Amber Heard : une bombe à retardement à Hollywood

Gilles Rolland | 13 mars 2011
Gilles Rolland | 13 mars 2011

La nouvelle garde hollywoodienne regorge de starlettes et autres aspirantes au succès qui n'hésitent pas à jouer du décolleté pour imposer leur charisme à la caméra. Entre Megan Fox, qui connait actuellement une petite baisse de popularité, et Kristen Stewart, qui arrive à joliment allier le trash d'une Joan Jett (The Runaways) à la pureté virginale d'une accro aux vampires dans Twilight, Amber Heard fait office d'exception. Sans afficher un plan précis, Amber dessine depuis quelques années une jolie carrière ponctuée de temps forts. Très présente mais relativement méconnue dans l'Hexagone, l'actrice texanne devrait pourtant devenir une valeur sure de l'usine à rêve d'ici peu. Il suffit, pour s'en convaincre, de relire un C.V à la fois fun et consistant. Un bonheur de cinéphile allié à un plaisir de coupable dû à un physique à tomber propice à toutes les ardeurs les plus débridées...

 

 

 

 

Un état de fait indéniable en lien direct avec les choix d'Amber, qui dessine, depuis ses débuts, une certaine attirance pour le cinéma de genre bis avec des films comme And soon the darkness, The Ward, Tous les garçons aiment Mandy Lane, Zombieland ou encore Le Beau-père. A ce sujet, Miss Heard n'hésite pas à souligner le caractère salvateur de tels rôles. Ainsi, au sujet de sa participation au remake du Beau-père, la belle blonde affirme : « J'ai toujours pris beaucoup de plaisir à jouer dans les films d'horreur ou les thrillers, (...) car ils évitent de se prendre trop au sérieux. Le tournage de ce film a été très cool. Il y a du faux sang, de l'action, des sauts, de l'eau, des machines à pluie, des coups de poing, des chutes et une tronçonneuse ». Des propos qui sauront toucher au plus profond les amateurs de cinéma déviant et qui imposent une actrice au fort potentiel badass.

 

Dans Hell Driver, Amber en a sous le capot

 

Il était une fois au Texas

Ce sont effectivement les terres de la famille Ewing, qui ont vu naitre notre pétroleuse préférée, l'année où Lionel Ritchie faisait un carton avec Say you say me. Rapidement revenue de ses premiers émois sur les podiums, Amber Heard cachetonne dans des séries TV comme La Famille Carver (plus tard, en 2007, Amber se retrouvera aussi dans Les Secrets de Palm Springs) et fait des débuts prometteurs sous l'égide du gros bourrin Peter Berg (Hancock) avec Friday Night Light. Mais c'est en enfilant les bottes de Charlize Theron jeune, que la comédienne yankee commence à marquer des points dans le drame féministe de Niki Caro, L'affaire Josey Aimes (2005). Sans que le mimétisme soit forcement hyper convaincant, on reste sans voix devant ce regard plein de promesses. Et si la présence à l'écran d'Amber se limite à quelques mètres de pellicule, l'intensité qui se dégage de sa performance force le respect. Néanmoins, Hollywood étant le centre des illusions perdues, ce serait mentir que de dire, que nous pressentions la grandeur future de la jeune comédienne. Pourtant, quand son joli minois pointe le bout de son nez dans Alpha Dog, de Nick Cassavetes, l'année suivante, on se dit que ces traits pour le moins parfaits n'ont peut-être pas fini de squatter les écrans.

Dans Alpha Dog, Amber continue donc de titiller la rétine du cinéphile, tout en restant relativement en second plan. Mais Cassavetes a beau faire : même avec Bruce Willis, Sharon Stone, Justin Timberlake ou Emile Hirsch, c'est Amber qui bouffe la toile ! Et pourtant, l'ambiance n'est pas à la fête dans ce drame adolescent qui autopsie une jeunesse dorée en la mettant face à la mort.

Un film relativement perturbant, loin des teen movies calibrés pour cartonner, qui nous laisse penser que la donzelle a du goût... et du caractère.

 

 

 

Mandy Lane allume la mèche...

C'est le film de la révélation. Enfin au premier plan, Amber fait tourner les têtes des mâles dans ce curieux et envoutant slasher qu'est Tous les garçons aiment Mandy Lane (2006). Croisement réussi de Virgin Suicides et de Scream, le film de Jonathan Levine reste un moment dans les placards mais devient rapidement culte dans les milieux autorisés et impose un visage, une chevelure et surtout un regard (sans parler du bikini blanc). Amber Heard est née et rien ne sera jamais plus pareil. Elle incarne ici une beauté fatale et mutine qui fait chavirer les cœurs et rentrer les hormones en ébullition. Aussi poétique que perturbant, ce thriller doit principalement sa réussite à la performance étrangement mélancolique de son interprète principale. Une performance qui contribue également à sortir le long métrage de la catégorie surchargée du simple trip horrifique sexy genre Souviens toi l'été dernier.

