Le cinéma sur les bancs de l'école

Thomas Messias | 24 septembre 2008
Thomas Messias | 24 septembre 2008

Zéro de conduite de Jean Vigo (1933)

Fameux ancêtre de tous les films se déroulant à l'école, le film du jeune Jean Vigo (mort à 29 ans d'une septicémie) organise la rébellion d'un groupe d'élèves d'un collège de Province, dans un esprit aussi anar que poétique. Soixante-quinze ans plus tard, peu de cinéastes ont fait aussi fort que ce condensé de rage d'à peine trois quarts d'heure, qui fut censuré en France jusqu'en 1946.

 

 

 

 

 

Goodbye mister Chips de Sam Wood (1939)

Goodbye mister Chips, c'est d'abord la performance hallucinante d'un acteur un peu oublié aujourd'hui : Robert Donat, qui obtint un Oscar pour avoir interprété la vie de cet enseignant anglais entre 24 et 83 ans (privant Clark Gable de la statuette qui lui tendait pourtant les bras pour son rôle de Rhett Butler). Situé à la fin du XIXème siècle, le film de Sam Wood est une comédie sentimentale et nostalgique qui dresse l'émouvant portrait d'un homme qui donna tout pour ce métier et ces enfants qu'il aimait tant.

 

 

Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque (1939)

À sa sortie, le film de Christian-Jaque a reçu le prix Jean-Vigo, fraîchement créé en l'honneur du cinéaste disparu. Pourtant, aussi prenant soit-il, il lui manque le vent de subversion qui emballait Zéro de conduite. Les disparus de Saint-Agil, c'est d'abord un suspense plutôt bien troussé et fleurant bon la craie et les parquets cirés des écoles d'autrefois. Le film a inspiré de nombreux réalisateurs, qui renouent régulièrement avec cette ambiance sympathiquement rétro quitte à tomber dans le « c'était mieux avant » cher notamment à Christophe Barratier et à ses Choristes.

 

 

 

 

 

La cage aux rossignols de Jean Dréville (1944)

Barratier, qui puisa encore davantage dans le film de Dréville, reprenant sa trame et son héros (nommé Clément Mathieu) pour construire Les choristes. Terriblement daté aujourd'hui, le film bénéficia à l'époque de la présence des petits chanteurs à la croix de bois pour interpréter les jeunes pensionnaires. Un énorme succès pour Jean Dréville et Noël-Noël, coscénariste et héros du film.

 

 

L'école buissonnière de Jean-Paul Le Chanois (1949)

La modernisation de l'enseignement est un sujet inusable, pour ne pas dire un marronnier. Le film de Le Chanois traite frontalement ce sujet, développant le conflit qui naît entre un nouvel instituteur adepte de méthodes modernes et les parents d'élèves mécontents. Visiblement pas du côté des rétrogrades, Le Chanois fait du personnage principal incarné par Bernard Blier un véritable héros, dont la classe obtient 100% de réussite au certificat d'études. Même l'indécrottable cancre est séduit par ces techniques d'enseignement à la pointe du progrès (pas de cours magistraux, rien que de la mise en pratique). Un film de rêveur, dont le modernisme d'alors apparaît bien dépassé aujourd'hui.

 

 

Les anciens de Saint-Loup de Georges Lampin (1950)

Comme Les disparus de Saint-Agil, le film de Lampin est inspiré d'un roman de Pierre Véry. On évolue ici dans un registre plus sombre : des bourgeois reviennent sur les lieux de leur scolarité pour s'y remémorer quelques épisodes de leur jeunesse. Un assassinat contraindra le groupe à replonger au plus profond de ses souvenirs. Désabusé et très sombre, un film méconnu mais fort estimable.

