Tom Cruise, le professionnel

Thomas Messias | 27 janvier 2009
Thomas Messias | 27 janvier 2009

Il a bien fait de tailler dans son patronyme : Tom Cruise est né Thomas Cruise Mapother IV, mais cela aurait pris trop de place sur les affiches. Avant de devenir acteur, le petit Thomas (quel charmant prénom) se destinait plutôt à entrer dans les ordres, séduit par une année passée à 15 ans dans un monastère franciscain. Ensuite, comme un jeune américain sur deux, il envisage de se lancer dans une carrière de lutteur professionnel ; mais, comme un américain sur deux, une vilaine blessure au genou le pousse à réviser ses plans. Ni curé ni sportif, il n'a donc plus d'autre choix que de devenir acteur.

 

Alors en 1980, Cruise monte à New York (c'est la grande ville la plus proche de Syracuse, sa ville natale). C'est là qu'à l'âge de 18 ans il décroche ses premiers rôles, chez Franco Zeffirelli puis dans Taps, d'Harold Becker. Quelques rôles de petit minet plus tard, dont un dans Outsiders, il éxplosera avec un Risky business qui fit longtemps le bonheur des donzelles, diffusé deux fois par an sur TF1 après le grand film du dimanche. On n'arrêtera plus celui qui deviendra une bête de somme, un acteur plus pro tu meurs, un type méga sérieux dans ses choix de carrière mais un peu moins fiable côté vie privée.



 

Avec le recul, la carrière de Tom Cruise, c'est « seulement » une trentaine de films (des types comme Will Smith ou Jim Carrey en ont fait presque autant en quinze ans de moins) ; seulement, il n'y a pour ainsi dire rien à jeter. Non pas que tous soient d'incomparables chefs d'oeuvre, mais quasiment tous ont trouvé leur public et ont su s'imposer à plus ou moins court terme comme des oeuvres à fort potentiel. Pour Cruise, l'après Risky business se résume ainsi : Legend, Top gun, La couleur de l'argent, Cocktail, Rain man. Ceci n'est pas un best of de sa période 1985-1988, mais bien l'intégralité les films qu'il tourna pendant ce temps. Pour une raison ou pour une autre (des Oscars, un shaker, Scorsese...), chacun de ces films a marqué son époque. Ce qui prouve a quel point le bonhomme a su gérer sa carrière comme un as dès ses débuts.

 

 

 

Après une première nomination aux Oscars pour Né un 4 juillet (il sera également nommé pour Jerry Maguire et Magnolia mais repartira bredouille les trois fois), Cruise entre dans ce qui est sans doute sa période la moins intéressante, avec une série de gros divertissements sans vraie âme, de Jours de tonnerre à Horizons lointains. Mais le premier lui permet de rencontrer une certaine Nicole Kidman (avec laquelle il joue littéralement au docteur à l'écran), et le deuxième de tourner avec elle à nouveau. Ils s'épouseront en 1990. Le deuxième mariage de Cruise, qui avait convolé auparavant avec Mimi Rogers.

 

 

 

 

Le voilà ensuite qui court à perdre haleine pour échapper aux méchants dans La firme, sans doute la meilleur adaptation du laborieux John Grisham. Il croise ensuite la route de Brad Pitt (et de la jeune Kirsten Dunst) pour Entretien avec un vampire, adaptation fidèle du classique d'Anne Rice par Neil Jordan. Puis vient l'heure d'une nouvelle rencontre importante pour Cruise : l'agent Ethan Hunt, dévoué corps et âme au programme Mission : impossible, quitte à laisser sa vie privée de côté. Suivront trois films, trois succès commerciaux (surtout le deuxième), trois aventures bien différentes de par leur génèse et la diversité de leurs réalisateurs (Brian de Palma, John Woo puis J.J. Abrams). Le personnage de Hunt est l'occasion idéale pour que Cruise montre qu'il peut  jouer simultanément les gros braset les hommes fragiles : dans chaque épisode, il morfle plus que le James Bond d'avant Casino Royale, voyant son organisation imploser et ses proches menacés.

 

 

 

 

Jerry Maguire accroît sa popularité grâce à la patte du sous-estimé Cameron Crowe, avant qu'un Stanley K. ne vienne se mêler de sa carrière. Pour son dernier projet (qui se révèlera être vraiment son dernier projet), Kubrick souhaite engager un vrai couple pour incarner les époux Harford, héros d'Eyes wide shut. Ça aurait pu être le couple Basinger - Baldwin, mais finalement, ce seront Nicole Kidman et Tom Cruise qui seront choisis. Ils passeront près de deux ans de leur vie à tourner ce film qui fit tant parler, et qui au moment de sa sortie fut une petite déception en regard des attentes placées en lui, et encore décuplées par la fraîche disparition de Kubrick. Avec le recul, Eyes wide shut est une oeuvre à peu près aussi essentielle que les autres films du maître. Point final.

 

 

 

 

Un grand film, mais sans doute le début de la fin pour le couple, qui commence à battre de l'aile. Après 11 années de mariage, Kidman et Cruise se sépareront en 2001. Entre temps, il aura tourné M:I-2 et accepté, chose rare, un second rôle. Mais quel second rôle : celui de Frank T.J. Mackey, gourou new age qui illumine le Magnolia de Paul Thomas Anderson. On le sent désormais prêt à se lâcher, à expérimenter, à moins calculer... On a tort. Car à part une apparition savoureuse dans Austin Powers dans Goldmember, Cruise continue de tracer la routesans s'autoriser de digression. Il retrouve Cameron Crowe pour Vanilla sky, remake pop de l'Ouvre les yeux d'Amenabar, puis rencontre Spielberg, avec lequel il tourne l'ambitieux Minority report. Suivront Le dernier samouraï, plus gros succès d'Edward Zwick, et Collateral, plus gros succès de Michael Mann. Il n'y a pas de hasard.

 

 

 

Malgré les histoires le reliant fréquemment (et de façon certaine) à l'église de scientologie, Cruise continue d'étendre son emprise sur Hollywood. Avec La guerre des mondes et M:I:3,  il s'impose comme le champion du box-office américain, avec 6 films consécutifs au-delà des 100 millions de dollars. Une série qui s'interrompra brusquement avec le four de Lions et agneaux, suivi par un Walkyrie plus attirant pour le public mais encore en deça de ses résultats habituels. On ne se fait pas de souci pour Cruise, qui continue à mener sa barque d'une main de fer, tout comme il semble gérer sa vie de couple (il est désormais marié à Katie Holmes et papa d'une petite Suri), et ce malgré les railleries régulières des tabloids.

 


 

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