Notre Tarantino préféré
Pour la sortie de Django unchained ce mercredi 16 janvier, Ecran Large rend hommage à Quentin Tarantino en recyclant un vieux dossier (publié à l'époque de la sortie de Inglourious basterds) et en le modernisant avec les participations des membres de la rédaction qui sont arrivés entre temps. Soit un paquet de jeunes femmes. C'est Quentin qui serait content !
Si à l'époque, c'était Pulp fiction et Jackie Brown qui menaient la danse dans nos films préférés du cinéaste, la donne a changé presque 4 ans plus tard puisque ce sont tous ses autres films qui sont, au moins, cités deux fois. L'avantage : tous les films de Tarantino ont désormais le droit à un coup de projecteur. Découvrez notre sélection en détails ci-dessous.
Aude Boutillon : Reservoir Dogs
Perrine Quennesson : Boulevard de la mort
Même si Tarantino lui-même le considère comme son moins bon film et qu’il ne s’agit d’ailleurs pas de son meilleur, il fallait faire un choix. Et dire quel film de Quentin Tarantino est supérieur aux autres revient, pour moi, à me demander qui je préfère entre mon père et ma mère. Il me fallait donc une autre raison : Boulevard de la mort a été une prise de conscience. Si dans Inglourious basterds et Django unchained, il est clair que QT venge les opprimés de l’histoire en réalisant leurs fantasmes, ça l’est moins sur ses films précédents. Et pourtant, de Reservoir Dogs à Boulevard de la mort, Tarantino s’occupe du cas des femmes, êtres placés sous une dominance masculine depuis toujours. Au fur et à mesure de ses longs-métrages (jusqu’à Boulevard de la mort), il affirme l’égalité de la femme (voire sa supériorité) en partant d’une situation où elle n’existe pas (juste mentionnée), puis en lui faisant prendre de plus en plus de place, jusqu’à supplanter l’image de l’homme dominateur par un coup de talon vengeur. Quentin, un misogyne ? Je ne crois pas non.
Damien Virgitti : Kill Bill - Volume 2
Nicolas Thys : Inglourious basterds
Parce que de film en film, Tarantino va de plus en plus loin dans l'horreur, l'absurde et repousse ses propres limites. Et cet opus est pour le moment le plus intense, s'amusant avec le cinéma Bis pour en faire quelque chose de plus maîtrisé mais tout en gardant en tête les parties les plus caricaturales et les plus fortes de ce genre de film. Les acteurs, l'action, jusqu'au détournement de l'Histoire elle-même : tout flambe dans une débauche d'énormités totalement jubilatoire. Gros, gras mais terriblement bon !
Patrick Antona : Kill Bill Volume 1 et Kill Bill - Volume2 (les 2 sont indissociables)
Le cinéaste cinéphile par excellence, celui qui a réinventé le cinéma de genre dès son premier opus Reservoir Dogs, rend un superbe hommage, des plus respectueux et en rien servile, à ces genres nobles du cinéma que sont le kung-fu movie, le chambara et le western in fine dans cette saga vengeresque illuminée par une Uma Thurman portée au pinacle. Morceaux de bravoures, répliques ciselées, délires gore et moments de grâce se succèdent dans ce véritable opéra qui bouscule et enchante à la fois, et qui gardent toute leur « fraîcheur » malgré le nombre de visionnages que j’ai pu faire de ces deux merveilles de cinoche. Qui plus est, le plaisir immédiat en tant que spectateur est multiplié par celui du fan-film de base qui sait que la réussite de cette œuvre met un coup de projecteur positif sur des films que d’aucuns considéraient comme mineurs (Lady Snowblood, Le dernier face à face) et qu’autour de cela se recrée toute une dynamique de cinéma des plus salutaires. Un peu comme si, tel un nouveau Messie, Tarantino nous faisait redécouvrir la foi en un certain cinéma, foi que l’on ne peut plus abjurée sous peine de se prendre un bon coup de katana.
Mélissa Blanco : Boulevard de la mort
C'est parce qu'il arrête de se cacher derrière une ou plusieurs intrigues que Quentin Tarantino fait dans l'efficacité. Boulevard de la mort, ce projet fou devenu film à part entière, cet hommage sans limite au cinéma bis est aussi, à bien des égards, celui qui ressemble le plus à son réalisateur: simple et expéditif, aussi fun qu'expérimental. S'il va droit au but côté intrigue (un tueur en voiture pourchasse des jeunes filles), Quentin Tarantino livre pourtant son film le plus théorique. Deux films en un et un travail sur la répétition osé... pour un plaisir décuplé. Décomplexé, girly et burné !
Vincent Julé : Pulp Fiction
Parce que je fais attention quand je prends un dos d'âne en bagnole,
parce qu'à l'époque mon père a fait avance-rapide sur la scène de viol,
parce que t'as l'air toujours con quand tu veux imiter Travolta sur la
piste de danse mais tu peux pas t'en empêcher, parce que tu te surprends
des années après un soir où tu te fais chier à vouloir remettre le film
dans le bon sens, parce que maintenant j'ai peur des piqûres mais pas
de la drogue, parce qu'il est sorti au Canada sous le titre Fiction pulpeuse, parce que j'en peux plus d'entendre Misirlou, parce que Vincent Vega, c'est moi...
Sandy Gillet : Jackie Brown
Le plus mature, le moins tape à l'œil et celui qui en dit le maximum sur l'univers cinématographique du bonhomme (ses influences et sa façon de travailler). Dans l'absolu un must !
Stéphane Argentin : Kill Bill Vol 1
Véritable « movies digest » de Quentin Tarantino, Kill Bill Vol 1 est à ce jour le film le plus homogène, complet et jouissif du cinéaste.
Laurent Pécha : Inglourious basterds
Du point de vue pûrement jouissif, mon choix se porterait sur Kill Bill volume 1 à l'image d'une dernière demi-heure anthologique mais j'opte pour la fraicheur d'Inglourious basterds, extraordinaire déclaration d'amour à la toute puissance du cinéma par le plus cinéphiles d'entre tous les cinéastes.
Didier Verdurand : Reservoir dogs
Rien de plus jouissif qu'un premier film d'un futur « génie » du 7è Art. A l'époque, une claque instantanée. Depuis, personne n'ose dire à Tarantino de couper ses scènes de bavardage et c'est bien regrettable... Reservoir dogs dure 1h de moins que Inglourious basterds ! Certes on ne va pas juger un film sur sa durée mais il y a une frontière entre se faire plaisir et penser au spectateur. Visiblement, Tarantino s'en moque de plus en plus.