Jarmusch - Besson : qui a la meilleure filmo ?

Thomas Messias | 3 décembre 2009
Thomas Messias | 3 décembre 2009

Quel point commun peut-on trouver entre Jim Jarmusch et Luc Besson ? Le style ? La coupe de cheveux ? Le succès critique ? Le nombre d'entrées au box-office ? Non. Simplement la date de sortie de leur dernière réalisation en date : à ma gauche, The limits of control, à ma droite, Arthur et la vengeance de Maltazard, deux films dont seul le rythme est voisin. À cette occasion, nous avons décidé d'opposer les filmographies de ces deux quinquas légèrement différents l'un de l'autre.

 

Permanent vacation (1980)

Le film de fin d'études de Jim Jarmusch est peut-être son film le plus lent : une simple divagation dans le monde des artistes fauchés. Pour la petite histoire, son tuteur Nicholas Ray trouvait le scénario trop pauvre en action, ce qui poussa Jarmusch à réécrire un nouveau script... encore moins riche en évènements. Le film pose les bases du cinéma de Jarmusch, dans une version cependant trop brouillon pour être réellement mémorable. (3/5)

 

 

Le dernier combat (1983)

Attention, auteur underground en devenir : avec Le dernier combat, Luc Besson fait preuve d'une exigence de fer doublée d'un savoir-faire hors pair. Composant idéalement avec les contraintes budgétaires et autres, il livre un film d'anticipation ambitieux sur tous les plans,où le travail du son et de l'image peuvant laisser pantois. Un essai jamais vraiment transformé. (3,5/5)

 

 


 

 

 

Stranger than paradise (1984)

Caméra d'Or à Cannes, le premier "vrai" Jarmusch est une histoire d'exil, en noir et blanc, où les identités et les langages se mélangent. Tiens donc ? D'une simplicité désarmante, d'une beauté absolue, Stranger than paradise est de ces films qui ont marqué durablement le cinéma indépendant américain. Et tant pis s'il fut copié, encore et encore, pendant un quart de siècle... (4,5/5)

 

 


 

 

 

Subway (1985)

Dès son deuxième film, Besson passe à une dimension supérieure en terme de casting et de moyens. En résulte un film kitchissime, traversé de fulgurances et de grands moments de solitude, et magnifié par la surréaliste prestation d'un Christophe Lambert peroxydé et légèrement atteint. Aujourd'hui, le film a pris un tel coup de vieux qu'il devient bien difficile de le regarder sans sourire d'un bout à l'autre. (2,5/5)

 

 

Down by law (1986)

Plus animé, plus noir, Down by law est cependant un pur prolongement de Stranger than paradis, le picaresque en sus. L'incoyable trio Lurie / Waits / Benigni, en prison ou à l'extérieur, est à l'origine d'un nombre incalculable de scènes cultes, bouleversantes ou hilarantes. « I scream, we scream, you scream for an ice cream ». Absolument culte. (4/5)

 

 


 

 

 

Le grand bleu (1988)

Le film le plus cuculte de Besson, qui fit pleurer de nombreux spectateurs et en emmerda plus d'un. Sans doute son film le plus sincère, même si chez le réalisateur la sincérité s'accompagne toujours d'une bonne grosse dose de naïveté dégoulinante. En version courte ou longue, ce Grand bleu reste qu'on le veuille ou non l'un des films phares du cinéma français des années 80. (3/5)

 

 


 

 

Mystery train (1989)

Retour de Jarmusch dans le monde de la couleur et première incursion dans l'univers du film segmenté. C'est-à-dire à sketches, mais pas tout à fait. Il croise et recroise les trajectoires d'une poignée de personnages venus se poser pour un temps dans un hôtel de Memphis. L'ombre d'Elvis plane sur cette oeuvre mélancolique, chorale sans en avoir l'air, moins immédiatement aimable mais aussi délicieuse que les précédents films du monsieur. (3,5/5)

 

 


 

 

Nikita (1990)

Un vrai film de genre, froid, violent et d'une noirceur folle, où Besson reste suffisamment à distance de son sujet (c'est rare chez lui) pour ne pas créer l'agacement. Dans le rôle de cette pauvre fille promue tueuse, Anne Parillaud fait des ravages... (3/5)
 
 

 

 

 

Night on Earth (1991)

Celui-ci est en revanche un véritable film à sketches autour de quelques chauffeurs de taxis du monde entier. Bien qu'extrêmement sympathique, Night on Earth est malheureusement un film trop long et hétérogène pour réellement convaincre. (3/5)

 

 

Atlantis (1991)

Parce que Le grand bleu, parce ses parents furent profs de plongée, Besson renoue avec les fonds marins pour ce doc sans acteurs ni paroles. Ce qui peut parfois constituer un avantage certain. (2,5/5)

 

 

Léon (1994)

Encore un film décliné en version courte et version longue pour Besson, qui part traîner son attachant du tueur du côté des States. L'histoire d'amour avec la jeune Matilda (Natalie Portman, mimi) est d'une mièvrerie à toute épreuve, le grand méchant incarné par Gary Oldman est si cabotin qu'il n'effraie personne... Mais besson a fait pire, soyons indulgents. (3/5)
 
