Hunger games : Un jeu imposé. 24 candidats. Seul le gagnant survivra !

Stéphane Argentin | 2 mai 2011
Stéphane Argentin | 2 mai 2011

Ne vous avisez surtout pas de la comparer à Bella, elle serait capable de vous décocher une flèche entre les deux yeux... ou pas bien loin de votre tête (elle l'a déjà fait à d'autres !). Susceptible Katniss Everdeen ? Pas spécialement. Déterminée, forte et fragile à la fois, certainement. Mais pour l'heure, Katniss devra surtout viser juste si elle souhaite réitérer l'exploit de ses petits camarades. En effet, depuis les Harry Potter et autres Twilight (respectivement 6,4 et 1,8 milliards de dollars de recettes mondiales rien qu'en salles), tout le monde (comprendre par là : tout le monde à Hollywood) cherche la nouvelle saga littéraire susceptible de mettre en émoi les ados de la planète et de faire (sur)chauffer le tiroir-caisse du box office.

 

Un phénomène qui va désormais très loin puisque les studios vont jusqu'à acquérir les droits d'adaptation pour le grand écran plusieurs mois avant leur sortie en librairie. Outre le neurasthénique Numéro quatre fraichement débarqué dans nos salles, les derniers exemples en date ne manquent pas. Summit (à qui l'on doit déjà Twilight) a pris une option en mars dernier sur Divergent à paraître ce mois-ci (aux États-Unis) à propos d'une société où tous les jeunes de 16 ans doivent choisir parmi l'une des cinq factions qui régissent le monde : honnêteté, dévouement, bravoure, paix et intelligence tandis que le mois dernier la Fox a jeté son dévolu sur Black is the color à paraitre au cours de l'été 2012 à propos d'une Terre où les rares enfants survivants d'un mystérieux virus ont développé des dons psychiques qui intéressent fortement le gouvernement.

 

Le point commun entre tous ces romans ? Des sagas (trilogies et plus si affinité, soit autant de suites et de dollars potentiels dans le tiroir-caisse) avec à la plume des femmes : J. K. Rowling (Harry Potter), Stephenie Meyer (Twilight), Veronica Roth (Divergent), Alexandra Bracken (Black is the color) et, pour l'œuvre qui nous intéresse présentement, Suzanne Collins pour la trilogie Hunger games.

 

 

Harry Potter : L'exemple (très lucratif) à suivre ?

 

 

HUNGER GAMES, ROMANS SOUS INFLUENCES

Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l'arène : survivre, à tout prix. Quand sa petite sœur est appelée pour participer aux Hunger games, Katniss n'hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans, Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une seconde nature...

 

Voici pour le début de l'histoire telle que décrite au dos du premier tome publié en France en octobre 2009. Le deuxième tome, L'embrasement, a quant à lui été publié en mai 2010 tandis que le troisième, La révolte, parait ce mois-ci dans l'Hexagone (le 5 mai).

 

Twilight ? Euh, pas vraiment !

« Hunger games est un livre incroyable. Je ne pouvais plus m'arrêter de le lire. »

Stephenie Meyer

 

Voici sans doute la phrase qui a mis le feu aux poudres ! Soit une appréciation de l'auteure de Twilight qui a rapidement fait tache d'huile. Résultat : moins de trois ans après sa parution sur ses terres natales (septembre 2008 chez l'Oncle Sam), les compteurs s'affolent et les livres Hunger Games se sont déjà vendus à plusieurs millions d'exemplaires dans des dizaines de pays à travers le monde (les deux premiers tomes ont par ailleurs été classés numéro un des bestsellers par de nombreux journaux américains : Time Magazine, New York Times, USA Today, Wall Street Journal...). Mais surtout, l'analogie avec la saga vampirique de Meyer s'est rapidement retrouvée sur le devant de la scène avec son héroïne adolescente en proie à ses premiers émois amoureux entre son compagnon de braconnage de toujours, Gale, et le petit boulanger / pâtissier du District 12 secrètement amoureux de Katniss depuis leur plus tendre enfance.

