Venise 2009 : Jour 8

Laurent Pécha | 9 septembre 2009
Laurent Pécha | 9 septembre 2009

Journée longue à la Mostra aka la peur de rater le Lion d'Or.

 

Je vous avais laissé pour aller voir les zombies de George. Vous savez désormais grâce à ceci que le papa des Dead n'est plus que l'ombre de lui-même. Un peu triste sur le coup, je me fais violence (il est 22 heures et la fatigue et faim sont depuis longtemps là) et je vais voir le dernier film de la compétition programmée ce 8 septembre, Women without men (Zanan bedoone mardan). Un film iranien (co-production allemande, française et autrichienne pour être exact) sur le destin de quatre femmes sur fond de coup d'Etat iranien en 1953, à une heure aussi tardive, sûr que je vais piquer du nez, je me dis. Après un début pour le moins ardu, le charme opère pourtant, grâce notamment à un esthétisme épatant. La reconstitution d'époque est admirable, le cadre souvent magnifique (superbe photographie qui joue entre des plans désaturés, presque sépia et des séquences vivement colorées) et l'histoire se met doucement en place. On se familiarise avec ces quatre femmes (les actrices méritent tous les éloges) tentant de s'affirmer dans un monde dominé par les hommes et la réalisatrice parvient avec une réelle habilité à mixer la petite et la grande Histoire. Elle s'offre aussi quelques moments de rêverie stupéfiants où le travail graphique atteint son apogée et a le grand mérite de ne pas faire durer abusivement son récit (3,5/5). 100 minutes seulement pour une histoire chorale et une révolution à mettre en images, y en a qui devraient prendre cela en exemple. J'ai dit Soderbergh et son Che ? Mais non, je ne l'ai pas dit !

 

  


 

Mercredi matin, je me lève bizarrement avec une facilité déconcertante à l'inverse du bon vieux Nico, qui a trop forcé sur le tapis rouge et autres places pour shooter de la star. Résultat, le bonhomme a dépassé son heure habituelle de dodo (qui je le rappelle n'excède pas le minuit) pour vous permettre d'admirer tous ces beaux clichés de fesses et autres décolletés qu'il a pris. Sans parler, messieurs dames (enfin surtout dames pour le cas) que vous avez sur Ecran Large l'unique photo de George Clooney débarquant du ponton du bateau puisque le roublard Nico avait soudoyé le garde du corps et était le seul paparazzi sur le quai à ce moment-là. Chapeau au rookie !

 

 


 

Bon, je reviens à moi, c'est ma chronique quand même, pas la sienne, de toute façon il passe son temps à prendre des photos et à boire au bar donc il n'aurait pas grand chose à raconter. Alors que moi, attention, je vais vous parler du cinéma italien. Alors, d'un coup, ça vous calme et vous êtes rivés à votre écran. Il fallait effectivement bien que cela arrive : après avoir réussi, sans le vouloir, à éviter les deux premiers films transalpins en compétition, je n'échappe pas à Il grande sogno. De toute façon, c'était ça ou revoir le Romero ! La vie étant trop courte pour perdre encore 100 minutes précieuses, je tente l'italien avec un bel espoir puisqu'il s'agit du nouveau film de Michele Placido, l'auteur du bon Romanzo Criminale. Bouais ! En grande partie autobiographique, le film décrit les amours de trois jeunes (deux garçons et une fille mais pas façon Jules et Jim) sur fond de révoltes étudiantes en 1968. On pense ici au film de Bertolucci, Innocents qui relataient le même genre d'histoire mais en France, mais Placido n'est pas aussi inspiré que son prestigieux aîné lorsqu'il s'agit de mettre en avant les aspiration amoureuses de ses protagonistes. Est-ce du à la pudeur de l'artiste qui se met à nu en évoquant ses souvenirs, toujours est-il que le cinéaste est plus convaincant quand il évoque les événements politiques et sociaux de l'époque. On assiste à une jolie reconstitution d'époque, gentille et propre toutefois, ce côté télévision Rai qui gangrène le cinéma italien depuis des années et on se laisse avec un bonne volonté guider par une troupe de comédiens (à leur tête le Riccardo Scamarcio de Eden à l'ouest) qui mette beaucoup d'eux mêmes pour transcender leurs personnages à la limite du convenu et du stéréotype. Séance suivante ! (3/5).

