Miyazaki en 10 scènes

Ponyo sur la falaise est déjà un succès en salles, l'occasion de revenir sur l'oeuvre d'Hayao Miyazaki, qui comporte à présent 10 longs métrages. Une scène par film, pour dessiner un résumé de l'oeuvre du maître japonais. 

 

 

Le Château de Cagliostro - Le combat dans l'horloge

Par son dynamisme et sa folie, le duel final dans les rouages de la grande horloge du château est un morceau de bravoure qui représente idéalement le style Miyazaki dans ce qu'il a de plus percutant. Cela bondit dans tous les sens, le moindre élément du décor est animé et utilisé. De quoi faire tourner la tête, tout en étant parfait pour achever une œuvre menée tambour battant.

 

 

 

 

 

 

Nausicaä de la vallée du vent - La charge des Ohmus

Ne sont-ils pas dégoutants et effrayants les véritables héros de Nausicaä ? Insectes géants bourrés de mandibules et aux yeux menaçants, les Ohmus incarnent la colère irrépressible de la Nature. Comptez sur eux pour faire place net après l'Apocalypse, et rien ne pourra les arrêter, pas même le dernier géant destructeur. Sauf... Sauf peut-être le sacrifice d'une jeune fille aérienne... Spectaculaire et émouvante, la charge des Ohmus nous montre un Miyazaki à son plus intense.

 

 

 

 

 

 

Le Château dans le ciel - L'éveil du robot

Après une première partie dans la plus pure tradition du feuilleton d'aventures, à mi-chemin entre Jules Verne et Stevenson, Le Château dans le ciel bascule dans la science-fiction inquiétante avec la renaissance du robot protecteur tombé du ciel. Violente et destructrice, cette séquence rappelle un thème abordé par Miyazaki dans presque toutes ses œuvres : le monde de l'enfance confronté à l'effroi du monde des adultes. Le personnage du robot, muet, presque abstrait dans son apparence, est aussi l'un des plus émouvants de son œuvre.

 

 

 

 

 

 

Mon voisin Totoro - L'envol au clair de Lune

Pour son œuvre la plus tendre et la plus personnelle, Miyazaki soigne chacun des scènes avec une grâce incomparable. Difficile d'en extraire une en particulier, on pourrait choisir l'arrêt d'autobus, qui aura souvent incarné toute la filmographie du maître en une seule image iconique. Mais la séquence de l'envol au clair de Lune est toute aussi anthologique. Le gros Totoro emmène les deux fillettes pour une virée avec le vent. Toucher les étoiles, être ami des bons génies de la nature, oublier ses peines dans les rêves. Définitivement, tout Miyzaki est là.

 

 

 

 

 

 

Kiki la petite sorcière - Le sauvetage

Sous des dehors de film pour les plus petits, Kiki est une œuvre d'une rare intelligence sur le doute et le temps qui passe. La magie de l'enfance peut-elle durer toute la vie ? Comme avec Totoro, Miyazaki laisse planer le doute. Kiki ne parlera plus avec son chat Jiji, mais elle trouve au final la force de voler à nouveau pour sauver son ami. L'amour qui donne des ailes et triomphe de la déprime ? Qui a osé dire que Kiki était un film niais ?

 

 

 

 

 

 

Porco Rosso - Le cimetière volant

La tension entre dessin animé tout public et plus clairement adressé aux adultes trouve son juste point d'équilibre avec Porco Rosso. Riche en scènes burlesques, le plus aérien des films de Miyazaki réserve aussi des moments bouleversants car inattendus. Sans évoquer la fin déchirante, le flashback sur le cimetière des aviateurs demeure inoubliable. Comme une couronne céleste, tous les avions disparus encerclent la Terre en un ballet infini. L'idée du Paradis selon Miyazaki ? Non, plutôt l'une des visions des limbes les plus marquantes de l'histoire du cinéma.  

 

 

 

 

 

 

Princesse Mononoke - Le Dieu Cerf

L'œuvre la plus mature de l'auteur, qui perd ici le public des mômes pour rendre hommage à Kurosawa sous couvert du Fantastique écologique. D'une grande richesse, et peut-être aussi d'une grande froideur, Princesse Mononoke n'en demeure pas moins parsemé de visions fascinantes. L'être le plus impressionnant est bien sûr le Dieu Cerf, qui se dévoile peu à peu au fil du film. Sa toute première apparition, onirique, étincelante, au cœur de la forêt mystique, ne peut que laisser bouche bée.

 

 

 

 

 

 

Le Voyage de Chihiro - Le tramway des âmes

La plus étonnante (et aussi la plus célébrée) des œuvres de Miyazaki défie toujours les résumés et les descriptions. Débordant de niveau de lectures, capable de ravir aussi bien les plus blasés des cinéphiles que les fillettes de 10 ans, Le Voyage de Chihiro respire aussi une liberté de ton et de style qui ne cesse de surprendre. Pour preuve la longue pause contemplative dans le tramway des âmes. Au moment où l'histoire devrait s'accélérer, elle ralentit, au fil des stations, au rythme des arrêts. Les silhouettes fantomatiques montent et descendent sans un mot. Et Chihiro atteint la maturité, prête à retourner, transcendée, dans le monde réel. Le Alice au pays des merveilles japonais est signé Miyazaki. Forcément.

 

 

 

 

 

 

Le Château ambulant - La montée des escaliers

Un peu mal aimée, car moins surprenante que ses autres films, Le Château ambulant semble à présent une œuvre de transition dans l'univers de Miyazaki. Souvent spectaculaire, d'une grande beauté, bourré de détails, le film mérite pourtant d'être redécouvert. Nous en retiendrons, paradoxalement, l'une des scènes les plus discrètes, mais aussi les plus originales. Un amusant concours d'ascension d'escalier entre deux vieilles femmes. Qui arrivera en premier au sommet ? Et dans quel état ? Inattendu, joliment surréaliste et vraiment poétique.

 

 

 

 

 

 

Ponyo sur la falaise - La tempête

La Chevauchée des Walkyries chez Miyazaki se transforme en chevauchée de la fillette poisson. Insouciante et inconsciente, Ponyo entraîne les vagues-poissons dans une cavalcade de destruction heureusement inoffensive. On est bien loin de la colère du Dieu Cerf ou des Ohmus, ici tout est prétexte au jeu et à l'innocence. Le réalisateur revient au plus simple, au plus mignon. A l'essentiel ?