Top 10 : Michael Caine, parcours d'un combattant

Simon Riaux | 14 janvier 2011
Simon Riaux | 14 janvier 2011

Avec Harry Brown, Michael Caine s'est rappelé à nous de la plus belle des manières. Ces dernières années nous nous étions habitués à le voir chez Christopher Nolan ou encore Alfonso Cuaron, jouer les vieux sages et les doux dingues, avec une élégance toute Britannique. C'était oublié combien l'homme fut et demeure un monstre sacré, capable de prises de risques, à la carrière jalonnée de chefs d'oeuvre. L'occasion de se retourner sur un parcours hors du commun.

 

Christopher Nolan:

Il ne s'agit pas d'un film, ni même d'un rôle à proprement parler, mais Michael Caine est devenu un personnage à part entière de l'univers de Christopher Nolan. Que ce soit dans Le Prestige, Batman Begins, The Dark Knight ou dernièrement Inception, le comédien y incarne une figure de sagesse et de maturité, un guide aux accents paternels. La forte charge symbolique de ces personnages et leur récurrence mérite qu'on les remarque.

 

 
 

Le Plus escroc des deux (Dirty rotten scoundrels) de Frank Oz, 1988

Michael Caine en arnaqueur de haut vol coulant des jours heureux sur la côte d'azur, c'est déjà jubilatoire. Ajoutez-y Steve Martin en concurrent bruyant et déloyal, vous obtiendrez un mélange détonnant. Frank Oz orchestre avec malice l'affrontement de deux arnaqueurs dans une course à celui qui ruinera le plus vite possible sa proie. Dévoré par l'enthousiasme de ses comédiens, le film se transforme en une suite effrénée de pièges et de gags délirants. Une des comédies les plus injustement sous-estimées.

 

 Élémentaire, mon cher Lock Holmes (Without a clue), de Thom Eberhardt, 1988

Et si Michael Caine était le "meilleur" Sherlock Holmes de l'Histoire. Dans ce film injustement méconnu, le comédien s'offre la partition la plus hilarante de sa carrière. A partit d'un postulat aussi loufoque que génial (le vrai génie, c'est le Dr Watson qui a engagé un acteur raté et alcoolique pour interpréter Holmes), Elémentaire mon cher Lock Holmes (Without a clue) multiplie les séquences et répliques désopilantes que Michael Caine surjoue avec une maestria fantastique. A ses côtés, Ben Kingsley est un magnifique partenaire de jeu qui subit toutes ses incessantes bêtises. Et il y en a tant que Caine transforme Holmes en une sorte de Gaston Lagaffe disposant d'un cerveau de moineau. Tout ce qu'il fait et dit relève du domaine de la bêtise absolue. Et nous de hurler de rire devant une tel phénomène ! Respect absolu !

 

Hannah et ses soeurs (Hannah and her sisters), de Woody Allen, 1986

Pour l'un de ses meilleurs films, le réalisateur New Yorkais a réuni dans sa ville fétiche un casting de rêve. Aux côtés de Michael Caine, on retrouve Mia Farrow, Barbara Hershey, Dianne Wiest, Max Von Sydow, John Turturro, et Carrie Fisher, ainsi bien sûr qu'Allen lui-même. Une galerie de personnages offrant la quintessence des thèmes et obsessions du metteur en scène. L'écrin idéal pour que Caine nous offre une performance rare, portrait ambigu d'un homme incapable de choisir entre deux femmes. Il incarne à lui seul nombre des thématiques du réalisateur, de ses hésitations et de ses craintes, et devient un des pilier de ce remarquable film choral.

 

Pulsions (dressed to kill) de Brian De Palma, 1980

Michael Caine y est parfait en psychiatre, entouré de Angie Dickinson et Nancy Allen. Son flegme trouve toute sa mesure dans l'univers de perversion et de fantasme bâti par De Palma. Il compose un personnage de psychiatre suave, dont une cliente sexuellement perturbée est assassinée en sortant de chez son amant. Le metteur en scène joue une nouvelle fois avec les procédés hitchcockiens qu'ils poussent dans leur retranchements. De la scène de la douche jusqu'à la structure du film, Pulsions fait écho à Psychose. Le film est émaillé de morceaux de bravoure cinématographiques, notamment un jeu de séduction silencieux dans un musée, ou encore la confrontation tendue entre Caine et Nancy Allen.

