Nos films préférés sur le cinéma

Laurent Pécha | 28 octobre 2009
Laurent Pécha | 28 octobre 2009

On a fini par trouver une qualité à Cineman. Celle de nous offrir l'opportunité de vous parler de nos films préférés sur le cinéma. Le cinéma a toujours adoré parler de lui et contrairement au naufrage de Yann Moix, il a su souvent le faire avec maestria. Un choix difficile pour la rédaction d'Ecran Large puisque nous n'avions le droit que de sortir un film par rédacteur. Ce qui laisse sur le carreau, excusez du peu, Une étoile est née de George Cukor ou encore le Mullholand drive de David Lynch pour ne citer que deux des nombreux oublis majeurs de cette courte liste. Mais qu'importe puisque ceux qui sont mis à l'honneur dans les lignes qui suivent, sont tous des grands films, et la promesse de passer une soirée d'exception. Tant qu'ils existeront et feront des petits, on continuera à se dire que le cinéma est un endroit magique et merveilleux. Ce sont nos anti Cineman...

 

 

The Player de Robert Altman

 Charge gentiment féroce et iconoclaste sur le nouvel Hollywood et ses travers, The Player joue autant sur le registre du spectaculaire, avec son défilé de stars que sur de savoureuses anecdotes que l'on devinent être vraies (comme le fameux pitch en 25 mots estampillé Steven Spielberg). Film-gigogne qui dresse un portrait peu flatteur de la logique du tiroir-caisse et des apparences qui régentent le milieu du cinéma américain, The Player évite le côté donneur de leçon en se plaçant comme un divertissement fun et roublard, avec son côté enquête policière qui renvoie à la période glorieuse des Majors. Mais le côté artistique n'est en rien négligé, avec en ouverture ce plan-séquence illustrant un dialogue ...sur le plan-séquence , et des répliques devenues cultes, tel ce "Traffic was a bitch" que se renvoient en écho Tim Robbins et Bruce Willis.

Patrick Antona

 

 

Ed Wood de Tim Burton

Peut-être le meilleur film de Burton et certainement l'un des rôles les plus forts et audacieux de Johnny Depp (quand on regarde la platitude de son interprétation dans Public enemies... bref). Ed Wood est un film émouvant, incroyable, splendide et rappelle que le cinéma est avant tout une histoire de passions plus que de talents. Yann Moix en est la dernière preuve.

Didier Verdurand

 

Les Ensorcelés de Vincente Minnelli 

Hommage sublime au cinéma certes, le film de Minnelli est aussi est surtout une charge contre le système des Studios qui était devenu la norme omnipotente dans l'Hollywood de l'après-guerre. Avec le temps il est devenu le témoignage fidèle et onirique d'une époque certes révolue mais oh combien prégnante pour qui se targue d'aimer le 7ème Art. 

Sandy Gillet 

 

Boulevard du crépuscule de Billy Wilder

Billy Wilder livre le film le plus sincère qui ait été réalisé sur Hollywood, chef d'oeuvre dans la description pessimiste, mais lucide de cette cité des rêves (brisés pour la plupart). Wilder dénonce une industrie qui fabrique des vedettes à la chaîne, les transforme en monstres égocentrisme pour mieux les oublier ensuite. Et, dans le même temps, il célèbre avec tendresse la magie du cinéma Golden Age à travers Norma Desmond, des techniciens, des
maquilleuses, des figurants, toutes ces petites mains sans qui Hollywood ne serait rien. Enfin, il y a Gloria Swanson. Son incroyable présence entre dans l'histoire des compositions les plus mémorables du cinéma américain. ses colères frôlant la folie, sa détermination et son instabilité représentent à jamais l'image que l'on se fait d'une Diva. LE Monstre absolu. 

Julien Foussereau

 

  

Barton Fink de Joel Coen

Les films sur les problèmes de l'écriture de scénario ne sont pas légions mais ont souvent donné de bons films. Celui des frères Coen mélange savamment la comédie et le film noir, et offre à John Turturro un rôle sur mesure où la page blanche n'est pas seulement son pire cauchemar.

