Top horreur n°17 : La Fiancée de Frankenstein

Julien Dayssiols | 12 octobre 2009
Julien Dayssiols | 12 octobre 2009

Pour fêter le mois d'Halloween, la rédaction d'Ecran Large a pris son courage à deux mains et s'est lancée dans l'impossible : élire ses 31 meilleurs films d'horreur dans l'histoire du cinéma. Pour être le plus rigoureux possible, des règles ont été établies comme celle de ne pas avoir plus d'un film par cinéaste dans le classement final (sauf une exception mais chut on vous expliquera à la fin du mois pourquoi). 12 membres de la rédaction ont donc été invités à envoyer leur liste de leurs 40 films préférés. A partir de ces listes, on n'a gardé que les films cités plusieurs fois par chacun d'entre nous. On a alors resoumis la liste finale à un vote pour obtenir le classement final que nous allons vous faire découvrir quotidiennement jusqu'à la fameuse nuit d'Halloween qui révèlera le numéro 1 de la rédaction. Un éclairage par jour durant 31 jours sur des incontournables du cinéma d'horreur.  


 

17- La Fiancée de Frankenstein (1935) de James Whale

 

 

Jean-Noël Nicolau :   

Inévitablement datée, mais historiquement essentiel. Certaines images sont devenues des icônes de la culture populaire du 20e et du 21e siècle.  

Laurent Pécha :

L'une des meilleures suites de l'histoire du cinéma. LE film de monstre par excellence qui inspire tous les cinéastes du genre depuis près de 75 ans !  

 

 

On considère d’ordinaire que le genre de l’horreur est né quasi simultanément avec le cinéma lui-même. Avant même le début du vingtième siècle, Georges Méliès réalisait ainsi  des films comme le Manoir du diable ou La Caverne Maudite . Le flambeau était repris vingt années plus tard avec le cinéma expressionniste allemand, dont Nosferatu le vampire est le meilleur représentant.  C’est pourtant dans les années 30 que l’horreur au cinéma devient véritablement un genre à part entière, grâce au travail formidable d’une maison de production, Universal, qui n’était alors pas aussi puissante qu’aujourd’hui. Leurs fameux « Universal Monsters » allaient révolutionner le genre de l’horreur, et les films cultes naissaient les uns après les autres. En 1931, avec Frankenstein, Universal découvre la formule secrète pour un succès international, notamment grâce à la performance de Boris Karloff, l’interprète du monstre le plus incompris de l’histoire du cinéma.

Le succès est tel qu’Universal imagine une suite immédiate au film, que sera La Fiancée de Frankenstein, réalisé par James Whale en 1935. N’ayons pas peur des mots, La Fiancée de Frankenstein est LE bijou de cette période dorée du film d’horreur. Tout ne paraissait pas gagné d’avance, pourtant. D’abord parce qu’au départ, le fondateur d’Universal, Carl Laemmle, qui s’était spécialisé dans le divertissement muet, ne croyait guère au potentiel de l’horreur. Il avait d’ailleurs vivement déconseillé à son fils, Carl Junior, de produire Dracula ou Frankenstein. Ensuite, ce dernier connu beaucoup de difficultés à convaincre James Whale de faire une suite. Fière de son Frankenstein,  James Whale avait pourtant à l’égard de son film une relation ambiguë : il aspirait désormais à la réalisation de grands mélodrames, à l’image de ce que faisait John Stahl, un des réalisateurs phares de cette époque. Mais qui se souvient de John Stahl aujourd’hui ?

Finalement, James Whale céda, mais imposait ses conditions au préalable. Pour Carl Laemmle, James Whale était le seul réalisateur qui pouvait offrir à Universal de devenir un studio aussi important que MGM ou Warner Bros. James Whale refusa plusieurs scénarios, et contribua largement à l’écriture de celui qui fut retenu en dernier. Le premier scénario était l’œuvre du réalisateur Robert Florey, qui aurait sans doute pris la place de Whale si celui-ci n’avait pas rempilé. Universal, qui a mis le paquet pour La Fiancée de Frankenstein, avait aussi engagé deux romanciers, Lawrence Blochman et Philip Macdonald,  qui proposèrent chacun un scénario finalement non-retenu. Le premier faisait vivre l’histoire dans une fête foraine où le monstre de Frankenstein finissait dévoré par des lions. Dans le scénario du second, l’action se passait dans le contexte d’une Europe menacée par la guerre. Henry Frankenstein avait alors inventé un rayon delta mortel, pour le bénéfice de la toute jeune Société des Nations. Par mégarde, le monstre était réanimé par l’action de ce rayon…

C’est finalement William Hurlut et John Balderston qui conçurent l’histoire de la Fiancée de Frankenstein. John Balderston était un scénariste d’horreur d’expérience, puisqu’il avait déjà contribué aux écritures de Frankenstein, du Dracula de Tod Browning, ou de La Momie de Karl Freund. La participation de William Hurlut était décisive dans la tournure du film entre fantaisie et humour. James Whale, enfin, eu une participation active à l’écriture du scénario. C’est lui qui eu l’idée du prologue mettant en scène les poètes Lord Byron, Percy Shelley et Mary Shelley, l’auteur de Frankenstein en 1818. James Whale voulait y montrer que même des êtres innocents pouvaient avoir des pensées diaboliques :  Lord Byron à Mary Shelley « Mais comment ce belle esprit a-t-il pu imaginer Frankenstein ? Un monstre créé à partir de cadavres provenant de tombes profanées ! »

La distribution a aussi été largement décidée par James Whale. Il s’est d’ailleurs battu pour que Elsa Lanchester ait le double rôle de Mary Shelley et de la fiancée de Frankenstein. Il tenait aussi à redonner le rôle d’Elisabeth, la fiancée du docteur Frankenstein, à Mae Clarke, présente dans le premier Frankenstein. Sa santé fragile l’obligea pourtant à un autre choix, celui de Valérie Hobson, dix-sept ans au moment du tournage. Boris Karloff était évidemment de l’aventure, et bénéficiait toujours des maquillages de Jack Pierce. Au cours du film, le maquillage du monstre est d’ailleurs changeant, guérissant de ses blessures au fil de la narration. Jack Pierce est peut être la véritable star du casting, et Elsa Lanchester se plaignait largement de ses caprices de diva ! Plusieurs suites suivirent La fiancée de Frankenstein, mais elles n’eurent jamais le succès des deux premiers films. Comme si la saga ne pouvait survivre au départ de James Whale. Pourtant, l’année dernière, Guillermo Del Toro a signé un contrat d’exclusivité avec Universal, qui le lie jusqu’en 2017. Quatres films sont au programme, dont un nouveau Frankenstein. A suivre…

 

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