 

Mais la ressemblance s'arrête là. Autant la Bella Swan fleur bleue de Twilight se morfond en attendant que son beau Dracula lui plante ses grandes dents dans la carotide, autant la Katniss Everdeen de Hunger games ne croit pas aux sentiments mielleux, ne se voit pas du tout en mère de famille attentionnée (encore que, sait-on jamais ?) et serait même plutôt du genre à balancer une bonne droite (ou un essai de guêpes) dans la tronche de celui qui la chercherait d'un peu trop près. Dernière précision qui a son importance : aux dernières nouvelles, Suzanne Collins n'est pas mormone (tout du moins, je n'ai rien trouvé en ce sens, NDR). Katniss est donc loin de se la jouer sainte ni touche. Toutefois, autant prévenir d'emblée : il n'y a pas la moindre trace de cul au détour des quelques 1200 pages que comptent la trilogie Hunger games, exception faite d'une scène où Katniss se retrouve dans le plus simple appareil au cours du premier roman mais pas vraiment pour le plaisir à ce moment-là.

 

 

Twilight... qui n'a pas grand chose à voir avec Hunger Games

 

Marche ou crève ? Déjà plus !

« Impossible de lâcher ce livre : c'est comme si votre vie en dépendait. »

Stephen King

 

On pourra dire ce qu'on voudra sur les citations apposées à tire-larigot sur tout et n'importe quoi (films, séries télés, romans...) du plus célèbre auteur de fantastique / horreur, force est de constater qu'avec cette autre appréciation figurant elle aussi au dos du premier tome, nous sommes déjà plus dans le nerf de la guerre puisque Hunger games fait bien davantage penser aux premières œuvres de Stephen King que sont Running man et Marche ou crève écrites respectivement en 1982 et 1979 sous le pseudonyme de Richard Bachman.

 

Le premier fit l'objet d'une adaptation ciné en 1987 par Paul Michael Glaser (surtout connu pour son rôle de Starky dans la série Starsky et Hutch) avec Arnold Schwarzenegger dans un style très « B movie » qui laissait de côté toutes les angoisses du héros présentes dans le roman (en plus de complètement transformer la fin en un joyeux happy end comme seul Hollywood sait si bien les faire). L'histoire retiendra également que Running man le livre fit l'objet d'un procès pour plagiat intenté (et remporté) par les producteurs du Prix du danger, à l'intrigue assez similaire mais autrement plus âpre et d'une portée sociale bien plus probante que la version avec Schwarzy, long-métrage réalisé en 1983 par Yves Boisset avec Gérard Lanvin, Michel Piccoli et Marie-France Pisier et Bruno Cremer à partir d'une nouvelle de Robert Sheckley parue en 1958.

 

En revanche, à date et en dépit des innombrables adaptations cinés / télés de romans de Stephen King, l'excellent Marche ou crève n'a toujours pas été porté à l'écran. Soit deux récits qui mettaient déjà en scène des jeux sadiques avec pour seule et unique règle la survie, témoins en cela d'une société toujours plus avide de sang et de spectacles avilissants depuis la nuit des temps, le tout afin de contrôler / galvaniser les foules. À cette différence près avec la trilogie de Suzanne Collins que les candidats ne s'y affrontent pas directement. Dans le premier, un homme est seul à concourir tandis que dans le second, 100 adolescents (mâles exclusivement) doivent survivre à la « longue marche » jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un, les candidats devant tout faire en marchant à un minimum de 6 km/h (manger, dormir, pisser, chier, tirer un coup...) jusqu'à ce que leurs forces les abandonnent et que les gardes qui les surveillent sur le bas côté ne les abattent au bout du troisième avertissement.

 

Running Man : Courir ou mourir ?

 

Battle royale ? Carrément... ou presque !

L'analogie la plus évidente est donc venu d'un roman originaire cette fois d'un autre pays, celui du Soleil Levant : Battle Royale où, dans un Japon futuriste, une loi est votée par les adultes (la loi Battle Royale) afin d'endiguer la violence et la désobéissance grandissantes des adolescents. Le principe est simple : chaque année, tous les élèves d'une classe de troisième sont envoyés sur une île déserte où ils doivent s'entretuer. S'ils refusent, le collier accroché à leur cou explosera (on notera que ce procédé était déjà présent au début du film Running man). À la fin, un seul survivra. Écrit par Koushun Takami en 1999, Battle Royale fit l'objet d'une adaptation ciné détonante en 2000 par Kinji Fukasaku, maître es films de yakuza.

 

En 2003, Fukasaku entama une suite qu'acheva son fils Kenta suite au décès de son père en plein tournage. Un remake US est également en préparation depuis plusieurs années. D'un cynisme exacerbé saupoudré d'humour noir (que l'on doit entre autres à la présence en tête d'affiche du délirant et inquiétant Takeshi Kitano), Battle Royale le film est une gigantesque claque dans la gueule, un bâton de dynamite qui éclate littéralement tout à l'écran (au propre comme au figuré) et qui, hélas, n'a rien perdu de son propos oh combien virulent dix ans après, et ce bien au-delà des seules frontières nippones.

