Iron Man: le plus grand film de superhéros
Oubliez tous les Spider-man et envoyez valdinguer tous les autres Dark Knight. Iron man vient tout emporter sur son passage, à coups de rétropulseurs et de blagues qui font mouche. En un seul film, Jon Favreau capte l’essence même du film de superhéros tout en réinventant le genre. Le pari était risqué : réalisateur peu habitué à ce genre de productions, des comédiens qui semblaient cabotiner (Robert Downey Jr en tête) voire cachetonner (Jeff Bridges et Gwyneth Paltrow, on vous a repérés !), mais au final, la mayonnaise prend et nous laisse avec un sentiment d’euphorie à la fin de la projection.
CETTE CRITIQUE EST UN POISSON D'AVRIL
(mais on y croit dur comme fer à la rédac)
Et tout ça grâce à un seul ingrédient, qui manquait encore
cruellement à ce genre de productions : l’humour. Jon Favreau essayait
déjà d’en distiller dans le très amer Daredevil dans le rôle du collègue
discret de Ben Affleck, mais ici, derrière la caméra, il peut enfin donner
libre cours à son imagination. Le second degré de certaines scènes de la bande
annonce vous faisaient peur ? Il n’en est rien : chaque gag est
dispensé avec intelligence, prenant totalement à contre-pied le genre du
superhéros pour mieux livrer un
divertissement totalement fun et décomplexé. On passe de la simple boutade (les
critiques de Tony Stark sur le système américain) à des situations proprement
drôles pour un superhéros mais tellement bien vues et humaines (les ratages des
essais en armure, où Tony Stark manque même de déclencher un incendie lors de
son premier sauvetage, écumant d’un « oh bravo » tordant venant de la
bouche du robot) à des scènes de comédie slapstick pure (le premier vol de
l’homme de fer, qui devient un vrai morceau de cinéma muet puisque le son des
fusées est volontairement coupé, pour mieux nous montrer l’androïde foncer a
travers des vitres, effectuer des cabrioles enflammées dans des bureaux, pour
finalement détruire trois étages de sa propre entreprise).
En poussant encore plus loin la maladresse de son superhéros
que ne l’avait fait Sam Raimi avec Peter Parker, Jon Favreau montre le côté humain de son personnage. Le constat est d'autant plus réussi puisqu’il s’agit de
Tony Stark : le film démonte le flambeur, dézingue le frimeur qui est en
nous et montre comment un beau gosse qui a tout à ses pieds (richesse, femmes
et Audi TT) peut se révéler bien imparfait quand il décide de sauver le monde.
A ce titre, Robert Downey Jr trouve ici son meilleur rôle. Si sa partie comique semble être volontairement inspirée de ses souvenirs Chapliniens (le film fourmille d’hommages à Charlot, jusqu’à une relecture « moderne » de la danse des petits pains), ses maladresses se font l’écho d’un homme brisé, qui cherche à se redéfinir tout au long du film au travers de valeurs trop grandes pour lui et en se confrontant à ses erreurs. Robert Downey Jr donne ici toute sa folie au personnage et toute l’étendue de son talent : tour à tour mégalo, arrogant, rappelant l’ego surdimensionné des américains. Jusqu'au séducteur libidineux n’hésitant pas à verser dans le salace (n’oubliez pas que le film est PG 13 et ce n’est pas pour rien les enfants !). Il passe ensuite au drame profondément humain quand le personnage sombre dans l’alcoolisme dans sa boulimie de pouvoir. Son dialogue désespéré avec une bouteille de martini, qu’il ne boira pas, est tout simplement puissant ; la bouteille se faisant le miroir de ses regrets et des fantômes de son passé qu’il n’arrive pas à « consommer ». Le pétage de plomb de la scène va très loin, jusqu’à un cri de l’acteur qui fait encore froid dans le dos. Une performance assez inhabituelle pour ce genre de production. Seule la lumière (rousse) de Gwyneth Paltrow est au bout du couloir et pourra le sauver, mais nous préférons laisser toute la surprise sur ce personnage de « madone-secrétaire » réussi.
Ajoutez au tout des scènes d’actions survoltées aux effets
spéciaux maîtrisés, et vous obtenez un divertissement de qualité qui allie drame
humain et comédie. 2h de mélange des genres qui renvoie tous les autres
superhéros à de timides expérimentations, tant ils restaient cantonnés
à de simples drames existentiels. Et dire que Spider-man 3, considéré comme le
fleuron du genre, n’est vieux que d’un an !
Consécration de Robert Downey Jr et d’un réalisateur, ce Vengeur trace une route toute dorée pour la franchise Marvel. Et celui là, ça ne nous dérange pas qu’on ait un Iron Man 10 ou 11 dans quelques années, bien au contraire !
Damien Virgitti