Ashutosh Gowariker

Marjolaine Gout | 30 novembre 2008
Marjolaine Gout | 30 novembre 2008

Le cinéma indien regorge d'un vivier considérable de réalisateurs talentueux et novateurs mais souvent méconnus en occident. Si certains ont réussi tant bien que mal à obtenir une visibilité en France, à l'instar de Sanjay Leela Bhansali avec la projection de Devdas à Cannes ou de Mani Ratnam avec la diffusion de Dil sé sur une chaîne hertzienne, d'autres doivent se contenter des rayonnages des magasins ou de brèves sorties en salles à l'instar de Santosh Sivan (The terrorist, Asoka), Nagesh Kukunoor (Dor, Iqbal), Madhur Bhandarkar (Chandni Bar, Page 3), Farah Khan (Om Shanti Om), Farhan Aktar (Dil Chahta hai, Lakshya), Karan Johar (KANK), Vidhu Vinod Chopra (Parinda, Mission Kashmir), Vishal Bharadwaj (Maqbool), M.F. Hussain (Meenaxi : Tale of 3 cities), Ram Gopal Varma (Satya, Company) ... et bien d'autres encore.

 

Ashutosh Gowariker se démarque de cet anonymat depuis le triomphe de son long-métrage Lagaan, remportant un succès de part et d'autre du globe, lors de sa sortie. Il rafle ainsi en Inde de nombreuses récompenses à différentes cérémonies : Filmfare Awards, Zee Cine Awards, International Indian Film Academy et surtout il obtient une nomination aux oscars !

Avec à son actif 5 films et un dernier en préparation, What's Your Raashee?, il compte à présent parmi les réalisateurs phares du cinéma.

 

Né le 15 février 1965, Ashutosh Gowariker est un réalisateur indien autodidacte. Durant ses études scientifiques, il s'intéresse puis se passionne pour les arts de la scène. Ayant terminé ses études, il se tourne donc naturellement vers une carrière d'acteur. Après des débuts sur Holi (1984) de Kethan Mehta, et de nombreux seconds rôles, il joue dans une production américaine West is West (1987) puis enchaîne des interprétations dans diverses séries télévisées où il croise Shah Rukh Khan qu'il retrouve sur Kabhi Haan Kabhi Naa en 1993. Cette même année, il passe à la réalisation.

 

Ashutosh Gowariker effectue donc ses premières armes comme réalisateur avec un exercice, celui du remake. Il adapte ainsi Body Double de Brian de Palma dans Pehle nasha (1993). En 1995, il dirige pour la première fois Aamir Khan dans Baazi. Mais le tournant de sa carrière s'opère avec Lagaan où il marque définitivement son empreinte en définissant ses thèmes de prédilection ensuite repris dans Swades et Jodhaa Akbar.

 

Ses films se présentent donc comme des divertissements grand public ayant pour fonction de mobiliser l'audience sur des sujets sociaux épineux. Il effectue ainsi des films à caractère social.  Eduquant à la fois, il pose les problèmes et propose des réponses face à l'adversité des différences de classes, de religions... Il prône ainsi la tolérance mais aussi le développement et l'épanouissement des sociétés autour d'un principe d'entraide. Ces films ont donc pour fonction de marquer les esprits. Un message s'en dégage : chacun peut contribuer à rendre le présent meilleur en ne restant pas spectateur mais en agissant. Exhortant à la réflexion et à l'engagement de la population indienne, des NRI, Ashutosh Gowariker réussit de même par ces thèmes universels à captiver, sensibiliser et inclure les esprits de toutes nations confondues.

 
 

Sa capacité à franchir les frontières et à conquérir un public mondial aux cultures diverses est la clef du succès de ses œuvres, depuis Lagaan. La force d'Ashutosh Gowariker passe ainsi par une mise en scène, proposant une narration sobre, empruntée à l'esthétique occidentale sans jamais se dénaturaliser. De même,  la musique d'ambiance de ses films souligne cet aspect universel en associant musique classique occidentale aux râgas (ensemble de « règles » régissant la construction mélodique de la musique classique indienne). Il a ainsi trouvé une formule adéquate où il fusionne ses références au cinéma américain, européen...à la dialectique du cinéma indien.

 

Parallèlement, à la mise en scène de longs-métrages, Mr Gowariker s'est essayé avec « couronnement » à la réalisation de publicités pour Coca-Cola. L'une d'elles met en scène brillamment, dans un petit village, Aamir Khan et Rajesh Vivek qui partageaient aussi des répliques dans Lagaan.

 

Si Ashutosh Gowariker est de nos jours un réalisateur notable c'est ainsi sans nul doute par sa réussite à créer un cinéma à la posologie et la prosodie universelles.

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