Top science-fiction n°9 : Terminator

Stéphane Argentin | 8 décembre 2009 - MAJ : 14/12/2023 15:29
Stéphane Argentin | 8 décembre 2009 - MAJ : 14/12/2023 15:29

Pour lancer le compte à rebours avant l'évènement Avatar qui sortira sur nos écrans le 16 décembre prochain, la rédaction d'Ecran Large a remis le bleu de chauffe et a recommencé à se plonger dans une classement impossible.

Après vous avoir proposé notre classement des meilleurs films d'horreur dans l'histoire du cinéma, nous avons opté pour l'univers de la science-fiction et ainsi d'élire ce qui sont pour nous les 31 meilleurs films du genre. La règle de ne pas avoir plus d'un film par cinéaste ne s'applique pas ici (c'était au dessus de nos forces pour certains réalisateurs).

La seule règle que l'on a décidé d'appliquer (et qui sera critiquable comme beaucoup de règles) : un film qui était déjà dans notre classement de l'horreur ne pouvait pas réapparaître dans ce nouveau classement.  14 membres de la rédaction ont donc été invités à envoyer leur liste de leurs 70 films préférés.

A partir de ces listes, on n'a gardé que les films cités plusieurs fois par chacun d'entre nous. On a alors resoumis la liste finale à un vote pour obtenir le classement final que nous allons vous faire découvrir quotidiennement jusqu'au 16 décembre 2009 qui révèlera le numéro 1 de la rédaction.

Un éclairage par jour durant 31 jours sur des incontournables du cinéma de science-fiction.  Et en guest star pour commenter nos choix, on retrouve Vincenzo Natali, le réalisateur de Cube, Cypher, Nothing et du très attendu Splice, étant un parfait ambassadeur du futur de la science-fiction au cinéma.

 

9 - Terminator (1984) de James Cameron

 

 

Vincenzo Natali : Quand j'ai entendu pour la première fois le sujet de Terminator : un robot du futur qui se bat dans Los Angeles, cela ressemblait à une série B produite par Roger Corman. Et ce n'est pas surprenant que ce soit dans la boîte de Corman, New World, que Cameron ait débuté sa carrière. Mais Terminator devient l'un des films de SF les plus intelligents, poétiques et émouvants de tous les temps, avec une élégante romance spatio-temporelle en son coeur. Il a aussi placé très haut la barre de l'action et il a apporté une touche sombre et punk à la guimauve façon Spielberg qui dominait les écrans à l'époque..

Luc Besson :  "C'est un classement de journalistes !... Je vous remercie de ne pas avoir mis le 5e élément... Heureusement que c'est pas le même pour les spectateurs !"

Laurent Pécha :

Il y a un avant et un après Terminator. Un idéal de film de genre qui pulvérise les frontières de l'efficacité et de l'originalité. Même après 40 visions, le plaisir est toujours intact.

Patrick Antona :

Le prototype parfait de la bande d'exploitation roublarde et bien fichue au succès mérité qui a fini par accoucher d'un nouveau mythe cinématographique ô combien persistant.

 

 

 

La légende raconte que c'est dans sa chambre d'hôtel romaine, en plein montage de son premier long-métrage, Piranha 2, nanar royal que les fans et le réalisateur lui-même préfère ranger depuis dans la catégorie « erreurs de jeunesse », et alors qu'il était malade comme un chien que James Cameron eut une vision enfiévrée : celle d'un endosquelette métallique émergeant des flammes. Un robot dont l'armature ressemblait trait pour trait au squelette humain et pourvu d'orbites oculaires rougeoyant. De cette vision cauchemardesque que lui contestera par la suite un certain Harlan Ellison, auteur de SF qui accusera Cameron d'avoir plagié deux épisodes de la série Au-delà du réel (1964) avant que l'affaire ne se règle à l'amiable (Ellison fut crédité au générique), allait naitre l'un des films de science-fiction les plus mythiques de l'histoire du Septième Art et le sacre quasi instantané de trois hommes : James Cameron, Arnold Schwarzenegger et Stan Winston.

