Zombies VS Loups-garous : qui a la meilleure filmo ?
Deux des figures les plus emblématiques du bestiaire du cinéma fantastique se retrouvent à l'affiche en ce très frileux 10 février dans deux œuvres aux orientations différentes, La Horde et Wolfman. Représentant d'une forme de monstruosité qui pour l'un personnifie la toute-puissance de la mort et la dégénérescence du corps et l'autre le dédoublement de personnalité allié à l'exaltation de la bestialité, ces mythes ont essaimé dans de nombreuses productions horrifiques qui se sont parfois répondus au gré des époques et des diverses tendances.
Mais des deux camps, lequel au final est celui qui a laissé son empreinte (sanglante) la plus profonde dans notre cœur de cinéphage ?
La naissance d'un Mythe
Vaudou (1943)
Après La Féline en 1942, voici un nouveau chef d'œuvre à mettre à l'actif du tandem Val Lewton-Jacques Tourneur pour un film qui se présente comme une rêverie poétique et angoissante, qui mêle culture vaudou haïtienne (dans une de ces premières représentations sérieuses) et mélodrame familial. Et la scène de procession nocturne avec les zombies dont on ne voit que les yeux fluorescents demeure un des must de l'imagerie horrifique du cinéma. (4/5)
VS
Le Loup-Garou (1941)
C'est avec ce classique noir & blanc de l'épouvante made in Universal que naît tout le folklore attaché dorénavant au thème de la lycanthropie, à savoir la mutation sous la pleine lune, la sorcellerie tzigane et la balle d'argent fatale. Lon Chaney Jr, sur les traces de papa, compose avec métier la victime tourmentée de la malédiction qui en fait un monstre malgré lui, secondé par un cast de seconds rôles mémorables (Claude Rains, Ralph Bellamy et surtout Bela Lugosi et Maria Ouspenkaya qui n'avaient aucun égal pour rouler les r). (3.5/5)
Avantage : Zombie
Redéfinition et révolution
La Nuit des morts-vivants (1968)
Définitivement le film qui a complètement redéfini le genre horrifique et qui est devenu un film-culte instantané, produit d'un monde alors en complète mutation. Evacuant alors tous les stéréotypes en vogue (exit la romance, les explications scientifiques et le happy ending), Georges A. Romero arrive à faire le brillant dosage entre shocker brutal et paranoïaque et brûlot politique dont la fin nihiliste reste un des sommets du genre. (5/5)
VS
La Nuit du loup-garou (1961)
Après avoir modernisé Frankenstein et Dracula, la Hammer s'attaque au loup-garou en modifiant le concept. Ici point de sorcellerie ni de morsure de loup, mais uniquement l'héritage d'un passé maudit (produit d'un viol abominable évoqué dans un long préambule) qui pousse le malheureux héros, incarné par l'excellent Oliver Reed, à se transformer en lycanthrope, tout en demeurant attaché à sa fiancée et cela, malgré sa monstruosité (4/5)
Avantage : Zombie
Le Monstre comme métaphore social
Zombie (1978)
Plus qu'un efficace festival de cervelles explosées au riot-gun et de tripailles arrachées, cette séquelle majeure au premier chef d'œuvre de Romero est devenue avec le temps « la » parabole sur le consumérisme triomphant et la zombification rampante des esprits, continuant sa vision critique de la société américaine. Véritable récit de fin du monde halluciné mais parcouru de moments jubilatoires, Zombie est l'inspiration principale de toute la vague actuelle de films de morts-vivants et autres infectés et a eu la chance d'être remaké avec succès en 2004 par Zak Snyder, qui a abandonné l'angle satirique pour celui de l'efficacité à outrance. (5/5)
VS
Wolf (1994)
Tentative de modernisation du thème du loup-garou dans un mode urbain en y ajoutant une dose de critique sur l'arrivisme social, Wolf, pourtant inspiré d'une nouvelle de Jim Harrison, échoue sur les deux tableaux en grande partie à cause du manque d'audace de son réalisateur que l'on sent mal à l'aise avec le fantastique. Seules les bonnes compositions de Jack Nicholson et de James Spader et les maquillages de Rick Baker sauvent les meubles, mais le film marqua un point d'arrêt pour toute tentative sérieuse de régénération de cette icône majeure du fantastique, jusqu'au Wolfman de Joe Johnston. (2.5/5)
Avantage : Zombie
La Teen Comedy à la rescousse
Le Retour des morts-vivants (1985)
Prenant comme point de départ que les évènements décrits dans La Nuit des Morts-Vivants sont réels, le film de Dan O'Bannon confronte l'univers des zombies, affamés de cerveaux (« Brains, more brains ! ») et plus véloces que ceux de Romero, à celui de punks idiots en goguette dans un cimetière. Avec une bande-son animée par les Cramps et les Damned, un humour irrévérencieux qui fait mouche et une fin-surprise qui sera souvent copiée par la suite, le premier film de Dan O'Bannon (disparu en décembre 2009) est une pierre angulaire dans la comédie horrifique et a revitalisé le film de zombie, plus en tout cas que Le Jour des Morts-Vivants sorti la même année. (3,5/5)
VS
Teen Wolf (1985)
Si les années 80 marquent le boom du genre fantastique, elles annoncent aussi ces premières marques de dégénérescence. Pur produit du conservatisme ambiant qui dominait aux USA, Teen Wolf est une lourde parabole sur la différence et le refoulement, qui verra son malheureux ado sujet à la lycanthropie (Michael J. Fox à son zénith adolescent) vaincre l'adversité grâce à son don de basketteur ! De ce naufrage on pourra sauver un gag à base de soupçon de masturbation qui annonce l'orientation comique des futurs American Pie (1.5/5)
Avantage : Zombie
Les Monstres sont parmi nous !