 

 

 

 

Dead man (1995)

Sur la pente descendante bien que toujours aussi apprécié, Jarmusch revient au noir et blanc avec ce lent et magnifique poème visuel, western crépusculaire et existentiel, dont la splendide bande originale colle idéalement aux accrods tragiques. Presque trop évident dans le rôle de William Blake, Johnny Depp n'en est pas moins admirable, entouré par le plus beau casting de gueules que l'on ait vu depuis bien longtemps. (4/5)

 

 

 

 

 

Le cinquième élément (1997)

Bruce Willis, Moebius, des taxis volants, la fin du monde... Besson revoit ses ambitions à la hausse pour ce film tiré d'un script qu'il avait écrit lors de son adolescence. Et ça se sent : visuellement original, Le cinquième élément ne décolle jamais tout à fait par la faute d'un humour de fond de tiroir, d'un manque de rythme évident et d'une naïveté à s'arracher les cheveux. (2,5/5)

 

 


 

 

 

Year of the horse (1997)

Jarmusch suit Neil Young en tournée ; et nous, très honnêtement, on n'a pas vu le film. Inexcusables.

 

 

Jeanne d'Arc (1999)

Virage inattendu pour Luc Besson, qui s'intéresse à Jeanne d'Arc, la fait jouer par Milla Jovovich, lui adjoint une conscience incarnée par Dustin Hoffman... En résulte une épopée surprenante mais pas franchement réussie, car aussi excessivement iconoclaste qu'hétérogène. Dix ans après, tout le monde semble en avoir oublié l'existence. (2,5/5)

 

 


 

 

 

Ghost dog, la voie du samouraï (1999)

Comme dans Dead man,  Jarmusch exploite la figure d'un homme solitaire, contraint de semer la mort autour de lui pour assurer sa propre survie. Forest Whitaker est un fabuleux tueur - samouraï, qui souffre du manque de communication l'amenant à ne pouvoir se faire comprendre que d'une gentille petite fille à laquelle il offre des glaces. Lent et beau, comme souvent chez JJ. (3,5/5)

 

 


 

 

 

Coffee and cigarettes (2003)

Sur la lancée de son court-métrage du même nom, Jarmusch compile des courts en noir et blanc, liés uniquement par le café, les clopes et les rencontres. La rencontre Tom Waits - Iggy Pop, les White Stripes sur les traces de Tesla, la guéguerre des acteurs Alfred Molina - Steve Coogan sont parmi les segments les plus réussis de ce film relativement homogène, d'une beauté plastique évidente. (3,5/5)

 

 

Angel-A (2004)

Besson. Jamel. Du noir et blanc. Pourquoi pas ? Parce que : entré depuis quelques temps dans sa période (toujours en cours) "j'écris dix scénarios par mois sur un coin de nappe", il brode une histoire improbable et dégoulinante, d'une stupidité ahurissante. En tentant de jouer les modestes, Besson s'est encore plus planté que d'habitude. (1,5/5)

 

 

 

Broken flowers (2005)

Le film le plus populaire de Jarmusch doit beaucoup à son acteur principal,  Bill Murray : sans lui, le film n'aurait sans doute pas eu le même goût. Nouveau road movie, nouveau film segmenté pour cette histoire d'un type rendant visite à ses anciennes conquêtes pour déterminer laquelle pourrait lui avoir donné un fils jusque là caché. Laconique, triste à mourir, mais toujours aussi jubilatoire. (4,5/5)

 

 


 

 

Arthur et les minimoys (2006)

Adaptant les maigrelets bouquins pour enfants dont il est l'auteur, Besson ouvre les hostilités avec ce film destiné aux moins de 8 ans. Les autres auront envie de lapider Freddie Highmore, de sauver Mia Farrow de cette galère, de mettre le feu au monde des insuppotables minimoys, et de retrouver le Besson d'antan, celui qui prenait quelques risques côté mise en scène. (2,5/5)

 

 

 

The limits of control (2009)

Jarmusch exploite à fond ses envies de répétition et de micro-variations, pour ce film sans scénario autour d'un homme débarquant en Espagne pour y rencontrer des gens aussi mutiques que lui dans l'optique d'un crime à perpétrer. Difficile de s'attacher à ce film d'une froideur absolue et d'une inactivité folle, dont le casting hype et la mise en scène chiadée sont les principaux atouts. (3/5)

 

 


 

 

Arthur et la vengeance de Maltazard (2009)

 Il avait pourtant juré qu'il arrêterait après 10 films ; mais la boulimie filmique de Besson est trop forte, et le revoici avec cet épisode de transition d'une vacuité exceptionnelle et d'une paresse démesurée. Zéro ambition, zéro neurone, rien qui vaille la peine d'aller perdre une heure et demie dans ce qui est peut-être le plus mauvais film de son auteur. (1,5/5)

 

 



 

Moyenne/Résultat
 

 

Jim Jarmusch :  3,65/5

 

Luc Besson : 2,53/5
 
 
 
Vainqueur : Jim Jarmusch
 
 

 

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