Evan Rachel Wood, le feu sous la grâce

Thomas Messias | 30 juin 2009
Thomas Messias | 30 juin 2009

Nicole Kidman, Al Pacino, Tommy Lee Jones, Edward Norton, Annette Bening, Holly Hunter, Kevin Costner, Michael Douglas, Uma Thurman, Mickey Rourke et quelques autres : à pas encore 22 ans, Evan Rachel Wood a déjà un beau tableau de chasse à son actif. Et on ne parle là que de sa vie professionnelle... À l'affiche cette semaine du Whatever works de Woody Allen aux côtés de Larry David, la jeune femme a su s'imposer en quelques années et une poignée de films comme une actrice qui compte.

 

 


 

 

Née en 1987 dans une famille d'acteurs, la jeune Evan Rachael Wood - le 'a' a sauté quelques années plus tard pour que le nom soit plus facilement prononçable à l'international) -n'attend pas longtemps pour commencer dans le métier : elle fait en effet ses débuts télévisés dans un téléfilm à l'âge de 7 ans. D'autres suivront, ainsi que quelques séries, avec notamment un rôle récurrent dans Profiler en 1998 et 1999. Et c'est parti pour le grand écran : Timothy Hutton - mais, si, vous savez, le jeune nageur déprimé de Des gens comme les autres - l'engage pour tenir le rôle principal de Digging to China, un gros mélo avec Kevin Bacon qui rapporte l'incroyable somme de 33.556 dollars rien qu'aux États-Unis. Pas étonnant que le film n'ait pas trouvé le chemin des salles françaises.

 

 


 

 

Ce ne sera heureusement pas le cas du film suivant, qui déboulera un peu partout sur la planète. Bien qu'assez médiocre, Les ensorceleuses fonctionne plutôt bien, et permet à la jeune fille de 11 ans de tourner avec Nicole Kidman et Sandra Bullock. Dommage que le réalisateur soit Griffin Dunne - mais si, vous savez, le type qui passe une sale nuit dans After hours et qui réalise régulièrement des mauvais films. En fait, c'est véritablement avec la série Deuxième chance (Once and again) que miss Wood se lance : dans les 3 saisons de ce soap, elle est la fille cadette du héros, qui découvre le difficile quotidien des familles recomposées. Si lasérie s'arrête en 2002 pour cause d'audiences insuffisantes, le charisme dégagé par la demoiselle n'échappe pas à quelques directeurs de casting.

 

 

 

 

 

À part deux apparitions dans des séries, Evan Rachel Wood se consacrera désormais au cinéma. Elle est la fille de Catherine Keener et Al Pacino dans S1m0ne, d'Andrew Niccol, et s'en tire plutôt bien aux côtés d'un monstre sacré du septième art. Mais c'est son rôle suivant qui la marquera à jamais et fera d'elle un très grand espoir : Katherine Hardwicke et son actrice-coscénariste Nikki Reed voient en elle l'image parfaite de Tracy Freeland, ado discrète qui va virer trashy-pouf au contact d'une nouvelle amie. Écrit en 6 jours, Thirteen est une jolie réussite, et on parle de Hardwicke comme du pendant féminin - et donc plus délicat - de Larry Clark. Précisons qu'on ignorait à l'époque qu'elle réaliserait La nativité et Twilight 1. Pardon, monsieur Clark.

 

 

 

 

 

Mais revenons à nos moutons : Thirteen est un bon film, et Wood y est parfaite car arrivant à rendre crédibles les deux facettes de son personnage. On croit dur comme fer à la teenageuse trop lisse et un peu tristoune ; et l'on croit plus encore à sa transformation physique et psychologique, parfaitement mise en scène par la réalisatrice. Cette prestation lui a sans nul doute ouvert beaucoup de portes.À commencer par celles des Disparues de Ron Howard, où elle interprète malheureusement le rôle-titre. Pas de bol qui plus est, puisque c'est à peu de chose près le plus gros bide du réalisateur.

