Deauville Asie 2009 - Jour 2 : Fireball

Vincent Julé | 14 mars 2009
Vincent Julé | 14 mars 2009
 La sélection Action Asia du festival du film asiatique de Deauville tient pour beaucoup du plaisir coupable. En gros, le festivalier accepte de s'asseoir devant quelques films de la Compétition pour mieux se donner bonne conscience à courir voir des mecs se foutre dessus pour des raisons toujours plus improbables. Et cette année, s'il y a un film qui tient le haut du panier (attention, jeu de mots), c'est bien Fireball... de son vrai tire FIIIIREEEBAAAAAALLLLL ! Mélangé sport occidental et art martial a beau être un concept aussi excitant sur le papier que foireux à l'écran, ce n'est pas une nouveauté. Stephen Show a déjà tâté du ballon avec son Shaolin Soccer, et pour ce qui nous intéresse ici à savoir le basket, Kung Fu Dunk n'avait même pas touché la balle. Pour l'adaptation live du jeu vidéo NBA Jam, il fallait donc attendre. Après Hong-Kong, la Thaïlande et ses Tony Jaa ont mis un sacré coup de pression au cinéma d'action. Avec Fireball, ils investissent à leur tour le terrain de sport.

 

 

Fireball de Thanakorn Pongsuwan (Thaïlande, 2008)

Résumé : Tai sort de prison et découvre que son frère jumeau est dans un coma profond depuis un an. Ce dernier avait été laissé pour mort lors de sa participation à un tournoi de Fireball, un jeu violent dérivé du basketball qui est organisé clandestinement par des bandes de criminels. Tai accepte d'intégrer l'équipe de Den afin de retrouver l'homme qui a brutalement blessé son frère.

 

Pas de « marcher », de « surface », de « faute » ou de « trois points » dans les matchs de Fireball. Tous les coups sont permis, surtout dans la gueule, et un seul panier suffit. Une fois ces non-règles comprises, le soi-disant sport dérivé du basketball ressemble à s'y méprendre à des partouzes de boxe thaï en cage. Et pourquoi pas ? Sauf que ces scènes d'action ont lieu hors-champ. En effet, Thanakorn Pongsuwan insiste sur le fait que le scénario prévaut sur la mise en scène, mais la vraie raison est qu'il est juste le réalisateur de Opapatika. Ce film présenté l'année dernière dans la même catégorie à Deauville mixait légendes thaï et super pouvoirs mais tenait surtout de l'aberration visuelle avec des noirs bouchés, un montage erratique, des cadrages illisibles... du grand art ! Avec Fireball, il confirme son style, la caméra n'est pas seulement portée, mais trimballée. Ce ne sont plus des plans, mais de stock shots. Le cadrage de chaque coup se fait hors champ. De fait, il y a tout un film qui reste à faire. Et pourtant... après un entrainement et une course poursuite, les yeux du spectateur ont pris le pli de cette déformation, et se dégage alors du film une énergie fatigante et désespérante. (2,5/5)

 

Thanakorn Pongsuwan

Les super héros dans Opapatika, le basket dans Fireball... diriez-vous que vous avez une influence ou un intérêt pour les Etats-Unis et leur culture ?

Effectivement, c'est une première façon de le voir. Mais si les héros de Opapatika et leurs super pouvoirs peuvent faire penser à des super héros, il s'agit en fait d'une histoire typiquement thaïlandaise, inspirée de légendes et de croyances typiques au pays.  Par contre, en effet, pour Fireball, l'idée était de faire le lien entre l'Orient et l'Occident, de prendre un sport américain mais un contexte thaï. De toute façon, il est difficile de ne pas être influencé par le cinéma américain, mais en gardant toujours en tête une identité personnelle.

 

Seriez-vous intéressé de partir aux Etats-Unis ? Avez-vous eu des propositions ?

Franchement, quel réalisateur refuserait une telle proposition ? Personnellement, je n'ai aucune raison de refuser, mais je veux aussi le faire dans certaines conditions : un budget conséquent, une bonne histoire, etc. Et puis, on parle des Etats-Unis, mais je suis aussi intéressé de travailler ailleurs. Des choses bougent, j'ai rencontré des producteurs, des studios, certains idées prennent le bon chemin, mais comme rien n'est encore officiel ou même abouti, je préfère rester prudent.

 

 

La Thaïlande est-elle la nouvelle promise du cinéma d'action après Hong Kong ?

Ce serait très présomptueux de se déclarer successeur des spécialistes du cinéma d'action après HK. Je réserve vraiment ce jugement aux autres, aux spectateurs et aux professionnels. Ce que nous essayons de faire, c'est d'apporter de la nouveauté et de faire de notre mieux. Et certains ont vu chez les thaïlandais un nouveau potentiel.

 

Quelle est alors votre originalité ?

La base du cinéma d'action thaï est la boxe thaï, et qui est mieux placé que nous pour en parler et le faire. A l'instar des hongkongais avec le kung fu. Mais encore une fois, je ne veux pas installer de hiérarchie entre le deux. Sinon, à mon niveau et dans mes films, je mets en avant le scénario, avec de nouvelles idées et de nouveaux sujets à traiter. La réalisation, l'action et les chorégraphies viennent après.

 

 

Avez-vous déjà de nouveaux projets ?

Je peux juste les évoquer, sans pour autant entrer dans les détails. Un deuxième Fireball est à l'étude. Et comme je suis intégré à Bangkok Films, il y a plein de projets qui se montent, mais on ne s'est pas encore à qui ils seront attribués. Une des volontés du studio est d'ailleurs de s'ouvrir au marché international. Plus personnellement, j'aimerais tenter autre chose que de l'action, peut-être de l'horreur ou du fantastique.

 

 
 
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