics sans scrupule, John affronte une petite ville, John affronte l'amérique, John affronte une société qui l'a laissé dépérir pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux. Ted Kotcheff orchestre de main de maître le retour au front et à la rage quasi animale d'un homme revenu de l'enfer pour ne trouver que l'ingratitude. Rambo nous offre avec émotion une guerre totale, empreinte de naïveté et d'espoirs déchus, un affrontement noble, au service d'un idéal, mais indéniablement guerrier.


 

 

Traqué (2003) William Friedkin

Quand un ancien formateur de l'armée est chargé de retrouver et d'arrêter l'un de ses anciens élèves devenu incontrôlable, Friedkin nous offre un trip vertigineux et implacable. Retournant le postulat de Rambo, en nous dévoilant l'action à travers les yeux non plus du monstre mais de son instructeur, le metteur en scène révèle la part d'animalité qui sommeille en chacun, et nous montre crûment ce qu'il advient de ceux qui la laisse prospérer au grand jour. À travers le portrait de deux hommes devenus des bêtes, c'est l'autopsie d'une civilisation déchue, seulement mue par des pulsions de violence aveugle, qu'établit Friedkin.

 

 

 

Duel dans le pacifique (1968) John Boorman

En pleine seconde guerre mondiale, un soldat américain et son adversaire japonais échouent sur une île déserte. Ils vont s'affronter et ne se laisser aucun répit, à moins qu'ils ne finissent par s'accepter et coopérer... pour mieux se piéger ? Claque surpuissante imposée par Boorman au spectateur, le film contient déjà la plupart des thèmes et obsessions sur lesquelles reviendra le cinéaste. Sauvage, grandiose et sans concession sur ce que notre humanité recèle de puissant et parfois d'abominable.

 

 

 

 

 


Heat (1995) de Michael Mann

Comment ne pas évoquer Heat dans ce tour d'horizon consacré aux duels ? Michael Mann, qui semble briller particulièrement dans cet exercice (Collateral ou Manhunter auraient tout aussi bien pu figurer ici), et organise la confrontation entre Al Pacino et Robert de Niro avec une maestria et un sens de la dramaturgie qui confine au génie. Les deux acteurs, qu'on  n'a plus revu aussi habités depuis, sont à leur firmament, et donnent corps à leurs personnage de flic désabusé et de mafieux sous pression avec un mélange de parfaite maîtrise et de plaisir à peine dissimulé. Shakespeare avec des flingues quoi !


 

 

Moby Dick (1956) de John Huston

Affronter des méchants, un flic corrompu, un adversaire de toujours, un alien ou un démon, ça reste dans le domaine du commun. Mais affronter Dieu en duel, c'est un chouïa plus risqué. Qu'importe c'est ce que s'est fixé comme but le capitaine Achab. Ce dernier sait bien qu'il n'a aucune chance contre Moby Dick, la baleine blanche, mais il ira la combattre, pour lui signifier que sa supériorité n'engendrera jamais sa soumission. Melville avait pensé son oeuvre comme un grandiose bras d'honneur des hommes au divin, et c'est exactement comme cela que l'adapte Houston. Un grand moment de cinéma et de foi.


 

 

Duel (1971) de Steven Spielberg

Le moins que l'on puisse dire, c'est que celui-ci porte bien son nom. On ne peut qu'être admiratif devant la maîtrise sidérante du tout jeune Spielberg, qui n'avait alors que peu de choses à son actif (notamment un pilote pour la télévision, un certain Columbo). Devant la caméra de Steven, ce qui aurait pu n'être qu'une banale série B, pas vraiment spectaculaire, devient un duel implacable et motorisé entre une voiture et un camion impavide. Pas effrayé pour un sou par son concept pourtant limité, le metteur en scène parvient à faire de méchant motorisé une véritable personnification mécanique du mal. Pour la première fois, il va ainsi exposer une peur teintée de divertissement, qui s'étale au grand jour, une interminable montée en puissance narrative.



Die Hard: Une journée en enfer (1995) de John McTiernan

Terminons par un plaisir coupable, certes pas au niveau de certaines des oeuvres précédentes (ou tout simplement de Predator, du même auteur), le film n'en demeure pas moins un moment de plaisir effréné. Quand deux comédiens prennent autant leur pied à se dire des horreurs (et à s'en faire péter au visage) que Jeremy Irons et Bruce Willis, on sait qu'on est entre de bonnes mains. C'est le moins que l'on puisse dire, car les deux ennemis vont s'en donner à coeur joie, à coups d'explosifs, de câbles tranchants, de missiles, d'inondations intempestives, d'hélicoptères... tout y passe dans cette vengeance, qui prendra toute son ampleur et son sens si vous avez eu la chance de visionner sa véritable fin...

 

 

 

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