 

 


 

 

 

Vient ensuite Pretty persuasion, comédie grinçante et adolescente dans laquelle elle est une meneuse d'opinion froide et sexy qui part en guerre contre un professeur. Le film ne sort à peu près nulle part mais semble sceller le genre de rôles qui lui seront confiés par la suite : sa pâleur diaphane et son regard déterminé en font l'interprète idéale pour tout personnage de fille intelligente, glaciale mais un peu salope sur les bords. C'est certes moyennement le cas dans Les bienfaits de la colère, comédie excellemment mal lunée de Mike Binder dans laquelle elle incarne l'une des filles de Joan Allen. Mais c'est bien plus vrai dans Down in the valley, film indé dans lequel elle fait perdre la tête à un Ed Norton se prenant pour un cow-boy.

 

 

 

 

Elle est ensuite à l'affiche du premier film de Ryan Murphy, créateur et superviseur de la série Nip/Tuck :  l'adaptation de Courir avec des ciseaux, best-seller autobiographique d'Augusten Burroughs. Un autoportrait sombre et délirant à la fois, où l'on en vient à détester le jeune Augusten qui résiste aux charmes de la demoiselle tout ça parce qu'il est gay. Comme si l'excuse était suffisante. Trêve de plaisanterie, elle est absolument magnifique - physiquement et artistiquement - dans ce beau film resté inexplicablement inédit en salles.

 

 


 

 

 

À cette époque, Evan Rachel Wood a 19 ans, et sa cote de popularité monte soudain en flèche. Pas pour un film ni pour une série, non : parce qu'elle est à la colle avec un certain Brian Hugh Warner, plus connu sous le nom de Marilyn Manson. Elle restera deux ans avec ce personnage inquiétant et fascinant, ce qui lui aura au moins permis de se faire une réputation de petite démonne pleine de vices et aimant particulièrement les bad guys. Ce qui peut être utile pour séduire bien des metteurs en scène. Ou peut-être que sortir avec Manson n'aura servi à rien.

 

 

 

 

Non, vraiment, inutile, ce Marilyn manson : il ne lui aura même pas conseillé d'éviter King of california, comédie sympathique mais poussive valant surtout pour le contre-emploi très fabriqué de Michael Douglas. Elle est quasiment la seule à injecter un peu d'énergie dans ce film qui se traîne et se traîne encore davantage jusqu'à la dernière bobine. Toujours aussi inutile, son rockeur d'amoureux ne l'a même pas empêchée d'aller tourner La vie devant ses yeux, sans doute son moins bon film à ce jour, dans lequel elle est absolument parfaite mais dont le scénario crétin réduit tout à néant. De plus, être à l'affiche d'un film avec Uma Thurman sans avoir rien ou presque à tourner avec elle, ça doit être frustrant, non ?

 

 


 

 

Pendant sa période Manson, Wood aura tout de même tourné un bon film : Across the universe, relecture façon Julie Taymor des chansons des Beatles. Coloré, inventif, hippie, le film bénéficie d'un casting juvénile mais percutant - seule le héros Jim Sturgess est un rien fadasse. Mais la suite est plus belle encore : dans The wrestler, elle est la fille de Randy "the ram" Robinson, catcheur déchu synonyme du come-back de Mickey Rourke. Le film est un sommet d'émotion, et elle y est sans nul doute pour quelque chose, contribuant à donner quelque chose d'inadit à des situations déjà vues mille fois sur le papier. Chapeau bas.

 

 


 

 

D'Aronofsky à Woody Allen il n'y a apparemment qu'un pas, que seul Hugh Jackman avait su franchir : la voici aujourd'hui dans Whatever works aux côtés de Larry David. Si le héros de Curb your enthusiasm y est le double de Woody, il n'est pas interdit de penser qu'elle est ici une sorte de Scarlett Johansson bis, moins populaire jusqu'ici mais aux capacités au moins aussi impressionnantes. Avec son regard assez acéré pour détruire n'importe quelle porte blindée, la jeune femme à tout pour être la représentante numéro 1 du feu sous la glace, l'une de ces dames qui d'une oeillade peuvent vous faire perdre les pédales ou pleurer comme une madeleine. Les années à venir nous le confirmeront sans doute.

 

 


 

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