Cinessone 11eme : palmarès, découvertes et verdict final.

Nicolas Thys | 28 octobre 2009
Nicolas Thys | 28 octobre 2009

Du  9 au 24 octobre a eu lieu la 11ème édition du festival du cinéma européen en Essonne organisé par l'association Cinessonne. Ce festival qui parvient à amener toujours plus de public d'édition en édition et un certain nombre de têtes d'affiche a proposé dans les 12 salles art et essai du département qui participent au déroulement de l'opération, une jolie palette de films longs ou courts et quelques événements particulièrement marquants.

 

 

Avec un jury emmené par des membres plutôt jeunes (Serge Bozon, Anna Novion, Toufan Manutcheri, Léo Soesanto et Miel Van Hoogenbemt) puisqu'un seul dépasse les 40 ans, on aurait pu s'attendre à un autre palmarès. Le résultat reste d'une banalité déconcertante surtout au vu des possibilités offertes par la très belle sélection du festival. Les votes se sont portés sur des films assez banals et dont le politiquement correct qui émane des histoires racontées cache un manque d'ambition désespérant. Des films qui se ressemblent, dénotent une légère fantaisie faussement poétique mais qui surtout respirent à plein nez le déjà vu ! Helen, My only sunshine, La Révélation, La Merditude des choses, même combat, même soucis exaspérant du 'psychologisme'...

 

Rien par contre pour Les Forêts et leur atmosphère macabre de l'animateur polonais Piotr Dumala qui délaisse ici ses premières amours pour une œuvre unique, d'une froide beauté et emprunte d'un pessimisme à couper le souffle que son esthétique sublime à chaque plan. Rien pour Ivul d'Andrew Kotting, l'un des cinéastes britanniques les plus originaux  du moment et qui offre ici une histoire d'une étrangeté peu commune. Idem pour Canine de Yorgos Lanthimos, preuve indéniable que le cinéma grec a encore beaucoup à offrir avec une sorte de conte contemporain original et absurde. Un seul espoir : que ces trois derniers films trouvent un distributeur en France !

 

 

Au rayon des découvertes les courts métrages remportent la donne haut la main avec une sélection officielle courageuse entremêlant fiction, documentaire et animation. Une fois encore les films primés, outre Birds get vertigo too, très beau documentaire de Sarah Cunningham sur un cirque ambulant, ne sont pas les meilleurs. On retiendra D'autant plus la très bonne tenue des films d'animation : du décapant Laska (Chick) de Michal Socha qui rappelle par moment quelques expérimentations de Viking Eggeling, au Thé noir de Serge Elissalde sur les métamorphoses d'un paranoïaque en passant par Je criais contre la vie ou pour elle de Virginie Keaton, aux graphismes et aux idées aussi poétiques que son titre. Au rayon fiction traditionnelle, Tulum du réalisateur croate Dalibor Matanic, déjà primé maintes fois pour ses précédents courts, à l'atmosphère envoutante et angoissante emporte nos suffrages.

 

 

Ce festival a également été l'occasion de voir du nouveau et de redécouvrir d'autres films. Rayon nouveauté la sélection parallèle Vent d'Est 02 a confronté de jeunes cinéastes polonais prometteurs et quelques jeunes réalisateurs français issus de la Femis ou de L'école Louis Lumière. Trois personnalités en résidence, la musicienne et vidéaste Lucile Chaufour, le réalisateur et scénariste Philippe Blasland et la productrice Anne-Dominique Toussaint, sont venus présenter des œuvres qui leur tiennent à cœur. Enfin l'animateur de génie Barry Purves, dont les films ont été édités en DVD, est venu présenter ses courts-métrages et faire une masterclass passionnante.

 

On retiendra enfin les films d'ouverture et de clôture du festival qui se répondent étrangement. D'un côté le nouveau film de Milos Forman qui, en association avec deux de ses fils, Petr et Matej, animateurs de marionnettes, a mis en scène et participé à la captation d'un opéra comique tchèque détonnant, d'une beauté à couper le souffle et extrêmement jouissif : A Walk Worthwhile. C'est un retour en république Tchèque pour le cinéaste qui avait fui le dictat communiste en 1968. De l'autre côté, pour la clôture, une seconde fiction où la musique joue un rôle primordial : Le Concert de Radu Mihaileanu. Réalisateur roumain venu en France pour fuir également la dictature de Ceausescu dans les années 1980, Mihaileanu a un style très fort et ses films sont aussi très souvent emprunts d'un tragi-comique qui touche au cœur.

 

 

Seul regret finalement, le manque de films venus d'Europe du Nord. A l'exception de la Finlande et de leur Moomin qu'on reverra avec plaisir et très bientôt en salles, la sélection fût bien maigre malgré une production souvent très bonne.

 

Palmarès Longs métrages :

Grand Prix du Festival Cinessonne
Helen de Christine Molloy et Joe Lawlor / Irlande

Prix Spécial du Jury
My Only Sunshine de Reha Erdem / Turquie-Grèce-Bulgarie

Prix d'interprétation féminine
KERRY FOX et ANAMARIA MARINCA
pour La Révélation de Hans-Christian Schmid / Allemagne

Prix d'interprétation masculine
KOEN DE GRAEVE et KENNETH VANBAEDAN
pour La Merditude des choses de Félix Van Groeningen / Belgique

Prix du Public
La Merditude des choses de Félix Van Groeningen / Belgique

Prix Etudiants
La Merditude des choses de Félix Van Groeningen / Belgique

 

Palmarès courts-métrages :

Grand Prix du conseil général de l'Essonne
La Balançoire de Christophe Hermans / Belgique

Prix spécial Lycéens
Yulia de Antoine Ardititti

Prix spécial Collégiens du court métrage
Yulia de Antoine Ardititti

Prix du Public du court métrage
Birds gets Vertigo too de Sarah Cunningham/France

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