64 ans de Palmarès - 1ère partie

Aude Boutillon | 23 avril 2011
Aude Boutillon | 23 avril 2011

Le 11 mai, cinéastes, acteurs et divas en tous genres fouleront le tapis rouge le plus célèbre du monde. L'ouverture de la  64ème édition du festival de Cannes marque l'occasion de revenir sur autant d'années de récompenses, avec à leur tête la Palme d'Or, objet de convoitise, de controverse, mais surtout manifestation d'excellence et gage de renommée internationale.

 

1955 : Marty, de Delbert Mann

 

 

La Palme d'Or trouve son premier lauréat. Marty met en scène des personnages modestes, simples, maladroits, et renverse les codes de la comédie classique en proposant de dépeindre une banale romance ouvrière à laquelle les studios hollywoodiens s'intéressent alors rarement. Le sujet fait mouche, puisque le film de Delbert Mann rafle, la même année, quatre Oscars.

 

1956 : Le monde du silence, de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle

 

 

La célèbre expédition marine à bord de la Calypso devient le premier documentaire récompensé par la Palme d'or. Il restera le seul jusqu'en 2004.

 

 

1957 : La loi du seigneur, de William Wyler

  

 

Bénéficiant d'un casting de choix (Gary Cooper, Anthony Perkins), le film de William Wyler demeurera pourtant relativement méconnu. Il côtoyait dans la sélection Le Septième sceau de Bergman, qui recevra en 1997 la première Palme des Palmes. 

   

1958 : Quand passent les cigognes, de Mikheïl Kalatozishvili

 

 

Ce film prenant place durant la Seconde guerre mondiale marque le renouveau d'un cinéma soviétique jusqu'ici caractérisé par l'omniprésence d'un message patriotique.

 

 

1959 : Orfeu negro, de Marcel Camus

 

 

Présenté en version originale non sous-titrée, le film musical de Marcel Camus transpose le mythe d'Orphée et Eurydice dans un Brésil en période de Carnaval.

 

 

1960 : La dolce vita, de Frederico Fellini

 

 

 Ce film au succès retentissant marque une nouvelle ère du cinéma fellinien, désormais excessif, peuplé de personnages extravagants, où le réel et l'imaginaire ne font plus qu'un. La baignade d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi fait à présent partie des scènes culte du cinéma.

 

 

1961 : Une aussi longue absence, de Henri Colpi, ex aequo avec Viridiana, de Luis Buñuel

 

 

Cette année, deux films singulièrement différents remportent la récompense suprême à l'unanimité. Si le premier conte une romance tragique, le second permet à son réalisateur de régler ses comptes de manière acerbe, tant avec la bourgeoisie que l'Eglise ou le peuple, en témoigne ce détournement de la Cène, où des mendiants font office d'apôtres.

 

 

1962 : La Parole donnée, d'Anselmo Duarte

 



 

  1963 : Le Guépard, de Luchino Visconti

 

 

La chute de l'aristocratie italienne est le sujet principal de ce film mettant en scène Burt Lancaster, Alain Delon ou encore la splendide Claudia Cardinale.

 

 

1964 : Les Parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy

 

 

Film entièrement chanté, Les Parapluies de Cherbourg s'illustre également en ce qu'il est l'un des premiers à aborder frontalement la question de la guerre d'Algérie. Jacques Demy rend ici hommage aux oeuvres qui ont nourri sa passion de cinéphile, avec en premier lieu Chantons sous la pluie.

  

 

1965 : Le Knack...ou comment l'avoir, de Richard Lester

 

 

Très loin d'un cinéma contestataire bien connu des cinéphiles britanniques, Le Knack est une comédie irrévérencieuse au possible, au message somme toute très simple : amusez-vous !

 

 

1966 : Un homme et une femme de Claude Lelouch, ex aequo avec Ces messieurs dames, de Pietro Germi

 

 

 

 Le drame romantique de Claude Lelouch marque la première collaboration entre le réalisateur et Jean-Louis Trintignant, ainsi qu'avec Anouk Aimée, qu'il retrouvera à plusieurs reprises. Au total, Un homme et une femme a remporté 42 récompenses à travers le monde !

 

 

1967 : Blow-Up, de Michelangelo Antonioni

  

  

Thriller psychologique questionnant, à l'image d'un Dario Argento, ce que l'œil tient pour véridique, Blow-Up se révèle être, au-delà d'un film formellement incroyablement maîtrisé, une véritable expérience interactive pour un spectateur dont l'analyse est mise à contribution.

