Watchmen se dévoile : on a vu 27 minutes

Damien Virgitti | 13 novembre 2008
Damien Virgitti | 13 novembre 2008

Le 13 novembre 2008 se tenait au Gaumont Marignan à Paris une présentation exceptionnelle de deux futurs blockbusters de l’année 2009 : le révolutionnaire film de super-héros Watchmen et la rafraîchissante préquelle de Star Trek. Pour l’occasion, leurs deux réalisateurs, Zack Snyder et JJ Abrams s’étaient déplacés pour commenter eux-même des scènes clés de leur film respectif.

 



 

Les cheveux hirsutes, barbu et vêtu d’un simple t-shirt, Zack Snyder est venu, épaulé de Dave Gibbons, dessinateur du comic-book d’origine, pour décrire ce film de super-héros d’un nouveau genre.

« Watchmen est un film sur un Batman rouillé, un Superman qui n’aime pas les gens et des méchants qui veulent instaurer la paix dans le monde » a-t-il expliqué à la presse.

Insistant encore sur la difficulté d’adapter l’imposant graphic novel d’Alan Moore et sa volonté de bien replacer l’histoire dans son contexte 80’s, le réalisateur du furieux péplum 300 s’est révélé moins emporté et passionné qu’on ne l’attendait, assez confus lorsqu’il devait parler des différents personnages du film. Heureusement les images de trois séquences phares du film ont ensuite parlé pour lui. Watchmen s'annonce sous les meilleurs auspices. Explications (attention, cet article contient forcement du spoiler donc pour ceux qui veulent rester vierges, allez faire un tour sur une autre page maintenant !) :

 

 

 

 

 

Extrait 1 : Scène d’ouverture et générique. Le meurtre du Comédien

 

Là où l'on pouvait penser que la séquence commencerait exactement comme la bd avec le badge ensanglanté, la première scène du film montre d’abord le Comédien vieillissant dans son appartement en train de regarder la télé : l’Amérique est en Guerre et l’ancienne URSS proche de lancer la bombe nucléaire. La caméra va même jusqu’à s’immiscer dans le bureau ovale pour voir le Président Nixon (Jon Voight méconnaissable) faire une déclaration sur l’état du pays.

 

Le contexte et les thèmes de la bd sont là. Ce reportage amène la question du positionnement de l’Amérique en tant que superpuissance avec ses superhéros et comment elle est perçue dans le monde. Mais la scène, entre plateaux télé et canapé du Comédien reste confuse et on ne comprend pas très bien où Zack Snyder veut nous mener.

 

S’ensuit le passage à tabac du Comédien par un assassin mystérieux. Comme prévu, Snyder filme ses combats à la manière de 300, avec ralentis et coups violents. Ce qui sauve la scène est une très belle musique des années 50, allant bien avec le discours de fin d’une époque dans cette mise à mort du superhéros. L’utilisation de la musique et des chansons sont d’ailleurs peut être l’une des forces du film tant elles ont été bien choisies pour coller à l’époque. Le peu que l'on voit de la prestation de Jeffrey Dean Morgan (interprète du Comédien) suffit à convaincre, surtout dans sa veine amer et de farceur résigné.

 

Le générique commence et dévoile l’histoire des Minutemen, les premiers superhéros, en même temps qu’il suit la véritable histoire des Etats Unis. Les superhéros sont kitsch à souhait dans leurs costumes et on retrouve avec fidélité des passages qui étaient juste décrits dans des extraits de journaux dans la bd. L’évolution de l’Amérique qui tue ses héros tout en entrant dans une époque plus sombre est bien retranscrite, le tout sur le « Times are changing » de Bob Dylan. Une entrée en matière fracassante qui laisse augurer du meilleur.

 

 

 

 

 

Extrait 2 : Le Dr Manhattan arrive sur Mars et se remémore son histoire

 

La scène la plus réussie. La séquence pourrait se suffire à elle-même. Sur une musique superbe qui rappelle les compositions intimistes de Philipp Glass, le Dr Manhattan se souvient de sa naissance, du temps où il était un homme amoureux, avant de se faire atomiser par une expérience ratée et de devenir un être omnipotent qui sert d’arme à l’Amérique, et qui ne peut plus que contempler l’absurdité du monde. Tout l’ensemble est poétique, onirique et arrive même à nous faire oublier les effets spéciaux encore inachevés du film. Le personnage est là, surpuissant, mais seul, idéal de justice, mais qui sombre dans la violence. La seule vue de corps humains désintégrés dans un bar justifie le R-Rated du film. Passé, présent et futur se mêlent admirablement bien et Snyder arrive même à retrouver la structure de la bd avec ces images qui se font écho comme la montre, grand symbole de l'horlogerie du monde. Si Zack Snyder réussit à aussi bien cerner les autres watchmen, nul doute que son film sera une immense réussite. Grande séquence !

 

 

 



 

Extrait 3 : Le Hibou et le Spectre Soyeux viennent libérer Rorschach

 

La séquence "Prison Break"  comme le lance le réalisateur. Juste avant, il a essayé de nous décrire comment le Hibou était impuissant sans son costume, multipliant les expressions drôlatiques telles que « unable to performe, can’t rise the occasion… », s’amusant lui-même de ces sous entendus foireux. Mais résultat, quand on voit Laurie enlacée dans les bras de Dan, devisant sur leur prochain exploit « more fun », on comprend bien que ces deux amants cherchent ce qui va exciter leur libido. Arrivés à la prison, nous avons droit à la scène d’action du film : les coups pleuvent, les ralentis se multiplient dans le pénitencier devenu fou. Des superhéros costumés se battent avec des vilains et c’est filmé façon Snyder. Un peu classique (déjà !) mais efficace. La modernisation de leur costume trouve sa place dans le film avec le Hibou qui se prend pour un vrai Batman et Laurie qui se révèle être une vraie dominatrice envers les méchants. La scène se termine par Rorschach (déguisé, bizarrement, mais est-ce une version pour ne pas nous dévoiler son identité tout de suite ?) qui torture Little Man dans les toilettes. Snyder tente de filmer la scène à travers le battement d’une porte, là où les dessins de Dave Gibbons ne montraient rien. A l’appréciation de chacun.

 

La scène se finit par un montage général de scènes déjà aperçues dans le récent trailer.

 

 

 

 

Ces 27 minutes sur un montage final qui devrait avoisiner le 2h40-2h30 (la director's cut  devrait faire 3h 05 et inclura The Tale of the Black Freighter) confirment ce qu’on savait déjà. Visuellement, le film est magnifique dans ses couleurs nocturnes et glaciales, mais Snyder manque encore un peu de subtilité quand il faut manier les différents niveaux de lecture. Il a en tout cas assez de matière pour s’exprimer et certaines scènes comme le récit de Dr Manhattan montrent que le film saura au moins imposer une vision crue et subversive des super-héros.Quant à savoir si la totalité pourra regarder dans les yeux le comic book d'Alan Moore, c'est une autre histoire. Mais depuis 11h 30 ce jeudi 13 novembre, on se prend à vraiment y croire. Réponse en mars 2009 !

 


 

 

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