Iron Man - Preview

Damien Virgitti | 5 mars 2008
Damien Virgitti | 5 mars 2008
Il arrive. Le premier blockbuster de l'été 2008 vient de se dévoiler dans une dernière bande-annonce de folie: scènes de combats spectaculaires, effets spéciaux stylisés, le tout agrémenté d'une bonne dose de second degré et d'une BO bien sentie (la chanson Iron Man de Black Sabbath au moment où il enfile le costume). Après les piètres 4 Fantastiques 2 ou encore Ghost rider, Iron man est la tête de fil d'une série de films qui annoncent le grand retour des superhéros: un Hellboy 2 plus envoûtant en septembre, un Hulk 2 qu'on annonce plus nerveux en juillet pour finir en apothéose avec le Dark knight de Christopher Nolan à la fin de l'été. Après des premières images peu convaincantes, Iron man s'annonce comme un blockbuster complètement décomplexé qui promet de nous en mettre plein les yeux.

 

 

 

A l'origine, le film est un projet qui traîne dans les tiroirs depuis bientôt 20 ans. Alors que le Batman de Burton triomphe au cinéma, Universal acquiert les droits de ce personnage Marvel. Tom Cruise est longtemps pressenti pour le rôle principal, sous la direction supposée de Nick Cassavetes, Joss Whedon (le créateur de Buffy et auteur du comics Astonishing X-Men), et même Tarantino. C'est finalement Jon Favreau, jusqu'ici réalisateurs de comédies familiales comme Elf et Zathura, qui hérite du projet, première production totalement indépendante de Marvel Films. On a aussi pu voir le réalisateur dans un autre film de super-héros, en acolyte maladroit de Ben Affleck dans Daredevil. Les premières images de son film transpirent d'ailleurs plus la grosse comédie que le film d'action, avec des scènes un peu grand guignolesques où un tas de ferraille en guise d'Iron man dézingue du terroriste afghan a tout va. Seule la dernière image du teaser où Iron Man vole entre deux avions de chasse, véritable fantasme de fanboy prenant vie sous nos yeux, arrive à convaincre mais suffit à peine pour croire au film.

 

 

 

Pourtant le réalisateur assure lors de grandes conventions de comics qu'il a voulu adopter un ton très réaliste pour ce film, "comme si Robert Altman avait réalisé Superman" assure-t-il. Jon Favreau a d'abord voulu se pencher sur le personnage de Tony Stark. Et effectivement, cette envie de croire aux personnages montrés à l'écran se retrouve dans un casting haut de gamme qu'on avait pas vu depuis Batman begins dans le même genre. De Robert Downey Jr apprécié par la critique au grand Jeff Bridges, dans le rôle du grand méchant, en passant par Gwyneth Paltrow, l'interprétation a de quoi rassurer sur les qualités scénaristiques du film.

 

 

Le choix de Robert Downey Jr à la place de Tom Cruise semble même tellement évident tant les vies de l'acteur et du personnage se ressemblent. Tous deux ont connu la gloire à une époque, puis le déclin dans la drogue et l'alcool (voire même la prison pour l'acteur) pour mieux remonter après. Suite à une période noire, Robert Downey Jr fait son grand retour en 2005 et montre qu'il n'a rien perdu de ses qualités d'acteur, subtil et décalé, dans la comédie noire (Kiss Kiss Bang Bang) ou même dans des films plus sérieux comme le Good night and good luck de Georges Clooney et le Zodiac de David Fincher.

 

 

Et c'est ce second degré étonnant dans ce genre de films que l'on retrouve avec bonheur dans les premières images d'Iron man : cynique, pince sans rire, complètement imbus de lui-même et n'hésitant pas à servir honteusement l'administration Bush, Robert Downey Jr, avec des dialogues aux petits oignons, compose un anti-héros à milles lieux du pur et innocent Peter Parker de Spider-man, collant parfaitement à l'image du comics.

 

Crée dans les années 60, le personnage d'Anthony Edward Stark n'a aucun pouvoirs particuliers mais à déjà tout pour lui: riche, beau gosse, séducteur, arrogant et avec toujours une fille sous le bras, Tony Stark est déjà un héros sans son costume. Stan Lee, créateur de tous les personnages les plus connus de l'univers Marvel, dit d'ailleurs s'être inspiré du milliardaire Howard Hugues : " Un homme haut en couleurs : il était à la fois inventeur, multimilliardaire, un homme à femmes et enfin, fou". Très loin d'un Bruce Wayne hanté par la mort de ses parents ou d'un Peter Parker qui doit faire face aux difficultés du quotidien, Tony Stark n'a vraiment besoin de rien. Mais cette belle image va de plus en plus s'écorner pour en révéler les failles. Alors qu'il supervise l'avancée de ses armes auprès de l'armée américaine, Tony Stark est victime d'un attentat terroriste (dans un pays régulièrement réactualisé dans le comics selon les époques, du Vietnam à l'Afghanistan en passant par le Golfe). Il est alors sérieusement touché au cœur et doit alors porter un énorme pacemaker. Les terroristes l'obligent alors à construire des armes. Mais en secret, il prépare avec un savant une armure suréquipée qui l'aide à entretenir ces fonctions vitales et réussit à s'échapper. C'est lors de cet attentat qu'il se rend compte de la fragilité de son existence et il s'emploie à sauver les opprimés sous son armure ultra perfectionnée: il devient l'invincible Iron Man. 