Réincarnations (1981)
Malgré un scénario assez confus et abracadabrant, cette histoire de cadavres ramenés à la vie par un embaumeur aux desseins assez fumeux possède un charme et une ambiance indéniable. Noyé dans les brumes d'une petite ville portuaire américaine, l'action se focalise sur l'enquête du shérif local (James Farentino) qui va découvrir l'hallucinante vérité sur la réalité de son entourage, le tout ponctué de scènes de meurtres percutantes (attention aux gens sensibles aux piqûres d'aiguille !) (3.5/5)
VS
Hurlements (1981)
En vrai fan respectueux du genre, Joe Dante compose un astucieux pastiche qui mêle les figures imposées de la lycanthropie à une critique du mode de vie californien avec son groupe de psychothérapie qui abrite en fait un repère de loup-garous. Sexe et gore sont au rendez-vous, avec les formidables transformations et maquillages signés Rob Bottin, qui donnent aux créatures un look volontairement inspiré du loup de Tex Avery. (4.5/5)
Avantage : Loup-garou
Humour noir et Grand Guignol
Re-Animator (1985)
Longtemps négligé par les cinéastes, l'univers morbide de H.P. Lovecraft explose sur grand écran grâce au talent de Stuart Gordon qui, tout en s'éloignant du style sérieux de l'écrivain de Providence, réussit à recréer le genre du film de zombie en appuyant à fond sur la pédale de l'humour et du gore. Porté par l'insolente verve de Jeffrey Combs dans la blouse du Dr Herbert West, Re-Animator est l'équivalent de Evil Dead en tant que film-somme qui tout en s'inspirant de toute une flopée de films réussit à insuffler une nouvelle dynamique à une génération alors dominée par les créatures de Romero et Fulci. (4,5/5)
VS
Le Loup-Garou de Londres (1981)
L'autre grand film du genre des années 80, et qui lui aussi s'appuie en partie sur des maquillages impressionnants et sur une scène de transformation signée Rick Baker qui est entrée dans les annales. John Landis a du mal à trouver un point d'équilibre entre l'inéluctabilité d'un drame (marqué par le sceau de la pleine lune) que l'on sait funeste et certains apartés comiques (les loups-garous nazis) qui portent indéniablement sa marque de fabrique mais réussit à conclure le tout par une scène apocalyptique en plein Times Square. (4/5)
Avantage : Zombie
British style
Shaun of the dead (2004)
Sans être une parodie bassement servile des films de Romero, la comédie concoctée par Simon Pegg et Edgar Wright se révèle être respectueuse du genre grâce à de multiples clins d'œil égrenés au gré d'une intrigue qui l'apparente au survival. Avec quelques scènes gore qui font mouche, servies par des SFX excellents et des comédiens toujours justes, Shaun of the Dead, malgré une seconde partie un peu poussive, est devenu à la fois représentatif du film de geek et a imposé de nouveaux canons dans la comédie horrifique, trouvant son apothéose dernièrement dans un Zombieland des plus réussis. (4/5)
VS
Dog Soldiers (2002)
Longtemps moribond, le cinéma fantastique anglais est en plein revival depuis le début des années 2000, et ce grâce à des cinéastes tels que Christopher Smith ou Neil Marshall qui ont su réinjecter du sang neuf. Dog Soldiers joue allègrement sur l'hybridation entre le film d'action tendance video game et le classique thème de la communauté contaminée par les loups-garous. Même si le résultat fini ne dépasse pas le cadre de la série B sympathique, handicapé par un budget limité, l'ensemble se voit sans ennui et marqua les débuts de Neil Marsall qui devait marquer le coup par la suite avec The Descent. (3.5/5)
Avantage : Zombie
Stephen King rodait dans le coin
Simetierre (1989)
Après les morts ressuscités par la sorcellerie vaudou, les radiations ou les sérums, voici le bébé-zombie ramené à la vie par l'influence d'un cimetière indien dans le sinistre et pourtant bouleversant film de Mary Lambert, aux abonnés absents depuis cette éclatante réussite. Fidèle au roman de King, le scénario s'apparente presque à un drame naturaliste, émaillé de séquences oniriques et gore (ainsi que l'apparition d'un fantôme bienveillant), qui va finir dans l'horreur la plus totale. (4/5)