 

 

Graine de violence de Richard Brooks (1955)

Brooks est quasiment le premier à mettre un professeur face à des difficultés qui guettent chaque enseignant aujourd'hui encore. Accusé de racisme, contraint de surveiller ses élèves comme le lait sur le feu, le jeune prof d'anglais incarné par Glenn Ford fait ce dur constat : non, il n'a peut-être pas choisi le plus beau métier du monde... Pas toujours très subtil, le film a au moins le bon goût de terminer sur une note positive un poil excessive cependant : le prof finira par être respecté de tous et pourra se concentrer sur l'enseignement.

 

 


 

 

Le petit prof de Carlo Rim (1959)

Seuls les fans de Darry Cowl et quelques rares autres connaissent l'existence de ce Petit prof, qui tente de surfer sur la vague « petit canaillou » lancée par Le triporteur deux ans plus tôt. Dans cette satire, le clown bégayeur est un Français moyen à l'optimisme inébranlable, qui finira (dans la deuxième partie du film) par devenir prof. Seul Alexandre Jardin a livré depuis une description plus inconsciente du métier d'enseignant ; sauf que Carlo Rim, lui, s'en rend compte.

 

 

Les anges aux poings serrés de James Clavell (1967)

Interprété par un Sidney Poitier excessivement sobre (si si), c'est l'archétype même du film angélique et totalement naïf, où le prof est une sorte d'homme providentiel et plus que parfait. Ce type à la dignité sans borne va transformer l'intégralité de ses élèves en des adolescents responsables et viables. Déjà à l'époque, ça devait être risible ; quarante années plus tard, cette leçon de psychologie à deux balles à de quoi faire pisser de rire.

 

 

If de Lindsay Anderson (1968)

Hasard total : If fut tourné en 1968, année célèbre dans nos contrées, et notamment pour le soulèvement des lycéens... Palme d'Or l'année suivante, le film de Lindsay Anderson décrit le monde éducatif comme une chape de plomb qui s'abat sur les jeunes pousses et finit par les écraser. La réaction de trois d'entre eux sera des plus impressionnantes. Mené par un Malcolm McDowell juvénile, If est un plaidoyer dont la rage est d'autant plus frappante qu'elle prend racine dans une atmosphère apparemment paisible.

 

 

 

 

 

Les belles années de miss Brodie de Ronald Neame (1969)

Film académique ou réflexion sur la responsabilité morale du prof ? Les spectateurs du film (qui valut un Oscar à Maggie Smith) s'interrogent encore. En tout cas, le film de Ronald Neame fut l'un des premiers à décliner l'enseignement au féminin, inspirant des années après des films tels que Le sourire de Mona Lisa. Ici, professeurs et élèves avancent main dans la main vers un même but, la grandeur spirituelle et l'éducation idéale. Quelques micro-évènements viendront émailler ce parcours sans tâche, mais rien n'altèrera la dignité de cette prof qui couche avant le mariage et mène ses protégées vers l'émancipation.

 

 

Mort d'un prof de John Mackenzie (1971)

Quels salauds, ces élèves : ils font rien qu'à menacer le prof pour qu'il leur mette des bonnes notes. Ce pur suspense préfigure des jeux de massacre comme ceux de 187 : code meurtre et The substitute. Ici, l'école est davantage moins un lieu d'enseignement qu'un terrain de jeu pour ces grands enfants qui se prennent pour des caïds. Aucune dimension sociologique, mais un suspense plutôt bien troussé. C'est déjà ça...

 

 

Si tu crois fillette... de Roger Vadim (1971)

Pour son premier film aux States, Vadim livre un polar sexuel qui rappelle, un quart de siècle plus tôt, l'amusant Sexcrimes de John McNaughton (mais avec moins de tiroirs). Là aussi, un membre de l'équipe éducative se tape les plus jolies élèves du lycée où il exerce, avant qu'une série de meurtres ne l'implique directement... Ou quand un établissement se met à ressembler à un réservoir à gonzesses, d'autant plus lorsque celles-ci sont filmées comme des quartiers de viande par un Vadim peu inspiré...