 

L'Homme qui voulut être roi (The Man who would be king), de John Huston, 1975

John Huston, Sean Connery, Christopher Plummer, et Michael Caine, autant de talents pour un seul film, ce doit être illégal. Deux aventuriers, franc-maçons de leur état, demandent à Rudyard Kipling d'être le témoin du pacte qu'ils ont contracté et de l'aventure qui en découlera. Les deux compères entendent rejoindre une province d'Afghanistan, dans l'idée d'être reconnus souverains des peuplades locales. Fable démesurée et cruelle sur les hommes, leur course à la grandeur, au pouvoir, L'Homme qui voulut être roi marque durablement l'esprit. C'est un film riche et totalement maîtrisé.

 

Le limier (Sleuth) de Joseph L. Mankiewicz, 1972

Encore une réunion de légendes. Joseph L. Mankiewicz, pour son dernier film, convoque une star confirmée (sir Laurence Olivier) et une valeur montante de l'époque, Michael Caine. Les deux acteurs sont réunis pour une confrontation hallucinante, un sommet de manipulation des personnages et du spectateur. Un époux riche décide de piéger l'amant de sa femme, et feint de lui offrir la combine parfaite pour que l'un et l'autre s'enrichissent. C'est sans compter sur la perfidie de l'amant. Le duel entre Caine et Olivier est sans pitié, un véritable délice pour le spectateur, à l'inverse du remake de 2007 avec Jude Law, commis par Kenneth Branagh.

   

La Loi du milieu (Get Carter), de Mike Hodges, 1971

Autre victime de la mode des remake, La Loi du milieu n'a rien perdu de sa puissance d'arrêt, pour employer un terme balistique. Le film suit Carter, tueur à gages Londonien de retour à Newcastle pour enterrer son frère, dont il comprend rapidement qu'il a été assassiné. Michael Caine réinvente la figure du gangster dans ce long-métrage réaliste et sordide, la première oeuvre de fiction de Mike Hodges. Le voir littéralement prendre d'assaut Newcastle est toujours d'une plongée vertigineuse dans la jungle urbaine des années 70. A noter, la présence de Britt Ekland, atout charme bienvenu et imposé par la production.

 

L'or se barre (The Italian Job) de Peter Collinson, 1969

Cette histoire de criminel anglais dévalisant les réserves d'or de Fiat au nez et à la barbe de la mafia peut être perçue selon son producteur comme le « premier film eurosceptique". Michael Caine fait des étincelles en voleur de haute voltige, il se révèle très à l'aise dans ce classique du film de casse. Il faut dire qu'il n'est pas seul, il partage l'affiche avec Benny Hill, qui le lui rend bien. Il suffit de comparer cette version avec son faux remake de 2003 pour réaliser combien la mécanique de l'original est parfaitement huilée et fluide. Merci à la censure de l'époque, qui, ne pouvant accepter sans ciller que des voleurs s'enfuient le plus tranquille du monde avec leur butin, fut à l'origine d'un twist en forme de pirouette finale.

 

Alfie le dragueur (Alfie), de Lewis Gilbert, 1966

44 ans après sa sortie, Alfie demeure toujours une oeuvre déroutante, en permanence sur le fil du rasoir entre drame et comédie. Assurément le film qui consacra Caine en tant qu'acteur, qui parvient ici à nous rendre attachant un personnage odieux. Le parcours d'Alfie réalisant les conséquences sur son existence de son mode de vie nous renvoie l'image lucide et peu flatteuse d'une époque et d'une mentalité toute masculine. Une dualité et une finesse absente du remake où sévit Jude Law (encore lui?).

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