Mauvais Genre 2011 - Jour 3

Simon Riaux | 24 avril 2011
Simon Riaux | 24 avril 2011

Après Steve Johnson, c'est au tour de deux autres membres du jury, Jean-Baptiste Thoret accompagné de Thierry Frémont, de monter sur scène pour donner une conférence. Cette initiation au cinéma américain des années 70 sera menée comme à peu près tout à Tours depuis trois jours, à savoir avec bonne humeur, passion, et une évidente générosité. Les deux intervenants n'ont pas attendu que leur sujet soit à la mode pour s'en emparer, il s'agit pour l'un comme pour l'autre d'un intérêt remontant de longue date, qui happera le public de par son accessibilité et son acuité.

 

Alternant extraits fondamentaux et images matricielles, de l'assassinat de Kennedy, à la conclusion de Bonny and Clyde, sans oublier les ouvertures et dernières séquence du Lauréat, Thoret et Frémont dressent un portait-robot saisissant de l'unique décennie où les auteurs furent tout à fait aux commandes de leurs oeuvres, avant que l'échec retentissant de La Porte du Paradis n'enterre définitivement le Nouvel Hollywood. Devant une salle curieuse, surprise puis séduite, Jean-Baptiste Thoret fit honneur à sa réputation, rappelant non seulement qu'enseignement et recherche peuvent se répondre de la plus belle des manières, mais aussi qu'un bon cours ne se fait pas, il se donne.

 

 


 

 

Après un très bon repas, où Steve Johnson apprit avec un effroi certain que le terme « rognon, » qu'il aimait tant prononcer de son accent Californien, désignait un organe qu'il ne souhaitait pas particulièrement mâcher, vint le temps de faire un brin de shopping avec les membres du jury. Depuis quand me direz-vous, la Team EL s'attarde-t-elle sur la vie quotidienne de nos célébrités pour les jeter en pâture à un lectorat toujours plus avide de peopleries à forte teneur en promiscuité ? Rassurez-vous, rien de tel ici, simplement un exemple ahurissant de ce que la renommée peut générer de scènes absurdes.

 

Blandine Bellavoir, Thierry Frémont, Jean-Baptiste Thoret et votre serviteur étaient tranquillement en train d'essayer d'échapper à un revendeur de DVD quand, sans crier gare, tomba sur le râble du malheureux Frémont une jeune « fan pas sûre de se rappeler dans quoi il jouait » (sic). Imaginez Robert de Niro dans Le Fan, raboté d'une trentaine de centimètres et doté d'une légère couperose. Alors seulement vous réaliserez combien l'horreur surgit toujours du quotidien le plus innocent, le plus banal !

 

 


 

 

Nous arrivâmes à la première séance de la journée avec une bonne vingtaine de minutes de retard, suivis de près par cette jeune femme un brin inquiétante, et franchement décidée à ne pas nous laisser filer. Le titre de The Neighbour zombie prenant soudain une dimension prophétique. Hélas ce film à sketch coréen eut bien du mal à convaincre, seulement deux de ses segments sur six parvenant à se hisser au-dessus de l'amateurisme (au demeurant très attachant) de l'ensemble. Constat d'autant plus regrettable que la thématique du long-métrage était, elle, amusante et pertinente, s'attachant à décrire le calvaire social d'anciens zombies guéris et désormais mis au banc de la société.

 

 

Mais le festival n'avait pas dit son dernier mot, et cueilli le public dès les premières séquences de Red White and Blue, réalisé par Simon Rumley, présent ainsi que son producteur, visiblement ravis de dévoiler leur oeuvre pour la première fois à un public français. Cette chronique d'un Texas où les destins d'un jeune rocker, d'une femme aux moeurs bien moins légères qu'il n'y paraît, et d'un ouvrier taciturne au bord de l'explosion se croisent nous entraîne jusqu'à un climax où tragédie et horreur pure s'entremêlent avec un certain bonheur. On ne peut que tiquer devant les rares mais immanquables incohérences du script, qui empêchent un film bourré de qualité de transformer totalement l'essai. Mais qu'importe, la salle savoure, un peu sonnée, cette bonne cuvée de mauvais genre.

 

 


 

C'est sur cette note des plus plaisante que s'achève cette troisième journée, qui vit la pluie nous assaillir, probablement invoquée par Laurent Pécha, ivre de rage à l'idée de ne pas être là pour découvrir ce dimanche Zebraman 2, de Takashi Miike. Il sera suivi de près par Invasion planète X et Flesh Gordon, qui devraient faire de ce dimanche un très respectable jour du Saigneur.

 


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