 

 

Carrie au bal du diable de Brian de Palma (1976)

L'humiliation quotidienne existe dès le plus jeune âge, et en particulier chez les adolescents. Avant de mettre en œuvre sa terrible vengeance, Carrie White aura subi bien des désagréments, tous liés à sa pénible évolution scolaire. Des vestiaires de la salle de sports jusqu'aux bancs du lycée, l'ensemble des infrastructures et un calvaire pour la jeune femme. Certains élèves ne sont vraiment pas faits pour le système scolaire traditionnel...

 

 


 

 

L'argent de poche de François Truffaut (1976)

Fasciné par l'enfance, Truffaut a construit L'argent de poche comme le fit Laurent Cantet trente ans plus tard : il n'existe qu'un canevas de scénario, où se mêlent histoires vécues et inventées. Le reste se construira sur le plateau, au gré de l'inspiration de chacun. En résulte un beau film sur le langage, la condition du prof et les premières douleurs amoureuses de jeunes élèves déjà sensibles.

 

 

Passe ton bac d'abord de Maurice Pialat (1978)

Comme bon nombre de films de Pialat, Passe ton bac d'abord est considéré comme la référence dans son genre, cité en exemple par une bonne partie des cinéastes ayant filmé la jeunesse. Révélant une certaine Sandrine Bonnaire, Pialat choisit l'option du réalisme brut et de l'authenticité. Revoir le film trente ans après sa sortie confirme son immense force : si l'on met de côté la façon parler de ces djeunz, qui a forcément un peu vieilli, tout le reste reste furieusement d'actualité, des crises d'identité aux rebellions un peu primaires.

 

 

Les sous-doués passent le bac de Claude Zidi (1980)

Qui a trainé ses jeans sur les bancs du lycée a forcément connu - ou été lui-même - un de ces petits branleurs se foutant éperdument de l'échéance du bac. Le personnage incarné par Daniel Auteuil est le fer de lance de ces élèves-là, qui finissent tôt ou tard par s'en sortir. Dans le film de Claude Zidi, ce sera au prix d'une gigantesque entreprise de gruge. Les trucs les plus éculés et invraisemblables y passeront. De cette comédie gentiment potache subsistent quelques gags immémoriaux, telle cette machine diabolique qui récompense les bonnes réponse mais punit sévèrement les mauvaises.

 

 

 


 

 

 

Le maître d'école de Claude Berri (1981)

Dans une veine aussi potache mais aussi bien plus tendre, Claude Berri fait de Coluche un instit haut en couleurs. Forcément démago, le film est une comédie des plus sympathiques, qui réunit cancres et enseignants dans la bonne humeur, dans l'esprit toujours savoureux des fameuses Perles de Jean-Charles, compilations de petites sottises et d'aberrations émises par les écoliers ou par ceux qui sont censés leur inculquer quelques savoirs.

 

 

Ras les profs ! d'Arthur Hiller (1984)

Dans cette farce plongeant trop souvent dans le piège du schématisme, Hiller décrit un lycée dans lequel tout part à vau l'eau, à tel point qu'un élève analphabète finit par être diplômé... Une hérésie pour l'un des profs, excellemment joué par Nick Nolte, et qui va tenter de nettoyer l'établissement de ses pratiques douteuses (notamment la corruption). Satirique et inquiétant, le film va souvent trop loin, mais certains des thèmes traités en feraient presque une œuvre visionnaire...

 

 

 Breakfast club de John Hughes (1985)

Pour bâtir son huis-clos, Hughes utilise l'une des armes les plus pratiques dont disposent les professeurs, et qu'ils peuvent utiliser à foison si le besoin ou l'envie leur prend : la retenue. Collés tout un samedi, cinq collégiens vont en profiter pour se lier d'amitié et refaire le monde ensemble. Étonnamment, le film parvient à éviter la mièvrerie et à livrer une jolie radiographie de cette jeunesse que l'on sent déjà perdue. Heureusement que le happy end est là pour apporter une vraie touche d'optimisme.