 

Hunger games serait donc une version « américanisée » de Battle Royale ? Oui et non. Si le principe d'un gigantesque survival télévisé où les candidats doivent s'entretuer pourrait le laisser supposer, les similitudes s'arrêtent là. Autant Battle Royale se penche sur l'inquiétante flambée de violence dans la société en générale et chez les jeunes en particulier, autant Hunger games concerne in fine le soulèvement de tout un peuple (les habitants des 12 districts) contre les instances dirigeantes. Une finalité qui prendra tout son sens au cours de l'ultime tome de la trilogie tandis que le premier volet s'apparente davantage à son homologue nippon. Jusque dans certaines scènes pour le moins... graphiques !

 

 

Battle Royale : Tuer ou être tuer ?

 

 

HUNGER GAMES, ADAPTATION CINÉ ET (PETITES) POLÉMIQUES

Et c'est bien à ce niveau que les premiers cris des fans de la saga littéraire ont commencé à se faire entendre. Certains diront que les américains, très forts en matière de lobbying sont toujours prompt à s'égosiller pour un oui ou pour un non mais force est de constater que, dès le début du projet ciné, un petit couac fit son apparition, un couac dénommé PG-13.

 

Le tristement légendaire PG-13... merci Steven !

Pour ceux qui débarqueraient d'une autre planète et pour la faire courte, le PG-13 signifie qu'aux États-Unis, les spectateurs de moins de 13 ans doivent obligatoirement être accompagnés d'un adulte pour voir le film (tout du moins au ciné). Historiquement, cette classification a fait son apparition suite à la sortie en 1984 d'Indiana Jones et le temple maudit de Steven Spielberg et Gremlins de Joe Dante (produit par le même Spielberg), deux longs-métrages tout public en première instance mais contenant un peu trop de séquences gores au goût des parents. Le PG-13 est en quelque sorte l'équivalent de notre « interdit aux moins de 12 ans » mais en bien plus discutable (j'ai dit « en quelque sorte » donc pour les acharnés de notre forum, inutile de monter au credo. Oui Zorg, je veux parler de toi ! NDR). C'est là la classification « maximale » que vise une large majorité de longs-métrages américains sous peine de se priver de la partie la plus cinéphile du public (les 13-18 ans) et donc d'autant de recettes en salles en moins.

 

En novembre dernier, lorsque Lionsgate annonça officiellement le choix du réalisateur qui porterait Hunger games sur grand écran, il fut aussitôt question dans le même temps d'un classement PG-13. Or, plusieurs passages des romans sont loin d'être une partie de plaisir. Et les fans de pointer aussitôt du doigt les deux scènes marquantes du premier tome : [Attention légers spoilers] l'attaque des guêpes et celle des créatures mutantes à la fin des jeux [Fin de spoilers]. Soit deux passages pour le moins saignant (pour le second) et peu ragoutant (pour le premier). Le deuxième tome nous réserve lui aussi son petit lot avec entre autres [Attention légers spoilers] un camp de blessés [Fin de spoilers] entre odeur putride et corps mutilés tandis que l'apothéose en la matière sera atteinte au cours de l'ultime volet et ses corps ensanglantés, liquéfiés, écharpés et décapités.

 

Si l'auteure ne s'éternise pas outre mesure sur de tels passages dans ses écrits, il n'en fallu pas moins l'intervention du réalisateur retenu pour tenter d'apaiser le courroux des fans et les rassurer sur le fait que l'intensité du roman serait bel et bien préservée. Un réalisateur dont le choix (en même temps que l'annonce du PG-13) n'a pas vraiment déchaîné les foules.

