Les suites copiées-collées

Simon Riaux | 27 mai 2011
Simon Riaux | 27 mai 2011

Si vous êtes allé au cinéma ces derniers temps, peut-être avez-vous subi un Very bad trip 2, et découvert avec effroi qu'il arrivait encore à des producteurs peu scrupuleux de pondre d'honteuses resucées de leurs derniers succès. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la pratique n'est pas nouvelle, et a engendré un nombre considérable d'accidents industriels, d'erreurs jamais loin du ridicule, et, quelques fois, de jolies trouvailles. Petit tour d'horizon du copier-coller, outre-Atlantique et sous nos latitudes.

 

 

 

 

Speed 2 : cap sur le danger, de Jan de Bont (1997)

Mais comment, alors qu'il n'est question que de vitesse et d'accélération, ce film peut-il durer aussi longtemps. Malgré la transposition de Los Angeles au grand large, et la métamorphose du bus en bateau surpuissant, on n'évite pas la sortie de route. Le film accumule les situations grotesques, handicapé par un changement peu judicieux de héros, ainsi qu'un méchant beaucoup moins menaçant que ne le fut Dennis Hopper.

 



Grease 2, de Patricia Birch (1982)

Essayer de capitaliser sur une oeuvre culte, cela donne... rien. À fortiori dans l'exercice de la comédie musicale, où il est d'autant plus facile de chuter que les numéros musicaux seront forcément comparés à leur prédécesseurs. Et à ce petit jeu-là, Grease 2 fait franchement peine à voir, une très efficace cellule de déGreasement.


 

 

Les dents de la mer 2, de Jeannot Swarc (1978)

Copier-coller de l'original, cette suite n'en demeure pas moins un très bon film. Comprenant que la dissimulation ne fonctionnera plus, le réalisateur nous offre du requin en veux-tu en voilà, et dévoile un squale plus agressif, désormais sans pitié, et bouloteur d'enfants. On pourra toujours lui reprocher d'être arrivé en second, mais le film pourrait bien être le deuxième meilleur film de requin de tous les temps.

 

 

 

SOS Fantômes 2, de Ivan Reitman (1989)

Ne t'inquiètes pas Bill, ça va bien se passer. On fait tout comme avant, tu chasses deux trois ectoplasmes (les mêmes que dans le premier, comme ça tu perds pas la main), et à la fin, tu affrontes un super fantôme plus gros que les autres, qui veut envahir l'Amérique. Comment ça les fantômes n'ont pas de pays ? Gauchiste va. Et fais-moi plaisir, n'oublie pas de cocher la case pour le troisième épisode.

 

 

 

Poltergeist 2, de Brian Gibson (1986)

On imagine le bonheur des producteurs du film, quand ils ont réalisé qu'un poltergeist se contentant de déplacer les meubles, tout en restant invisible, ne devait pas coûter très cher. Avec une recette pareille, il n'y avait plus qu'à ajouter une enfant trop blonde pour être honnête, une télévision qui grésille, et des acteurs pas dérangés par la répétition, ribambelles de suite oblige. Après le succès de l'Exorciste une pincée d'ahurissantes anecdotes de tournage vint se greffer à l'ensemble, pour achever d'en faire...heu... n'importe quoi ?

 

 

 

Y a-t-il (enfin) un Pilote dans l'Avion ?, de Ken Finkleman (1983)

Si quelques rebondissements valent leur pesant d'or, et que globalement le film est attachant, il faut reconnaître qu'il s'agit d'une sacrée entreprise de recyclage. En effet, sous couvert d'hommage, le film va jusqu'à réutiliser un nombre significatif de gags du premier épisode. En politique, on perd des élections en agissant de la sorte, mais au cinéma, on engrange les billets verts ! Ayons au passage pour la locomotive de l'original, Leslie Nielsen, récemment disparu.

 

 


Los Angeles 2013, de John Carpenter (1996)

On a beau vouer un culte à Big John Carpenter, se parfumer tous les matins avec de l'essence naturelle de Kurt Russell (même si ça pique) et rêver d'être borgne, rien n'y fait. Produire, écrire réaliser et diriger un film au crépuscule des années 90 exactement comme on le faisait à l'aurore des années 80, cela donne Los Angeles 2013, hybride embarrassant qui ne choisit jamais sa route, entre film d'action neurasthénique, potacherie testostéronée, ou ode aux effets spéciaux loupés. Reste des décharges de plaisir un peu honteuses mais bien réelles, que l'on aurait tort de renier. Avec George Corraface en Che, excusez du peu...