 

 


 

 

P.R.O.F.S. de Patrick Schulmann (1985)

Plus encore qu'un film comme Les sous-doués, P.R.O.F.S. est un vrai plaisir coupable, assez lourd mais finalement très attachant. Outre le plaisir de revoir les tronches de Bruel et Luchini à leurs débuts, il y a là-dedans une cargaisons de gags bien potaches et de situations croustillantes. En revanche, mieux vaut ne pas étudier le propos de trop près, Schulmann séparant avec un manichéisme insensé les jeunes profs ultra modernes et les vieux profs forcément démodés et séniles.

 

 

Le proviseur de Christopher Cain (1987)

Certains scénaristes feraient bien de se documenter un peu avant d'écrire n'importe quoi : dans Le proviseur, un prof alcoolique est sanctionné par sa direction. Sentence implacable : il est nommé proviseur dans un lycée difficile. Bin voyons. À condition d'oublier ce postulat d'une stupidité sans nom, il est possible d'apprécier le film, mené par un James Belushi plutôt inspiré dans la peau de cet homme s'improvisant chef d'établissement et employant la manière forte pour mettre les élèves les plus violents sous les verrous.

 

 

L'étudiante de Claude Pinoteau (1988)

Sophie Marceau étant trop développée pour jouer dans La boum 3, Danièle Thompson préféra écrire L'étudiante pour tenter de renouer avec le succès des cultissimes aventures de Vic. Cette fois, l'héroïne s'appelle Valentine, et elle est tellement brillante qu'elle parvient, lors d'une épreuve orale de l'agrégation de lettres, à épater le jury tout en déclarant son amour éternel au beau jeune homme (Vincent Lindon) présent dans les tribunes. Le succès des Boum n'est pas au rendez-vous, mais la qualité est sensiblement la même : c'est de la guimauve pur jus.

  

 

 Fatal games (Heathers) de Michael Lehmann (1988)

Sur le papier, Fatal games ressemblait presque à un Tueurs nés version teenage, avec son héroïne snobinarde qui s'encanaille au contact d'un beau nouveau, les deux tourtereaux allant même jusqu'à buter une à une les anciennes amies de la belle. Quitte à s'intéresser aux tueries lycéennes, autant s'intéresser à Elephant. En revanche, pour voir à quoi ressemblait Winona Ryder il y a vingt ans...

 

 

 

 

 

Le cercle des poètes disparus de Peter Weir (1989)

« Capitaine, mon capitaine », « carpe diem », et tant d'autres... Avec ses répliques un peu toutes faites mais calibrées pour faire pleurnicher une majorité de spectateurs, Le cercle des poètes disparus avait tout pour plaire. Ce que n'avait pas prévu Peter Weir, c'est que son film ouvrirait la voie à une quantité innombrable d'œuvres du même acabit, souvent caractérisées par leur niaiserie, et se terminant pour la plupart par une scène où les élèves montent sur leur table pour saluer le héros qui leur sert de prof. Bénéficiant d'un certain effet de surprise (à l'époque en tout cas) et de quelques envolées poétiques, celui-ci n'est pas le moins recommandable.

 

 

 


 

 

 

Le péril jeune de Cédric Klapisch (1994)

« L'âge bête ne passera pas » : tel devait être le titre du Péril jeune, téléfilm tourné pour Arte par un Klapisch sortant tout juste de son premier long, Riens du tout. Le film allie la potacherie des glorieux aînés à un esprit nostalgique et presque mélancolique, notamment dû à sa construction en flashback (trois potes se rappellent leurs années lycée et pleurent leur ami mort d'une overdose en attendant que naisse son enfant). On peut trouver ça complètement anecdotique ou être touché, encore et encore, par la drôlerie et l'émotion procurée par la bande à Tomasi.