 

Indiana Jones et Gremlins, à l'origine du PG-13

 

Convaincre en coulisses

Alors que différentes rumeurs plus ou moins fondées firent état de Sam Mendes (Les Sentiers de la perdition, Jarhead), David Slade (30 jours de nuit, Twilight 3), Andrew Adamson (Shrek, Le Monde de Narnia), Susanna White (Generation Kill, Nanny McPhee) ou encore Francis Lawrence (Je suis une légende), le choix de Lionsgate se porta finalement sur... Gary Ross. Gary qui ? Avec seulement deux longs-métrages à son actif en 12 ans de carrière (Pleasantville en 1998 et Seabiscuit en 2003), Gary Ross n'est pas vraiment le réalisateur le plus prolifique d'Hollywood (avec le pourtant très discret Terrence Malick - 6 films en 30 ans - il y a bataille !). Mais surtout, ces deux longs-métrages, très réussis et poignants au demeurant, ne sont pas vraiment portés sur l'action survival alors que cet aspect constitue tout de même la portion congrue du premier tome. Autant dire un choix pour le moins couillu de la part du studio. Pour la petite histoire, c'est Ross en personne qui démarcha la productrice Nina Jacobson sur le tournage de One day (le nouveau film de Lone Scherfig à qui l'on doit le très beau Une éducation) au cours de l'été 2010 après avoir lu les romans sur les conseils de ses enfants jumeaux de 15 ans.

 

Même si les fans n'ont pas vraiment réagit à ce sujet, le choix du scénariste chargé de l'adaptation est un peu plus préoccupant : Billy Ray. Opérant dans le milieu depuis ses débuts sur Color of night en 1994 (le thriller avec Bruce Willis et Jane March plus ou moins pompé sur le brillant Basic instinct de Paulo) et jusqu'au récent Jeux de pouvoirs en 2009 (solide transposition US de l'excellente série britannique éponyme), la filmo du bonhomme est pour le moins inégale : Volcano (Tommy Lee Jones vs des volcans en plein downtown L.A.), Mission évasion (où quand Bruce Willis se prend pour Steve McQueen dans La Grande évasion), Le Mystificateur (direct-to-vidéo en France), Suspect zéro (35 000 entrées salles dans l'Hexagone), Flight plan (honorable transposition de Piège de cristal dans un avion) et Agent double (solide thriller à la sauce agents secrets). Bref, pas de quoi s'emballer là non plus à la vue d'une carrière en dents de scie.

 

Les deux films réalisés par Gary Ross... en 12 ans !

 

Une actrice trop âgée et pas assez... « colorée » ?

Cependant les choix du scénariste et du réalisateur et les répercussions auprès des fans ne firent que l'effet d'une vaguelette en comparaison du tsunami de protestations qui allait déferler à l'annonce du choix de l'actrice principale qui camperait Katniss. Après des semaines de suspense insoutenable qui virent défiler à peu près tous les noms des comédiennes plus ou moins en âge d'interpréter l'héroïne - la liste des finalistes se résumant à Hailee Steinfeld (True grit) et Abigail Breslin (Little miss sunshine) -, le choix se porta finalement sur Jennifer Lawrence.

 

Enfer et damnation ! Qu'est-ce que n'avait pas fait là la responsable du casting, Debra Zane (plus de 60 films à ce poste à son actif dont de nombreux longs-métrages de Steven Spielberg et Steven Soderbergh) ? Non seulement elle avait choisi une actrice trop âgée pour le rôle (21 ans cette année contre 16 pour Katniss dans le premier tome) mais de surcroit caucasienne. Car en effet, les fans purs et durs, ceux élevés au jus de District 12 depuis leur plus jeune âge n'avait pas manqué de repérer un minuscule passage de quelques lignes qui laissait supposer que leur héroïne fétiche était métissée, tout comme plusieurs autres personnages du roman.

 

Tandis que le cœur des fans penchait plus volontiers du côté de Danielle Chuchran en raison du très réussi court-métrage fan made (Attention : celui-ci contient un méga spoiler) qui présentait l'un des passages les plus bouleversants du premier tome, le duo Suzanne Collins / Gary Ross monta conjointement au front pour justifier leur choix et soutenir la comédienne retenue. Et tandis que le réalisateur tentait l'approche humoristique avec un « Jennifer aura les cheveux sombres, c'est quelque chose que nous pouvons facilement arranger » (l'actrice a les cheveux châtains clairs), l'auteure se fendait pour sa part d'une lettre ouverte à l'attention des fans qui se refermait ainsi : « Jennifer est tout simplement une actrice incroyable. Si intense, vulnérable, belle, inoubliable et courageuse. Je ne croyais pas que nous parviendrions à trouver quelqu'un d'aussi incroyable pour ce rôle ».