A l'époque, il est de bon ton de surveiller les projets de l'actrice qui décide alors de se tourner vers un genre oublié : le film de baston. Never Back Down (2008) replonge dans l'ambiance burnée et décomplexée des séries B d'antan et n'affiche en apparence aucune autre ambition que d'en mettre plein la face. Remake camouflé et racé de Karaté Kid (la base du scénario est quasiment la même que celle de l'objet de culte de John G. Avildsen, cf, le dossier de Laurent Pécha), Never Back Down s'envisage comme un gros plaisir primaire, avec en bonus, Amber Heard, en caution pacifiste. Chaque apparition de l'actrice est un événement et suffit à rythmer les coups de tatanes de ce trip sous créatine attachant, idéal pour les soirées arrosées entre amis.

Amber dans Never Back Down

 

 

Du rire au larmes

Sans pour autant s'afficher comme « plombante », la carrière d'Amber est tout de même caractérisée par un nombre important de films « graves ». La bouffée d'oxygène sera alors l'œuvre de l'un des poulains de Judd Apatow, David Gordon Green, qui, avec Délire Express (2008), intronise Amber dans la famille fermée du Funny or Die (le site internet culte de Will Ferrell qui voit les acteurs familiers des productions Apatow se livrer à des sketchs souvent hilarants). Là encore, son rôle de petite amie de Seth Rogen n'est pas à même de figurer dans les annales, mais l'intention de se diversifier est bel et bien là. Délire Express prouve alors qu' Amber sait choisir ses projets tout en faisant preuve d'une humilité caractérisée par la multiplication de rôles discrets au sein de productions à la valeur qualitative élevée. Actrice avisée, l'ex-mannequin prend son temps et brouille les pistes en garnissant ici son carquois d'une nouvelle corde comique.

Amber Heard et Seth Rogen dans Délire Express

The Informers, de Gregor Jordan (2008), passé totalement inaperçu des deux cotés de l'Atlantique, marque une étape cruciale dans la carrière d'Amber Heard.

Pourtant, cette adaptation d'un roman de Bret Easton Ellis ne fait pas exception à la règle et propose un spectacle plat et mou, à l'image des versions cinéma de Moins que Zéro et American Psycho (seul Les Lois de l'attraction se démarque). Mais c'est un détail qui rend ce film extrêmement attrayant. En effet, totalement boarderline, Amber passe à la vitesse supérieure en campant une nymphette camée et sexuellement affamée à l'aube de l'apparition du Sida, au cœur des dévorantes années 80. Le fan peut alors admirer la plastique parfaite de la belle entre deux scènes où les autres acteurs s'échinent à nous faire adhérer à une sombre histoire chorale de braquage et autres réflexions sur le pouvoir et l'argent. Amber, elle, crève l'écran et prouve lors d'une scène finale bouleversante un talent bel et bien hors-norme. Une chose est sure : la belle n'a pas froid aux yeux et s'inscrit directement dans la lignée des comédiennes qui osent. La suite des évènements ne fera que confirmer cette jolie tendance.

The Informers

 

Bingo avec La Famille Jones, de Derrick Borte (2009), qui souligne les espérances précitées.

 

Également passée à l'as chez nous, cette comédie concernée sur la consommation mercantile vaut pourtant son pesant de cacahuètes. Porté par un casting sans fautes et illustré par ce qui restera comme l'une des affiches les plus hideuses de 2010, le film reste l'une des belles surprises de l'année et fait cohabiter le très tendance David Duchovny, sorti des eaux depuis Californication (où Amber fait un caméo) et titulaire du titre très envié de queutard le plus charismatique de la scène U.S, avec une Amber Heard brune, sulfureuse au possible. Alliant une nouvelle fois un coté ingénue avec une facette plus dramatique, l'actrice défie les clichés de la belle blonde (et pour cause, elle est brune) et achève de construire un personnage plus complexe que ses mensurations de rêve ne pourraient le laisser croire. Ainsi, Amber éclipse totalement une Demi Moore sur le retour.

La Famille Jones

 

Scream Queen !

« C'est un excellent film. Je ne suis pas surprise par son succès. Je n'ai eu que deux jours de tournage mais deux jours intenses où j'ai pris beaucoup de plaisir à me déguiser en zombie. » Sur son expérience dans Bienvenue à Zombieland, de Ruben Fleischer (2009), Amber ne tarie pas d'éloges. Encore une fois, en acceptant de ne faire qu'une jolie apparition, la comédienne se place sur un crédo modeste à l'opposé d'une Megan Fox un poil mégalo et attire la sympathie, du public mais aussi de ses pairs, qui voient en elle une valeur de plus en plus sure. Ainsi, si Emma Stone impressionne par une charisme insolent, très garçon manqué, Amber dévore littéralement son unique scène : une fin de soirée avec Jesse Eisenberg suivie par un réveil carnassier où la belle prouve que même en voie de décomposition, son charisme reste intact.

