L'avenir du cinéma de genre français

Vincent Julé | 10 février 2010
Vincent Julé | 10 février 2010

Avec La Horde, le distributeur Le Pacte vise les 350 000 entrées. Il aimerait ainsi approcher les scores français des espagnols REC ou L'orphelinat, et surtout sortir de la niche des 50 000 à 100 000 entrées dans lequel le cinéma de genre français semble enfermé avec A l'intérieur, Frontière(s), Martyrs, Mutants, Humains, etc. En fait, comme le souligne plusieurs réalisateurs dans le documentaire Viande d'origine française diffusée sur canal+ et présenté à Gérardmer 2010, il suffirait d'un seul film pour que le genre se démocratise et que les chaînes, producteurs et distributeurs s'y intéressent. La Horde aimerait être ce film, mais si ce n'est pas lui, quel est l'avenir du cinéma de genre français. Réponse en quelques films prévus pour 2010.

 

 

 

Amer de Hélène Cattet et Bruno Forzani 

Avec Cassandra Forêt, Charlotte Eugène-Guibbaud, Marie Bos

Sortie : 3 mars 2010

Ana est confrontée au corps et au désir à trois moments clefs de sa vie. Sa quête charnelle voyage entre réalité et fantasmes colorés... qui deviennent de plus en plus oppressants. Une main gantée de dentelle noire l'empêche de crier. Le vent soulève sa robe et caresse ses cuisses. Une lame de rasoir effleure son corps : trouvera-t-elle le plaisir au bout de son parcours chaotique et carnassier ?

« Véritable illustration de la pulsion voyeuriste, Amer demande une implication du spectateur plus élevée qu'à l'accoutumée, l'obligeant parfois à se faire son propre film », explique Patrick Antona dans sa critique. Laurent Pécha est d'accord, bien que si « Amer mérite l'expérience de la salle, on prend plus de plaisir à s'en souvenir qu'à le voir ». Pour Thomas Messias, cet hommage au giallo « exclut les béotiens et finit par devenir un supplice. Une heure et demie de sons amplifiés, du blouson de cuir au pot d'échappement, ça lessive et ça irrite ».

 

 

 

Dans ton sommeil de Caroline et Eric Du Potet

Avec Anne Parillaud, Arthur Dupont, Thierry Frémont

Sortie : 24 mars 2010

Depuis la mort brutale de son fils de 18 ans, Sarah n'est plus que l'ombre d'elle-même. Une nuit, elle renverse en voiture Arthur, un adolescent du même âge. Alors qu'elle l'emmène chez elle pour le soigner, ils sont pris en chasse par un mystérieux tueur...

Premier long-métrage, première incursion d'Anne Parillaud dans le genre... Dans ton sommeil flirte entre le genre et l'auteur et réussit à réutiliser les codes du slasher et du survival et à les ancrer dans une réalité franco-française. Malheureusement, s'il tire le meilleur parti de ses décors (champs, routes, maisons), il a toutes les peines du monde à asseoir ses personnages et à définir ses enjeux. A l'instar de sa construction éclatée faussement maligne, entre rêves et flash-back, le film semble faire du surplace. Les acteurs s'agitent et crient ainsi beaucoup, comme pour prouver qu'ils existent. Anne Parillaud a le mérite de s'y donner corps et âme, mais en face, le jeune Arthur Dupont surjoue (mal) un rôle toute en ambiguïté, entre naïveté et dangerosité. Seul Thierry Frémont, physique, animal et... nu, traverse ses scènes avec une énergie qui manque au reste du film.

 

 

 

8th Wonderland de Nicolas Alberny et Jean Mach

Avec Matthew Géczy, Alain Azerot, Robert William Bradford

Sortie : 7 avril 2010

Des millions de personnes disséminées de par le monde et déçues de la manière dont celui-ci évolue décident de s'unir. Toutes guidées par le même désir d'améliorer les choses, de ne plus subir l'actualité sans pouvoir réagir. Par le biais d'Internet, elles créent le premier Pays virtuel : 8th Wonderland. Chaque semaine, tous ses habitants votent par référendum une motion différente... Mais que se passerait-il si les motions de 8th Wonderland devenaient petit à petit plus réactionnaires ? Si sa manière d'agir se rapprochait lentement mais sûrement d'un comportement terroriste ? Un problème insoluble se poserait alors à l'ensemble des Nations. Comment combattre un pays qui n'existe pas ?

Le film continue de faire le tour des festivals du monde entier et de cumuler les récompenses... Ilan Ferry l'avait vu au dernier festival de Cannes et parle dans sa critique d'un « ambitieux et habile projet de SF bricolé pour une poignée d'euros par deux petits frenchys sortis de nulle part. Et malgré son aspect un peu cheap (fonds verts et images de synthèse grossièrement insérés à l'écran) 8th Wonderland palie son manque de moyens par un rythme soutenu, un propos politique persistant sans être lénifiant et surtout - tel qu'annoncé précédemment - une réelle ambition esthétique ».

 

Captifs de Xavier Gozlan

Sortie : 28 avril 2010

Avec Zoé Félix, Arié Elmaleh, Eric Savin

Carole, jeune infirmière, est membre d'une équipe humanitaire dont la mission au Kosovo touche à sa fin. C'est alors que la jeune femme et ses deux coéquipiers sont brutalement kidnappés par des étrangers aux motivations inconnues. Retenus captifs, soignés et maintenus en vie dans un lieu oppressant et sinistre, les trois prisonniers vont bientôt découvrir avec horreur les réelles intentions de leurs ravisseurs...