 

 

Esprits rebelles de John N. Smith (1995)

Que retenir de cet Esprits rebelles, qui servit surtout de gigantesque plateforme de lancement pour le Gangsta's paradise de Coolio ? Pas grand-chose. Une fois encore, on se croirait dans « La pédagogie pour les nuls », un bouquin où les 3 commandements du métier de prof seraient : « 1) soyez bon en sports de combat ; 2) soyez une jolie femme de préférence ; 3) faites la morale une fois à vos élèves et ces petits cons deviendront des agneaux ». On filerait bien quatre heures de colle à ceux qui ont pondu ce ramassis de foutaises.

 

 

The substitute de Robert Mandel (1996)

Confronté aux mêmes problèmes que Michelle Pfeiffer, Tom Berenger choisit d'autres méthodes, plus radicales mais aussi stupides : il va casser de l'ado quand il le faudra, et raconter ses souvenirs du Viêtnam pour apaiser les plus impressionnables. Le pire avec ce film, c'est qu'il a donné lieu à une kyrielle de suites plus pathétiques les unes que les autres, qui ont pollué les bacs de nos vidéo-clubs pendant des années et des années.

 

 

Professeur Holland de Stephen Herek (1996)

Il n'y a pas que des profs de langue et des instits dans la vie, mais également des profs de musique (on notera qu'il est strictement impossible qu'un prof de maths soit choisi comme héros d'un film). Glenn Holland est de ceux-là. N'ayant pu être compositeur, il se rabat sur le métier de prof (on fait ce qu'on peut), et enseigne son amour de l'art musical avec une passion qui n'appartient qu'à lui. Ce mélodrame de 2h20 est extrêmement prévisible, mais l'interprétation de Richard Dreyfuss a malgré tout quelque chose d'attirant.

 

 

Le plus beau métier du monde de Gérard Lauzier (1996)

Comme dans la plupart de ses bandes dessinées, Lauzier croque des personnages et des situations avec une certaine férocité, mais le trait est bien trop gros pour que s'en dégage quoi que ce soit de mémorable. Le clou du spectacle, c'est Depardieu multipliant les pépins et atteignant des sommets dans l'exaspération et la douleur physique. Mais quitte encourager la violence au bahut, autant se pencher sur...

 

 

187 : code meurtre de Kevin Reynolds (1997)

Quand Kevin Reynolds plante Kevin Costner, c'est pour aller s'encanailler dans les banlieues les plus chaudes des States. Son film commence comme Esprits rebelles, avec son gentil prof qui voudrait redresser tous les torts en un battement de cils, mais vire bien vite vers d'autres pistes évoquées par le titre. Ce jeu de massacre ira loin, très loin, jusqu'à une conclusion assez hallucinante. À condition de le prendre au second degré et de n'en tirer aucune leçon de pédagogie, 187 : code meurtre est un divertissement extrêmement jouissif.

 

 

Rushmore de Wes Anderson (1998)

Ah, s'identifier au freak du bahut, être brillant dans tous les domaines ou presque, et tomber amoureux de la prof... Pour son deuxième film après Bottle rocket, Anderson révèle son grand talent de metteur en scène et met en place des obsessions qu'il ne quittera plus. Jason Schwartzmann est assez hallucinant et contribue à donner au film ce ton étrange et languissant, entre dépression chronique et pulsions guillerettes. Un film andersonien, en somme, et le lycée tel qu'il devrait toujours être.

 

 

 

 

 

 

 

Terminale de Francis Girod (1998)

Quel touche-à-tout, ce Gérard Miller. Quand il ne donne pas son avis sur tout chez Laurent Ruquier, quand il ne se donne pas en spectacle (au sens propre, puisqu'il présente actuellement un one man show sur le thème de la manipulation), il lui arrive également d'écrire des films. Après avoir commis Passage à l'acte avec Francis Girod, il a récidivé avec ce Terminale assez nauséabond car rendant quasiment légitime le fait de se faire justice soi-même. On y voit en effet une bande de bacheliers orchestrer la mort de leur prof qu'ils tiennent pour responsable du suicide d'une de leurs amies... À fuir.