 

 

1969 : If..., de Lindsay Anderson

 

 

Ovni contestataire et corrosif, If... fustige le système scolaire autant que les valeurs morales britanniques, au moyen de séquences totalement surréalistes servies par un Malcolm McDowell charismatique et inquiétant, dont la performance, remarquée par Stanley Kubrick, lui permit d'obtenir, deux ans plus tard, du rôle principal d'Orange Mécanique.

 

 

1970 : M*A*S*H, de Robert Altman

 

  

Comédie satirique et subversive, M*A*S*H, dans un contexte politique explosif (évènements de 1968, guerre du Vietnam) est reconnu aujourd'hui comme le film de toute une génération, grinçante, politiquement incorrecte et désabusée. Il remporte dans la foulée un Oscar et un Golden Globe, et est fréquemment cité parmi les classiques du cinéma américain contemporain.

 

 

1971 : Le Messager, de Joseph Losey

 

 

 

 

1972 : La classe ouvrière va au Paradis d'Elio Petri, ex aequo avec L'affaire Mattei de Francesco Rosi

 

  

Doublé gagnant pour l'Italie : drame social et enquête politique parviennent à conquérir le jury. L'Affaire Mattei, surtout, s'intéresse de très près aux circonstances entourant la disparition mystérieuse du magnat du pétrole Enrico Mattei. Le film, qui n'hésite pas à aborder des théories du complot, n'a jamais été édité en VHS ou en DVD.

 

 

1973 :  La Méprise d'Alain Bridges, ex aequo avec L'épouvantail de Jerry Schatzberg

 

 

Ce road-movie aux accents humanistes suit deux êtres aussi diamétralement différents que complémentaires, rassemblés par une exclusion commune de la société.  Chacun des acteurs principaux (Al Pacino, Gene Hackman) trouve ici un partenaire à la hauteur de son talent, et parvient à donner son relief à cette fable si représentative de son époque.

 

 

1974 : Conversation secrète, de Francis Ford Coppola

 

 


 

Deuxième film d'affilée à ravir la Palme avec Gene Hackman en tête d'affiche, Conversation secrète n'a pas bénéficié de la postérité des nombreux autres chefs-d'oeuvres de Coppola. Mené de main de maître,ce petit bijou d'espionnage, qui propose une véritable réflexion sur la paranoïa, est on ne peut plus ancré dans son époque, puisqu'il fut contemporain du scandale du Watergate.

 

 

1975 : Chronique des années de braise, de Mohammed Lakhdar-Hamina

 

 

 

Film au budget faramineux, Chronique des années de braise n'est pas, aux dires de son réalisateur, un métrage historique, mais une "vision personnelle qui prend appui sur des faits précis", à savoir les prémices de la guerre d'Algérie. 

 

 

1976 : Taxi Driver, de Martin Scorsese

 

 

Enorme succès à la postérité indiscutable, Taxi Driver lance en son temps la carrière d'une certaine Jodie Foster, alors âgée de 13 ans et endossant le rôle d'une prostituée. Violent, désespéré, le film de Scorsese (qui retrouvera Robert de Niro pour 7 autres métrages) polarise les critiques en même temps qu'il suscite l'engouement. C'est la naissance d'un nouveau monument culte au panthéon du cinéma américain.

 

 

1977 : Padre Padrone, de Paolo et Vittorio Taviani

 

 

 

Padre Padrone, histoire vraie d'un berger échappant à l'emprise tyrannique de son père pour devenir écrivain, était à l'origine conçu pour la télévision. La sélection d'un tel film (au budget proportionné à sa destination première) avait créé un petit scandale, auquel avait répondu le président du jury, Roberto Rossellini, en réaffirmant son soutien, face à un président du festival qui manifestait alors sa désapprobation en s'absentant de la cérémonie de remise des prix.

 

 

1978 : L'arbre aux sabots, d'Ermanno Olmi

 

 

 

Cette fresque paysanne de trois heures prend le parti de narrer les difficiles parcours de travailleurs acharnés sous l'angle du conte. Considéré comme un monument majeur du cinéma italien, L'arbre aux sabots mets en scène de véritables paysans en lieu et place d'acteurs professionnels.  

 

 

1979 : Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola

 

 

Considéré par beaucoup comme l'œuvre ultime de Coppola, Apocalypse Now est LE film de tous les superlatifs. Grandiose, mystique, brutal, fou, porté par des acteurs allant jusqu'au bout d'eux mêmes (Martin Sheen, Marlon Brando), voilà bien une oeuvre qui démontre aux planqués que les embûches d'un tournage ne peuvent en rien justifier l'échec artistique d'un projet. L'horreur de la guerre n'a jamais été aussi tangible et dépouillée de tout semblant de tabou.

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