Cannes 2008 : En parallèle (1)

Vincent Julé | 17 mai 2008
Vincent Julé | 17 mai 2008

Clint Eatswood, James Gray, Woody Allen, Steven Soderbergh, Nuri Bilge Ceylan, Wim Wenders... franchement qui ces noms intéressent-ils encore ? Alors que Christophe Van Rompaey, Emily Atef, Bertrand Bonnello, Juraj Lehotsky, Pablo Larrain... en voilà des noms qui claquent, des inconnus qui ne demandent qu'à être découverts, aimés. De plus, si les films des premiers sont assurés d'une sortie en salles, rien n'est moins sûr pour les seconds. C'est pourquoi depuis plus de 40 ans, le Festival de Cannes vit avec la Compétition officielle, Un Certain regard et en parallèle, La Quinzaine des réalisateurs et La Semaine de la critique. 40 ans pour le premier et 47 pour la seconde exactement.



Cette édition, La Quinzaine des réalisateurs s'est tout de même dotée de deux poids lourds avec d'un côté les frères Larrieu et leur Voyage aux Pyrénées et de l'autre, Bertrand Bonello et De la guerre. De quoi faire deux vraies critiques ici et ici.

 

 


 



Et comme souvent, la présence d'un documentaire, avec cette année Slepe lasky (ou Amours aveugles en français) du slovaque Jura Lehotsky, qui suit tour à tour un couple de petits vieux, un gitan amoureux, une femme enceinte et une adolescente mal dans sa peau. Après Blindness de Fernando Mereilles en Compétition, la cécité fournit un nouveau matériau cinématographique. Peut-être plus réaliste, plus naturaliste. Peut-être... car le film manque d'un regard, ou plutôt son regard reste banal, habituel. Le réalisateur filme les visages, les flottements, les rituels mais comme dans n'importe quel autre documentaire, alors qu'il aurait  fallu transcender le sujet, le handicap, cette réalité. Ainsi, au final, Slepe lasky est moins un film sur l'amour que sur la solitude. (2/5)

 

 


 


Qui est Tony Manero ? Le héros de Saturday Night Fever avec le déhanché de John Travolta, mais aussi l'idole de Didier Travolta dans Disco de Fabien Oteniente et de Raùl Peralta dans Tony Manero du chilien Pablo Larrain. A la comédie pas drôle du premier répond le drame noir du second. Dans le Santagio de 1979, soit en pleine dictature de Pinochet, un cinquantenaire est obsédé par Tony. Mais il ne fait pas revoir sans cesse le film, s'habiller comme lui ou s'entraîner dans sa chambre, non, il pousse l'obsession à vouloir reconstruire le dancefloor, à participer à une émission de sosies au détriment de ses amis, sa famille ou une quelconque moralité. Très vite, le film révèle que Raùl est capable de tout, surtout du pire comme le vol ou le meurtre.  La mécanique du personnage et du métrage est donc en place, parfois un peu répétitive, mais il est difficile de ne pas se délecter de ce travail de destruction sociale. Surtout que la mise en perspective avec le régime de Pinochet est incontournable mais jamais lourdingue. (3,5/5)



A La Semaine de la critique, souvent réputée pour ses films austères et difficiles, l'ouverture s'est faite en douceur avec le flamand Moscow, Belgium de Christophe Van Rompeay. Mère de famille de 43 ans, Matty heurte le camion de Johnny sur le parking d'un supermarché, qui ne tarde pas l'insulter puis à la draguer. Chronique sociale et sentimentale douce-amère, ce premier film réussit à rendre touchante, réaliste et presque indispensable cette histoire d'amour d'un mauvais genre. Les répliques fusent, les sourires répondent et les personnages deviennent de plus en plus familiers. Dommage que le film s'étire outre mesure dans son triangle amoureux. (3/5)



Dans L'étranger en moi de l'allemande Emily Atef, Rebecca donne naissance à un petit garçon avec son mari Julian, mais se rend compte qu'elle n'éprouve pas l'amour maternel qu'elle devrait. Visage fermé, mâchoire serrée, regard noir... voilà peu ou prou la panoplie d'expressions de l'actrice principale pour exprimer son insensibilité. Avec son sujet tabou et original, le film aurait mérité plus de subtilité, d'audace. Heureusement, le réveil de Rebecca est mis en scène avec une fragilité inattendue et une force du désespoir finalement salutaires. (2,5/5)

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