Clint Eastwood, l'acteur

Vincent Julé | 24 février 2009
Vincent Julé | 24 février 2009

78 balais, 66 rôles au cinéma et à la télévision, 54 ans de carrière... des chiffres qui donnent le vertige, et pourtant Clint Eastwood est bien toujours là, à peine chancelant sur ses pieds de géant. Gran Torino est la dernière occasion de le voir sur grand écran, telle une dernière pierre qui permet d'avoir une meilleure vue d'ensemble du monument.

 

 

 

Né le 31 mai 1930 à San Francisco de parents travailleurs immigrés, Clint déménage souvent le long de la côte ouest au gré des boulots de son père. Une voie qu'il suivra, puisqu'à partir 18 ans, il travaille comme pompiste, pompier mais aussi pianiste de ragtime dans un bar. En 1950, il est embarqué pour la Corée par l'armée américaine, mais son avion se crashe au décollage et il échappe de près à la guerre. C'est au milieu des années 50 qu'il fait ses premières apparitions, et souvent non créditées, au cinéma dans la comédie Francis in the Navy, les Jack Arnold Tarantula et La revanche de la créature, le film de guerre Away all boats, les comédies Lady Godiva et Escapade au Japon ou son premier western La corde est prête. Inconnu, il décroche alors le rôle de sa vie, celui de Rowdy Yates dans la série télévisée Rawhide aux côtés d'Eric Fleming. Créée par Charles Marquis Warren à qui l'on doit aussi Gunsmoke (plus longue série de l'histoire avec Les Simpson), la série est basée sur son western Cattle Empire et connaîtra huit saisons de 1959 à 1966 sur la chaîne NBC. En France, la diffusion s'est faite sur Canal + à partir de 1986. Le nom de Clint Eastwood est maintenant connu à travers tous les Etats-Unis, mais à cette époque,  il n'apparaît que peu au cinéma avec juste  Ambush at Cimarron Pass et Lafayette Escadrille.

 

 

 

C'est alors qu'il invité à passer une audition pour le film Pour une poignée de dollars. A l'origine, Sergio Leone veut James Coburn pour jouer « l'homme sans nom », mais la production n'a pas les moyens de s'offrir une telle star de Hollywood. Suivent Charles Bronson, Ty Hardin et Richard Harrison, qui refusent. C'est ce dernier qui suggère le nom d'Eastwood et il dira plus tard qu'il s'agit peut-être là de sa plus grande contribution au cinéma. Clint créé son personnage lui-même en fouinant dans les friperies californiennes et débarque en Espagne sur le tournage, où l'équipe ne parle qu'italien. Leone dira qu'il aimait le style d'Eastwood, car il n'avait que deux expressions du visage, l'un avec le chapeau, l'une sans. L'acteur est alors embarqué dans une trilogie avec aussi Et pour quelques dollars de plus et Le bon, la brute et le truand, qui finissent de l'introniser comme une icône américaine. Le succès lui apporte d'autres rôles similaires avec en 1968 Quand les aigles attaquent, Pendez-les haut et court et surtout Un shérif à New York. En effet, avec ce film commence une longue collaboration avec le réalisateur Don Siegel. Sierra Torride, Les Proies, L'évadé d'Alcatraz et surtout L'inspecteur Harry.

 

 

 

Le flic antihéros, violent et macho, c'est maintenant lui et personne d'autre. La saga Dirty Harry comptera quatre suites, Magnum Force en 1973, L'inspecteur ne renonce jamais en 1976, Le retour de l'inspecteur Harry en 1983 et L'inspecteur Harry est la dernière cible en 1988. Mais Clint Eatswood essaie de varier les plaisirs. Fin des années 60, il joue dans la comédie musicale Kermesse à l'Ouest et est même envisagé en Double Face dans la série Batman avant son annulation. Début des années 70, il passe pour la première derrière la caméra, tout en restant devant, avec Un frisson dans la nuit. Il se donnera ainsi plusieurs grands rôles à sa mesure, avec Josey Wales hors la loi, L'épreuve de force, Bronco Billy et même un Dirty Harry... des films où il forme un duo de choc avec Sondra Locke qu'il retrouve aussi dans le dityque Doux, dur et dingue et Ça va cogner. Mais il faut surtout citer Pale Rider, Impitoyable, Sur la route de Madison, Million Dollar Baby ou Gran Torino, et en vrac (façon de parler) La Sanction où il montre ses talents à l'escalade, Honkytonk Man avec on fils Kyle Firefox où il est l'arme absolue, Le maître de guerre où « Oui, Sergent, Oui ! », La relève où Charlie Sheen croit qu'il va lui succéder (ahahah), Chasseur blanc, cœur noir où il est John Huston rien de moins, etc.

 

 

 

Quand il se laisser diriger par d'autres Clint, ce n'est pas par n'importe qui : Le canardeur de Michael Cimino avec Jeff Bridges en 1974, L'évadé d'Alcatraz de Don Siegel en 1979, Pink Cadillac de Buddy Van Horn en 1989. Qui ? Buddy a longtemps été la doublure de Clint (et de Gregory Peck) et l'a dirigé aussi dans Ça va cogner et L'inspecteur Harry est la dernière cible. Le dernier à le faire tourner est Wolfgang Petersen pour Dans la ligne de mire en 1993. Depuis, l'acteur ne tournera que pour lui, et parfois sans lui. Il s'amusera quelques films avec ses amis et plus ou moins de réussite (Les pleins pouvoirs, Jugé coupable, Space Cowboys, Créance de sang), mais surtout, figure intemporelle du western et de Hollywood, Clint Eastwood va alors travailler et redéfinir son mythe et le cinéma qu'il représente. Cela donne des chefs d'oeuvre comme Impitoyable, Sur la route de Madison, Million Dollar Baby et plus que jamais Gran Torino. Sorti en janvier 2009 aux Etats-Unis, le film réalise le meilleur démarrage de sa carrière et après plusieurs semaines, engrange plus d'argent que n'importe quel autre de ses films sur le sol américain. Quel dernier tour de piste...

 


 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.