 

Un point sur lequel on ne saurait donner tort à la romancière tant, du haut de ses 20 printemps, la belle (vraiment très belle, cf. ses photos en petite tenue pour les magazines Esquire et GQ) a déjà fait ses preuves dans le poignant Winter's bone, repéré au festival de Sundance 2010 et qui lui valu une nomination à l'Oscar de la Meilleure actrice cette année. Dans ce long-métrage de Debra Granik, Jennifer Lawrence porte littéralement le film sur ses épaules puisque de toutes les scènes. Et il faudra bien cela puisque l'intégralité de la trilogie Hunger games est narrée à la première personne, celle de Katniss. D'ici là, Miss Lawrence aura eut tout loisir de faire valoir son affriolante plastique et faire grimper les températures estivales en interprétant Mystique dans le très attendu X-Men : le commencement réalisé par Matthew - Kick-ass ça déchire grave sa mère - Vaughn.

 

Depuis ce premier choix détonnant à la mi-mars, il ne se passe quasiment plus une semaine sans d'une nouvelle annonce ne vienne étoffer le casting dont la plupart sont des ados quasi-inconnus du grand public : Josh Hutcherson (The kids are all right), Liam Hemsworth, Amandla Stenberg et Willow Shields dans les rôles respectifs de Peeta et Gale (les deux amoureux), Rue (la partenaire temporaire de Katniss) et Prim (la sœur de Katniss) pour ce qui concerne les personnages principaux gravitant autour de l'héroïne auxquels s'ajoutent Elizabeth Banks (Spider-Man, Seabiscuit, W.) et Paula Malcomson (Deadwood, Sons of anarchy, Caprica) du côté des adultes dans les rôles respectifs d'Effie (la personne chargée de tout coordonner pour Katniss au cours des jeux) et de la mère de Katniss. Soit deux actrices là encore habitués aux rôles de personnages torturés et sombres...

 

Jennifer Lawrence dans Winter's bone (à gauche) et X-Men (à droite)

 

Une trilogie trop sombre ?

Et de sombre, la trilogie de Collins en est entièrement drapée. Outre les passages « graphiques » susnommés, c'est en effet tout l'univers décrit et les personnages qui y évoluent qui font preuve d'une grande noirceur. Même les rares moments de beauté ou d'évasion laissent poindre la menace (des roses fortement odorantes) ou l'amertume (cf. l'ultime épilogue de la saga). Ainsi, le monde (plus précisément les États-Unis) dépeint est-il un mélange post-apocalyptique de moyen-âge (les 12 districts évoquent les villages d'antan avec braconnage, plantes guérisseuses, mines de charbon...) et de société high-tech futuriste (champs de force, technologies médicales dernier cri, caméras de surveillance omniprésentes sans que l'on sache jamais précisément où elles sont situées...). Soit la parfaite illustration en images du peuple de Panem sous le joug des puissants du Capitole avec à leur tête l'inquiétant et manipulateur Président Snow.

 

Car pour aussi rude que soit la vie décrite dans les districts, à commencer par le 12ème (celui de l'héroïne), ce sont avant tout les personnages eux-mêmes qui sont loin d'être des tendres. Outre son inaptitude à la moindre passion amoureuse (tout du moins cherche-t-elle à s'en convaincre), Katniss est une véritable (com)battante qui subvient aux besoins de sa famille (sa mère et sa sœur) depuis la mort de leur père dans un coup de grisou. Au fil des évènements, elle va également bien vite être rattrapée par les démons de tous ceux qui périssent autour d'elles (c'est bien simple, point de spoilers ici, pratiquement tout le monde y passera au terme de la saga). Et pour cause : les gens s'entretuent (au cours des fameux Hunger Games), se font lyncher ou exécuter en place publique, leurs villages se font bombarder, tout ceci menant inexorablement à la révolte. C'est précisément ainsi qu'est découpée la trilogie : le premier tome se penche sur les jeux, le deuxième (L'embrasement) sur les prémices du soulèvement et le troisième (La révolte) sur le soulèvement à proprement parlé avec pour symbole le fameux Geai moqueur (Mockingjay en VO), broche qu'arbore l'héroïne dès le premier tome avant de devenir elle-même le Geai moqueur, symbole de la rébellion.