Flavien Bellevue

 

 

Star 80 de Bob Fosse

Plus qu'une mise en images voluptueuse d'un fait divers sordide ou un casting jouissif (Eric Roberts et Mariel Hemingway), Star 80 est aussi une parabole magnifique sur la quintessence et la supériorité de l'image sur la vie réelle. Jolie fille sans prétention, Dorothy se laisse convaincre par Paul de sa capacité à devenir une star. Femme fantasme, coquille vide, elle passe pourtant de playmate à jeune première du grand écran. Mais quand le cinéma, le vrai travail artistique lui donne enfin une personnalité et un sens, la réalité la rattrape... Aussi glauque que grandiose, un autre chef d'oeuvre de Bob Fosse.

Lucile Bellan

 

 

 

8 1/2 de Federico Fellini

D'autres avant le Maestro avaient apporté un regard sur l'univers impitoyable du cinéma, les affres de la création, ne serait-ce que Wilder avec Sunset Boulevard ou encore Minnelli et ses Ensorcelés. Mais Fellini explose ici touts les schémas préalablement établis en livrant une œuvre fondatrice, d'une complexité et d'une intelligence folles, où la mise en abyme débouche sur le « méta cinéma ». 8 ½ ou le film en train de se faire (et de se défaire).

Laurent Pécha

 

 

 

Chantons sous le pluie de Stanley Donen

Singin'in the rain est une comédie musicale pétillante et joyeuse qui donnerait à un mort l'envie de danser et de chanter. Mais c'est aussi un suberbe hommage au cinéma puisqu'au travers de scènes anthologiques qui manipulent les techniques filmiques,  le film raconte le bouleversement qu'a été pour cette industrie le passage du muet au parlant. Un chef d'oeuvre du cinéma sur le cinéma !

Thomas Douineau

 

 

La Nuit américaine de François Truffaut 

Peut-être la plus belle et délicieuse mise en abyme sur le cinéma. Il suffit de ce premier travelling pour que la fameuse « magie » opère. Sauf que François Truffaut (dé)montre qu'il s'agit avant tout d'un métier avec ses grandes décisions, ses petites mains... et ses femmes.

Vincent Julé

 

 
 
 
Last action hero de John McTiernan

Projet ayant trainé dans les cartons de Spielberg himself durant des années, Last Action Hero s'impose très vite comme une madeleine de Proust majestueuse: tour à tour hommage à un genre en pleine décrépitude et réflexion sur l'importance des rapports qui lient le Cinéma à son public, le métrage se révèle être une admirable et bouleversante déclaration d'amour à l'Art.

Florent Kretz 
 
 
 
 

La Rose pourpre du Caire de Woody Allen

La rose pourpre du Caire est l'inverse de Cinéman. D'abord par son principe - cette fois, c'est le héros du film qui sort de l'écran et envahit la vie de la spectatrice. Ensuite par le bonheur qu'il procure : le quatorzième film de Woody Allen est, lui, une véritable déclaration d'amour au septième art, montrant à quel point le cinéma est une affaire d'équilibristes mais à quel point le vie est belle lorsque le résultat est réussi. Mêlant l'éphémère et l'éternel, l'onirique et le réel, c'est de plus un complément parfait à un Stardust memories sorti 4 ans plus tôt, peinture aussi passionnée mais bien moins positive du petit monde du cinéma.

Thomas Messias

 

 

Le Mépris de Jean-Luc Godard

Réalisé en 1963, à une époque qui, pour beaucoup, signifiait la mort des grands studios américains ou italiens, et le renouvellement du cinéma hors des grands systèmes de production avec la Nouvelle Vague, Le Mépris est l'un des films sur le cinéma les plus aboutis. Très ancré dans son époque, Godard porte un regard sur le cinéma tel qu'il le vit et le voit et, sans se départir de sa modernité, il réalise ici un hommage puissant au cinéma classique en choisissant Fritz Lang dans son propre rôle pour adapter Homère, autre figure classique mais littéraire. Dans un technicolor sublime et étrange, à l'aide d'amples et lents mouvements de caméra il réalise ici un véritable manifeste en faveur de la politique des auteurs. Le cinéaste prime sur tout le reste ; les figures du scénariste, de la star et du producteur sont sans cesse mise à mal : faibles ou tyranniques, lâches ou perdus, s'avançant vers une mort irrémédiable où seul le réalisateur semble survivre. Le Mépris se clot sur cette image fabuleuse de Godard en arrière plan assistant Lang (passage de flambeau ?) sur la scène finale avec ce mot "Silence" puis "Silencio" terme clé qu'on entendra dans un autre merveilleux film sur le cinéma : Mulholland Drive.  

Nicolas Thys


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