 

 

 

JAMES CAMERON : LE GÉNÉRAL PATTON DU CINÉMA

Aujourd'hui encore, les opinions sur James Cameron se scindent globalement en deux camps : d'un côté ceux qui le considèrent comme un génie visionnaire au même titre qu'un Georges Méliès ou qu'un George Lucas, de l'autre ceux qui le prennent pour un simple cinéaste au dessus de la mêlée, capable de pondre de solides longs-métrages à gros budgets et à grand spectacle mais dont la démesure visuelle et logistique cache en réalité un manque patent de finesse scénaristique (Cameron est crédité comme scénariste ou coscénariste de tous les longs-métrages qu'il a réalisé jusque-là).

 

 

 

Mais bien avant cela, James Cameron, originaire du Canada, fut routier avant de faire ses premières armes sur des productions Roger Corman, figure mythique de séries B et formidable dénicheur de talents (il a lancé Scorsese ou encore Coppola, excusez du peu). Une école de tout premier choix où le futur « king of the world » va apprendre à faire à peu près tout et n'importe quoi sur un plateau de tournage, depuis le café jusqu'au réglage d'une caméra en passant par les néons, les costumes, les maquillages... De cette formation « couteau suisse » doublé d'un perfectionnisme maladif naîtra bien vite la légende : celle d'un réalisateur tyrannique pour les uns ou tout simplement exigeant pour d'autres, véritable bourreau de travail qui ne s'arrête jamais avant d'avoir obtenu ce qu'il veut.

 

 

 

 

En dépit d'un budget dérisoire (6,4 millions de dollars) en comparaison des sommes stratosphériques dont il disposera par la suite, James Cameron sait ce qu'il veut pour son « vrai » premier long-métrage : un film noir et dépourvu d'humour (par opposition aux petites pointes comiques du deuxième opus) dont l'action se déroule presque intégralement de nuit (une approche qui effrayera d'ailleurs en partie les producteurs : cf. l'interview rétrospective de Cameron sur le DVD / Blu-ray) pour former une continuité visuelle parfaite entre le présent et le futur post apocalyptique qui illustre un récit à la limite de la folie (le personnage de Reese jugé mentalement déficient par le psy de service, le docteur Silberman). Il faut dire que, si en ce début de 21ème siècle, les perspectives d'organismes cybernétiques mus par une intelligence artificielle sont une réalité de plus en plus palpable (cf. Battlestar Galactica et notamment son final édifiant), dans les années 80, les machines et plus précisément les ordinateurs sont encore loin d'avoir envahies notre quotidien.

 

 

 

Mais pour l'heure, ce n'est nullement cet aspect que le cinéaste souhaite développer (il le fera bien davantage avec le deuxième volet, œuvre quasi visionnaire quant à la dépendance grandissante et hautement addictive de l'homme face à ses précieux joujoux numériques). Coécrit avec sa future épouse et productrice Gale Anne Hurd, le script de Cameron pondère volontairement son approche science fictionnelle qui se résume à trois composantes : les visions cauchemardesques du futur (celle en introduction, celle de Kyle et enfin celle de Sarah), la machine à voyager dans le temps (dont le principe ne sera jamais abordé de front, préférant laisser le débat sur la viabilité du procédé à d'autres) et enfin le cyborg, entité omnisciente dont la véritable nature se dévoilera progressivement au fil du récit avant d'apparaître de pied en cap dans les toutes dernières minutes.

 

 

 

En limitant ainsi le pendant SF de son histoire, Cameron se focalise davantage sur la chasse à l'homme (ou plutôt à la femme) qui se trame dans les rues de Los Angeles, dans un présent bien réel. Après un premier tiers d'exposition qui fait progressivement monter la tension, le récit pénètre ensuite pour de bon dans sa phase actioner au terme d'un ralenti alors que le tueur s'apprête à éliminer sa cible pour de bon. Seul effet de style de tout le film, la mise en scène se révèle à partir de ce moment là aussi sèche et nerveuse que précise et efficace. Les scènes de courses-poursuites rappellent ainsi les froissements de taules les plus mythiques du cinéma (au hasard : French connection ou encore Police fédérale Los Angeles qui sortira l'année suivante) tandis que les séquences de gunfights sont sans concession : l'exécution sommaire (hors-champ pour encore plus d'impact) du gérant du magasin d'armes et de la première Sarah Connor, celle post coït de la meilleure amie de Sarah sans compter cette fusillade devenue mythique à l'intérieur d'un commissariat. Comme le dira Kyle : rien ne peut détourner la machine de sa mission. Et lorsque cette machine a la carrure d'une armoire normande armée jusqu'aux dents, il y a effectivement de quoi se planquer sous un bureau.