Une sombre histoire de trafic d'organes, qui selon les premiers échos et les premières images aurait visuellement une sacrée gueule. C'était déjà le cas du court-métrage très sensoriel Echo du réalisateur Xavier Gozlan... mais que là il y a Zoé Félix.... il y a Zoé Félix.

 

 

 

La meute de Frank Richard

Avec Yolande Moreau, Emilie Dequenne, Benjamin Biolay

Sortie : juin 2010

Au milieu d'un paysage désolé, Charlotte prend, sur le bord de la route, Max en voiture. Entre eux, le courant passe. Ils s'arrêtent dans un routier, mais Max n'en ressort pas. Charlotte le recherche sans succès. Elle revient la nuit mais se fait capturer puis séquestrer par la tenancière, La Spack, qui n'est autre que la mère de Max et a besoin de nourrir une drôle de meute, celle des goules. Chinaski mène l'enquête tandis que le calvaire de Charlotte commence.

Alors, plutôt A l'intérieur ou Humains ? La Fabrique de films s'essaie une nouvelle (une dernière ?) fois au cinéma de genre français, avec un projet qui a rencontré quelques difficultés de financement et de tournage, mais qui a un casting original et une meute excitante.

 

Djinns de Hugues et Sandra Martin

Avec Grégoire Leprince-Ringuet, Thierry Frémont, Saïd Taghmaoui, Aurélien Wiik

Sortie : 2010

Pendant la Guerre d'Algérie, une section de paras français tente de retrouver un avion disparu dans le désert algérien. L'épave d'avion est rapidement localisée, mais il n'y a aucun survivant, juste une mallette estampillée "secret défense". Prise d'assaut par des soldats ennemis, la troupe trouve refuge dans un étrange village. Là, une guerre plus mystérieuse va se livrer : celle des hommes contre les djinns, des créatures maléfiques et invisibles, capables de faire ressortir nos peurs les plus intimes...

Avec un tournage de l'autre côté de la Méditerranée, peu d'infos ou de photos ont filtré. Mais la rencontre du film de guerre et du film d'horreur a de quoi motivé. De même que le casting de gueules à la française.

 

 

Les Nuits rouges du bourreau de jade de Julien Carbon et Laurent Courtiaud 

Avec Frédérique Bel, Carole Brana, Carrie Nq,

Sortie : 2010

Sous le règne du premier empereur de Chine, un tortionnaire savant, féru d'acupuncture, de médecine et d'alchimie concocta un élixir qui paralysait les membres de la victime, tout en décuplant la sensibilité des terminaisons nerveuses. Sous le coup d'une overdose de sensation, le supplicié pouvait aussi bien endurer un excès de plaisir comme des douleurs insupportables. Pour ce faire, il usait de griffes de jade, qui lui valu le nom de "Bourreau de Jade". Son succès rendit jaloux ses rivaux et l'empereur lui-même, car ne disait on pas qu'avant de mourir, ses victimes féminines connaissaient une extase qu'aucun homme ne pouvait leur procurer. Le bourreau fut déchu et poursuivi pour révéler son secret. Rongé lui-même par le désir de connaître les sensations extrêmes qu'il procurait à ses victimes, il se donna une mort amplifiée par l'absorption de son propre poison. Ses poursuivants ne trouvèrent pas le crâne, qui avait été dissimulé au coeur d'un large sceau impérial. Mais la malédiction du crâne de jade, qui avait causé la mort de son créateur, perdura à travers le sceau, apportant le malheur à tous ceux qui le possédèrent. Jusqu'à aujourd'hui...

Anciens journalistes (à Mad Movies), scénaristes à Hong Kong (Le Talisman, Black Mask 2, Running Out of Time), Julien Carbon et Laurent Courtiaud s'essaient à la réalisation d'un film de genre français mais à Hong Kong. Malgré un budget serré, un tournage agité, le résultat serait « autre ». C'est l'essentiel.

 

 

 

Proie d'Antoine Blossier

Avec Grégoire Colin, Bérénice Bejo, François Levantal

Sortie : 2010

Une nuit, plusieurs cerfs se jettent inexplicablement sur la clôture électrique d'une exploitation agricole. Apercevant de profondes traces de morsures sur les cadavres des bêtes, les propriétaires de l'exploitation comprennent qu'un prédateur sévit dans les bois alentours. Décidée à le chasser, la famille d'agriculteurs s'enfonce au coeur de la forêt voisine. Stupéfaits, ils constatent que la nature environnante se meurt, ravagée par un mal inconnu. Alors que le soleil décline, des hurlements retentissent autour d'eux. Les chasseurs sont devenus les proies...

Des sangliers mutants ? Chef d'œuvre !

 

 

Le Village des ombres de Fouad Benhammou

Avec Christa Theret, Barbara Goenaga, Ornella Boulé

Sortie : 2010

Village de Ruiflec, dans les années quarante, pendant l'occupation. Deux soldats allemands sont confrontés à une menace aussi invisible qu'impitoyable... De nos jours. Un groupe d'amis part passer un week-end dans le même village. Ils sont répartis dans deux voitures, qui se suivent sous la pluie battante. Soudain, tous les membres du premier véhicule disparaissent à l'entrée du village... sans explication.Les autres arrivent et découvrent rapidement que le lieu est totalement désert, sans moyen de communication avec l'extérieur. Il leur est impossible d'en ressortir. Tout en essayant de retrouver leurs amis disparus, ils vont tout faire pour rester en vie et s'échapper de Ruiflec... un village qui semble doté d'une vie propre...

A l'origine, Ruiflec, le village des ombres est un court-métrage, qui reprend en fait la première phrase (et séquence) du pitch. Un projet de long a couru ces dernières années, avec Sara Forestier au casting. Il semble de nouveau d'actualité, mais maintenant avec Christa Theret. LOL ?

 

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