Dustin Hoffman : petit mais costaud

Thomas Messias | 4 mars 2009
Thomas Messias | 4 mars 2009

166 centimètres de bonheur : ainsi est Dustin Hoffman, acteur enthousiasmant et époustouflant, qu'il évolue dans des films respectables (il y en a un paquet dans sa filmographie) ou qu'il cachetonne dans tout et n'importe quoi. Voilà un artiste toujours agréable à suivre, en dépit d'une carrière un poil polluée par pas mal de films dispensables...

 

 


 

 

Après pas mal de théâtre et deux apparitions sur grand écran, les vrais débuts de Dustin Hoffman ont lieu dans un certain Lauréat. Il a déjà la trentaine quand Mike Nichols le repère sur les planches et lui offre le rôle de ce jeune diplômé séduit par une amie de ses parents, dont il va bientôt fréquenter la fille. Outre la démocratisation de la MILF et le triomphe du tube de Paul Simon & Art Garfunkel (« Coo coo ca-choo, Mrs. Robinson, Jesus loves you more than you wil know, wo-wo-wo »), la prestation du (pas si) jeune Dustin est l'un des éléments moteurs de ce film phénomène, qui ne révolutionne pas le septième art mais se trouve encore de nouveaux fans quarante ans après sa sortie. La petite bouille d'Hoffman fait fureur, et s'annoncent pour lui quelques années dorées.

 

 


 

 

1969 : Macadam cowboy lui vaut une deuxième nomination à l'Oscar du meilleur acteur. À 32 balais, excusez du peu (même si cette année-là Jon Voight et lui sont mis hors d'état de nuire par ce sacré John Wayne. 1971 : il tourne avec Arthur Penn dans le très beau Little big man. La même année, il rencontre également Sam Peckinpah, interprétant le rôle principal des amusants Chiens de paille. Les films-évènements s'enchaînent pour ce qui constitue la période la plus faste de sa carrière. Il n'y a qu'à voir la suite : après un mémorable second rôle dans Papillon aux côtés de Steve McQueen, l'année 1976 lui permettra de s'inscrire définitivement au panthéon des très grands avec Les hommes du président et Marathon man. Dans ce dernier, il révèle un potentiel physique vraiment impressionnant, faisant largement oublier sa petite taille.

 

 


 

 

Après cette série de films classieux et assez exigeants en dépit de leurs origines hollywoodiennes, Hoffman glisse progressivement vers un cinéma plus populaire. Ce n'est pas tout d'être régulièrement nommé aux Oscars (il l'a été une troisième fois, pour Lenny de Bob Fosse) : il lui faut la reconnaissance absolue du public, et pourquoi pas celle de ses pairs. Ce sera fait avec Kramer contre Kramer, chronique d'un divorce chaotique, qui lui vaut sa première statuette. Poursuivant sa campagne de séduction du public international, il campe une mémorable Tootsie devant la tendre caméra de Sydney Pollack.

 

 


 

 

Deux films plus confidentiels plus tard (le Mort d'un commis voyageur de Schlöndorff, tourné pour la télé, et le giga bide Ishtar), le revoici avec ce qui est sans doute son rôle le plus populaire, même si la concurrence est rude : l'autiste Raymond Babbitt de Rain man, son « Who is in first base » et ses surprenantes capacités mentales ont raison du public et de l'Académie, qui lui offre son deuxième Oscar sur un plateau (c'est bien connu, les handicapés de toutes sortes attirent les récompenses).

 

 


 

 

Après vingt années de faste pour l'acteur, la vingtaine suivante sera beaucoup moins brillante, et il devient beaucoup plus facile d'y faire du tri. Il est un fabuleux Marmonneux dans Dick Tracy, un capitaine Crochet haut en couleurs dans un Hook tièdement accueilli,un loser magnifique dans la récréation Héros malgré lui. Que du sympa, mais rien de grandiose. Convaincant dans Alerte, efficace divertissement bactériologique de Wolfgang Petersen, il pense ensuite retrouver le chemin des grands rôles en tournant dans American buffalo. Malheureusement pour lui, cette adaptation d'une pièce de David Mamet par Michael Corrente est non seulement un film creux et chiant, mais également un bide cosmique, même pas distribué en France (les curieux qui ont beaucoup de temps à perdre le trouveront à 1 euro symbolique dans tous les bacs miteux des supermarchés ou des brocanteurs).

 

 


 

 

La suite est en dents de scie : pour un bon film avec un Barry Levinson très prolifique ces années-là (Des hommes d'influence), il nous ennuie un peu dans Sleepers et beaucoup dans Sphere. Et a la malchance de tourner chez un Costa-Gavras dont ce n'est pas la meilleure période (Mad city). Finalement, Luc Besson lui offre l'excellent rôle de la conscience de Jeanne d'Arc, belle façon de clore des années 90 faisant tout de même regretter les seventies.

 

 

 

 

Le début du siècle suivant ne sera pas bien fameux pour Hoffman : Confidence, Le maître du jeu, une apparition dans Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire... Il faut croire que les impôts ont augmenté aux States. Heureusement, on le retrouve en père déjanté de Ben Stiller dans Mon beau-père, mes parents et moi, puis dans les repsectables Neverland et I ♥ Huckabees (film incompris mais tellement jouissif), dans un Parfum ne lui devant pas son échec à adapter Patrick Süskind, et dans les délirants L'incroyable destin de Harold Crick et Le merveilleux magasin de Monsieur Magorium (ouf). Rien que des films inégaux, ou en tout cas loin de faire l'unanimité,mais l'occasion pour Hoffman de se rappeler régulièrement au bon souvenir de ses fans des décennies antérieures.

 

 


 

 

Sans être révolutionnaire, Last chance for love  pourrait être l'occasion pour Hoffman d'assumer pleinement son âge avancé (eh ouais, 72 ans) et d'incarner enfin des personnages aussi vieux que lui, pouvant transmettre bien des choses aux générations qui suivent. En tant qu'acteur, il se voit également comme un passeur, son esprit étant encore suffisamment jeune pour lui permettre de donner beaucoup à des comédiens moins expérimentés mais rêvant forcément d'accomplir le dixième de ce qu'a pu faire Hoffman dans sa jeunesse.

 

 


 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.