 

 


Blue brothers 2000, de John Landis, 1998

Vendre son âme : activité que les hominidés pratiquent avec la même naïveté après deux mille ans de légendes à valeur d'avertissement. Se dit des exécutifs de studios qui imaginent qu'il est cohérent et respectable de produire 20 après un film méchamment culte, une suite sans talent mais avec beaucoup de cynisme. Où comment tenter de continuer une oeuvre originale qui accueillait en son sein les plus grandes légendes du blues, pour les emporter dans un tourbillon d'originalité salvatrice. John Landis n'a pas encore de tombe, mais il se retourne déjà. Vous me direz, c'est lui qui a réalisé cette chose ! Je n'y crois pas, homonymie, clonage, il s'est passé quelque chose.


 


The Crow : la cité des anges, de Tim Pope, 1997

Ah les salauds ! Le premier à la fin, bah tout est réglé, on peut pas continuer ! Ça se fait pas vraiment. Ah mais attends Bob, j'ai une idée, puisqu'on ne peut pas raconter ce qui se passe après, plutôt que de faire semblant d'imaginer quelque chose, on raconte encore une fois la même histoire, genre, des Crow, y en a plusieurs, mais ils font tous la même chose. C'est génial. Prends un type qu'on peut dessouder pendant le tournage ! Vincent Perez ? Avec un nom pareil il est pas déjà mort ?


 


The Descent 2, de Jon Harris (2009)

Donc, si je vous comprends bien ma bonne dame, vous me dites que toutes vos petites copines se sont faites dessouder dans cette grotte, par des crypto-aveugles affamés ? Le seul moyen que je vois de vérifier ça, c'est d'y redescendre aussi sec. Et faites moi plaisir, ne nous donnez pas trop de détails sur comment ça vous est arrivé, mes collègues et moi, on risquerait de voir venir. Et pour répondre à votre question, je n'ai pas pour habitude de vérifier les piles de ma lampe avant de faire de la spéléo.


 


La colline a des yeux 2 de Martin Weisz (2007)

Faire le remake d'un deuxième épisode, c'est un peu inédit tout de même. Sûrement pas très à l'aise avec ce scénario, qui ressemble à un film d'horreur, mais dont on aurait oublié une importante composante (les personnages), le réalisateur enchaîne les morts dans son décor unique et en carton, avec un sens du craspec bienvenu. Presque un plaisir coupable.


 

 


Candyman 2 de Bill Condon (1995)

On ne le répétera jamais assez, l'avantage avec les spectres, c'est qu'il ne meurent pas, et s'ils retournent dans les limbes, il leur est vivement conseillé d'en sortir à intervalles régulier. On se doute que les producteurs ont dû être un temps effrayé par la conclusion très noire du premier opus, avant de comprendre qu'elle leur ouvrait la voie à non seulement une suite, mais une répétition totale du boulot accomplit par Clive Barker... À voir pour l'évocation réussie des origines du boogeyman.

 


 

 

Le Grand pardon 2 de Alexandre Arcady (1992)

Il est des hommes qui ne baissent pas les bras. Non content d'avoir tristement découvert cette tentative de Parrain à la française, les spectateurs durent en subir une deuxième en forme de récidive, puisque qu'il se passe grosso modo la même chose. On y apprend donc que le redoublement est décidément une mauvaise idée, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Avec du Roger Hanin dedans.

 

 


Les Visiteurs : les couloirs du temps, de Jean-Marie Poiré, 1998

Après un film original qui fit se tordre de rire l'hexagone, et avant un troisième opus qui allait filer des boutons à l'Amérique, la France entreprit un ambitieux projet de placement de produit. Les scénaristes ayant repris quasi tel quel le scénario du premier, mais au rabais (cf : Valérie Lemercier remplacée par Muriel Robin), leur seul défi fut d'agencer le nombre de marques et autres artefacts que les spectateurs pouvaient dénicher juste après la séance, dans supermarché voisin de leur multiplexe.


 

 

 

Pédale Dure, de Gabriel Aghion (2004)

Pédale Douce était une comédie enlevée, grivoise, jamais loin des clichés, mais essayant toujours de les humaniser. Sa suite est tout l'inverse, caricaturale, souvent douteuse, et toujours odieuse. On comprend encore mal comment Dany Boon a pu ne pas être exécuté sommairement après pareille prestation.


 


Le Coeur des hommes 2, de Marc Esposito (2007)

Était-il bien nécessaire de nous offrir une nouvelle virée entre potes victimes de priapisme ? On espérait en avoir soupé des aventures de ces quinquagénaires beaux, sympas, à l'humour viril et à la prostate jamais en berne... Manque de pot, ils ont encore des blagues à faire, des femmes à honorer, et cette fois, il sont acheté une piscine ! Un film en forme de prothèse, après un premier opus au goût de demi-molle.

 

 


48h de plus, de Walter Hill, 1990

L'ami Walter fait gentiment illusion, grâce à ses scènes d'action très réussies, mais il a bien du mal à nous cacher que son film est un quasi remake du précédent. Rendons toutefois hommage à cette oeuvre, qui a l'immense mérite de prouver que l'on peut s'appeler Nick Nolte, et supporter 100 minutes aux côtés d'Eddy Murphy, sans le tuer.

 

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