Le buddy movie à travers les âges

Tatiana Ducrocq | 28 juillet 2010
Tatiana Ducrocq | 28 juillet 2010

A quelques semaines d'intervalle viennent de sortir sur nos écrans Kiss & kill et Night and day, deux films d'action teintés d'humour où un binôme doit se battre côte à côte et apprendre à se supporter. Ça vous rappelle quelque chose ? Normal, c'est le point de départ de beaucoup d'autres films, les fameux buddy movies, ou « films de potes », à la différence près que récemment la tendance à un duo homme/femme s'affirme de plus en plus au détriment du classique binôme entièrement masculin.

Retrouvez nos buddy movies préférés !

 

Le buddy movie à travers les âges

Remontons un peu en arrière... Le buddy movie, genre américain par excellence, a fait les beaux jours du cinéma dans les années 80 et 90 avec de gros succès, L'arme fatale étant sûrement son représentant le plus illustre.

Mais quelle est la définition exacte du buddy movie ? D'après le Complete Film Dictionary (une référence), le buddy movie met en scène la camaraderie entre 2 hommes comme élément central, et relègue au second plan voire ignore les relations homme-femme.

Mais il ne faut pas oublier un élément essentiel : l'opposition entre les deux héros. En règle générale, ils ne sont pas amis au début du film, et même s'ils le sont, on attend toujours des prises de becs au sein du binôme. Pour le plus grand plaisir des spectateurs, qui adorent voir Mel Gibson et Danny Glover passer une bonne partie du film à se vanner tout en étant potes.

Le genre  est apparu dès les débuts du cinéma, chaque décennie semblant avoir son couple star de buddies : Laurel et Hardy (années 30), Bob Hope et Bing Crosby (années 40), Dean Martin et Jerry Lewis (années 50), Paul Newman et Robert Redford (Butch Cassidy and the Sundance kid, 1969 et L'arnaque, 1973), Richard Pryor et Gene Wilder (années 70), et Walter Matthau et Jack Lemmon (années 60-70-80), Terence Hill et Bud Spencer (années 70 et 80).

D'ailleurs, dans Drôle de couple, Jack Lemmon résume bien la relation souvent orageuse entre les héros de ce genre de films, en déclarant à son partenaire: "tout ce que tu fais m'irrite".

Et la France ?

Toujours selon le Complete Film Dictionary, ce genre de film est typiquement américain justement car les relations d'amitié entre hommes seraient très importantes dans la culture américaine. Pourtant, nous avons aussi nos buddy movies ! Notre couple star étant sans aucun doute Gérard Depardieu et Pierre Richard, que l'on retrouve dans trois films cultes : Les compères, Les fugitifs, et surtout La chèvre, qu'on ne se lasse pas de revoir même si on le connaît par cœur.

Un autre couple très populaire est composé de Louis de Funès et Bourvil, que l'on retrouve dans Le corniaud ou La grande vadrouille.

Sans oublier les deux fers de lance des années 80 que sont Les Ripoux et Les Spécialistes avec respectivement Philippe Noiret face à Thierry Lhermitte et Bernard Giraudeau et Gérard Lanvin.  

Un genre se déclinant à l'infini

Revenons à Hollywood. Les années 80 et 90 ont-elles beaucoup donné - avec succès - dans le buddy cop movie ? C'est quoi ce machin, me direz-vous. Tout simplement un buddy movie où au moins l'un des deux héros est flic : L'arme fatale donc, mais aussi 48 heures (Eddie Murphy et Nick Nolte), Double détente (Arnold Schwarzenegger et James Belushi), Tango & Cash (Sylvester Stallone et Kurt Russell), Une journée en enfer (Bruce Willis et Samuel L. Jackson), ou encore Rush Hour (Jackie Chan et Chris Tucker).

On remarque que quatre de ces binômes sont composés d'acteurs d'origines ethniques différentes, cela étant utilisé comme moyen d'opposer encore plus les deux héros. C'est un peu le yin et le yang, quoi.

Le buddy cop movie est toujours présent sur nos écrans depuis les années 2000, mais avec un succès moindre. Dans le Top 15 des buddy films ayant fait les meilleures recettes aux Etats-Unis  depuis 1980, seulement un est sorti après 2005 : Rush Hour 3, à la septième position. Quant à Bruce Willis (abonné au genre), ces dernières années, il n'a pas transcendé les foules avec Billy Bob Thornton dans Bandits, avec Mos Def dans 16 blocks, ou avec Justin Long dans Die Hard 4, pas à la hauteur de la trilogie. Le dernier en date, Top Cops, avec le comique Tracy Morgan pour accompagner Willis, sorti en juin dernier, est tout sauf un hit.