 

 

Le prof d'Alexandre Jardin (1999)

Ce qui est bien avec les films d'Alexandre Jardin, c'est qu'ils vous feraient presque aimer ses livres. Pas sûr que Le prof soit la pire chose qu'il ait jamais pondue (Oui ! tenant la corde pour accéder à cette place), mais pour sûr cela vaut le coup d'œil. Sous la forme d'un long-métrage de cinéma, il nous propose une gigantesque refonte du système d'éducation, ponctuant une démonstration proprement affligeante par quelques aphorismes dont il a le secret, et montrant ses deux héros (quelle mouche a piqué Anglade et Attal ?) copulant joyeusement avec profs ou élèves. Af-fli-geant.

 

 

Être et avoir de Nicolas Philibert (2000)

Si l'on occulte l'embarrassante affaire de gros sous qui valut à Philibert un procès, ce simplissime documentaire est une description réaliste et touchante du quotidien d'un instituteur de campagne et de sa douzaine d'élèves, de la maternelle au CM2. Des facéties du petit Jojo (la « star » du film) à l'angoisse des plus grands, Être et avoir décrit joliment cette mini-société qu'est l'école publique.

 

 

 


 

 

Battle royale de Kinji Fukasaku (2001)

Tous les profs ont rêvé un jour ou l'autre d'employer ce genre de méthode pour faire taire leurs élèves. Imaginez le pied : une île, des armes, un seul survivant. L'idéal pour faire de la place dans la classe. À travers ce jeu de massacre violent et un rien complaisant, les Fukasaku père et fils livrent un portrait au vitriol d'une certaine jeunesse japonaise. Il y a de quoi avoir froid dans le dos.

 

 

Le club des empereurs de Michael Hoffman (2002)

Parmi les films dont le scénario semble avoir été ronéotypé sur celui du Cercle des poètes disparus, il y a Le club des empereurs, mené maladroitement par un Kevin Kline dans sa période « j'me cherche un grand rôle dramatique mais j'enchaîne les erreurs ». Stéréotypé et pas original pour deux sous, le film ne vaut éventuellement que pour la prestation d'Emile Hirsch, dans l'un de ses tout premiers rôles avant de devenir le chouchou de Sean Penn et des Wachowski. History boys ou encore Écrire pour exister feront aussi fort dans la banalité.

 

 

Elephant de Gus Van Sant (2003)

Est-il besoin de présenter la Palme d'Or 2003, inspirée de l'œuvre d'Alan Clarke et décrivant à la sauce Van Sant des évènements type Columbine ? Sans psychologie inutile ni emphase sociologique, GVS traduit brillamment l'angoisse qui ronge notre jeunesse, et sa concrétisation par des actes graves et marquants. Il fallait ce traitement engagé mais aérien pour parvenir à traiter ce genre de sujet. En revanche, pour voir ce qu'il ne faut pas faire avec les tueries lycéennes, se ruer dans les salles et aller voir La vie devant ses yeux.

 

 

 


 

 

 

Le sourire de Mona Lisa de Mike Newell (2003)

À mi-chemin entre Les belles années de Miss Brodie et Le cercle des poètes disparus, voici un film absolument inoffensif, qui ne vaut que par la sympathie que l'on peut éprouver à l'égard de Julia Roberts et Maggie Gyllenhaal. Même l'aspect légèrement féministe de l'histoire n'est pas traité avec grand courage, d'où une impression de tiédeur totale tout au long des deux longues heures que dure ce film...

 

 

 Rock academy de Richard Linklater (2003)

Il ya plusieurs façons d'enseigner la musique : comme le Professeur Holland, ou comme Dewey Finn. C'est-à-dire se faire passer pour un prof « normal » avant de fonder un groupe de rock au sein même de la classe. Autant le dire, Rock academy est aussi peu crédible qu'il est énergique. Mené par un Jack Black déchaîné, c'est un divertissement pur jus, qui réalise un fantasme répandu : débrider madame le proviseur et la soûler jusqu'à plus soif. On attend le numéro 2 avec joie.