VS
Peur Bleue (1985)
Adaptée d'une nouvelle de Stephen King (dans le recueil « Différentes saisons »), cette production De Laurentiis (Conan le Barbare, Maximum Overdrive) possède comme atout principal le respect du matériau d'origine, à savoir une re-création du conte du « garçon qui criait au loup » et du thème récurrent chez l'auteur de la petite communauté contaminée par un danger extérieur, comme dans Les Vampires de Salem. Mais une réalisation conventionnelle et surtout des créatures parmi les plus moches conçues par Carlo Rambaldi finissent par enterrer les bonnes intentions de départ et condamnent le film à l'échec. (2/5)
Avantage : Zombie
Troubles de l’adolescence et de la sexualité
Dellamorte Dellamore (1994)
Renouant avec le flamboyant cinéma de Mario Bava des années 60, Michele Soavi fait preuve d'un véritable sens de la poésie et du morbide pour dépeindre le quotidien de ce gardien de cimetière (Rupert Everett au look inspiré par Dylan Dog) confronté à des morts-vivants récalcitrants. Ajoutez-y une ambiance sulfureuse à base de scènes de sexe avec la voluptueuse Anna Falchi (dans trois incarnations différentes) et une bonne dose d'humour et vous obtenez le meilleur film d'horreur italien des années 90. (4/5)
VS
Ginger snaps (2000)
A la fois chronique adolescente et drame de l'isolement, Ginger Snaps tente de revitaliser le thème de la lycanthropie par le biais du prisme social. Loin d'être exaltant, la mutation en un monstre hybride est à nouveau vécue ici comme une malédiction, voire une forme de maladie dont il faut se soigner. Si la réalisation est quelque peu maladroite et que l'on a tendance à préférer le destin de Bridgette à celui de sa sœur Ginger, l'idée de revenir à la suggestion dans les scènes horrifiques ou dans la description des créatures donnent un lustre particulier à une œuvre atypique dans le genre. (3/5)
Avantage : Zombie
Shoot’em Up !
Resident evil (2001)
Adapté d'un jeu vidéo et symptomatique de la vague qui voit les zombies classiques se faire évincer par les infectés, le thriller bactériologique de Paul WS Anderson fait la part belle à une Milla Jovovich iconifiée dans les tenues courtes d'Alice. Actioner bourrin et peu subtil, qui tient plus du cinéma de Carpenter que de celui de Romero (bien que la gamme de jeux soit directement inspiré de son cinéma), Resident Evil représente ce cinéma rollercoaster qui a le vent en poupe depuis quelques années, suivant une intrigue linéaire non sans ménager quelques bons moments d'angoisse, mais reposant sur trop d'effets numériques qui amenuisent l'impact horrifique des scènes-chocs. Succès aidant, deux séquelles ont suivi et un 4ème épisode est en cours d'élaboration pour cette année. (3.5/5)
VS
Full eclipse
Préfigurant les orientations qui seront prises par Blade et X-Men en insufflant un brin de modernité dans un mythe qui flirta souvent avec le kitsch, Full Eclipse est une variation science-fictionnel qui voit un loup-garou qui use d'un sérum pour transformer ses collègues policiers en véritables machines à tuer. Correctement réalisé par Anthony Hickox au mieux de sa forme et au casting typiquement B-movie (Mario Van Peebles, Bruce Payne, Patsy Kensit), ce qui fut à l'origine un téléfilm HBO se hisse largement à la hauteur d'œuvres destinées au grand écran grâce à un rythme rondement mené et des scènes d'actions frénétiques, typiques de la folie qui étreint cette brigade spéciale dans sa lutte meurtrière contre le crime. (4/5)
Avantage : Loup-garou
Il n'y aura pas eu vraiment de match tant l'univers du zombie a su au fil des années inspiré aux cinéastes de tous bords des œuvres d'une grande richesse. Pour les loup-garous, les périodes de gloire sont nettement plus courtes et espacées dans le temps.
Grand vainqueur : Zombie