La féminisation du buddy movie

D'après Patrick Goldstein, journaliste au Los Angeles Times, le buddy movie existerait en... 57 variétés ! Alors puisqu'il se décline à n'en plus finir, il doit bien y avoir un buddy movie féminin...

Il y avait déjà eu par le passé des tentatives de détournement du buddy movie, en particulier du buddy cop movie. Si Burt Reynolds doit faire équipe avec un enfant (et bien sûr son personnage ne supporte pas les mioches) dans Un flic et demi, Schwarzenegger doit se farcir toute une classe dans Un flic à la maternelle. Stallone lui a pour partenaire sa mère dans Arrête ou ma mère va tirer. N'oublions pas les binômes inter-espèces, notamment Turner et Hooch, avec Tom Hanks et... un chien ou encore James Belushi et son berger allemand dans Chien de flic.

Alors si les cinéastes sont prêts à intégrer un cabot dans un buddy movie, pourquoi pas une femme ? D'après George Gallo, le scénariste de Midnight Run (buddy movie de 1988 avec Robert DeNiro et Charles Grondin), les femmes ne parlent pas le même langage que les hommes : les hommes peuvent se parler violemment, s'insulter, mais être quand même amis. Autrement dit, les héros ne pourraient pas vraiment se prendre le bec si l'un d'eux était une femme.

Cependant, des binômes masculin-féminin se chamaillant ont fait le sel de nombreux films dès les débuts du cinéma (les fameuses « screwballs comedy » dont L'impossible monsieur bébé constitue le fleuron du genre)... Certes, il s'agissait généralement de vaudevilles, mais aujourd'hui on peut trouver ce genre de binômes dans des films d'action. Le glamour ayant désormais droit de citer dans ce domaine depuis une petite décennie.

L'un des seuls buddy movies entièrement féminin et sans doute le plus marquant est Thelma & Louise, sorti en 1994. S'il fait figure de cas à part, il en existe en revanche un certain nombre, faisant la part belle à l'action,  qui mettent en scène des partenaires de sexes opposés.


Un des premiers et meilleurs exemples du genre est L'épreuve de force, de et avec Clint Eastwood, sorti en 1977. Eastwood, en flic aigri er revêche, doit escorter une prostituée au caractère bien trempé (Sondra Locke, à l'époque Mrs Eastwood à la ville), témoin d'un meurtre et dorénavant en danger.  Ils se détesteront une bonne partie du film avant de finir par se serrer les coudes. De l'action, des sarcasmes, mais aussi de la compassion et de l'amitié, le film rempli tous les critères d'un bon buddy movie.

Quelques années plus tard, le gros succès A la poursuite du diamant vert (1984), mettra en vedette Michael Douglas et Kathleen Turner, eux aussi se détestant pour mieux finir par s'apprécier et même plus.

En 1999, Haute voltige réunit Sean Connery, en cambrioleur, et Catherine Zeta-Jones, en enquêtrice : deux personnages diamétralement opposés comme les aiment les buddy movies.

En 2005, Mr & Mrs Smith et son couple charismatique pas encore ensemble à la ville (Brad Pitt et Angelina Jolie) explose les compteurs, rapportant près de 500 millions de dollars dans le monde.

D'élément décoratif, source de convoitise pour les héros ou bien absent, la femme a fini par s'intégrer au binôme.

La féminisation du buddy movie semble s'accélérer rapidement avec les sorties cette année de trois films suivant ce principe : Le chasseur de primes (Gerard Butler et Jennifer Aniston), Kiss & Kill (Ashton Kutcher et Katherine Heigl), et Night and Day (Tom Cruise et Cameron Diaz).

Mais la recette est-elle vraiment efficace ? Parmi les dernières sorties, on trouve des films au mieux sympathiques, mais pas de vrai carton commercial, ni de vraie réussite artistique (NDR/ c'est le moins que l'on puisse dire). L'un des problèmes se situe au niveau du rapport de force, les personnages féminins ayant tendance à être dans une position de faiblesse par rapport à leurs homologues masculins - contrairement à Mr & Mrs Smith, où l'héroïne est au même niveau que son partenaire, et surtout contrairement aux buddy movies « classiques » où les deux héros se valent.

Au final, malgré cette « glamorisation » et un essoufflement, le film de potes 100 % testostérone est toujours bien présent. D'ailleurs, Men in Black 3 (le premier volet étant le buddy movie ayant fait le plus de recettes dans le monde, 590 millions de dollars) est en chantier, avec un tournage prévu à l'automne, et une sortie en mai 2012. Le revival des franchises des années 90 se poursuit aussi avec Die Hard 5 et Bad Boys 3 en préparation... Hollywood espère ainsi prolonger l'âge béni où les buddies valaient de l'or.

Tatania Ducrocq

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