Les chemins de Peter Weir

Simon Riaux | 26 janvier 2011
Simon Riaux | 26 janvier 2011

 Le nouveau film de Peter Weir, Les Chemins de la liberté, ne détonne pas dans sa filmographie. Depuis ses débuts, le metteur en scène traite du déracinement, de l'homme perdu dans une nature hostile, bref, de la figure du voyageur. L'occasion de revenir sur plusieurs de ses films où se répondent ces thèmes, jalonnant une carrière riche et cohérente.

 

Pique-nique à Hanging Rock, (Picnic at Hanging Rock, 1975)

Un mirage poétique et enivrant tout droit venu d'Australie. La disparition mystérieuse de plusieurs jeunes filles et de leur professeur ne sera jamais expliquée, et nous laisse seul avec nos angoisses, nos doutes. Déjà, on sent la fascination du réalisateur pour l'homme perdu au sein d'une nature plus grande, forte et mystérieuse que lui. Une oeuvre importante baignée d'un mystère lumineux.

 

 

 

La Dernière vague, (The Last wave, 1977)

Rêverie toujours sur le point de basculer dans le cauchemar, le film est aujourd'hui un formidable contrepoint aux purges écolo-catastrophiques qui déboulent sur nos écrans. Intriguant et jamais simpliste, le long-métrage est l'occasion d'une plongée dans l'univers aborigène et s'inscrit dans la continuité des travaux de Weir, la nature s'y déploie en puissance immanente et consciente. Une expérience difficilement descriptible, qui magnifie encore une fois le patrimoine australien.

 

 

 

L'année de tous les dangers, (The Year of living dangerously, 1982)

C'est avec un mélange de fascination et d'effroi que l'on suit le jeune Mel Gibson, journaliste ambitieux en quête de scoop, plonger dans l'enfer de corruption d'une Indonésie au bord du gouffre. La thématique de l'individu en milieu hostile prend toute son ampleur. Weir s'y révèle aussi à l'aise au sein d'une nature sauvage que d'une rébellion communiste. Si le film est imparfait, il bénéficie d'une remarquable ampleur et révèle l'aptitude du metteur en scène pour inclure ses thèmes au sein d'une histoire réaliste et poignante.

 

 

 

Witness (1985)

Il en fallait du tact et de l'intelligence pour mener à bien un tel projet. Loin de tout cynisme ou condescendance, Peter Weir suit Harrison Ford en inspecteur bien décidé à protéger un jeune témoin, réfugié dans une communauté amish. Le film ne tranche jamais entre polar et expérience initiatique, dépeignant une communauté proche de la terre et de ses origines, livrant au passage quelques scènes de vie quotidienne pleines de grâce, avec le soutien de la partition toujours juste de Maurice Jarre. Une oeuvre inclassable, à la conclusion brute et mémorable.

 

 

 Mosquito Coast, The Mosquito coast (1987)

Peut-être le film le plus pessimiste de Peter Weir. Un inventeur idéaliste quitte les États-Unis pour s'exiler avec sa famille au sein d'une tribu du Honduras, venu apporter le progrès, il se transformera en gourou destructeur. Harrison Ford, Helen Mirren et River Phoenix forment un casting de premier choix pour ce long-métrage dont la vision sombre prend rapidement le pas sur un décor lumineux. Le progrès et le volontarisme se muent peu à peu en dictature et colonialisme, laissant au spectateur le goût amer des oeuvres qui frappent juste.

 

 

Le Cercle des poètes disparus (Dead poets society, 1989)

Si le film a incontestablement vieilli, il s'en dégage toujours un charme irrésistible. Comment ne pas succomber au parcours de cette poignée d'étudiants qu'un enseignant passionné va ouvrir à la beauté de la littérature. On peut légitimement se demander si Robin Williams n'est pas autre chose qu'un utopiste sous acide, mais encore une fois le réalisateur n'a pas son pareil pour traiter de l'initiation de personnages déracinés, de leurs angoisses, leurs luttes, et parfois, leur renoncement.

 

 

 

The Truman show, 1998

Jim Carrey impressionne dans ce film librement inspiré d'une nouvelle de Philip K. Dick. Entre rire et larmes, le spectateur est abasourdi devant la destinée ironique d'un homme élevé dans l'ignorance qu'il est le protagoniste de la plus grande émission de télé-réalité. Film visionnaire à bien des égards, The Truman show regorge de morceaux de bravoure à l'image d'une fuite désespérée en bateau, entre rire et larmes. Weir dresse habilement le portrait d'un monde dont le vernis craque vite pour révéler un totalitarisme doux et sucré. Imparable.

 

 

 

Master and Commander (2002)

Retour aux grands espaces pour le metteur en scène avec ce long-métrage épique. La traque d'un corsaire, contre vents et marée, menée d'une poigne d'acier par Russell Crowe, accompagné de Paul Bettany, impeccable en naturaliste raisonnable. Le film réunit en son sein un réel sens de l'aventure qui ne peut qu'emporter le spectateur (les séquences d'abordage, puissantes) et une délicatesse, une fascination sincère pour ses personnages et les lieux traversés (les explorations du botaniste, véritables rêves éveillés). Un grand récit comme on n'en avait plus vu depuis trop longtemps.

 

 
 
 
 
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