The Zombie Network

Quelle autre raison que de pouvoir admirer la plastique parfaite d'Amber, pourrait animer le spectateur pour glisser Le Beau-père (2009) dans son lecteur DVD ? La performance too much du fadasse Dylan Walsh, plus à l'aise dans les tuniques post-opératoires du Docteur McNamara de Nip/Tuck ? Le pitch abusif photocopié sur celui de son illustre modèle ? Non, rien de tout ça. Juste Amber Heard, qui ici, joue tranquillement le rôle du modèle bikini de service et se montre une nouvelle fois très à l'aise dans l'exercice du thriller horrifique, remplissant consciencieusement toutes les clauses du cahier des charges du parfait thriller.

Le Beau-Père 

 

Actrice, productrice et davantage...

And Soon the Darkness, de Marcos Efron (2010) marque les débuts d'Amber à la production. « Je veux produire mes propres films. C'est important pour une femme de prendre des décisions créatives ». Une expérience qui selon l'actrice, devrait donner suite à de nouveaux projets.

Pour cette première production, Amber s'adjoint les services d'Odette Yustman, la fameuse propriétaire du postérieur incontournable de l'affiche de Unborn. Ce remake, qui voit une Amber partie à la recherche de son amie disparue dans la pampa argentine, remplit sa part du contrat et bénéficie également du regard fuyant du ténébreux, (mais pourtant blond), Karl Urban.

Le résultat, s'il ne précipite pas le spectateur dans une abime d'angoisse pure (euphémisme), réserve quelques bons moments mais n'apporte rien de neuf. Un coup d'essai maladroit qui symbolise néanmoins une ambition réelle pour Amber.

Odette Yustman & Amber Heard dans And Soon the Darkness
 

2011, une année très en forme (s)

Si l'année 2011 devrait rester l'année de Natalie Portman (à l'affiche de Black Swan, Sex Friends, Your Highness, Thor et Hescher), il est plus que conseillé de suivre les tribulations d'Amber Heard dans les mois à venir. Notamment avec The Ward qui marque le retour aux affaires de John Carpenter, l'un des grands maitres de l'horreur. Un come-back visiblement voulu comme discret mais néanmoins marquant. D'une part, le film confirme le talent d'un cinéaste old school à travers quelques flamboyances, mais affiche surtout celui d'une actrice qui continue d'écrire sa propre histoire avec une maitrise et une clairvoyance relativement admirables. Dans la peau d'une pensionnaire d'un hôpital psychiatrique la naïade affirme une capacité à endosser des rôles forts et laisse entrevoir des capacités qui pourraient très bien lui valoir le titre de nouvelle scream queen du cinéma de genre (et faire d'elle la première concurrente sérieuse de Jamie Lee Curtis). « Bosser avec une légende du genre comme Carpenter est vraiment super. J'adore les films d'horreur et celui-ci bénéficie d'un excellent script. » Une telle dévotion au cinéma de genre ne peut qu'être saluée.

Il y a une tendance à Hollywood qui veut, que pour véritablement obtenir ses lettres de noblesse, une actrice doit jouer avec Nicolas Cage. Après Jessica Biel (Next) ou Eva Mendes (Ghost Rider), Amber se voit honorée par le maitre es capillaire en partageant l'affiche avec lui dans Hell Driver. Clairement présenté comme un delire post-fantastique riche en action, Hell Driver impose définitivement Amber Heard comme la femme à poigne des années 2000. Une poigne visible à travers un large panel de scènes à la violence à l'outrance caractéristiques, le tout rehaussé par un port du short en jean pour le moins admirable. Une telle vision risque fort d'embrumer les lunettes 3D des spectateurs mâles du monde entier. Amber encaisse, Amber frappe, Amber ne s'économise pas et de plus, ses jambes n'en finissent pas.

Pourtant de son coté, la Miss affirme une attirance pour la gente féminine et se pose carrément comme l'une des porte-drapeau du mouvement lesbien. Un engagement, qui non seulement personnifie le fantasme des amateurs de cinéma exotique pour adultes pour qui la lesbienne de la vraie vie ne doit pas nécessairement conduire un 33 tonnes, mais qui confère à l'actrice une conscience politique, partie intégrante d'une personnalité qui ne devrait pas finir de nous étonner dans les années à venir.

Et ce n'est pas la sortie prochaine de Rum Diary, inspiré des déambulations gonzos de Hunter S. Thompson (Las Vegas Parano), qui arrangera cet état de fait, ni sa participation présumée à Red Sonja, dans le rôle titre...

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