 

 

Grande école de Robert Salis (2003)

Il y a une vie après le bac. Et quelle vie ! Figurez-vous que certains ont des relations sexuelles, se livrent à des jeux pervers et se manipulent dans tous les sens du terme. De ce grand n'importe quoi, on ne retiendra que la nudité d'Alice Taglioni, dans de grands débuts émouvants. Mais à part le sexe, mis en avant comme premier argument de vente du film, il n'y a strictement rien à se mettre sous la dent.

 

 

Harry Potter à l'école des sorciers de Chris Columbus (2003)

Sûr que si les écoles ressemblaient un peu à Poudlard, l'absentéisme serait bien moins fort... C'est la première fois que l'école est un personnage à part entière, sans pour autant perdre son rôle premier. Poudlard est à la fois le lieu où l'on apprend à être un sorcier au gré de nombreux et fascinants cours, mais également le théâtre d'évènements renversants qui vont bouleverser le quotidien de Harry.

 

 


 

 

Les choristes de Christophe Barratier (2004)

Comment oublier le grand succès de l'année 2004, qui condense quelques-unes des tendances les plus inoffensives citées plus haut ? Esprit de nostalgie + éducation par la musique + excès d'affectif = des millions de spectateurs, un Gérard Jugnot au top de sa popularité et une France qui réclame le retour aux uniformes et aux coups de règle en fer sur les doigts. M6 en fit même une émission à la popularité certaine mais éphémère, Le pensionnat de Chavagnes. Rien que pour cela, on n'et pas sûr d'avoir envie de remercier Barratier.

 

 

Les fautes d'orthographe de Jean-Jacques Zilbermann (2005)

Le troisième film de Zilbermann a été considéré à tort comme un vague produit dérivé des Choristes. À bien le regarder, ce serait plutôt un hommage version longue au Zéro de conduite de Jean Vigo, avec sa révolte qui gronde jusqu'à l'éclatement. Le fait que le grand meneur (Damien Jouillerot) soit le fils des directeurs de l'établissement renforce la perversité de l'ensemble. Tout comme un dénouement qui fuse et étonne. Un film à redécouvrir et réhabiliter.

 

 

L'école pour tous d'Éric Rochant (2006)

En gros, L'école pour tous, c'est Rock academy en version prof de français, avec son héros usurpateur qui tente de donner le change devant des élèves pas forcément dupes. Dans son premier premier rôle, Arié Elmaleh se fait plaisir et donne au film de Rochant ses meilleurs moments, même si l'ensemble n'a une fois de plus rien de franchement hilarant.

 

 

Nos 18 ans de Frédéric Berthe (2008)

L'esprit Boum n'a jamais vraiment quitté la France. Même si le film de Frédéric Berthe (Alive) tente de nous montrer que les ados ont changé, il semble déjà si démodé qu'on n'est guère convaincu. Les interprètes semblent sortir tout droit du début des eighties, et seuls les apparitions de quelques acteurs confirmés (dont Michel Blanc en prof de philo et père protecteur) nous confirment que oui, nous sommes bien en l'an 2008.

 

 

Entre les murs de Laurent Cantet (2008)

Troisième Palme d'Or de ce dossier, Entre les murs figure parmi les films les plus réalistes, les plus intelligents et même les plus drôles du lot. Parce que c'est celui qui montre de façon la plus vraie les mécanismes de fonctionnement d'un collège, des errements administratifs aux enjeux mis en œuvre à l'intérieur même des classes. Exploitant des personnages un rien archétypaux en leur donnant une facette plus neuve, Cantet et Bégaudeau ont réussi leur pari : faire de l'école en général et du collège en particulier un formidable lieu d'échange et de partage, où tout ne se déroule pas au mieux mais où chacun en apprend beaucoup sur lui-même et sur les autres.

 

 


 

 

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