 

Autant dire que la perspective d'une trilogie aussi sombre et où, dans son premier volet, 24 concurrents de 12 à 18 ans s'écharpent à coups de couteaux, de lances et de flèches meurtrières (Katniss étant une experte en matière de tir à l'arc grâce à ses longues années de braconnage pour nourrir sa famille) ne semble pas, là encore, vraiment compatible avec le choix d'un spectacle PG-13 à l'écran. Mais le dilemme est là : la saga littéraire est avant tout destinée aux ados là où une classification R (Restricted : les spectateurs de moins de 17 ans doivent obligatoirement être accompagnés d'un adulte pour voir le film) priveraient les longs-métrages d'une partie de son public de base. Aux États-Unis tout du moins. Et là-bas, le studio Lionsgate y croit et annonçait quinze jours après le choix du réalisateur et alors qu'aucun comédien n'avait encore été retenu que le film sortirait le 23 mars 2012 sur les terres de l'Oncle Sam. Une date qui a d'ailleurs fait plier les divinités du Choc des titans 2, Warner ayant en effet reculé d'une semaine la sortie de son film afin d'éviter une confrontation directe avec Hunger games.

 

Suzanne Collins (à gauche) et Gary Ross (à droite)

 

Hunger games, future trilogie pour ados au succès planétaire ?

Rien n'est moins sûr mais avec un budget annoncé à 60 millions de dollars, le premier opus ne se positionne pas vraiment dans la catégorie « petit film indépendant ». Soit une somme respectable pour une production hollywoodienne mais peut-être pas suffisante pour retranscrire toute l'ampleur visuelle des évènements décrits dans les romans. Certes, aucune star à gros salaire n'est présente à l'affiche pour ponctionner le budget mais une telle somme, pour aussi confortable puisse-t-elle paraître, sera-t-elle suffisante ? On pense notamment ici pour le premier tome [Attention légers spoilers] au flamboyant défilé des 24 concurrents dans leurs chars (hommage plus ou moins voulu au mythique Ben Hur) ou encore à la gigantesque séquence du feu de forêt au cours des jeux [Fin de spoilers], sans compter le véritable carnage à grande échelle que nous réserve l'ultime volet. À titre de comparaison, les budgets des trois premiers Twilight étaient respectivement de 37, 50 et 68 millions de dollars tandis que ceux des Harry Potter franchissent allègrement la barre des 100 millions (source : boxofficemojo). Et à l'arrivée, les recettes se sont comptées en milliards pour ces deux sagas.

 

Le point positif à retenir et, quelque part, rassurant est l'omniprésence de Suzanne Collins sur le projet. Ainsi l'auteure a-t-elle elle-même rédigé la première mouture du script qui est ensuite passé entre les mains de Billy Ray avant d'être repris par Gary Ross qui a aussitôt recentré l'intrigue sur les personnages, à commencer par le couple Katniss - Peeta, binôme quintessentielle s'il en est de la trilogie et à fortiori du premier tome. Depuis l'entrée en scène de Ross, Collins et lui travailleraient main dans la main (tout du moins à en croire leurs déclarations communes). Outre les derniers ajustements du script faits par Ross avec l'aval de Collins, l'auteure a en effet eu un droit de regard sur les sessions de casting ainsi que sur la pré-production du film (conception des décors, des costumes...) et assistera autant que possible au tournage au cours de l'été à venir. De bon augure pour les jeux puis, en cas de triomphe, l'embrasement et la révolte ?

 

Pour l'heure, les Hunger games ont commencé. Le vainqueur deviendra riche et célèbre. Les autres mourront...

 

Hunger Games, la trilogie littéraire de Suzanne Collins

 

 

LES PLUS

- Une trilogie captivante entre un 1er tome haletant et un 3e d'une noirceur incroyable

- Le thème séculaire et indémodable de la lutte d'un peuple pour sa liberté

- L'auteure omniprésente sur l'adaptation (scénario, casting, production design...)

- Une comédienne, une vraie, en pleine ascension : Jennifer Lawrence

- Un réalisateur, Gary Ross, qui a fait ses preuves côté émotions...

 

LES MOINS

- ... mais pas vraiment côté action pure et dure

- Un scénariste, Billy Ray, mi-figue mi-raisin

- Un budget (60 millions de dollars) peut-être un peu juste

- Un film annoncé PG-13 (exit donc le sang, la violence et la noirceur des romans ?)

 

EcranLargeomètre = 70% (*)

(*) Taux de confiance dans l'adaptation sur grand écran

 

 

Le site officiel de Suzanne Collins :

http://www.suzannecollinsbooks.com/

 

Les sites anglophones sur la trilogie :

http://www.thehungergames.co.uk/

http://thehungergames.wikia.com/wiki/The_Hunger_Games_Wiki

 

Les sites francophones sur la trilogie :

http://www.thehungergames.fr/

http://www.hungergames.eu/

 

La couverture dédiée à l'adaptation ciné sur EW :

http://www.ew.com/ew/package/0,,20419951,00.html

 

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