 

 

Mais le personnage de Tony Stark reste l'instrument d'une société américaine capitaliste qui veut toujours être à la pointe de la technologie, et Iron Man ressemble à s'y méprendre à un super soldat qui part en guerre contre les méchants étrangers, ce qui fait toujours son ambiguité. Dès les premiers numéros, Tony Stark apparaît comme anti-communiste : son pire ennemi n'est autre qu'un empereur chinois aux pouvoirs mystiques appelé le Mandarin. Cette ambivalence entre un héros qui essaie de se racheter mais qui ne peut s'empêcher d'appartenir à sa société va perdurer tout le long de ses aventures. Lorsque sa société est rachetée par un puissant industriel, il sombre dans l'alcool et quitte même son groupe de superhéros, les Vengeurs dirigé par Captain America. Plusieurs fois, son armure se retourne contre lui et lui fait commettre des actes horribles qui le discréditent aux yeux du public. Récemment, Iron man est devenu quasiment le méchant le plus ambigu de tout l'univers Marvel. Dans le grand crossover de l'année dernière intitulé Civil War, Tony Stark veut montrer une belle image des superhéros, souvent vus comme des justiciers hors la loi, en les faisant recenser auprès du Gouvernement. Il n'hésite d'ailleurs pas à engager une bande de vilains comme Venom pour traquer les superhéros réfractaires et les enfermer dans une sorte de camp de concentration. Mais son ami Captain America refuse qu'on piétine ainsi les libertés civiles et s'oppose à cette loi. Les super-héros sont alors divisés en deux camps et se livrent une guerre sans merci.

 

 

Bizarre donc de sortir un film censé faire sa gloire alors que le personnage n'a jamais été autant égratigné dans le comics (des forums de fans s'emploient même à trouver la meilleure manière de le tuer !). C'est bien là le combat qui anime toujours Tony Stark : son envie de faire le bien tout en assumant sa part humaine pleine de failles.

 

 

Le film semble d'ailleurs avoir voulu conserver cette part d'ambiguïté. Les scénaristes expliquent qu'ils ont voulu montrer un héros imbu de lui-même qui finit par prendre conscience du malheur qu'il déclenche autour de lui et qui essaie de trouver la rédemption à travers son armure. Là où l'on pourrait voir dans les premières images un super-héros américain qui s'éclate en tuant des terroristes, c'est en fait l'histoire d'un trafiquant d'armes qui essaie de réparer les fautes qu'il a commises. "Je veux sauver les gens à qui j'ai fait du mal" clame t'il dans la dernière bande-annonce. Heroes aren't born, they 're built affiche le slogan du film, montrant bien que l'histoire veut insister sur l'aspect humain du personnage. Tony Stark n'a pas de pouvoirs mais se découvre une humanité qu'il va révéler à travers son armure. A ce titre, le film semble très fortement inspiré d'une saga appelée Extremis, dessinée par Adi Granov qui a aussi travaillé sur le design visuel du film (la scène d'Iron man volant avec deux avions de chasse dans le ciel est une réplique exacte d'une des couvertures d'Extremis)

 

 



Cette série en profite pour remettre les pendules à l'heure sur les origines du héros et tout le flashback de l'album se retrouve dans la bande-annonce (l'attentat sur les routes du désert, Tony Stark chargé de construire des armes, Yin Sen qui l'aide à fabriquer sa première armure...). Dans la BD, le milliardaire est pointé du doigt par les journalistes qui lui reprochent d'avoir vendu des armes qui ont servi au massacre de plusieurs pays. Tony Stark est alors dépeint comme un homme avide de pouvoir mais qui tente d'être plus humain à travers, paradoxalement, le masque d'Iron man.

 

 


Jon Favreau a d'ailleurs récemment avoué qu'il prévoyait de faire une trilogie où il pourrait développer plus en profondeur son personnage: les deux autres films montreraient les problèmes de Tony face à l'alcool, tandis qu'on verrait son meilleur ami James Rhodey (incarné par Terrence Howard) devenir War Machine, un Iron man gris qui assiste régulièrement l'homme de fer. Le pire ennemi du super-héros ferait son apparition, à savoir Le Mandarin, le premier ennemi d'Iron man dans le comics qui a gagné en maturité dans la série actuelle : il a troqué ses habits d'empereur fou pour se poser comme une parfaite Nemesis à Tony Stark, soit un riche homme d'affaires qui utilise la technologie des entreprises Stark à des fins terroristes. Sa présence serait d'ailleurs suggérée dans le premier film à la manière de " Sauron dans Le Seigneur des anneaux " comme l'a confié Jon favreau : une présence malfaisante qui agit dans l'ombre mais qui n'a pas encore de réel visage.

 

 

 

 

Tout doucement, Iron man va construire son univers et va sûrement devenir le fer de lance de la franchise Marvel en reprenant le flambeau laissé par les séries Spider-man et X-Men. Le film tracerait certaines passerelles vers d'autres franchises. La rumeur veut qu'on croiserait William Hurt en Général Ross, l'ennemi de Hulk 2 qu'on reverrait cet été et Iron man himself ferait une apparition dans la suite du film de Ang Lee. Une manière pour Marvel de construire sa continuité au cinéma et de se diriger de plus en plus vers le grand projet qui lui tient à cœur: un film des Vengeurs, le groupe de super-héros qui rassemble Captain America, Iron Man, Hulk mais aussi le dieu nordique Thor et le couple miniature formé par La Guêpe et L'Homme Fourmi (qui devrait avoir son film perso réalisé par Nick Frost).

 

Cette heureuse perspective ajoutée aux images excitantes d'un blockbuster fun et qui s'assume complètement, devrait nous assurer un divertissement de qualité. Réponse le 30 avril prochain !
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