Venise 2009 : Jour 9

Laurent Pécha | 10 septembre 2009
Laurent Pécha | 10 septembre 2009

« I feel good »

 

Pas de chronique tardive hier de El Mosafer (The Traveler) avec Omar Sharif. Mais non, je ne me suis pas endormi dans la salle. Juste une grande fatigue mentale à l'idée d'aller parler quelques minutes après la fin de la projection du film qui m'a le plus ennuyé de la compétition, jusqu'ici. On va peut être appeler ça poliment le choc des cultures cinématographiques, toujours est-il que la vie en trois actes, trois journées cruciales de Hassan dans L'egypte de 1948 à 2001, m'a laissé de marbre. Et pourtant, tout commence idylliquement. La magnifique voix de Omar Sharif (que l'on ne verra qu'au bout de 85 minutes) nous fait agréablement entrer dans l'histoire et la première partie offre le charme suranné des productions d'antan, permettant à Ahmed Maher pour son premier film de fiction, de jouer avec bonheur des décors volontairement marqués d'un paquebot. Malheureusement, tout se gâte avec la deuxième date, on a perdu pratiquement tous les personnages du premier acte et le style du film change radicalement. A jouer ainsi avec une telle rupture de ton, le cinéaste prend de gros risques et il perd son pari. Détaché d'un récit et surtout de protagonistes qui n'arrivent pas à créer une réelle empathie, le temps paraît figé et Omar Sharit a beau apporter une folie par l'excentricité de son personnage dans une dernière partie tout aussi longue, rien n'y fait et on subit les multiples fins de El Mosafer avec un sentiment gêné de ne pas être prêt à une telle vision cinématographique (2/5). Coup de fatigue ? Peut être mais les rares applaudissements dans la salle indiquent qu'on n'est pas tout seul. Petit soulagement !

 

 

 

 

Réveil très, très douloureux ce matin. Avant-dernier gurosan dans ma trousse de pharmacie, ça tombe bien, je pars demain. Nico qui vous a préparé une galerie portraits de stars en noir & blanc à tomber par terre, a veillé bien tard et continue à dormir comme un bébé (voulant rester en vie, j'arrêterai là la description mais j'envie miss M. de se lever tous les matins avec une telle image).

 

 

 

Le révéil est d'autant plus difficile quand on sait que le film projeté à 8h30 est le quatrième et dernier film italien de la compétition, La Doppia ora (The double hour). Mais une oeuvre qui va me maintenir bien éveillée tant elle a cette capacité agaçante à alterner le bon et le nettement moins bon. Commençant comme une histoire d'amour banale mais joliment filmée entre deux êtres abîmés par la vie, La Doppia ora change de direction quand l'un des deux amoureux meurt tragiquement, tué par un cambrioleur. On passe alors sur un film sur le deuil pour enchaîner sur la folie et puis sur la suspicion (le cambriolage était-il anodin ?,...). Bref, pour son premier long, Giuseppe Capotondi s'amuse à brouiller les cartes, manipule sans cesse le spectateur (ce que l'on voit, n'est pas forcement la réalité ou peut être que si). Le jeu peut être vite irritant surtout quand on n'est pas adepte du twist à outrance. Reste que les deux comédiens principaux et surtout Ksenia Rappoport, d'une belle justesse, parviennent à faire naître une vraie compassion pour ce qui n'est au final qu'une drôle d'histoire maudite. Pour eux avant tout, on adhère gentiment le temps de la projection. (2,5/5).

 

 


 

Les projections s'enchaînent ce jeudi puisqu'une heure plus tard, on se retrouve dans la même salle pour le nouveau film de Fatih Akin, Soul kitchen. L'impression est toutefois tout autre comme le prouvent les tonnerres d'applaudissements à la fin de 100 minutes enthousiasmantes. La plus longue, et de loin, ovation du festival laissant présager que Akin ne repartira pas bredouille samedi de la Mostra. Il faut dire qu'au coeur d'un festival où les films sérieux se sont enchaînés, Soul kitchen arrive à point nommé (sa programmation à ce stade de la compétition est-elle le fruit du hasard ?). C'est le « feel good movie » par excellence. Une véritable bouffée d'oxygène qui donne une vraie pêche. C'est la vraie comédie que tout le monde attendait. Les mésaventures de ce propriétaire d'un restaurant des plus singuliers en plein dilemme (copine partie à Shanghai, frère en prison faisant appel à sa générosité, affaire en délicatesse suite à une réorientation délicate dans la carte des menus,...) sont sources de gags réjouissants. Acteurs qui s'en donnent à coeur joie, mise en scène inventive (on n'est pas dans la comédie plan-plan), profusion souvent désopilante d'obstacles au bonheur de notre héros, Akin garde les bonnes cartes jusqu'au bout, surfant avec bonheur sur la prévisibilité d'un tel récit et donne un baume au coeur que l'on garde précieusement à la sortie de la salle. Carton assuré ! (4/5).

 

La suite dans quelques heures car j'ai le papa des Gremlins qui m'attend en table ronde. Joe, here I come !

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