10 grands scandales du Festival de Cannes

Jean-Noël Nicolau | 3 juin 2009
Jean-Noël Nicolau | 3 juin 2009

La présentation d'Antichrist de Lars Von Trier au dernier Festival de Cannes a été accompagnée d'une bonne petite polémique à l'ancienne. Images choc, sujet très discutable, acteurs de premier plan plongés dans la névrose d'un réalisateur célébré... Tout était réuni pour faire réagir la critique à grands coups de sifflets, de rires, mais aussi d'applaudissements. A la clef, un prix d'interprétation féminine. C'est loin d'être la première fois que cela arrive à Cannes, au contraire, c'est une tradition. Retour sur des scandales inoubliables qui ont secoué la Croisette.

 


 

Assez voisin du tollé Antichrist, celui qui suivit la projection de Crash de David Cronenberg en 1996. Sexe et bagnoles, perversions et accidents, chair et métal, le tout filmé avec austérité et toujours à la limite du grotesque. Idéal pour bousculer le train-train des festivaliers. Le président du jury, cet iconoclaste de Francis Ford Coppola, lui remis un Prix Spécial du Jury pour son originalité et son audace. Sifflets et hurlements à la clef dans la salle.

 

 

Retour de polémique en 1999, lorsque ce bon vieux David Cronenberg se retrouve au poste de président du jury. Comme un beau crachat sur les paillettes et les tapis rouges festifs, le réalisateur canadien offre un palmarès politique. Rosetta des frères Dardenne et L'Humanité de Bruno Dumont rafle les prix principaux en laissant l'assistance en état de choc.  L'histoire glauque d'une prolétaire arriviste et le triomphe d'acteurs amateurs, de quoi en avaler sa flûte à champagne. La polémique se poursuivit pendant des semaines, avant que l'on réalise que Cronenberg avait raison, les deux films sont des chefs-d'œuvre !

 

 

 

 

On a du mal à y croire aujourd'hui, mais en 1960, La Dolce Vita de Federico Fellini fut copieusement huée par les festivaliers. Le maestro italien réinvente son cinéma avec ce film très libre, dans ses thèmes et sa construction. La scène où la très gironde Anita Ekberg se baigne dans la fontaine de Trevi choqua, avant de devenir l'une des images les plus connues du 7e Art. Palme d'or à la clef, pas moins.

 

 

On a beaucoup parlé de La Grande bouffe pour défendre Antichrist. En effet, en 1973, Cannes bruisse de ce qui est peut-être son plus grand scandale. Avec sa critique sauvage de la société de consommation ainsi que du mode de vie « à la française », Marco Ferreri tape fort. Plongés dans les pets et les déjections diverses certains des plus grands acteurs de l'époque : Mastroianni, Noiret, Tognazzi et Piccoli. Les festivaliers sont écoeurés et révoltés.  Récompense ? Le Prix de la Critique Internationale, ex-aequo avec... La Maman et la putain de Jean Eustache, autre mémorable polémique, autre chef-d'œuvre.


 

 

Probablement la Palme la plus sifflée de l'histoire du Festival, Sous le soleil de Satan provoque une mini émeute lors de l'annonce du palmarès en 1987. Maurice Pialat, forte tête s'il en est, monte sur scène, reçoit son prix, lève le poing, et déclare : « Si vous ne m'aimez pas, je ne vous aime pas non plus ! ». La classe.

 

 

Moins polémique, la Palme attribuée à Pulp Fiction fut aussi assez houleuse. Co-présidents Clint Eastwood et Catherine Deneuve ne sont pas du tout sur la même longueur d'onde. Deneuve veut Nanni Moretti, Eastwood ne jure que par Tarantino. Le grand Clint l'emporte, mais la salle n'est pas totalement d'accord. En réponse, le bon Quentin fait un doigt d'honneur. Moins classe.

 

 

On l'oublie, mais avant d'être le triomphe que l'on sait, Le Grand bleu de Luc Besson avait été présenté hors compétition au Festival de Cannes 1988. Accueilli par les hués et les moqueries, le film fut éreinté par la majorité des critiques. Le divorce entre Besson et une bonne partie de la presse était consommé.

 

  

En 1997, le petit prodige Mathieu Kassovitz présente son ambitieux Assassin(s). Pour un assassinat, c'en est un, en règle, par la critique qui n'hésitera pas à qualifier l'œuvre de « pire film de l'histoire du cinéma français ». A la fois virtuose et naïf, Assassin(s) ne méritait sans doute pas un tel massacre.

 

 

Gaspar Noé est un provocateur, c'est la première étiquette qui vient à l'esprit lorsqu'on évoque son nom. Avec Irréversible, comme avec Antichrist, la polémique était annoncée, voire enflée, avant même la projection. Proportionnellement, le scandale ne fut pas à la hauteur de l'attente, même si le film secoua durablement ses spectateurs. Avec Soudain le vide, Noé n'a pas renouvelé le coup d'éclat, l'herbe lui ayant été coupée sous le pied par Von Trier.



 

Dans le genre narcissique et complaisant, Vincent Gallo fait très fort en 2003 avec son lénifiant Brown Bunny. En pleine vague des films « de désert » où des personnages errent sans but dans une torpeur menant toujours à la violence (Gerry, Twentynine Palms, Electroma...), Gallo pousse le bouchon trop loin sur la route du rien. Pour bien enfoncer le clou, l'œuvre culmine sur une copieuse fellation en plan séquence. Belle provoc qui fit son petit effet sans pour autant assurer un quelconque succès à l'œuvre. Car le coup d'éclat ne marche pas à chaque fois. Heureusement.

 

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