 

 

 

 

ARNOLD SCHWARZENEGGER : CONAN LE GOUVERNATOR

Cette montagne de muscles qui se fit un nom (plusieurs même : 5 titres de Monsieur Univers et 7 titres de Monsieur Olympia) dans le monde du culturisme, quitta son Autriche natal en 1968 pour tenter sa chance aux États-Unis avant de devenir 35 ans plus tard gouverneur de la Californie (en attendant de voir si la prophétie de Demolition man qui le prédit à la Maison Blanche se réalisera), c'est Arnold Schwarzenegger. Un nom tout simplement imprononçable auquel s'ajoute un accent à couper au couteau lorsqu'il débute sa carrière à Hollywood dans les années 70 dans des rôles sans envergures. Jusqu'à ce qu'un certain John Milius le repère et lui propose d'enfiler la peau de bête de son Conan le barbare (1982) et d'exploiter précisément son physique de demi-dieu et sa voix de baryton dans ce qui constitue aujourd'hui encore le plus mythique des films d'heroic fantasy.

 

 

 

 

Deux ans plus tard, celui que tout le monde surnommera bientôt Schwarzy rencontre James Cameron pour tenir le rôle de... Kyle Reese. Comme le confient eux-mêmes les deux intéressés, ce n'est qu'après ce premier contact et la mise au rebus d'autres candidats potentiels (O.J. Simpson ou encore Mel Gibson furent un temps considérés ou approchés) que décision fut prise de confier à Arnold le rôle-titre. Avec son regard d'acier, sa mâchoire carrée et ses punchlines devenues mythiques (le célèbre « I'll be back » ou encore « Fuck you asshole »), impossible d'imaginer aujourd'hui quelqu'un d'autre dans la peau du T-800. En l'espace de deux rôles emblématiques, la carrière de Schwarzy venait d'être mise sur orbite en même temps que naissait l'amitié de longue date qui le lie à Cameron. Preuve de cette amitié indéfectible, Schwarzy acceptera de subir à nouveau des heures de maquillages quotidiennes et autres poses de prothèses faciales sept ans plus tard, toujours entre les mains du génie en la matière.

 

 

 

STAN WINSTON : LE GÉNIE DES EFFETS SPÉCIAUX

Si, en 1991, le sigle ILM (pour Industrial Light and Magic, la boîte d'effets spéciaux mise sur pied par un certain George Lucas pour les besoins de son Star Wars) sera sur toutes les lèvres à la découverte des prouesses polymorphiques du T-1000, sept ans plus tôt, tous les regards se tournent vers un homme, Stan Winston, dès qu'apparait à l'écran le moindre morceau de métal révélant la nature véritable du tueur cybernétique. Inconnu de tous en dépit de ses nombreux travaux dans les années 70, le génie de Stan Winston éclata pour de bon au grand jour avec cette première collaboration aux côtés de James Cameron. C'est en effet à lui que l'on doit la concrétisation du rêve de terreur que fit à l'origine le cinéaste : celle d'un endosquelette de métal émergeant des flammes. Mais avant d'en arriver là, ce maître es effets spéciaux aura eut tout loisir de méduser le spectateur tel un Ray Harryhausen des temps modernes avec ses maquillages plus vrais que natures entre opération de l'œil et de l'avant-bras, faciès à demi arraché et autres lambeaux de chair et de sang.

 

 

 

Une approche résolument graphique pour l'époque, à l'impact démultiplié par la carrure de Schwarzy et filmée en plans serrés par Cameron qui conduira à un classement « R » aux États-Unis lors de la sortie du film en salles et à une interdiction aux moins de 12 ans en France (tout comme le n°2) mais dont la maestria lui vaudra le Grand Prix de feu le Festival d'Avoriaz ainsi que plusieurs récompenses au célèbre Saturn Awards. Après Le Jugement dernier en 1991, Cameron décidera de voguer vers d'autres horizons, estimant avoir fait le tour du sujet. Schwarzy lui emboitera le pas 12 ans plus tard après un ultime rôle en tête d'affiche dans Le Soulèvement des machines tandis que Stan Winston, décédé au cours du tournage en 2008, ne verra jamais son ultime travail sur Renaissance. En 1984, ces trois hommes furent à l'origine d'une légende de la SF et du Septième Art : Terminator.

Stéphane Argentin 

 

 

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