 

 


 

Pas une séance en fait puisque j'ai rendez-vous avec le père des zombies pour une interview éclair (6 minutes) où l'adorable et gigantesque cinéaste (Nico a bien eu du mal à nous shooter ensemble dans le même plan) se montre honnête sur le produit fini. Avec le sourire, il m'explique que son Survival est arrivé si vite pour la simple et bonne raison que le 5 a cartonné et qu'il fallait continuer sur la lancée. Le père des dead est un bon financier. Ca change quand on se rappelle à quel point il s'était fait enfler sur les droits de La Nuit des morts-vivants. Les temps changent, ses films de zombies aussi hélas. Tant mieux pour sa bourse ! Tant pis pour nos yeux de cinéphages !

 

 


 

Les interviews n'étaient pas finies aujourd'hui mais pas pour Ecran Large. Dans ma grande générosité (Julien, ma note est partie par mail tout à l'heure), j'ai rendu service à un ami et collègue et suis allé interviewer Antoine Fuqua, Wesley Snipes et Ethan Hawke. Du junket millimétré mais super à la bourre (les stars, ça dort plus que nous) qui m'a permis de discuter avec Eric, un des envoyés spéciaux d'allociné à Venise. Parler le français, ça fait du bien en plus !

 

Que retenir de passionnant de ces trois interviews : pour savoir qui pourrait jouer dans le Pablo Escobar de Fuqua, la news est ici. Pour les amoureux de Blade, Wesley aime beaucoup le personnage mais y a rien qui se décide pour le moment. Il attend une vraie et bonne histoire pour éventuellement rempiler. Pas le temps de lui faire avouer que le trois est une grosse bouse mais comme il ne me parle que des deux premiers, le message est passé. Concernant le Daybreakers des frères Spierig, Ethan Hawke est super enthousiaste. Il semble avoir adoré la collaboration avec les auteurs fous de Undead. Le comédien est notamment très content d'à nouveau évoluer dans un pur film de genre, ce qu'il n'avait pas fait depuis Explorers.

 

 

 

 

Ayant perdu le fil de ma journée à cause de ces stars jamais à l'heure, je retourne à la salle de presse. Trouvant un fauteuil de libre, un miracle à 15h, je décide d'écrire ma chronique que vous lisez. Par acquis de conscience, je demande sur msn à Jean-No s'il est d'accord avec moi sur le fait de faire l'impasse sur Repo chick, le nouveau film d'Alex Cox, précédé ici d'une réputation peu flatteuse. Quoi le réal de Walker !?!, s'écrie le Jean-no (enfin, c'est comme ça que je l'interprète à sa manière de s'exprimer sur msn). Ca peut le faire même s'il n'a rien fait de bien depuis 20 ans, me glisse mon ex-collègue vénitien. Allez, le doute est là et puis c'est au Palabiennale, la salle à l'autre bout du monde de la Mostra, ça va me faire de la marche et l'occasion de prendre une glace au passage. 50 minutes plus tard, je suis de retour devant mon écran, prêt à flinguer mon cher Jean-No. Imaginer une sorte de parodie branchée pas drôle, faussement déjantée, avec des acteurs surjouant à l'extrême et vous aurez une toute petite idée du supplice subi. Les fauteuils du Palabiennale étant inconfortables, impossible de dormir correctement. Et puis, il faut toujours, dans un festival, avoir un film où l'on se barre avant la fin. Ca, c'est fait ! Merci Jean-No ! (NDJN : de rien, ça fait toujours plaisir) (1/5)

 

Et maintenant, je pars voir le Omar Sharif dans un film égyptien de plus de deux heures, l'esprit complètement ouvert. Verdict dans quelques heures...si c'est pas le cas, appelez les gens de la Mostra pour leur dire qu'il y a un guignol de journaliste français qui dort dans la salla Darsena. Merci pour moi !

 

En bonus, quelques photos primesautières pour relever le niveau de la chronique. Cliquez sur celles-ci pour en goûter d'autres.

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