Michael Moore à l'assaut du capitalisme

Pierre-Loup Docteur | 23 novembre 2009
Pierre-Loup Docteur | 23 novembre 2009

Depuis une dizaine années, Michael Moore est l'une des figures emblématiques du documentaire américain engagé et militant. Tel David contre Goliath, il se confronte dans tous ses films aux sujets les plus sensibles : le port d'armes et ses tragiques conséquences dans Bowling For Columbine, la politique de George W. Bush suite aux attentats du 11 septembre dans Fahrenheit 9/11 ou le déplorable système de santé en vigueur aux Etats-Unis dans Sicko. Dès ses débuts, Michael Moore se place du côté du peuple américain et interroge entre autres ceux à qui la parole n'est jamais donnée. Cette semaine, il revient avec Capitalism : A love story, pamphlet contre le modèle capitalisme dans un contexte de crise. Le film a été présenté en septembre à la 66ème Mostra de Venise, et lors de la conférence de presse suivant la projection, Michael Moore continuait à défendre les sujets qui lui tiennent à cœur.

 

 

Moore travaille depuis de nombreuses années sur son nouveau film, ironiquement intitulé Capitalisme : A love sotry, et il déclare l'avoir pensé comme si c'était le dernier documentaire qu'il tournait : « Je me suis demandé de quoi voudrais-je parler si ce devait être mon dernier film. » Ce sont les inégalités de plus en plus flagrantes provoquées par le modèle capitaliste qui l'ont donc poussé à s'attaquer à Wall Street et à ses plus hauts dirigeants, « qui ont détruit la structure industrielle des Etats-Unis pour faire d'énormes bénéfices ». « Les gens de Wall Street ont utilisé notre argent pour le placer sur d'invraisemblables produits dérivés. La crise que nous connaissons aujourd'hui nous oblige à remettre en question ce fonctionnement et à proposer un nouveau modèle économique qui sera bénéfique à tous, qui génèrera de l'argent tout en créant des emplois... », estime Michael Moore.

Selon lui, « La démocratie ne se résume pas à un vote tous les deux ou quatre ans, il faut y participer continuellement pour mettre un terme à un système dans lequel les Américains qui travaillent dur voient leur vie ruinée par ceux qui ne pensent qu'aux profits de leurs sociétés. Avec mes films, j'espère donner une chance aux travailleurs victimes du capitalisme »

C'est cette croyance en un possible changement qui motive ses documentaires : « Je pense évidemment que tout est possible. Par exemple, si on m'avait demandé il y a trois ou quatre ans si je pensais qu'un afro-américain pourrait être élu Président des Etats-Unis aux prochaines élections, j'aurais répondu que non. Je suis continuellement surpris par des gens partout dans le monde qui font en sorte que l'impossible se produise : beaucoup de choses se sont passées au cours de ces vingt dernières années, car je crois que les gens peuvent se révolter, sans violence, pour défendre ce qu'ils croient juste. Combien de personnes avaient imaginé que le mur de Berlin tomberait ? »

 

 

Ce qui a changé aux Etats-Unis depuis son dernier film (Sicko, en 2007), c'est l'élection de Barack Obama le 4 novembre 2008, date qui marque pour Michael Moore le début d'une révolte pacifiste : « Des Américains se sont mobilisés, l'ont soutenu pour qu'il soit élu.  La démocratie est un événement auquel nous devons tous participer : il faut que nous soyons des citoyens actifs, et le Président Obama ne réussira que si nous lui manifestons notre soutien. »

Michael Moore est sur tous les champs de bataille, et son engagement politique, toujours revendiqué, fonde son cinéma. Cependant, il ne se voit pas jouer un autre rôle dans la vie politique de son pays : lorsqu'on lui demande s'il pense arrêter un jour le cinéma pour faire de la politique, voire devenir Président des Etats-Unis ou gouverneur d'un Etat comme Arnold Schwarzenegger, Michael Moore répond : « Non, je serais heureux de continuer à réaliser des films, à écrire des livres... Quand j'ai tourné Fahrenheit 9/11 en 2004, nous étions une minorité aux Etats-Unis à être opposé à Bush et à la guerre en Irak. Cinq ans plus tard, une grande partie des Américains avait changé d'avis et était d'accord avec moi : les choses peuvent changer. Et je veux continuer de faire des films engagés, sur des sujets par lesquels je me sens concerné, pour contribuer encore à ce changement. »

 

 

 

 

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